Il est le produit d’un mariage arrangé. Sa mére, et son pére ne se sont jamais vraiment aimé. Enfin non, ce serait un mensonge de dire ça comme ça. Ils ne se sont jamais détestés, ou haïs. Ils ont eu des périodes de vrai couple, on ne va pas se le cacher, mais au fil des années, les vraies raisons de leur mariage ont eu raison de leurs sentiments quels qu’ils soient. Les chambres séparées, cette froideur dans leur discussion, les regards tendus, tout en eux criaient qu’ils n’étaient pas une vraie famille. Et cette sensation est toujours restée ancrée en lui.
Il a toujours été très proche de sa mère. Elle a toujours été celle qui le comprenait le mieux. Qui lui disait non, qui se souciait réellement de lui. Elle avait ce pouvoir qu’aucune autre femme n’a eu sur lui, celui de lui faire prendre des décisions aux antipodes de ce qu’il voulait. Probablement parce qu’il avait une confiance aveugle en elle. La relation avec son pére a toujours été plus froide. Plus complexe. Il aspirait a ce que son fils reprenne son cabinet. Et dés son plus jeune âge, il l’avait compris. Son père s’intéressait à lui, mais pas de la même manière que sa mère.  Il s’assurait qu’il ne manquait de rien ; ne lui posait rarement des questions mais en soirée, il savait que son père parlait parfois de lui avec un sourire fier.
Il a eu une enfance très simple. Aller a l’école publique,  Exigence de sa mére. Probablement la seule qu’elle ai pu satisfaire au cours de ce mariage, et il savait que pour ça, elle avait du affronter celle qui lui avait toujours fait peur enfant : sa grand mère paternelle. Une vieille femme aigrie, dédaigneuse et imbue de sa personne. Il en avait toujours eu une peur bleue enfant, elle ne faisait que l’observer et le reprendre à chaque phrase, ou actions qu’il faisait. Il se souvient encore des remontrances qu’elle faisait également à son père, et de la réaction de ce dernier. Un haussement d’épaule, et de lui tourner le dos. Pas un mot, pas une parole.
Lors de sa douziéme année, il est parti durant l’été avec sa mére à Séoul. Il se souviendra toujours de ses grands parents. De leur gentillesse. Du visage serein de sa mére. C’était la premiére fois qu’il avait ressenti ce qu’était une famille, et qu’il s’était senti accepté. Une rencontre avait également marqué son voyage, c’était une fille. Une fille souriante et totalement innocente qui l’avait guidé dans Séoul. Elle l’avait sortie d’un quiproquo totalement délirant, dans lequel il avait dit un truc qu’il pensait vouloir dire autre chose.
Faute d’une vraie famille, il avait crée sa famille avec ses amis d’enfance. Il avait 3 fréres avec eux. Il avait trouvé son équilibre. Les premieres cuites, les salles d’arcades, les soirées sur le toit de l’appartement de l’un d’eux ou sur sa terrasse, c’était son quotidien. Puis un jour, ils s’étaient lancés dans le beat box. C’était après la démonstration d’un artiste urbain. Ils étaient restés sur le cul de tout des sons qui sortaient du visage d’un être humain. Et ils se sont entraînés, des mois entiers pour arriver a un niveau convenable.
Et le travail a fini par payer, a force de video ou de representations parfois sauvages ; ils ont commencé a se faire connaître. Parfois des vidéos, ou des petites improvisations, c’était la meilleure période de sa vie. Et c’était bien la seule partie de sa vie qui allait bien. Il avait 14 ans, et hors de son cercle d’amis c’était plus compliqué. Le monstre qui le terrorisait autrefois avait emménagé dans la maison. Et l’ambiance froide était devenue pesante. La peur qu’il ressentait a l’égard de sa grand mére était devenue une colére sourde, qui menaçait d’exploser a chaque remarque.
