Les joues poudrées, les lèvres brillantes, les yeux éclatants. De ces milles délices, elle était celui du sucre que l’on imbibe de merveilles. Des supplices vertigineux, elle était celui de ce Miel délicieux. Des désirs sucrés, elle était l’enfer des acharnés. Tokko, qu’on disait. Tokko qu’on hurlait, dans ses rues à la recherche de ce printemps qui lui donnera ses plus beaux charmes. Mais de ses flammes de la nuit ne restait que les brûlures de ses sensations. Elle était folle, folle de ses mirages et de ses mains qui se tendaient à sa liqueur. Elle résistait à leur amour sans nom. Elle résistait à leur complaisance, cœur mortifié et sur sa tête couronne de fleurs fanés. De ses déceptions, il ne restait que le goût du miel. Et entre ses mains, le vice. Et entre ses lèvres, le vice. Et entre ses cuisses --- le vice. Mais de cette ruche, elle était reine. Miel.

Précieuse naissance entre les bras d’une mère à la faiblesse de ses pleurs. Elle lui aura tout donné, depuis le 15 novembre 2000. Une pauvreté futile quand elle trouvé le bonheur dans les sourires de sa fille.  De tout ses rêves, elle était le seul qu’elle s’était permise de réaliser. Gamine qui réclamait friandises, viennoiseries, et pour son anniversaire le gâteau avec le plus de chantilly. Pour ses grands yeux de poupées, elle cédait toujours à ses caprices de princesse. Jusqu’à que finalement, elle se taise et se déforme de ses rondeurs parfaites. Chimère cachée dans sa chambre, plus la même maintenant qu’elle a dix-huit ans. Fuyante de ses formes, comprimée dans ce monde de vivant. Et de ses mains tendres, maman ne la saisit plus comme avant. Est-elle encore là ? Est-elle encore la même ? Miel ?

C’est qu’elle n’a pas vu le monde en large et en travers ailleurs que sur l’écran de son ordi. L’idéalisation de pays rencontrés à travers des images animées; des pays savourés dans des histoires à en faire baver. Elle n’était que de ses contrées, elle n’était que la fille de sa mère et de son père, coréenne de terre et de gène. Et parfois elle se disait qu’elle devrait plus souvent sortir, mais elle est toujours là, à s’enfermer sur des mangas ou contre des corps perfides. Des histoires qui se faufilent et qui se perdent, tandis que les paysages de Séoul pour certains lui reste encore étrangé. La Corée, finalement, c’est tout ce qu’elle n’a jamais connu. C’est pas faute d’avoir essayé, mais elle préférait se mélanger à ces romances dans des lieux presque imaginaires -- la Alice des temps modernes.

Et chacune de ses cambrures, pour la beauté du muscle qui tressaille quand il craint de la serrer trop fort dans ses bras. Les hommes, victime de ses charmes aranéides, les hommes aux pulpes de doigts peureuses de rencontrer ses lèvres car elle était si belle, Miel. Hétérosexuelle, elle les prenait tous sans gêne, elle les aimait tous avec pourtant ce même dédain et culot de les laisser chacun, seul, le lendemain matin. Elle fuyait mais ses yeux cherchaient toujours. De ses regards, bicurieuse, elle perçait les femmes avec tout autant de facilité, jamais éteinte de l'envie de débarrassé ces courbes voluptés des entraves de la société. Elle voulait les dompter, tous, de ses séductions mièvres et de ses courbes fatales.

Le tracé parfait, car de ses doigts elle était capable de dessiner bien plus que des fantasmes. Papier, crayon, elle dessinait des papillons. Les ailes en ébullitions. Et pour tout ses enfants horripilant, elle se promettait de dresser des prisons de bétons. Et a force de bâtir des murs, elle allait créer un labyrinthe. Etudiante en Architecture, simplement car elle a toujours eu cette facilité à savoir tout dessiner, à savoir tout imaginer, à croire que derrière la cartésienne se cache une pécheresse de rêveries. Mais incertaine, maman avait dit fait ce qui te plait. Alors, pourquoi toujours elle regarde avec plus d’envie les cours d’arts plastique ou de photographie ? Elle n’y croit pas, les rêves ne se réalisent pas avec des délires fantaisistes. Elle savait, aussi difficile sont les heures que seulement ce qui se bâtit lui garantit assez pour vivre. -- Et gamine grandit, arrêtes de zieuter le club de manga comme si t’en étais fétichiste.

Méandre et poussière, elle se limitait à sa chambre de poupée où chaque jour, un nouvel homme s’amusait à lui tirer les ficelles. Quand elle y était seul, pourtant, tout et son contraire, capable d'être sirène tout comme simple nerd. Elle lisait manga, elle regardait anime, n'échappant pas à l’envie irrépressible d'acheter milles et un Goodies. Elle cède toujours, c’est plus fort qu’elle. Et pourtant, parfois elle vient et se cacherait presque derrière ses fleurs pour ne pas avoir à porter ses foutues couronnes de malheur, celle qu’il confectionne de tout son cœur. Maman fleuriste, gamine qui se sent parfois obligé de rendre service. Miel de tous les parfums floraux possède les plus doux, pétales oniriques et bouton d'or désiré. Trop belle, maintenant qu’elle était vénus au milieu de la serre.

Elle les voyait bien les grands yeux de maman se ternir quand le bulletin du mois arrive. Elle voyait bien que la vie n’avait rien de facile, qu’elles sont bien malheureuses dans cette pauvreté. Avec ou sans Papa, finalement, la vie n’est pas plus difficile. C’est d’une morosité à dire, mais y’a plus rien à faire hormis s’accrocher, s’accrocher plus fort pour un jour espérer lui rendre tout ce qu’elle lui a donné, même si gamine arrive parfois à en vouloir à sa mère de vouloir lui préparer un goûter. Maman dépensière, pourtant elle essaye de faire attention, mais entre ses mains tout part si vite -- l’argent, papa, et maintenant la petite.