⊱ hundred miles c'est un forum réel asiatiquecity/universitaire basé à Séoul — une réponse par mois minimum — Avatars occidentaux bienvenus ! — Taille des avatars 200*320px — Une semaine pour finir sa présentation — Pas de prise de tête, rien que du love. That's all folks ٩(^ᴗ^)۶
Le coeur qui bat à cent à l'heure, alors que les prunelles sont fixées sur l'écran tactile de son vieux téléphone. Le souffle bloqué dans sa gorge, il se passe quelques longues secondes avant qu'il n'ordonne à son corps de se lever. Ça fait à peine deux jours qu'il est arrivé à Naksan et qu'il crèche dans une petite maison en location à moindre coût. Il ne compte pas réellement y rester longtemps. Juste le temps de retrouver Injoon et de s'excuser et puis après... Il ne sait pas ce qu'il fera. Il n'a plus nulle part où aller. Il est seul au monde et quelque part, ça le terrifie. Jamais dans sa vie, il n'aurait pu penser en arriver à ce point. Et pourtant, c'est bel et bien le cas, aujourd'hui.
Sangjun s'empresse d'enfiler ses chaussures et abandonne finalement les lieux pour rejoindre la plage mentionnée par Hyunbin dans son sms. Le temps extérieur semble peu enclin à la clémence, alors que les nuages d'un gris sombre couvre le ciel de leurs ténèbres. Il ne pleut pas encore, mais tout porte à croire que ce sera le cas sous peu. Sur le chemin qui le mène à la mer, il tente d'apaiser les battements affolés de son palpitant, sans réellement y parvenir. Plusieurs questions tourbillonnent dans son esprit, pourtant, une seule revient en boucle : est-ce que Injoon va bien? Vu la façon dont ils se sont quittés, la dernière fois, l'interrogation lui semble légitime. Il ne veut plus le faire souffrir. Il ne mérite pas avoir été hanté par les tourments pendant son absence. Le gamin mérite largement mieux que sa propre personne. C'est la raison pour laquelle Jun n'attend aucun pardon de sa part.
Lorsque ses pieds foulent le sable de la plage, une fine pluie a commencé à s'abattre. Il ne met que quelques minutes avant de finalement trouver la silhouette qu'il cherchait ardemment. Son pulsant s'emballe, mais il s'interdit de faiblir maintenant. C'est d'un pas assuré qu'il se dirige vers lui, la nervosité l'enveloppant tout entier. Il a longuement réfléchi à ce qu'il pourrait lui dire et pourtant, à cet instant, alors qu'il peut finalement poser ses iris sur lui, il a tout oublié. Assis sur le sable, Injoon semble fixer un point qui n'existe que pour lui, sa planche posée à ses côtés. Sangjun s'arrête à environ 2 mètres de lui et se contente de l'observer dans le silence le plus complet. À quel point ce moment est-il nettement plus effrayant que ce qu'il avait imaginé? Que doit-il faire? Dire? Attendre qu'il le remarque? Prendre place à ses côtés? S'arrêter devant lui? Pourquoi est-ce que c'est si compliqué? "Injoon..." Appelle-t-il doucement en faisant un nouveau pas dans sa direction. Pourquoi ses mains sont-elles si moites? Son coeur cogne si fort qu'il ne s'entend plus penser. Une chose est certaine, c'est que Sangjun ne s'est jamais senti ainsi, auparavant. Ce qui démontre bien l'importance de la situation, mais surtout l'importance que son cadet revêt à ses yeux et dans son coeur.
