I. ils n'ont jamais été un exemple à suivre -- plutôt le genre de couple étrange qu'on aura tendance à pointer du doigt dans la rue (mon dieu, vous avez vu comme ils sont mal assorti ?) famille bancale, histoire banale. amour poignant, amants dément. il s'est mit à boire (il est devenu violent), elle est tombée enceinte (elle n'a pas eu le courage de porter plainte). II. la fuite comme seule solution, rejoindre le peu de famille qu'elle pouvait avoir en corée, disparaître de n'importe quel registre du japon. et ran sous le bras, gamine d'à peine quelques mois, elle ne comprend pas, n'en a pas vraiment de souvenirs (peut-être, si, ce sourire macabre qu'il avait avant d'abattre sa main sur sa mère). ran, elle n'a jamais parlé japonais. n'a connu que le coréen et s'en porte très bien. III. non, on ne veut pas de toi. repars d'où tu viens, et emmène la gamine loin. maman s'effondre, elle n'a pas d'option. hors de question de retourner au japon. et sa famille ici qui refuse de l'aider, et ces nuits passés dans le froid jusqu'à trouver un emploi. ran se rappelle de sa mère comme quelqu'un de droit et de déterminée, ran se rappelle de sa mère qui aurait tout fait pour la protéger. (mais à ses quatre ans, maman s'est envolée). IV. placée dans un système qui veut la voir échouer, ran abandonnée. elle ne sait pas vers qui se tourner, se retrouve enfant solitaire, incapable de supporter d'être approchée. elle met plusieurs années avant de se décider à parler (réussi à se faire des amis, ils finiront par partir). tout le monde se fait adopter, et ran grandit, veut s'enfuir elle aussi. personne ne la comprend (personne n'a même essayé). V. l'arrivée au lycée (l'idée qu'elle peut être qui elle souhaite), à peine quelques heures qu'elle y a mit les pieds et déjà des dizaines de mensonges se sont déroulés. parents éminents savants, on la regarde impressionné, ran n'est plus l'enfant rejetée. popularité monte en flèche, les amis s'enchaînent, elle vit sa première soirée ; elle est comblée. VI. les mensonges la dépassent ! les mensonges lui font peur, elle se perd, s'emmêle les pinceaux. quelqu'un l'a remarqué, elle a l'impression qu'il lui pose la même question tous les jours. peut-être pour la piéger. elle ne se laissera pas piéger, pas vrai ? ça ne fait que trois mois qu'elle est arrivée... et les jours passent et les gens s'éloignent, et il y a cette amie qu'elle s'est faite, cette amie qu'elle pense éternelle (c'est toi et moi, ran, ok ? toi et moi), et qui s'éloigne et un jour ran la confronte. et la vérité explose. les mensonges sont terminés. VII. la suite des années lycée se feront solitaires, à longer les murs et éviter d'attirer l'attention sur elle. parfois, on lui dit, ah, c'est toi, qui a menti ?, et elle soupire, fuit la conversation. seul soleil dans cette ombre constante, seule échappatoire à cette ambiance plombante, cette bande qu'elle rejoint, ce gang auquel elle appartient. et parmi ces visages au futur incertain, kang rei la marque du sien. VIII. ( il est ce que le monde a de plus beau à offrir ), et pas seulement parce qu'il est beau. mais ran se sent icare à ses côtés, et ça n'est rien que la vérité : il semble un soleil pour son cœur abîmé. et si le stade de l'amitié n'est pas dépassé, il n'empêche que les mains moites de la belle après un moment passé avec lui en disent longs sur son état d'esprit. IX. anecdote X. anecdote