Clyde est né dans une petite maison un peu écartée de la capitale irlandaise. Une petite maison plus près de la nature que de la ville. Et en plus de ça, un bébé né un jour de grande pluie. Les gouttes de pluie tapaient sur les carreaux du chalet familial pendant que le nouveau-né poussait son premier cri. Mais bébé Clyde n'était pas seul sur le coup. Quelques minutes après lui, sa douce soeur venait au monde et hurlait à pleins poumons avec Clyde. Elle, cette douceur de jumelle on la prénommait Lysbeth. C'était le début d'une grande aventure pour les deux nourrissons. Parce que la présence masculine était absente du tableau. Le père s'était en effet barré dès qu'il avait appris que la mère de Clyde était enceinte. Clyde et Lysbeth ne l'ont donc jamais connu. Ce qui n'empêchait pas la famille de vivre heureuse. Et puis, il n'y avait pas tant de manque que ça puisque le grand-père de Clyde vivait aussi dans la maison depuis que sa femme était morte, quelques années avant la naissance des jumeaux.  Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Clyde, à mesure qu'il grandissait, adorait sa jumelle. Les deux enfants étaient toujours fourrés ensembles et faisaient toujours toutes les pires bêtises à deux. Et même si Clyde était un peu plus extraverti que Lysbeth, surnommée affectueusement Lily, il ne s'arrêtait jamais de jouer le frangin protecteur. Si quelqu'un faisait du mal à Lily, le petit Clyde était là pour régler les choses avec ses petits poings de gosse. Ce qui faisait hurler sa maman , parce que Clyde rentrait souvent avec les habits déchirés et des bleus partout. Et à table le soir, il relatait ses exploits de la journée avec grande fierté et sous les rires de Grand-père, de sa mère et puis de Lily aussi qui rajoutait que c'était son héro.

Quand Clyde y repensait, il se disait qu'il faisait un piètre héro maintenant. Car vous imaginez bien que cette vie joyeuse et tout ce temps passé avec sa soeur à courir les collines irlandaises et à écouter Grand-père raconter les mêmes légendes d'Irlande encore et encore, ça ne pouvait pas durer. Comme si le destin avait eu besoin d'y mettre son nez pour séparer les deux âmes-soeurs.

Deux évènements d'une certaine ampleur allait complètement bouleverser la vie de Clyde. D'abord, un accident qui aurait pu s'avérer sans grande gravité. Clyde , 15 ans, a grimpé dans un arbre pour récupérer le cerf-volant bloqué de sa jumelle. Clyde a manqué une branche. Clyde a lourdement chuté, heureusement d'une petite hauteur. Clyde inconscient. Lily qui panique. Lily qui appelle maman, grand-père, quelqu'un. Lily qui pleure. Les ambulances arrivent. Clyde a été transporté à l'hôpital de Belfast. Tout le monde qui pleure.

Après quelques heures, Clyde se réveillait dans son lit d'hôpital. Son crâne est bandé, c'était la tête qui avait touché le sol en premier. ça lui faisait un mal de chien tellement qu'il devait cligner des yeux plusieurs fois avant de pouvoir analyser qui était autour de lui. Mais quelque chose clochait. "Qui....qui êtes-vous..." Autour de lui, il y avait Lily et sa mère. Cette dernière tremblait en tenant sa main. "Clyde..." Il la reconnaissait instantanément. Cette voix. "Maman...?" Et ce bracelet rouge qu'il lui avait offert. Il avait le même, en bleu. "Et Lily ! Mais...vos visages sont bizarres..."

Après quelques examens complémentaires, on découvrait finalement que le traumatisme crânien qu'avait vécu Clyde devait sûrement avoir touché le cerveau et déréglé la partie qui s'occupait de la reconnaissance faciale. Prosopagnosie que ça s'appelait. Nom barbare à ce mal qui bouffait maintenant Clyde. Plus jamais il ne serait en mesure de reconnaître et d'apprécier les traits du visage de sa mère et de sa soeur. Il fallait faire avec.

Oui, il fallait faire avec. Mais Clyde en était sûr, c'était ça, c'était cette faiblesse qui les avait éloigné petit à petit. Lui et Lily. Il n'était plus vraiment un héro avec ce foutu mal qui ne le quittait jamais. Mais Lily l'avait fui. Véritablement.

Le deuxième évènement, il aurait tellement voulu que ça ne se produise pas. Clyde aurait tellement voulu que ce soit lui à ce moment-là. Il aurait au moins voulu partager un bout de son Enfer. Pourquoi la vie était si injuste avec lui ?

Adolescence. Clyde et Lily venaient d'avoir leur 18 ans. Et si Clyde était toujours aussi extraverti et agréable à vivre, il avait remarqué que sa petite soeur changeait. Qu'elle s'éloignait de lui. Qu'elle allait de plus en plus en ville. Lui n'aimait pas trop la ville, enfin, sauf pour les choses nécessaires. Et parfois pour une tournée des bars avec les copains. Mais il n'aimait pas trop la ville. Plus encore si la ville engloutissait sa douce Lily.  Lily qui rentrait de plus en plus tard. Dans des états de plus en plus inquiétant. Clyde l'ainé qui s'inquiétait bien évidemment. Lily qui ne voulait rien lui dire. Lily qui lui hurlait juste de lui foutre la paix, de s'occuper de ses affaires. Une porte qui claque. Une vie qui ne tenait plus que sur le bout d'un fil.