Cinq jours depuis que tu es rentré de ce foutu stage après des qualifications désastreuses et six mois loin de la maison, loin de tout. L’Australie d’apparences si prometteuse n’avait finalement rien de bien à t’offrir. Dans tes bagages, un rêve olympique brisé et une épaule en miette. Seul responsable de cet échec, le pire aurait pu être évité si t’avais écouté le médecin ; mais il faut croire que tu t’es pensé plus malin. Tendinite aggravée par ton attitude irresponsable, ignorer la douleur n’a pas fait de toi le meilleur. Malmener par les autres nageurs, considéré top petit, trop vieux ; c’est par tes performances que t’espérais te faire remarquer. Raté. Chaque longueur de bassin est une torture, il te reste deux mois à tenir lorsque ton corps craque.
Au fond du trou, tu ne mets plus un pied près de l’eau chlorée. Les mensonges s’enchaînent, tu ne veux pas inquiéter tes proches, conscient que la vérité éclatera à ton retour. Alors dans l’avion, tu t’es construit cette poker face qui ne tiendra pas bien longtemps, tu le sais. Depuis ton retour en Corée, tu prétends ne pas t’être remis du décalage horaire, la vérité c’est que t’as bien trop honte pour retourner à l’université. Tes journées, tu les passes à la plage, dans le silence. Là au moins, on ne te questionne pas. Rien ne saurait ébranler cette routine, pas même une météo capricieuse. Ça fait des jours que dure cette comédie, tu ne pourras pas éviter le sujet indéfiniment. La planche à tes côtés tire la gueule dans le sable, contraint d’arrêter pace que la douleur s’est réveillée.
Les coudes posés sur tes genoux, le requin de métal roule entre tes doigts. Le regard perdu au loin, tu repenses à cette soirée ; en fait, tu n’as jamais cessé d’y penser. T’es parti sur un coup de tête sans consulter personne et secrètement t’espérais qu’avec l’éloignement les sentiments s’estomperaient. C’est pas le cas, passé la colère, ne reste plus que le manque : ce vide immense que la natation comblait en partie. Nostalgie interrompue par des notifications que tu aurais pu ignorer si elle ne venait pas de Hyunbin. Avec lui, la communication est toujours simple, aussi tu ne te méfies d’aucune de ses interrogations. Localisation partagée, tu ne t’attends cependant pas à le voir débarquer - une photo jointe, Séoul est si loin de la maison.
Téléphone rangé au fond de ton sac que tu recouvres de ton tank top, les rétines retrouvent l’horizon. La bruine fait son entrée et tu l’accueilles sur ton visage comme de l’eau bénite. Sa fraicheur calme les tensions dans ton épaule, tes muscles se relâchent pour la première fois de la journée. Une longue inspiration, tu ignores être observé. Sursauter, parce que cette voix n'a rien à faire là. Le buste se tourne, les yeux écarquillés, tu béguais : « Q-qu'est ce que tu fais là ?! » La surprise sur ton visage est évidente, pourtant impossible de savoir si la présence de l’aîné te réjouit ou non. Six mois que tu ne l’as pas vu, mais le cœur s’emballe comme s’il ne s’était écoulé qu'une poignée de jours. Lorsqu’enfin ton cerveau se reconnecte, tu soupires : « Je vois, Hyunbin, c’est ça ? » caches ta joie.
Ces six derniers mois, Sangjun les a non seulement passé seul, mais il a également un peu dépéri. Une légère perte de poids et les traits creusés par la fatigue, mais aussi la tristesse. Inconsolable - ou presque - depuis la mort de sa mère, il en a oublié de prendre soin de lui. Manger ne faisait plus partie de sa routine alimentaire. Non, l'alcool avait tout remplacé, dans l'espoir de voir ses maux effacés. Cependant, chaque réveil le matin suivant en était plus difficile, la réalité revenant le frapper de plein fouet. Sa masse musculaire en a aussi souffert et ce n'est donc plus le même homme qui fait face à Injoon, sur cette plage déserte, attaquée par la fine pluie. Cet homme-là a finalement réussi à comprendre et accepter ce qu'il ressentait pour son ami. Trop tard, peut-être. Enfin... Niche encore en lui une germe d'espoir, malgré la pensée que le cadet mérite largement mieux qu'un enfoiré comme lui.
