La page blanche. Drame de tout artiste elle touche à peu près tout ceux qui se mettent à composer et vivre de leur passion. Ou bien même ceux qui se soignent ainsi, en laissant leur inventivité s'exprimer. Mais quand vient le vide, quand plus rien n'est acceptable on perd vite la foi. Tu étais ,en ce moment même, en train d'expérimenter ce vide, cette impatiente à vouloir produire alors que tout ce qui sortait sonnait faux. Tu avais aussi cette colère et frustration qui montait en toi, qui te faisait déchirer le papier, le rouler et le balancer. TE levant rapidement de la chambre d'hôtel où vous étiez tous en train de réfléchir à la suite de votre tournée, ce qui allait se passer tu enfilas ta veste avec une rapidité sans nom. " Rentrons en Italie" Tu avais besoin de tes racines, de ta source et de ton inspiration. Tu avais quitté ta terre natale depuis bien trop longtemps et même en te promenant sur les quais de scène de Paris tu n'avais pas trouvé ce que tu cherchais : un goût familier, une odeur bien connue et une maison qui t'attendait.

Ce soir là vous aviez refait vos valises pour repartir à bord du van en direction de l'Italie, berceau de ton enfance et de ta créativité. Là bas tu espérais retrouver l’envie d'écrire. Mais tu trouvas bien plus.

En revenant tu avais directement été chez toi bien sûr déposant le van à un mécanicien que tu connaissais bien et en qui tu avais confiance avant de profiter de ton retour comme il se devait. Le voisinage t'avait manqué et leurs salutations chaleureuses également. Souriante tu étais rentrée cherchant alors ton père qui était sûrement devant la télé ou dans son atelier. Le pauvre devait se sentir seul maintenant que tu parcourais les... Ce n'est que lorsque tu entendis un rire, son rire résonner que tu te figeas. Avait il rencontré une femme?  L'autre voix s'élevant tu eus la surprise de la trouver bien grave pour une femme, même dans cette tranche d'âge. Avec curiosité, un de tes plus grand défaut, ainsi que le plus grand atout, tu t'étais retrouvé à chercher la provenance. Et c'était sûrement tout ce que tu ne voulais pas voir. Restant discrète tu voyais ton père, ton propre père rire avec un jeune homme inconnu comme s'il avait été son fils. Parler de pâtisserie et chocolat ne suffisait pas il fallait qu'il veuille un fils comme lui. Et toi ? N'étais tu pas ce qu'il avait toujours voulu ? Tu t'étais démené pendant des années pour le rendre fier, mais lorsque ta passion s'affirma, il ne te demanda pas ton avis, il ne te demandait jamais de jouer, il se butait sur un avenir que tu ne voulais pas reprendre. Etait il amer ? Voulait il vraiment t'oublier pour adopter un fils qui aimerait ce qu'il faisait ? C'était ton passé qui revenait, tes moments de stress et pourtant de bonheur qui était associés à cette passion qui l'avait fait devenir célèbre.
Mais ta cachette fut bien vite découverte et quelques présentations s'en étaient suivies alors que tu t'enfonçais dans une jalousie sans nom. La possessivité qui te caractérisait  voulait que ton père te reprendre sous son aile. Qu'il dise combien il t'aime et qu'il cesse d'être si heureux sans toi. Égoïste, sûrement. Et pourtant tu apprendras à vouloir son bonheur, même si tu n'y es pas. Finalement tu te montras la tête puisque tu resteras son trésor, sa fille, celle qu'il aurait aimé retenir, et voir reprendre la suite du flambeau.


C'était ici que tout avait commencé. Ces quinze jours de répit te permettaient de te rendre là où tout avait commencé. Ta maison d'abord puis ce cabaret où le gérant te saluait par une bise amicale comme un vieil oncle que tu n'aurais pas vu depuis longtemps. C'était là que tu avais commencé en tant que chanteuse et pianiste. Là que tu as fait tourné la tête de quelques uns de ces messieurs sans leur donner suite. Ce n'était qu'un temps. Qu'un tremplin qui te donnait accès à une agence de musique. Une agence qui avait voulu te changer. Toi ton style. Tu t'étais battue et tu avais sortie seulement quelques musiques avant de changer d'agence. Une qui te donnerait plus de liberté, qui ne voulait pas t'enfermer. L'agence était primordiale tout comme tu leur étais nécessaire, et c'est en comprenant cela que tu pus t'imposer, avec tes musiciens, des amis plus âgés et bien plus compétents que tu ne te trouvais talentueuse. Tu écrivais pour eux, pour toi, et pour tous ceux qui étaient intéressés. Tu ne sais toujours pas lire de partition bien qu'on ait voulu t'apprendre cela comme une religion. Mais .. tu pouvais vivre sans.
Regardant donc un show du soir tu ne rentrais pas de suite prenant une glace en allant au parc à jeu te balançant un moment à la balançoire. Mais ce soir tu ne rentreras pas chez toi, une soirée s'étant invitée dans ton programme tu revis tes amis d'antan avant de rentrer et comprendre que tout avait changé. Le matin même, les yeux cernés tu avais regarder ce que faisait l'apprenti, retombant dans une nostalgie presque triste.  


