téléphone à la main, le silence règne dans la pièce dénuée de toute chaleur, présage que l'appel passé est un acte risqué. marre de l'attente, inconvenance qui la gêne au plus haut point, assurance partie en fumée tandis que ses ongles rongés tapotent vivement sur sa table de cuisine. anxiété qui grimpe, la peur s'installe peu à peu au fil des secondes qui passent, voix rauque au bout du fil qui ne sait pas quoi lui répondre. aveux concrets désirés et pourtant encore en suspension.

idée montée en reine dans les envies qu'elle souhaite réaliser depuis plusieurs semaines, promesse faite à elle-même, à lui, qu'elle veillera sur sa personne aussi longtemps qu'elle le peut. foyer que nayoung veut voir s'agrandir. si elle ne veut pas d'enfants, tornade se plaît à penser qu'elle est capable de se rattraper autrement. avec lui. eden, apparu comme un doux mirage devant ses yeux à l'orée d'une ruelle et plus jamais parti de son existence, quitte à le faire dormir chez elle pour lui permettre d'avoir un toit. attention portée au garçon qu'elle considère déjà comme un membre de sa famille, désir d'en faire davantage, précarité éprouvante dont elle souhaite le défaire. non ! je vous ai déjà dit qu'il ne sait rien de lui, c'est une amnésie totale. et je veux qu'il soit pris en charge. le souffle se saccade, le palpitant tambourine contre son torse. envie de crier, mais rien ne sort. calme apparent, les paupières sont closes, les phalanges serrées jusqu'à en devenir blanches. elle sait qu'elle doit éviter l'attaque, retenir l'effronterie pour ne pas heurter l'interlocuteur. nayoung doit faire bonne figure. est-ce que vous pensez que ça peut être mis en place ? le plus rapidement possible ? appréhension qui s'installe dans tout son être, nayoung à l'habituelle confiance perdue, réduite à espérer une réponse positive, faire partir ses maux, et éventuellement, un peu de ceux du concerné.

la vie reprend son cours, lentement mais surement. pour eden, la stabilité n'est pas très présente, son monde s'est retourné à l'envers durant ces derniers mois et les souvenirs qui sont remontés, questions posées sur son identité qui reste toujours un mystère. malheur, pour le gamin qui n'a aucune idée de qui il est. ça reste flou, son identité. il n'a qu'un prénom, yeonghwan. ça serait si facile, pourtant, de poser la question à siwoo, à tout apprendre de son passé. mais il lui a fait promettre de ne pas lui en parler. à ne pas être certain de vouloir un jour savoir, la peur au ventre qu'il n'arrive pas à ignorer. il préfère rester dans l'ignorance, ça lui suffit pour le moment. un pas à la fois, à vouloir naviguer dans cette nouvelle expérience sans redouter à chaque moment que cette bulle dans laquelle il se trouve éclate. sous les nouveautés dans sa vie, il n'a eu le temps d'en parler avec nayoung. ou plutôt, il a voulu attendre, ne serait-ce que pour un moment, d'y voir si ça n'allait pas s'écrouler, la peur qui reste toujours malgré tout. l'habitude prise de débarquer chez elle ne le quitte pas, gamin qui entre sans prendre la peine de cogner, à prendre le chemin vers la cuisine, où il peut entendre la voix de nayoung. s'il ne capte pas les paroles soufflées au tout début, l'éclat de sa voix se fait entendre lorsqu'il se rapproche, les pas s'arrêtant soudainement à la réalisation qu'on parle de lui. je veux qu'il soit pris en charge. et l'impression que la pièce commence à tourner le force à s'appuyer contre le mur, le coeur au bord des lèvres à l'idée d'une trahison. il veut se dire qu'il assume trop, qu'il pourrait y avoir une explication, mais la panique est trop présente pour qu'il ne puisse se calmer et penser rationnellement. à sauter hâtivement aux conclusions, à penser qu'elle doit s'être finalement décidé de le jeter aux loups. ça cogne si fort, son coeur incapable de lui laisser du répit et eden, yeonghwan, qui parvient enfin à se tenir sur ses pieds sans fléchir, qui parvient enfin à s'avancer pour révéler sa présence. nayoung..? t-tu fais quoi ? incapable de réprimer la confusion qui se dessine sur les traits de son visage, la peur qui engouffre son ventre. au téléphone.. t-tu.. la main qui se lève, pointe vers elle, tremblante. à ne pas dire tout haut ce qu'il pense, ce qu'il assume, mais qui est comme une évidence. oh, qu'est-ce que le coeur est lourd, soudainement.

il y a les jambes qui s'agacent tandis qu'on la met une fois de plus en attente. si elle note la terrible incompétence de l'opératrice, elle ne peut empêcher la frustration de venir s'agripper à tous ses membres. le désir que son souhait aboutisse qui guette, au moins pour cette fois-ci. elle ne demande pas l'impossible, seulement de venir en aide à un garçon qui le mérite, convoitise silencieuse de le voir heureux. constamment. je ne peux pas vous donner de réponse favorable pour le moment. la situation est délicate. même dans un cas comme le sien. même s'il est majeur, l'accord parental est nécessaire. les phalanges qui se serrent davantage sur le pauvre téléphone empoigné, qu'elle a envie de jeter instantanément contre le mur, qu'il vienne se briser pour ne plus avoir à entendre les paroles négatives qu'on lui annonce. calomnie s'étale. avis défavorable des envies qu'elle veut concrétiser et qui ne pourront peut-être, jamais se réaliser. elle n'est pas dupe nayoung, elle savait que la tâche ne serait pas facile, et pourtant, elle ne peut empêcher ce sentiment qu'elle déteste prendre la relève sur le reste de ses émotions, la cruelle déception. triste pensée qu'elle ne pourra sans doute pas faire davantage pour eden, eden au passé perdu, espoirs d'un avenir meilleur pour lui subitement détruits par une simple conversation. vous me faites attendre pour m'annoncer un truc pareil... vous m'aidez vraiment pas là, vous le savez ça ?! elle s'énerve nayoung, tornade à la dérive, colère qu'elle n'arrive plus à dissimuler alors qu'elle n'entend pas la porte d'entrée se refermer. furie qui gêne, chagrin d'une demoiselle qui n'a pas envie de faire face à la cruelle réalité, exaspération qui la frappe alors que ses mains se serrent violemment.

le sang se glace aux mots qui sont prononcés à côté d'elle. voix qu'elle connaît par cœur, échos d'incompréhension. silence instauré vient s'ébranler, et l'être de ses pensées ploie devant elle, présence découverte. e-eden ? nayoung le voit, lui et le regard effrayé. elle la sent jusqu'ici, la douleur qui s'installe dans son cœur. elle aussi, a les mêmes sentiments, mais pour des raisons différentes. téléphone raccroché à la volée, le regard ne défile pas, se plante calmement dans les orbes d'eden. qu'est-ce que tu as entendu ? confiance qu'elle ne désire par voir brisée, palpitant qui s'excite, alors qu'elle tend sa main pour empoigner celle du gamin soucieux.