Un sursaut le secoue et la surprise se peint sur le visage du jeune homme à l'appellation de son prénom. Ses paroles en sont également le témoin. Silencieux, comme incapable de reprendre la parole, Sangjun se contente d'avancer encore de quelques pas incertains. Il ne sait pas où se placer et ça lui semble malvenu de rester debout alors qu'Injoon reste assis sur le sable légèrement humide. Un simple hochement de tête lorsque le garçon évoque son frère aîné. "Ouais..." Un murmure à peine audible, tandis qu'il décide finalement de s'asseoir en face de son... ancien ami. Ses pupilles le détaillent avant de trouver le chemin vers le sol. Et maintenant? Que dire? Ça le rend nerveux, c'est insensé.
"Comment tu vas?" Il ne peut s'empêcher de trouver la question stupide vu les circonstances, mais il ne sait pas du tout comment aborder le sujet. Ça lui semble incongru de lancer le tout de nulle part. Même si c'est sans doute ce qu'il devrait faire, au final... Pourtant, il veut réellement savoir comment il se porte depuis leur dernière altercation. Les doigts jouant distraitement dans le sable, Jun devient songeur l'espace de quelques instants fugaces. "Je... Je suis désolé, Injoon." Sa voix est plutôt faible, parce que sa gorge est nouée. C'est sans doute ce qu'il désirait le plus lui dire depuis tous ces mois passés loin de lui. Il s'autorise à lever le regard vers son visage, même s'il redoute ce qu'il peut y découvrir. Il a juste besoin d'ancrer ses traits dans sa mémoire. Il sait qu'il devrait continuer, mais il aimerait, juste un peu, profiter d'un moment pour l'observer. C'est comme s'il avait oublié les contours de son faciès. Ou alors, c'est qu'il n'a jamais vraiment pris le temps de noter chaque détail sur celui-ci avant maintenant.
S’il n’y a que la surprise qui transparait sur ton visage, la réalité est toute autre. Tu peines à suivre le train de tes pensées. Tes émotions, elles, sont de véritables montagnes russes. Bien qu’à un moment tu l’as tenu pour responsable de ton échec, la colère s’est vite estompée laissant place à un sentiment bien plus amer : le regret. Puis l’acceptation a fait son chemin, tu l’aimais et tu l’aimes encore aujourd’hui. Il suffit d’écouter les battements de ton cœur dans ta poitrine. Impossible de rester tranquille alors que l’aimé se tient devant toi, amaigri et fatigué. En plein combat avec toi-même, tu fais de ton mieux pour avoir l’air fâché.
« Ça va. » mensonge ; que tu réponds après un silence. Le temps pour toi de l’ignorer, de simplement reposer ton regard sur l’horizon. Or l’inquiétude est plus forte et du coin de l’œil, tu l’observes crevant d’envie de lui retourner la question. Parce qu’il n’a pas l’air d’aller bien, que ses joues n’ont jamais été aussi creusé... Que lui est-il arrivé ? Une myriade de scénarios fuse dans ta tête que tu baisses pour dessiner dans le sable. C’est là qu’une excuse tombe de ses lèvres, ton corps se raidit. Les mots sortent un peu vite : « Désolé de quoi ? » le visage se tourne sur le côté, les rétines sondent l’aîné : « De quoi est-ce que tu t’excuses Sangjun ? »
C’est un peu sec, mais c’est plus simple. La pluie finit de tremper tes cheveux déjà mouillés que tu chasses de ta figure d’un revers de la main. Loin de toi l’envie de lui faciliter la tâche, bien que ça te coute, tu fais le choix de reporter ton attention sur l’océan. Si rien ne sort de sa bouche dans les prochaines minutes, tu prendras la fuite. C’est la promesse que tu viens de te faire. Dans les faits, tu le sais, tu vas hésiter et lui laisser une chance de s’expliquer - et peut-être qu’après, tu pourras lui demander d’où lui vient cette tête d’enterrement.
