le désordre s'est emparé de toi, le bordel de xieren qui cause une déchéance sans fin, de ta confusion et de tes doutes qui t'empêche de penser clairement. tu n'as jamais aimé ne pas être en contrôle, mentalement. tu as toujours fait un effort monstre pour te convaincre que tu as une maîtrise sur tes pensées, tes émotions, ta vie, tout simplement. et pourtant, il n'a fallu que de ce message et les révélations pour que la faiblesse de cette façade s'éclate en morceaux. et ainsi, ta vulnérabilité s'expose au monde et tu y prends peur. l'instabilité de ces émotions que tu ne comprends pas te force à penser et à te questionner… et tu détestes ça. tu as toujours penser être brisé. du plus loin que tu puisses te souvenir, tu n'as jamais aimé. ton désintérêt a repoussé bien plus d'une personne, mais jamais que tu t'es senti malheureux ou jaloux. même si on s'est joué de ton coeur, même si on a été voir ailleurs, tu n'as jamais su t'accrocher à quelqu'un émotionnellement. ton indifférence te suit depuis toujours et tu t'es accomodé, xieren. convaincu que tu n'es pas fait pour aimer, à te laisser tomber dans les bras des uns et des autres sans jamais t'attacher. et pourtant, tu te retrouves désormais en plein milieu d'un dilemme et tu baignes dans le déni. incapable d'accepter ce que tu peux ressentir, incapable d'accepter que tu puisses toucher au bonheur. et toi, xieren, qui est si logique, habituellement, toi qui est si rationnel, tout s'efface pour ne laisser qu'un imbécile incapable de voir la vérité en face. trop con pour réaliser ce qui se passe, à un tel point que tu en oublies tes propres morales. pour ignorer ses sentiments que tu ne veux pas ressentir, tu tombes au plus bas. tu détestes perdre l'emprise de ta personne et de ne pas te reconnaître devant le miroir. d'y voir le reflet de ton père à la place, lui et sa façon d'être : exécrable. néanmoins, ton pire cauchemar se réalise. tu ne penses pas, xieren. au contraire, t'es impulsif.

pour quelqu'un qui porte une haine spéciale contre l'alcool, les verres qui s'enchaînent ne peut que démontrer ton hypocrisie. le dégoût que tu as de toi-même et du liquide brûlant dans ton oesophage est le même, mais tu ne t'arrête pas. il n'y a pas d'explication pour la façon dont tu agis, tu n'as pas de réponse, tu as tout simplement essayer de te changer les idées. ou peut-être est-ce une châtiment ? personne n'a de réponses. il n'y a que les regrets qui se montrent et la répulsion qui te monte au coeur alors que le monde semble tourner en constance, de ta vision qui s'embrouille tout comme ta tête. il n'y a plus de clarté après ce point, les gestes que tu poses ou les mots que tu utilises sont du passé. « c'est bien la première fois que je le vois ainsi. » une voix familière se fait entendre de loin, mais tu ne parviens pas à y mettre un visage. ça te fait remonter à la surface, de ton esprit toujours embué de poison. au tout début, tu ne sais où tu te trouves. les événements de la dernière heure t'échappe, tout ne semble qu'à être un mirage. et lorsque tu ouvres enfin les yeux, la réalité te frappe en plein visage. évidemment, ce n'est pas une surprise de reconnaître la cellule dans laquelle tu te retrouves. « allez princesse, quelqu'un est venu te sortir d'ici, sort de là. » sans prendre en compte le irrespect envers ta personne, tu te demandes surtout qui tu as pu avoir donné en contact. tu n'as pas l'habitude de le faire, mais surtout, ce soir est différent. l'envie de le lever est moindre, car tu vacilles à peine tu te redresses. et tu redoutes de celui que tu trouveras devant toi, priant presque que ça soit quelqu'un que tu ne connais pas. quel imbécile.

