❄ Euphemia, c’est un peu une petite fille. Une petite fille qui a été forcée à grandir trop vite. Les absences constantes de sa mère l’ont rendue mature assez tôt et c’est souvent elle qui s’occupe du ménage, de faire les courses où même de payer les factures en retard quand sa mère n’a pas le temps de s’en occuper elle même.
Sa mère, c’est un peu son ennemie, parce que malgré leur lien de sang, elle n’a jamais que des remarques désobligeantes pour elle parce qu’elle « devrait faire plus attention à ce qu’elle mange » ou qu’elle est « trop idiote pour réussir son test de mathématiques correctement. ». Elle fait toujours comme si ça ne l’atteignait pas, elle reste impassible aux nombreuses remarques de sa mère, aux remarques de tout le monde en générale. Elle fait si bien semblant que personne ne se douterait qu’au fond, tout au fond, ça la blesse, que parfois, quand elle est seule devant son miroir, elle sent son oeil droit s’embuer de larmes mais que celles-ci ne coulent jamais.

À cause de ça, elle est devenue distante. Ce n’est pas qu’elle n’aime pas les gens, c’est juste qu’elle à peur de se dévoiler à quelqu’un, d’ouvrir son coeur et d’offrir son amitié et son affection à des gens qui lui tourneront le dos plus tard. Elle est devenue méfiante. Ça n’empêche qu’Euphemia est une excellente amie, qui sera probablement toujours là pour écouter les soucis de ses camarades ou de ses rares amis, même sans pouvoir les conseiller, elle a cette tendance à réussir à calmer les gens, peut-être à cause de sa petite voix, ou de ses câlins réconfortant…

Euphemia c’est aussi ce genre de fille toute fragile aux premiers abords, celle qu’on juge faible sur l’apparence, mais qui se révèle bien plus forte que l’on pourrait croire. Quand elle est déterminée à quelque chose, elle se donnera les moyens de l’avoir, quoi qu’il en coute, l’exemple parfait étant son assiduité dans le patinage.
Pareillement, quand elle est persuadée de quelque chose, elle peut être extrêmement têtue, c’est souvent soit elle a raison, soit elle a raison. Et si vraiment elle a tort, bon courage pour le lui faire admettre.

❄ c’est en primaire quand elle avait 5 ans qu’elle se découvrit une passion pour le patinage après une sortie avec sa classe à la patinoire locale. Ça s’était pourtant mal passé, elle était tombée plus d’une fois et en était ressortie couverte de bleus et avec un poignet fracturé… Malgré tout, elle supplia sa mère de la laisser prendre des leçons dès qu’elle serait rétablie. Elle avait été sceptique, bien sûr, parce qu’elle trouvait tout de même ça dangereux après avoir retrouvé sa fille un bras dans le plâtre, mais avec le soutient de Papa, Euphemia eu gain de cause. D’ailleurs, le patinage, c’était quelque chose qu’elle partageait surtout avec lui, qui était un habitué de la glace… Alors d’accord, il jouait au hockey et préférait les crosses et les palles aux justaucorps et aux paillettes, mais quand même.

Elle commença les compétitions à 10 ans, après cinq ans de cours. Elle ne savait pas trop quoi penser de ça, d’ailleurs… Des compétitions elle voulait dire. C’était bizarre comment elle était timide, mais tellement à l’aise devant les juges et le public quand elle patinait. Peut-être que les encouragement de son père et de son frère lui donnait le courage nécessaire…

C’est à 14 ans qu’elle fut repérée par un coach renommé qui lui proposa de la prendre sous son aile et de l’entraîner plus sérieusement et intensivement, lui promettant qu’avec son talent, la jeune fille passerait professionnelle avant ses 20 ans, si elle le voulait bien sûr… Et c’est tout ce qu’elle demandait, de faire de sa passion son métier futur.
Encore une fois, ce fut une plaie de convaincre sa mère, mais elle fut bien forcée de la laisser faire comme il lui plaisait quand elle vit que tout le monde était de son coté. Et puis bon, même si pour elle « patineuse olympique » n’était en rien un métier, elle douter fortement qu’Euphemia réussisse à tenir la pression d’un entrainement intensif… C’était bien mal la connaître, parce que quand elle le voulait, elle pouvait être sacrément déterminée et motivée.

En à peine un an, elle avait fait d’énormes progrès et elle commençait à se faire un nom en tant que le nouvel espoir de la nation, on l’appelait même « la fée des glaces » dans le milieu… Et puis elle était heureuse quand elle était sur la glace et elle était heureuse de voir son père fier d’elle…

Puis vient le jour du 23 novembre 2015, jour du décès de son père. Elle se souvient encore de comment sa mère le lui avait apprit. Euphemia était rentrée à pied de son entraînement de patinage artistique, seule pour une fois, n’ayant pas trouver son père qui l’attendait devant la patinoire comme il le faisait d’habitude. Elle avait trouvé ça bizarre, mais pas au point de s’inquiéter, parce que, sûrement, il avait juste été retenu au bureau.
Elle était rentrée, donc, avait laissé tomber son sac dans l’entrée et c’était rendu dans le salon. « Il est pas rentré Papa ? » elle avait demandé. Sa mère avait juste levé les yeux des papiers qu’elle était en train de remplir et avait lâché un : « Non, il est décédé ce matin. », sur un ton détaché, comme si elle lui disait qu’elle était allée acheter le pain. Ça avait mis un peu de temps à arriver jusqu’au cerveau, et elle ne réalisa que quand elle sentit les bras de son frère l’enlacer par la taille et la serrer contre lui… Elle n’avait pas pleuré. Pas tout de suite du moins. Elle s’était contentée d’un « Ah ? D’accord. », et était restée dans les bras de son frère un moment, avant de se rendre compte que son sac était toujours dans l’entrée et que peut-être, il faudrait le ranger.
En pleine nuit par contre, elle avait soudainement réalisé et elle avait fondu en larmes, s’était rendue dans la chambre de son frère et s’était glissé dans son lit, pleurant toutes les larmes de son corps dans ses bras. Il avait pleuré aussi, du coup, et ils avaient fini par juste s’endormir comme ça, dans les bras l’un de l’autre, les yeux gonflés et leurs nez rougis.

❄ Depuis, sa mère s’était enfermée dans le travail, négligeant ses enfants à un point que parfois, ni Euphemia ni son frère ne la voyait d’une semaine. La maison était vide, silencieuse, et rapidement, sans même qu’elle s’en rende compte, c’était Euphemia qui gérait tout. La cuisine, le ménage, le linge, le paiement des factures, les courses… C’était épuisant, surtout couplé à ses études et à ses entraînement…

❄ Parlons en aussi, des entrainements… C’était devenu un vrai supplice, elle ne pouvait plus poser un patin sur la glace sans penser à son père et surtout au fait qu’il ne la verrait plus jamais patiner. Ça la déprimait, elle en perdit presque toute motivation… Elle patinait toujours, mais elle ne savait plus pour quoi, ni pour qui… Ça avait bien fini par mettre son coache en rogne, et il lui avait passé un savon monumental, l’avait giflée aussi, mais ça ne l’avait pas réveillée pour autant… Maintenant, ça va mieux, elle à retrouver l’envie de patiner.

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