❥ famille dysfonctionnelle. sa mère s’agrippait trop à l’alcool pour parvenir à s’en défaire, même enceinte. et ses parents, entre eux, communiquaient « sainement » — à base de cris. à base de coups. elle déchirait artistiquement de ses ongles les traits de son mari et lui, il peignait régulièrement sur son corps un sordide arc-en-ciel d'ecchymoses et de bleus. les gyrophares de la police venaient s’ajouter bruyamment au décor, appelés par les voisins qu’alertaient les engueulades et les heurts. le tableau a fini en cendres le soir où, après avoir découvert qu’il avait une deuxième famille, elle a mis le feu à l’appartement, transformant en brasier mortel l’ensemble de leur immeuble. entre autres victimes, le père de liêm y a péri. mais le gamin qu’il était alors est resté plus marqué par la mort du pompier qui l’a fait sortir, par une échelle accotée à la fenêtre, du troisième étage devenu tombeau ; et qui n’a pas eu le temps de s’extirper des flammes.

❥ culpabilité du survivant. liêm n’a jamais pu s’empêcher de penser que ce pompier, jeon jin hyuk, n’aurait pas dû mourir pour lui. il s’en est longtemps voulu de l’avoir “arraché” à ses proches — mais le fardeau s’est plus tard mué en motivation. à défaut d’avoir un père exemplaire, il a fait du souvenir de cet homme son modèle. c’est ce qui l’a poussé à devenir pompier volontaire, mais aussi à veiller sur la famille du défunt, en guise de remerciement pour son sacrifice.

❥ renaissance. il s'est tiré deux fois du gouffre. des flammes, à 10 ans. puis de l'addiction, à 21 ans. elle lui bousillait la vie, l'addiction. première cuite à 14 ans : c'était normal d'y sombrer, y'avait des bouteilles dans chaque recoin de la maison. et puis son entourage l'y poussait toujours plus — mais ses partenaires en ont payé le prix : lorsqu'il était trop occupé à boire pour songer à eux et, sur la fin, quand il a perdu le contrôle, devenant brutal. à ce choc s'est ajouté, quelques semaines plus tard, le coma éthylique de sa mère ; elle a bien failli y passer. alors liêm a voulu les sauver de ça, elle et lui. il a choisi de changer, s'est fixé des objectifs. ils sont sobres depuis près de 2 ans, mais elle l'encaisse nettement plus difficilement. raison pour laquelle il vit encore avec elle, prend soin d'elle, et l'encourage à participer à des réunions de soutien.

❥ boxe. exutoire durant le sevrage, défouloir encore aujourd’hui.

❥ bordel. irréprochable en apparence, toujours ordonné, bien sapé — mais c’est à l’état de l’appart qu’il partage avec sa mère que s’exprime le mess qu’il est en fait à l’intérieur : un désordre sans nom, constant. il s’y retrouve dans son bordel, même s’il n’y est pas forcément épanoui. il n’a juste pas l’énergie de tout réformer, sait qu’il serait seul à faire l’effort : elle est trop apathique pour s’y atteler avec lui. à vrai dire, entre eux deux c’est un peu lui le parent, lui qui se charge des courses et qui s’assure que les factures soient payées, lui qui remplit les papiers pour les aides financières, etc. elle, elle se laisse vivre, elle s’est noyée depuis longtemps (ou peut-être qu’au fond, elle est un peu morte brûlée ce soir-là — à l’intérieur). il n'a jamais invité de copains chez lui, place une nette barrière entre sa façade et son chaos intérieur.

❥ intuition. il en est venu à penser qu'une connexion s'est tissée entre lui et les lee, lorsque jin hyuk est mort pour lui. parce qu'il lui arrive de les chercher — mais qu'il lui arrive aussi de se trouver au bon endroit au bon moment, sans l'avoir prémédité.