« Je vous livre le secret des secrets. Les miroirs sont les portes par lesquelles la mort vient et va. Du reste, regardez-vous toute votre vie dans un miroir, et vous verrez la mort travailler, comme des abeilles dans une ruche de verre. »

la rage au ventre. cette sensation qu'il connait si bien. pour l'avoir vécu, pour la vivre encore. « comment ils s'appellent, ton papa et ta maman ? » les poings qui se serrent brutalement. refermé comme une huître en hésitant à dire. ou à mentir. et puis quand le courage lui prend les tripes. et qu'il prononce. juste. maman. en double. les visages se dédoublent. de la pitié ? ou peut être de la naïveté ? mais bien souvent du dégoût. les lippes se mutent. interdit devant l'impensable. l'embarras. et puis quand ils se rassemblent ça devient plus gros. plus énorme. les moqueries. les insultes. la blessure étanche qui s'agrandit. mais pour lui. c'est l'incompréhension. la douleur ne s'amenuise pas. mais avec les poings, elle est devenue supportable. ça a démarré de cette manière. l'injustice. c'en était trop. le gamin était en ébullition. prêt à faire sauter le monde entier s'il le devait. l'ambivalence. partagé entre l'amour de ses mères et la fureur. ça a commencé comme ça. pour se défendre des mots. contre ses maux. ❥ les dessins serpentent sur son corps. à l'encre noir, sa vie se redessine. l'artiste qui sur sa propre toile, s'enfonce toujours plus dans l'illégalité. mais surtout. la crainte des autres. mauvais garçon. un style qu'il cultive. et qu'il renforce. pour éloigner les autres. les distancer. ❥ dans les moments les plus durs. le liquide chaud cours sur sa langue, vint réchauffer sa gorge tandis qu'il se laisse là, à apprécier le moment. encore. la bouteille se vide, encore trop vite peut être ? l'ivresse le prend subitement comme une averse. salem se cache. boit de temps en temps. seul. dans son coin. c'est encore ajusté. pas vraiment quotidien. mais noyer sa peine dans l’alcool le réconforte. mais y'a sa famille. fortes. belles. il ne peut sombrer. mais parfois. un verre. juste un. sa trousse de secours. ❥ ça l'irrite. ce groupe dans lequel il a mis récemment les pieds. composé principalement de personne qu'il a harcelé. le lion se sent en cage. enfermé avec ses proies. et ça l'agace. ses regards vers lui. le mépris. mais il reste fidèle à lui-même. nonchalant. ça ne le touche pas. surement pas eux. mais sa présence est obligatoire. s'il n'y reste pas, c'est son avenir qui est en jeu. alors, il peste. encore et encore. même si ça ne change rien. il déteste cette psy. il déteste ses gens. il déteste le fait même de rentrer dans cet endroit. alors il écoute. les pleureuses. et parfois. ça lui arrive. d'éprouver plus que de la pitié. une forme d'empathie. parce que tous ont vécu la perte. le chaos. et possèdent des blessures béantes. semblable à la sienne.  ❥ les phalanges qui s'écrasent sur le sac de sable. la tension. la chaleur qui vient s'écraser tout contre ses joues. la sueur qui perle sur son front pour dévaler les courbes de son visage. le sport. son échappatoire. sa bulle d'oxygène dans ce monde pollué de crétin. le cliché même de la brute déversant sa rage dans le sport. mais le lien est particulier et essentiel. ❥ rare sont ses amis. salem est très solitaire. préférant l’accalmie de la nuit plutôt que le vacarme de la journée. c'est un chat noir. de ceux qui se prélassent sous la douce lumière de l'astre en demi-cercle. comme poussé par la beauté des cieux, son esprit créatif s'active, réinventant les fonctionnalités d'objet en mauvais état. tellement habitué à cette solitude qu'il lui arrive bien souvent de parler à voix haute, réfléchissant en s'écoutant parler pour mieux agir. ❥ son péché mignon ? regarder encore et encore des documentaires ou bien simplement des émissions sur les faits divers. non pas qu'il pense un jour passer à l'acte. mais l'être humain, être fascinant qui ne fini pas de l'ébahir par ses crimes. encore des histoires contées pour le plaisir d'un gamin sans cesse la gueule ouverte pour assouvir son appétit, cette soif de savoir. des connaissances acquis lui permettant d'établir peut être un jour le crime parfait. et comment s'en sortir. mais ce qui l'intéresse d'autant plus c'est leur psychologie. leur manière de procéder. de se défendre. de penser. ❥ avant que la carapace ne se forme y'a eu ce phénomène psychologique que la psychologue n'avait pas arrêté de ressasser. le complexe du homard. qui consiste à démontrer que l'adolescent est comme ce crustacé. un jour, il quitte sa carapace et reste un moment avant d'en revêtir une autre. mais pendant cette période. les blessures qui l'atteignent. restent. et laissent à l'endroit de chaque blessure, une marque. salem en a connu des cicatrices. dont l'une qui orne encore son cou. l'envie de finir avait été si forte. si pressante. que mourir n'avait été que la seule solution. son échappatoire. raté. mais toujours là, même sous son nouvel armure. ❥