— ce n'est pas un euphémisme de dire que xieren n'a jamais aussi bien dormi de sa vie. pour la première fois depuis des années, il n'a pas eu à s'allonger dans son lit et fixer le plafond pendant des heures avant de finalement parvenir à se plonger dans le sommeil. il ne s'est pas réveillé après deux heures de paix, déchiré par des cauchemars ou par le bruit des voisins qui se sont décidés à argumenter jusqu'aux petites heures du matin, non. il s'est glissé dans un sommeil serein et s'est réveillé quelques heures plus tard tout autant paisiblement.  et c'est étrange. cette situation. comment ils en sont arrivés là. il se sent quasiment coupable, xie. effrayé, aussi. d'avoir franchi la ligne sans penser au changement que ça allait créer. effrayé d'avoir brisé l'équilibre de leur amitié, à devoir réfléchir à ce que ça veut dire. pas qu'il le fait à présent, car aveuglé par sa naiveté, et convaincu qu'il est incapable d'aimer. mais à retourner quelques heures auparavant, il douterait presque de ce fait, s'il ne serait pas si con. après tout, il ne s'est jamais aussi bien senti qu'après les faits, à l'avoir dans les bras, à être si… doux, si attentionné.

jamais n'aurait-il fait la même chose avec quelqu'un d'autre que jihae. lui ayant l'habitude de s'éclipser immédiatement ou de pousser son partenaire hors de son appartement, sans l'ombre d'un regret. il n'a jamais été de ceux prenant soin, s'assurant du bien-être des autres. à finir la soirée en l'ayant dans ses bras et à ouvrir les yeux et le voir, alors qu'il dort encore. à l'observer sans un mot, avec ce mélange d'émoi qu'il n'arrive pas à démêler, à comprendre entièrement. il y a une certaine aura de protection, xieren, envers lui. l'impression que le temps s'est arrêté lui donne envie que ça ne recommence jamais, si seulement il peut rester dans cet état euphorique pour l'éternité. pour passer son temps à l'observer, sans avoir à souffler un mot ou à faire face à la réalité de la ligne franchie. car rien ne sera totalement comme avant, il le sait. pour le moment, il refuse d'y penser, de croire que ça va complètement changer la dynamique. xieren aimerait bien se lever, mais il a peur de le réveiller ou de ne pas être là lorsqu'il ouvre les yeux. et s'il pense qu'il s'est éclipsé ? même de son propre appartement, oui. alors, il reste. décidé à s'assurer qu'il sait qu'il est toujours là, à le regarder sans plus, inconscient de ces sentiments qui se renforcent plus les secondes passent.