C'est éprouvant d'avoir tant à lui dire sans savoir comment s'y prendre. Sangjun n'a jamais été très doué pour les confidences, pour preuves, il a vécu l'emprisonnement de son père et l'effondrement de son rêve complètement seul. Des secrets qu'il garde dans son bagages depuis tant d'années sans jamais les dire à qui que ce soit. Pourtant, aujourd'hui, il fait d'énormes efforts afin de s'ouvrir et d'être honnête. C'est qu'être vulnérable a toujours été mal perçu depuis qu'il a quitté Daegu pour Séoul, à l'adolescence. C'est difficile de déroger à ce masque qu'il s'est si bien construit avec le temps, mais il n'a pas la force de l'enfiler depuis ces six derniers mois. Preuves lancinantes que l'absence d'Injoon l'a affecté bien plus qu'il ne l'avait pensé, en premier lieu.
Ça va. Bien qu'il n'y croit qu'à moitié, les mots lui font un peu mal. Mais après tout, c'est possible que son cadet soit passé à autre chose, alors que lui, non, il n'a fait que s'enfoncer davantage. Lorsqu'il trouve enfin la force de s'excuser, il se sent tout de suite un peu plus léger. Ça fait du bien. Le ton d'Injoon se fait un peu plus sec tandis qu'il réitère sa question et Jun soupire en baissant les yeux. "Te dire que je suis désolé pour tout, ce serait trop facile." Commence-t-il. Il marque une pause, laisse ses doigts glisser dans le sable qui a pris une teinte plus foncée avec la pluie, puis relève les yeux vers lui. Il ne va pas s'excuser en fuyant son regard. Tant pis s'il le poignarde avec ce dernier. Il le mérite.
"Je suis désolé pour tout le mal que je t'ai fait ; pour ce que je t'ai dit la dernière fois que nous nous sommes vus. Je suis désolé d'avoir merdé et d'être le connard le plus fini de l'univers." La liste est tellement longue... "Je suis désolé de ne pas avoir réussi à comprendre ce que tu ressentais pour moi avant que ça n'explose. Je suis désolé d'avoir un égo de merde qui me fait dire toutes sortes de conneries quand je me sens acculé au pied du mur. Je suis désolé d'être tel que je suis." Une nouvelle pause. "Honnêtement, la liste est tellement longue... Que je vais y passer la soirée et la nuit si tu veux une excuse pour chaque merde que je t'ai fait." Il tente une petite pointe d'humour, mais ses lèvres n'arrive même pas à se courber faussement en un sourire. Il est juste beaucoup trop épuisé pour faire semblant, cette fois.
Sous tes yeux, la marée se retire découvrant du sable jusque-là immergé. À l’image de tes sentiments, mis sur pause ses derniers mois, qui remontent à la surface maintenant que l’aîné se trouve à tes côtés. Et ça fait beaucoup à gérer d’un coup, peut-être un peu trop. Tu ne gères pas le ton employé, ni le flot de sentiments qui se déverse dans ta poitrine. Ça fait boum-boum, lorsqu’il ouvre la bouche. Un soupir démontre une certaine vulnérabilité que tu ne lui connaissais pas. Le visage se tourne, il a de nouveau toute ton attention. Inutile de le souligner, s’excuser de tout serait effectivement trop facile, tu en attends bien plus de l'aîné.
Va savoir pourquoi, tu ne lui en veux pas. Aussi ses excuses ont le même effet que la mousse qui disparaît avec le ressac. Ok, Sangjun est un connard, mais ce n’est certainement pas le pire. L’océan regorge de loups bien plus féroces que ce qu'il laisse entendre. Concentré, tu écoutes sans jamais l’arrêter et quelques parts t’es désolé que par ta faute il se sente ainsi. Lèvres pincées devant sa veine tentative d’humour, tu mets un terme à son supplice. « Juuun... » souffler « J’veux pas de tes excuses, je t’en veux pas. Enfin, je t’en veux plus. » Une pause « C’est du passé. » les mots sont maladroits, et ce n’est qu’après les avoir prononcés que tu crains pour leur interprétation.
