« My isolation became hermetic and I thought I was going mad. The strange thing was that I never questioned my wretched life. I thought it should be like that » ; Ingmar Bergman

Il tombe lourdement contre le parquet emportant une chaise dans sa chute alors que le jeune garçon se rapproche pour frapper davantage. Il est rare qu’il soit doté d’une telle violence envers les gens mais son beau-père n’est pas quelqu’un qui mérite une quelconque considération ; il l’a toujours pensé et avec le temps cela n’a fait que se confirmer. Les traits du plus âgé marqués par le temps annoncent déjà le sale quart d’heure qu’il va passer après avoir osé lever la main sur lui. Normalement sa mère se laisserait à penser que son fils ne ferait jamais rien sans raison valable cependant complètement aveuglée par ce trop-plein d’amour soudain qu’il n’est pas en mesure de comprendre, elle n’a plus toute sa tête malheureusement ; incapable de différencier le vrai du faux ou encore le bien du mal. Il a encore touché à ses peintures pour les balancer dans les ordures, lui rabâchant que l’art ne lui apporterait rien dans la vie et qu’il n’irait d’ailleurs nulle part avec ça. Généralement doté d’une patience sans borne ; cet après-midi il avait fini par perdre patience et exploser.

Les choses n’allant pas en s’arrangeant, sa mère est rentrée au moment le plus avantageux pour le beau-père qui n’avait plus qu’à s’attribuer le rôle de la victime ; ainsi donc il s’est retrouvé dans un endroit où il ne pensait jamais mettre les pieds un jour. Et ceux pour une durée bien trop longue à son goût, il aurait mieux fait de s’excuser, peut-être que cela aurait pu aider à atténuer la gravité de la situation. Mais comme si un cadenas avait été fermé sur ses lèvres, il est demeuré silencieux jusqu’au moment de partir. Il avait neuf ans à l’époque et c’était la première fois qu’il partait aussi longtemps quelque part. Il ne pouvait s’empêcher de revoir le regard de sa mère qui avait baigné dans une déception considérable mélangée à de la tristesse jusqu’à ce qu’il parte. Oh, elle avait espéré entendre des excuses, elle aurait préféré qu’il reste, c’était son seul et unique fils après tout.

Quand il est rentré de maison de correction, il a laissé sa colère dans une boîte sans pour autant oublier quoi que ce soit ; à l’époque, sa mère montrait déjà des signes de la maladie d’Alzheimer, seulement il n’aurait pas pu savoir. Vivant alors tranquillement d’art et de littérature dans sa bulle c’est à cette période qu’il a commencé à sortir et rencontrer des gens et se faire des amis. C’est essentiellement cela qui lui permet de supporter la pression qui s’accumule à l’intérieur de la maison familiale. On reconnaît son talent à une petite échelle ce qui l’encourage à aller plus loin encore. Petit à petit il prend conscience de son talent et un de ses amis fait parler de lui à ses parents relativement intéressés par tout ce qui concerne l’art ; là se dresse l’espoir de pouvoir faire de grandes choses. Cependant une fois encore ces espoirs sont réduits à néant et plongés dans une benne à ordure ; il n’aura jamais eu l’opportunité d’exposer ses tableaux et son travail. Cette nouvelle accompagnée de l’hospitalisation de sa mère finalement diagnostiquée d’Alzheimer.

C’est un univers qui s’effondre sur son existence à ce moment-là ; il lui rend visite quotidiennement et parfois elle se souvient de lui puis d’autres fois elle le confond avec son père biologique qu’elle avait rencontré exactement à cet âge-là ; toute une année il lui rend visite après les cours avant que la pression ne finisse par le ronger un peu plus. Quand il a onze ans alors, il quitte l’île de Jeju en montant dans un ferry clandestinement. Certes il n’a pas conscience à ce moment-là de la gravité de la situation, ni de la direction dans laquelle il se dirige mais c’est sans doute le moment où il s’est senti le plus libéré de tout ; tout ce dont il a besoin est contenu dans un grand sac qu’il avait préparé des jours et des jours avant son départ. Puis il se retrouve alors à Busan, dont le dialecte est totalement différent du sien, ce qui met de la difficulté dans ses déplacements. Généralement il prétend ne pas savoir où sont ses parents ni d’où il vient. Il n’a pas envie d’y retourner ; il n’y retournerait pour rien au monde même si au fond de lui il y a cette petite cassure quand il pense à sa mère.Il n’y a personne d’autre au monde qu’il considère de cette façon ; c’est un des principaux piliers de sa vie après tout. Il est redirigé à Séoul après avoir raconté un mensonge digne de ce nom. Il se met donc en tête de revenir quand il gagnera bien sa vie et qu’il pourra l’emmener avec lui loin de cet hypocrite qui squattent dans leur maison depuis trop longtemps. Gagner le plus vite possible de quoi partir et vivre correctement.


