cours de self-defense dont elle ne voit pas l'utilité, nayoung habituée à donner des coups dès qu'un problème prépondérant survient, et l'embête un peu trop. tornade impétueuse, calme qu'elle n'arrive jamais à contenir très longtemps, colère qui la ronge un peu plus lorsque quelque chose ne lui plaît pas, habituée à utiliser les poings plutôt que les mots, depuis toujours. habitudes devenues rituels. elle sait qu'elle aurait pu être une toute autre différente personne, si les abominables cruautés n'étaient pas survenues dans le début de son existence, à busan, terre de ses maux indélébiles. mais elle est ainsi faite nayoung, elle a eu besoin d'apprendre à se défendre dès son plus jeune âge, quitte à en devenir trop masculine, pour ne pas se laisser influencer par le monarque-enfer qu'est son père. nonchalance qu'elle n'arrive pas à dissimuler dans ses gestes, sur son visage, elle s'appuie contre le mur du dojang, endroit qu'elle connaît par cœur. ses oreilles écoutent difficilement les consignes de l'instructeur, tandis que ses yeux se plantent sur la silhouette familière au loin. jiwon est là. à les regarder toutes les deux, on ne peut le deviner, qu'elles sont du même sang. tout semble les partager, l'attitude, le physique, et pourtant, intérieurement, elles sont similaires. le déni de la différence est impossible, nayoung et jiwon, si éloignées et pourtant, si proches. arborant silencieusement les vestiges d'une tyrannie paternelle encore présente, dans leur âme, dans tout leur être, quotidien difficile.

soupir qu'elle ne peut retenir alors que d'un geste de main, on lui indique de se mettre avec la seule personne qui ne veut pas d'elle : sa soeur. nayoung s'avance alors à reculons, sans grande envie, impassibilité d'un visage cachant l'anxiété d'une aînée au bord de la crise de nerfs, jiwon qui l'évite depuis des mois, depuis qu'elles se sont quittées en mauvais termes, dans ce couloir sombre et gris de l'université. bonjour jiwon. politesse qu'elle lui accorde, alors que ses pupilles se posent sur la blonde, qui la dépasse de plusieurs centimètres. depuis quand a-t-elle autant grandi ?

ça l'agace, ça emplit son âme de tristesse et d'espoir, quand elle voit le nombre de femmes qui se sont donné rendez-vous aujourd'hui. dilemme cornélien, esprit qui tangue, qui la pousse à considérer que les mœurs changent, et que les femmes doivent apprendre à se battre pour se sentir en sécurité. et d'un autre côté, elle se sent fière, orgueilleuse de savoir que ses semblables ne restent pas chez elles (comme le voudraient les bonnes traditions coréennes), qu'elles sortent, qu'elles font des choses inhabituelles. cours spécial dont elle veut déguerpir à toute vitesse, connaissant déjà tout ce qu'il y a à savoir sur les techniques de défense ou de combat. les échos de paroles lointaines de l'intervenant rentrent par une oreille, ressortent par l'autre, tandis que ses pupilles voguent d'un bout à l'autre de la pièce, pour toujours venir se poser sur la seule et même personne qui capte son attention : jiwon sujet de ses pensées. nayoung en éternelle inattentive, gamine impatiente obligée d'y assister pour montrer à son coach qu'elle est capable de se tempérer. la sportive laisse les murs de la pièce pour s'approcher de sa petite sœur désormais plus grande qu'elle, réalité qui la prend, alors qu'elle attache sa chevelure brune en une queue de cheval rapide.  tu ne vas probablement pas me croire, mais je suis contente de te voir. honnêteté s'échappe de ses lèvres tandis qu'elle accepte sans rien dire la proposition de la blondinette, elle attaquera en premier. nayoung rigole presque, sourire en coin nullement moqueur, plutôt amusé, lorsque les paroles de l'instructeur s'abattent sur elle. bloquer son adversaire (jiwon) par derrière ? nayoung éternelle tornade infatigable, qui repense inévitablement aux nombres de personnes qu'elle a envoyé au tapis, à commencer par son frère jumeau, première victime de ses déchaînements quotidiens. rôle de la méchante qu'elle endosse sans en vouloir réellement, consciente que jiwon doit penser qu'il lui va parfaitement. prière silencieuse, pour que ce ne soit pas le cas. ce que je vais faire c'est que je vais t'attraper par derrière pour essayer de t'emmener de force. ça lui brise le cœur à nayoung, parce qu'elle n'a pas envie, que jiwon se retrouve dans cette situation, avec quiconque. t'es prête ? c'est parti ! aînée fonce sur la cadette, et passe son avant-bas sur son cou.

rôle de la méchante qu'elle déteste endosser, elle a pourtant l'impression qu'il lui colle bien à la peau. je l'avais deviné. pas grave, au moins tu le sais. et ça la chagrine nayoung, parce qu'elle n'en a pas envie. le poids de la culpabilité lui fait de plus en plus mal, et si son cœur lui implore subtilement d'arrêter les hostilités inévitablement installées entre les deux sœurs, sa conscience lui dicte qu'elle n'est pas la seule responsable, et que sa cadette a elle aussi, commis des erreurs, part de responsabilités qu'elles doivent se partager et admettre, si elle veulent un jour, enterrer leur lutte de plusieurs années. et si nayoung a jusque-là, eu l'impression que jiwon la déteste plus que toute autre chose, elle ne peut s'empêcher de remettre ses pensées en doute, secrètement. jiwon sans défense, la subtile pensée qu'elle n'a pas envie de se débattre aujourd'hui, l'occasion rêvée lui tendant pourtant les bras ; celle d'envoyer l'instigatrice de tous ses maux (nayoung) au tapis. incompréhension qui laisse l’aînée perplexe, presque sans voix, alors que son bras bloque encore le cou de la blonde. a-t-elle raison d'espérer que les choses peuvent encore s'arranger entre elles, aussi bancales soient-elles ? jiwon, ça va ? mots simples et pourtant, remplis d'appréhension. étonnement de la voir immobile, comme bloquée par l'emprise que nayoung a sur elle.

mots annoncés, princesse revient subtilement à elle, nayoung sentant instantanément sa sœur tenter de se débattre, coude venant vivement brutaliser son ventre. la brunette pouffe presque de surprise devant la subtile hardiesse de sa benjamine, fierté éphémère prenant place dans son esprit encombré. lui prouver qu'elle n'est pas si démoniaque qu'elle pourrait le croire comme principal objectif, l'inciter à la bousculer pour lui permettre de ressortir toute la fureur accumulée (dont nayoung est bien consciente). et elle ressert son emprise, à tenter de suivre les instructions, prête à l'envoyer au tapis s'il le faut. vas-y, bats-toi.