Ce soir-là, il aurait dû se douter d'un truc Clyde. Il aurait dû se dire que tout était trop paisible. Que quelque chose clochait. Un calme trop significatif. Un mauvais pressentiment. Ce soir-là, il n'avait pas entendu sa soeur rentrer. Pourtant, elle était bel et bien arrivée à la maison. La porte de sa chambre entrouverte rassurait un peu ce grand-frère si protecteur. Pas assez. Clyde se décida à la rejoindre dans sa chambre. Il voulait s'excuser pour une précédente dispute. Parce qu'il détestait se disputer avec sa tendre Lily. Mais lorsqu'il pénétrait dans la chambre et qu'il allumait la lumière, c'était un spectacle de l'horreur qui l'attendait. Du sang. Une lame dans une flaque écarlate. Au plafond, un corps pendu à une corde. Sur le lit, une lettre. Clyde n'y croyait pas, mais elle était bien là, sans vie, vulgairement accrochée au plafond, sa douce Lily. A son poignet, le bracelet rouge.

Lily était morte et avait emporté un bout de Clyde avec elle.

Bientôt on savait pourquoi. Grâce à sa lettre. A l'école, Lily avait été victime de harcèlement et s'était réfugiée dans la fête et l'alcool. C'est pour ça qu'elle rentrait tard le soir, de la ville. Mais la vie était beaucoup trop oppressante et c'est comme ça qu'elle avait commis son geste désespéré.

Après ce drame, sa mère ne voulait plus entendre parler de l'Irlande qu'elle aimait tant. Cette Irlande qui lui avait pris sa fille. Cette Irlande qui était proche de lui voler son fils puisque Clyde était tombé en dépression et n'arrivait pas à faire son deuil. Direction donc la Corée, la deuxième origine de Clyde.

La première année de sa nouvelle vie en Corée du Sud, Clyde la vivait très mal. D'abord à cause de sa dépression et ensuite parce qu'il en voulait à sa mère de l'avoir emporté loin de l'Irlande. Mais il n'arrivait pas à la détester. Parce que maintenant, il ne restait plus qu'eux deux. Il fallait qu'il la soutienne tant bien que mal. Surmonter sa dépression était la première chose à faire. Ce qui n'était pas chose facile. Il refusait de laisser Lily partir, elle était encore là, près de lui.

Désormais et 4 ans après, Clyde avait fini par comprendre qu'on ne pouvait pas faire revenir les morts à l'heure actuelle. Il avait donc laissé Lily partir, même s'il avait gardé un bout d'elle au fond de son coeur et que ça faisait mal de le remuer, et s'était libéré de sa maudite dépression. Il avait réussi aussi à se fondre dans la masse coréenne. Il travaillait aussi, depuis une année maintenant, en tant que jardinier de la prestigieuse Seoul National University. Parce qu'il n'avait pas trouvé mieux. Tant mieux de toute façon, il était très apprécié des élèves ,un peu une coqueluche de l'école.Et aussi parce que la verdure lui rappelait un peu les plaines verdoyantes de son Irlande chérie.

Un jour, il rentrera. Promis.

"Hey Clyde ! Elle est où ta Bonnie ?" La blague vu et revu, faite et surfaite. C'est pas limite si Clyde il en peut plus de l'entendre. Mais bon, il préfère passer au-dessus et te sortir sa réponse fétiche avec son grand sourire à la con. "In your ass." Bah oui, fallait pas commencer •• Clyde, il aime pas les surnoms. Déjà parce qu'avec son prénom, tu peux pas en trouver. Et n'essaie même pas des trucs du genre "Clydinounet" parce que j'te dis pas le regard noir auquel tu vas avoir droit... Puis de toute façon, son prénom il pète la classe à lui tout seul alors pourquoi l'enlaidir ? •• Clyde, il se marre tout seul quand il voit ses potes coréens être bourrés au bout de la cinquième ou sixième bière, pendant les soirées. Parce qu'il lui en faut le double pour qu'il se sente ivre. Et encore c'est même pas être ivre, c'est juste être enivré. Solide face à l'alcool. •• Le soju c'est trop fade pour l'irlandais. Il en boit jamais. Les bières coréennes ça passe mais ça remplacera jamais la bonne bibine de son pays natal qui lui manque un peu beaucoup. •• Clyde, il est atteint d'un genre de maladie au nom imprononçable. Prosopagnosie. Impossible pour lui de reconnaître quelqu'un à son visage. Oh bien sûr, sa vue va très bien et il est tout à fait capable de décrire le visage d'une personne mais il ne pourra pas y mettre un nom dessus. Quand il reconnaît quelqu'un, c'est grâce à sa voix ou à un signe distinctif comme des lunettes ou des piercings. Sinon tout va bien. •• Fan de la licence Nintendo. Petit geek en puissance surtout quand ça concerne Zelda, Mario ou Pokémon. Il a tout un tas de peluches Pikachu dans sa chambre d'ailleurs. •• Le garçon ne s'habituera sans doute jamais aux fortes chaleurs lors des étés en Corée. C'est limite s'il n'arrive plus à vivre dans ces périodes-là parce qu'il devient une loque. Et ça lui arrive souvent de tomber dans les pommes quand il fait trop chaud. Quand on te dit que le pays lui manque, c'est pas une blague. •• Si les boissons coréennes ne le dérangent pas, pour la nourriture c'est autre chose. Clyde ne supporte pas les plats épicés, rien que d'en manger le rend très malade. Heureusement qu'il sait cuisiner. 

C'est Erynn qui  m'a re-ramené ici           j'suis de retour pour jardiner quelques une de vos fleurs aussi