Décidément trop con, ta main s’acharne sur ta nuque avant de jouer nerveusement avec la chaîne qui y trône. Le poing se referme sur le requin et déterminé, tu demandes après un long silence : « Est-ce que tu regrettes ? » un ton plus bas, tu précises : « Ce qu’on a fait, ce que tu m’as dit... » Et cette fois, tu ne te détournes pas. S’il y a la moindre hésitation chez l’aimé, tu veux la voir sans délai. Parce que la réponse à cette question sera déterminante pour la suite de votre relation, tes rétines se voilent d’une brume venue tout droit du cœur.
Les prunelles fixées sur son visage, Sangjun attends à peine quelques instants avant que le cadet ne mette fin à son supplice. Il ne lui en veut plus? La pensée de ne pas le mériter se fait plus forte encore. Comment peut-il ne pas lui en vouloir après ce qu'il lui a dit? Le médecin a lui-même eu beaucoup de mal à simplement observer son reflet dans le miroir. C'est du passé. Il ne sait trop comment interpréter la chose. Il y a son coeur qui se serre légèrement et une partie de lui l'envie, parce qu'il ne sait pas comment il fait pour être si peu rancunier. La culpabilité, pour sa part, ne risque pas de partir de si tôt. Quel est son secret?
Ce n'est qu'en le voyant frotter sa nuque que Jun remarque la chaîne qui y est accrochée. Un cadeau qu'il lui a offert à l'occasion de l'un de ses anniversaires et le voir là le remplit d'un sentiment inexplicable. Heureux, angoissé, soulagé ; tout à la fois, ça l'attaque. Une boule s'est formée au fond de sa gorge et il déglutit pour tenter de la faire passer. Impossible. Le silence s'est installé entre eux et il n'y a que le bruit de la pluie sur l'océan qui reste audible. Ça et les battements effrénés de son coeur face au jeune homme. Et c'est finalement Injoon qui brise cette cacophonie silencieuse. La question le laisse d'abord perplexe, car elle est tellement vague. Mais le nageur rajoute quelques mots.
Son regard reste plongé dans celui du nageur tandis qu'il garde le silence un bref instant. Ce n'est pas dû à une quelconque hésitation, il analyse simplement ce qu'il trouve au fond des prunelles face à lui. "Je ne regrette pas ce que nous avons fait. Et oui, je regrette énormément ce que je t'ai dit, la dernière fois." Il a regretté dès que le premier mot est sorti de sa bouche. Il se souvient encore de la gifle qu'il s'est mérité. Jun en a expérimenté plusieurs, mais celle-là fut de loin la plus douloureuse et la plus significative qu'il a reçu dans sa vie. "Ça me ronge, même..." Essuyer ses mains contre ses cuisses en lâchant une expiration faussement amusée avant de venir frotter son visage mouillé par la pluie. La fatigue le parcoure tout entier, comme le prouve le nouveau soupir qu'il laisse échapper.
Le sort en est jeté, pendu à ses lèvres tu attends patiemment la suite. Tes coudes retrouvent appuis sur tes genoux faisant s’écouler les gouttes prisonnières du creux entre ta clavicule et ton épaule. Tu serres le poisson entre tes doigts si fort que tes phalanges s’éclaircissent. Des mèches trempes retombent devant tes yeux, sans pour autant perturber ton champ de vision. Et l’aîné, lui, ouvre enfin la bouche. Soulagé qu’il ne regrette pas ses actes, tes épaules s’affaissent. Sur ton bras, tu essuis la moitié de ton visage avant de tendre l’oreille. Les yeux se ferment un instant, c’est tout ce que tu voulais entendre.