Elle était là pour des raisons de santé selon elle, mais lui en avait toujours douté.  La saleté avait toujours été tenace. Et quand son pére n’était pas là, il n’était pas rare que des éclats de voix éclatent entre sa mère et sa grand mère. Tout sujet était bon pour dispute. La couleur de la nappe, a ce qu’il pourrait manger. A l’écouter,  elle seule savait ce qui était bon pour leur famille. Et le retrait de son pére sur le sujet n’avait pas facilité les choses. Au contraire. Liang avait prit le parti de commencer a s’exprimer. Quitte a agiter un drapeau rouge en face de la sorciére.
Et la situation avait empiré. Il voyait sa mére autrefois si radieuse, dépérir a vue d’œil. Son pére, d’habitude si calme, préférait s’éloigner du domicile. Et lui se retrouvait là, comme un idiot. Il s’était réfugié dans son groupe, se noyer dans ce qu’il pensait être reposant. Il avait commencé a s’entraîner a rapper. Rien de méchant au début, sauf qu’il extériorisait sa colére comme ça. Et l’éléve s’entraînait pour devenir maître en la matiére.
17 ans, et il était devenu assez bon dans ce qu’il entreprenait. Tout était bon pour ne pas rester à la maison, et pour s’émanciper. Il espérait un jour pouvoir subvenir a ses propres besoins et emmener sa mére loin. Job de lycéen sous le regard ahuri de sa grand mére, qui ne comprenait pas pourquoi il aurait a travailler. Il se donnait a fond pour ne pas rester dans cette situation qui avait le don de le rendre malade a en vomir. Mais c’était trop tard. Beaucoup trop tard.
Trop tard quand le pére de Liang s’était décidé a mettre sa mére dans un taxi pour qu’elle rentre chez elle. Trop tard quand Liang avait voulu annoncer a sa mére avoir économisé assez pour un billet pour Séoul. Non tout cela était arrivé trop tard. La mére de Liang avait décidé de partir avant cela. Il se souviendra toujours de son regard ce matin là. De sa maniére de parler. Tout en elle le criait, mais il n’avait pas réalisé. La seule chose qu’il verra le soir même sera la police dans son salon.
Suicide avaient-ils dit. La seule chose  qu’il en avait retenu du moins. Son monde s’était effrondré. Et il avait tout abandonné. Le travail, le groupe, l’école même. Il avait eu son diplôme de justesse, et il ne faisait que le minimum. Sa grand mére avait tenté de revenir chez eux, mais son pére avait refusé. Il n’avait pas besoin de mot pour expliquer qu’il se sentait coupable. Et qu’il s’en voulait. Mais ça, Liang s’en foutait. Une partie de lui était morte ce jour là, et il en était pleinement conscient.
Il a tenu un an et demi avant de demander a son pére de partir étudier à l’étranger. Il n’en pouvait plus de cette maison ou tout la rappelait. De ces photos souriantes, de ces souvenirs. Et son pére, n’avait pas pu le lui refuser. Il savait ce qui motivait son fils a partir, et n’avait pas cherché a l’en empêcher.
Et c’est ainsi que Liang s’était retrouvé dans un vol aller simple pour Séoul. Il n’avait pas prévenu sa famille maternelle de son arrivée, il avait préféré se faire petit. L’inscription à la fac, une chambre d’hôtel plutôt qu’un appartement. Il ne voulait pas se sentir attaché a quoi que ce soit. Il avait juste besoin d’être lui, sans se cacher derriére une politesse ou des faux semblants.
Nuits effreinées, et activités diverses et variées l’ont servi un temps. Jusqu’à ce qu’il tombe sur elle. Ou du moins qu’il pense reconnaître en elle, cette fille vulgaire, celle qui l’avait aidée il y a de cela plusieurs années.
Celui qui passait le plus clair de son temps a faire la fête s’était subitement interessé à la fille de son passé. Par intêret, la définition était encore floue pour lui. Mais il a toujours refusé d’expliquer pourquoi il pouvait parfois s’avérer être un petit con avec, ou encore pourquoi il pouvait parfois prendre a cœur ce qu’elle disait.
Il s’est concentré sur ses études, et sur elle pour essayer d’être le major de promo. Il a toujours été ambitieux, et n’a jamais rechigné à la tâche. Et c’est là que leur petit jeu a commencé aussi. S’enquiquiner mutuellement, se facher pour mieux revenir vers l’autre, c’était leur routine.