Le bruit du verre qui se répand en une centaine de morceaux, le calme avant la tempête dans le silence qu'il avait forcé. Un moment de calme qui ne dura que quelques secondes avant que le bruit d'un vêtement qu'on déchire vienne fendre l'air. "C'est ce que j'en fais de ton raisonnable.  "Avait il été raisonnable? Au lieu de te quitter , en bonne et due forme, au lieu de faire ça derrière ton dos, avec une personne qui t'étais chère. Ils l'avaient cherché, tous les deux. " Céleste calme toi.. on voulait te le dire.." Un rire presque dément te prends. Te le dire. Posant une main sur ta hanche tu les regardes alors.  " Me dire quoi? Que mon copain aimait ma meilleure amie et inversement? Que je n'étais plus qu'un moyen de la voir ? Que j'ai été la plus stupide en vous gardant tous les deux en amis? " Souriant tu prenais de nouveau cette chemise que tu avais trouvé dans le salon. Leurs vêtements éparpillés n'aidaient pas dans leur situation mais qui s'en souciait? Déchirant celle ci tu lui redonna en main propre, à cet homme que tu avais aimé, ton premier amour et peut être le dernier avec tant de naïveté. Ton regard noir se dirigea vers cette amie. Ce n'était rien, n'est ce pas? Un ami de plus de moins. Tu essayais de t'en convaincre.  " Merci. " Cette leçon tu n'étais pas prête de l'oublier. Tournant les talons tu les laissais avec leur culpabilité, s'il culpabilité il y avait. Tu les remerciais de t'avoir ouvert sur les yeux sur ce que tu voulais, ce que tu valais et qui t'entourait. Sortant de l'appartement tu jetas simplement les clefs dans une poubelle en bas de l'immeuble. C'était mal te connaître que de penser que tu t'arrêterais là. Marchant tranquillement et pourtant décidée tu ouvris la portière de la voiture y entrant et la démarrant. Il y tenait non? A ce bijou. Il y tenait autant que tu avais tenu à votre relation. Partant donc à vive allure tu n'avais même plus cette tristesse qui insinuait tes veines,  juste une rage incontrôlable qui te faisait partir bien loin. Bien loin de tout. Il n'avait jamais été très adepte des disputes, restant bloqué sur ta personne. Ca lui avait coûté les clefs de sa voiture pour celle ci. C'était peu cher en sachant tout ce que tu avais ressenti. Accélérant encore tu conduisis pendant bien quinze minutes avant de t'arrêter dans une forêt. Le parking y était presque vide et c'était tout ce qui comptait mais ce n'est pas dans le parking même que tu t'arrêtas mais bien entre les arbres enlevant le pare-choc avant. Pendant quelques secondes tu pris une inspiration essayant probablement de te calmer quand tu savais cela impossible. Descendant de la voiture tu passas une main dans tes cheveux ouvrant toutes les portes avant de jeter les clefs le plus loin possible. Un coup de fil après et tu reprenais le chemin du retour à pied. Une voiture vint te prendre pour te déposer bien plus vite. Un ami que tu avais appelé, un ami qui était aussi celui avec qui tu t'entraînais tant alors que tu n'étais qu'une petite main dans le cabaret. Mais ton désire de jouer de la musique avec eux était bien plus forte. " Tu sais que la voiture va se faire désosser ici? "  Lança t il presque sûr de la réponse. " Tu crois que je l'ai emmenée pour quoi? " Un rire le prit alors qu'il n'avait pas peur de dire que tu étais vraiment rancunière. Rien ne calmait vraiment ta colère. Tout ce qu'on te faisait tu devais le rendre. Pourtant, tu étais réellement gentille ,tu pouvais être la plus adorable lorsque les personnes étaient droites.

Mais il manquait encore quelqu'un. Quelqu'un de pire que lui. Qui t'avait poignardée tellement fortement que tu ressentais une cicatrice. Et ta vengeance ne vint que trois ans plus tard. Lorsque ton nom était un peu plus connu, lorsque ton chemin croisa le sien, accompagné de son copain actuel. Ce n'était même plus celui qu'elle t'avait volé. Ton sourire avait été ta plus belle arme avant de planter le couteau dans son dos. Tout comme elle avait fait. Il n'avait suffit que d'un soir pour que son actuel copain, presque fiancé ne succombe à tes charmes. C'était à quelque chose prêt la même situation. Sauf que ce n'était qu'un bar, qu'un baiser que tu avais échangé avec ce "mec parfait". Tu n'allais pas te salir encore plus les pattes. Lorsqu'elle vous avez vu tu n'avais fait que lever les mains.  " Tu pourrais me remercier.. Tout comme je l'ai fait il y a trois ans. Maintenant tu sais toute la vérité.  ". Partant sans demander ton reste avec un sourire en coin et une satisfaction assez grande ce ne fut que trois jours plus tard qu'elle reçut une piste audio, il faut dire qu'il n'avait pas été silencieux,  préférant rappeler tous ses défauts quand il mettait en avant tes qualités. Ce n'était qu'après cette journée là que tu bus un verre en mémoire de ce passage de ta vie. Une vengeance que tu avais prise. Tu tournais maintenant la page toujours avec le sourire.