attendez, il a fait quoi ?! la voix monte dans les aigus, hara qui laisse momentanément le confort de son canapé pour se redresser sur ses deux pieds. fraîcheur du sol qui lui provoque un frisson inopiné, ou peut-être, s'agit-il de la nouvelle qu'elle vient d'apprendre. elle a failli ne pas répondre, habitude prise de ne pas décrocher quand elle ne connaît pas le numéro, particulièrement en pleine nuit. mais cette fois-ci, son instinct lui a permis d'éviter d'ajouter une mauvaise décision de plus à son quota d’imbécillités commises, déjà trop élevé. police à l'autre bout du fil qui l'inquiète, hara ne semblant pas croire au discours qu'on lui annonce depuis le poste, abasourdie par les propos qui s'enchaînent. elle gèle sur place, se déplace de droite à gauche, inquiétude qui se laisse entrevoir dans tous ses gestes physiques. incohérence des propos annoncés : xieren enfermé, cellule de dégrisement obligée. vous devez vous tromper, xieren ne boit pas. allégations à l'autre bout du fil qui lentement, se concrétisent en un amas d'anxiété qu'elle ne peut plus dissimuler. le rire – vacillant - qui vient s’initier dans la conversation, dénuée de toute plaisanterie, cache les troubles qui viennent momentanément la tourmenter. elle s'excuse, embarras pour son meilleur ami, pour elle-même, alors qu'elle attrape un morceau de papier pour noter l'information cruciale : l'endroit où le garçon est retenu prisonnier malgré lui, 'pour son bien et celui d'autrui'. d'accord j'arrive le chercher. c'est quelle station déjà ? téléphone dans sa main et déjà prête à ramasser ses affaires pour conduire jusqu'au lieu communiqué. désarroi qu'elle se force à dissimuler tout au long de la route, seule la présence des néons guidant son chemin la réconforte, hara à l'espoir de retrouver xieren en meilleur état que ce que les policiers ont laissé présager. est-il seulement ivre ? est-ce qu'il s'est pris des coups ? en a-t-il donné ? comment a-t-il pu se retrouver dans une situation pareille ? tant de questions laissées subtilement à l'incertitude, tandis qu'on la guide jusqu'à la cellule. c'est bien la première fois que je le vois ainsi. silhouette familière qu'elle découvre, vacillante sur le banc qui trône au milieu de la minuscule pièce. ça lui fait mal à hara, de voir xieren dans une situation aussi précaire. ses yeux brillent mais elle retient sa tristesse. t'es vraiment trop con, xie.

son parcours, du manoir dans lequel il a vécu pendant les premières années de sa vie au petit appartement délabré dans lequel il s'est retrouvé avec ses parents lorsqu'ils ont tout perdu a été long et difficile. d'un gamin, un adolescent arrogant qui voyait le monde à ses pieds, il a changé en se retrouvant à son tour aux pieds de ceux qui ont contrôle du monde. sans argent, soudainement, il a ouvert les yeux sur la réalité du monde. et sa haine a grandi, en commençant par ses parents. sa mère s'est retrouvé à supplier ces hommes contre des services et il a perdu respect pour elle. mais son père, son père a toujours été le pire entre les deux. car il s'en prenait à lui, à sa mère. les yeux vitreux, l'haleine puant l'alcool, parfois la bière, parfois la vodka, parfois le whiskey. au lieu de se relever et de trouver un moyen d'amortir la chute de la famille, il a misé son agent dans l'alcool et s'est décidé à frapper, si xieren osait complaindre. alors, il n'a jamais vu l'alcool d'un bon oeil. il a compris que ça faisait oublier, que ça supprimait le contrôle, que c'était une drogue légale qui détruisait des vies. alors, il s'est promis de ne jamais, jamais, toucher à l'alcool.

pourtant, il s'est laissé tenté. parce que rien n'était assez pour effacer les pensées qui bouillonnaient en lui. désespéré d'effacer les émotions ressentis, désespéré d'oublier, de ne plus avoir à faire face aux horreurs, de la jalousie, la confusion, les doutes. il ne comprend pas totalement ce qui remonte en lui et dans son agitation, il s'est mit à boire. un verre, deux verres, trois verres, il a complètement perdu le compte de l'ingestion d'alcool qu'il s'est pris à la gueule avant de se retrouver dans cette cellule, sans l'ombre d'un souvenir de ce qui s'est passé durant ces dernières heures.

il se retrouve de retour là où il était auparavant. pathétique. perdu. incapable de justifier ses gestes. lorsque son regard se relève et qu'il voit sa meilleure amie, les mots ne sortent pas. à avoir eu le choix, il serait resté dans cette cellule, à attendre d'être sobre. il serait rentré chez lui et n'aurait soufflé un mot de ce qui est arrivé à personne. parce qu'il n'y a rien qui peut justifier ce choix. il reste dans le déni de ses gestes, incapable de réaliser que les mots, ces messages textes l'ont influencés, qu'il a été encore plus dérangé qu'il a bien pu vouloir se le faire croire. livide, blessé, peut-être qu'il s'est accroché un peu trop à lui ? il refuse de faire face à la réalité, de le réaliser. ce n'est rien, qu'il tente de se convaincre. il secoue la tête, pense à une réponse, mais sa tête est vide. de ces phrases sarcastiques qu'il aurait pondu en quelques secondes, il ne fait qu'hausser des épaules. yeah, well, what do you want me to do about it. à devoir faire face à sa honte, la tête encore dans les vapeurs de ses regrets, il se surprend à parvenir à se tenir debout, lorsqu'il se pousse pour se lever. sa tête menace d'éclater à tout moment, réminiscence du liquide qui n'a pas quitté son système. le coeur lui lève, il ne parvient pas à regarder hara. la honte est trop présente, alors il garde le silence alors qu'il s'avance, les yeux fixés au sol. s'il vacille sur ses jambes, il prétend que ça ne l'affecte pas, que ça ne le dérange pas. il n'arrive qu'à se répéter qu'il n'est (pas) son père, tout en doutant ses propres pensées. et c'est effrayant.