XX


Il se retrouve dans un orphelinat de Séoul, à défaut d’avoir de la famille là-bas ; en réalité, le peu de famille qu’il a est restée sur Jeju, on ne peut dire qu’ils s’entendent à merveille, la plupart n’acceptant pas la façon dont sa mère vit ; ils disent qu’Alzheimer n’est qu’une punition pour ne pas avoir été en mesure survivre aux problèmes de couples et divorcer du père biologique de Shun. Inutile d’aller les voir pour savoir qu’il ne les appréciera pas. Il reste quelques semaines à l’orphelinat avant d’être trimbalé de famille d’accueil en famille d’accueil jusqu’à finalement fuguer de nouveau. Il se retrouve alors dans une épicerie tenue par un vieil homme et travaille pour lui pendant quelques semaines qui deviennent quelques mois et puis finalement une année ; il retourne au collège assez vite et reprend le rythme scolaire avec difficultés. Ce vieil homme devient comme un père pour lui ; une meilleure version comparée aux deux figurants qu’il a eus jusqu’ici ; quand finalement il a le courage de lui parler de sa mère, durant les vacances d’hiver ils se rendent à Jeju, il a presque treize ans à ce moment-là et il ne l’avait pas vue depuis près de trois ans. Le fait est qu’elle était toujours la même ; des traits doux et chaleureux, de longs cheveux noirs attachés et des pulls couleur pastel. Toujours aussi belle et toujours aussi jeune malgré le temps qui passait. Lorsqu’il l’a vue le jeune garçon qu’il était s’est effondré ; aussi il ne s’autorisait pas à de tels débordements de sentiments, c’était d’un trop grand luxe pour lui, généralement il prétendait avec un esprit stoïque face à ses propres problèmes mais en la voyant ce jour-là, il n’avait pas pu supporter le trop plein d’émotions.


A l’âge de seize ans, alors que d’autres étudiants s’amusent dehors, il remplit des formulaires pour devenir responsable de sa mère officiellement ; évidemment, le soi-disant beau-père avait vite fait de disparaître ne trouvant plus aucun intérêt à vivre dans une maison vite, il avait prit au passage quelques meubles de valeur avant de partir ce qui n’avait pas surpris Shun pour le moins du monde. Il ne vend pas la maison, il ne peut se résoudre à la vendre même s’il est loin d’être riche pour autant. Fin d’été 2010 sa mère vient s’installer dans un hôpital de Séoul, à cette époque-là, la vie pour le jeune homme s’agrémente d’un peu plus d’espoir ; ses tableaux se font connaître à travers la ville déjà. Pour celles qu’il laisse partir dans les mains d’un connaisseur, il gagne quelques petites fortunes mais généralement il ne vend pas. Soudainement, il inspire à entrer dans une école d’art après le lycée, il avait cessé de s’adonner à de telles rêveries depuis très longtemps mais cela faisait aussi bien longtemps qu’il n’avait pas eu autant d’espoir. Dès lors il travaille dur pour atteindre cet objectif allant jusqu’à manquer de sommeil. Il ne rentre cependant pas dans l’école qu’il convoitait mais celle de son deuxième choix ; une université, il avait voulu fuir ce système mais s’y retrouvait enfoncé comme dans des sables mouvants, dès lors il s’était retrouvé dans un espace confiné de stress que lui seul pouvait voir autour de lui ; il fumait déjà bien avant tout ça mais en addition il s’était mis à boire et était devenu un expert dans ce domaine.

Il prend de plus en plus les traits du visage de son père biologique ; ce qui trouble les souvenirs de sa mère à l’hôpital qui le confond de plus en plus avec lui, l’associant à quelques-uns de ses malheurs. Malgré l’affection qu’il a pour sa mère alors, il se retrouve alors coincé dans une bulle négative l’empêchant d’extérioriser ce qu’il ressent. Parfois la mémoire lui revient ce qui lui donne l’illusion d’un éventuel espoir pour le faire redescendre un peu plus vite et plus douloureusement encore. Shun met alors toute cette mélancolie dans ses peintures et bien qu’il soit toujours sur la liste d’appel dans le même cursus il est rare de le voir se présenter en cours. Il partira certainement en fin d'année.


L'année 2017 lui apporte beaucoup, en sagesse, en affaires qui assureront sa stabilité financière. Cependant il perdra beaucoup au cours de l'année 2017 son meilleur ami le plus proche agressé par arme blanche. Il se sentira désorienté, il se sent toujours aussi désorienté. Sa mère est toujours à l'hôpital de Séoul mais son cas ne semble pas s'améliorer.

il a été envoyé en maison de correction à l'âge de neuf ans pendant un an pour soit disant violence envers son beau-père qui s'est retrouvé à l'hôpital + sa mère est atteinte d'alzheimer, elle vit dans un hôpital mais il n'en parle jamais et évite le sujet + il aurait pu aller dans une école de renommée mais son beau-père a littéralement balancé toutes ses oeuvres dans un lac quand il avait dix ans + il a fugué à l'âge de onze ans sans jamais revenir 

je suis revenue