Lorsque tu affrontes de nouveau son regard, c’est pour confesser : « Tes mots, c’est ce qui m’a fait le plus de mal tu sais... » Tu n’attends pas de lui qu’il s’excuse davantage, comme tu l’as déjà dit, c’est du passé. Malgré tout, tu ressens le besoin d’exprimer l’impact qu’ils ont eu sur toi. « Je t’en vraiment voulu de m’avoir fait croire que tout était de ma faute, alors que c’était pas le cas. » point de haine dans ton regard, tu ne cherches pas à l’accabler plus que de raison. La voix s’est adoucie, elle n’a plus rien à cacher, ou presque. « Ça te ronge et à raison, mais j’te laisserais plus me parler comme ça à l’avenir. » le sourire est timide.
Et tu détournes le regard, pace qu’il est encore trop tôt pour que les choses soient normales entre vous. Les pupilles perdues sur le sable compact sous tes cuisses, c’est une autre interrogation qui titille ta curiosité. Sans pour autant le regarder, tes lippes s’entrouvrent : « Encore une chose... » La tête relevée, tu questionnes le brun toujours assis à tes côtés : « Pourquoi t’es là, Sangjun ? » sur cette plage, sous la pluie, avec moi. L’espoir lustre des rétines tandis que tu fixes l’ainé.
Lui aussi aimerait pouvoir se raccrocher à quelque chose, comme Injoon qui serre le requin à son cou si fort que ses jointures en ont blanchi. Néanmoins, il semble soulagé par la réponse donnée à son interrogation. C'est probablement ce qu'il voulait entendre de la part de l'aîné et l'absence d'hésitation a probablement aidé à ce qu'il le croit. Sangjun ne regrette pas ses gestes ; l'avoir embrassé et même d'être allé un peu plus loin avec lui. Parce que son cadet lui a fait découvrir quelque chose qu'il ne pensait jamais vivre, un jour. C'est affreusement cringe lorsqu'il y pense de cette façon, mais c'est la vérité. Il lui a fait découvrir que son coeur n'était pas fait de pierre et qu'il pouvait aimer. Bien que le tout parte d'un caprice de sa part, peut-être de sa curiosité, en premier lieu.
Jun aussi l'écoute attentivement lorsque le nageur prend la parole. Il hoche doucement la tête, parce qu'il comprend. Il a voulu tout rejeter sur lui par peur de ce que ça signifiait. Au final, il aurait juste dû l'accepter. Ça aurait été tellement plus simple. Il ne sourit pas lorsque le jeune homme sourit. "T'as pas intérêt. Tu devrais même pas laisser passer cette fois... Tu mérites mieux que ça." C'est sincère. Injoon mérite largement mieux que le pauvre enfoiré qu'il est. Pourtant, paradoxalement, l'aîné le veut exclusivement pour lui... Son absence de six mois à ses côtés lui a fait réaliser et chaque fois, il se dit que ça n'aurait pas dû se rendre jusque-là pour que ce soit le cas.
Le silence est brisé par l'écho de la voix du plus jeune. Pourquoi t'es là, Sangjun? Il pourrait répondre tellement de choses et c'est probablement ce que lui dit son regard fatigué, en l'instant. Le coeur s'est emballé et il se demande s'il réussira à prononcer les paroles qu'il veut lui avouer. "Je suis là, parce que tu me manques." Laisse-t-il tomber, d'abord. "Je n'ai pas supporté t'avoir loin de moi pendant si longtemps, parce que..." Déglutir et presque laisser la tentation de détourner le regard le gagner. "Je t'aime." Il a l'impression que son palpitant va exploser tellement il cogne fort contre son torse. "J'ai besoin de toi, Injoon. Je me sens si seul sans toi." S'humecter les lèvres, goûter la pluie et se mordiller la lèvre inférieure avant de finalement baisser le regard. Y'a des larmes qui se sont nichés dans ses yeux et il ne supporte pas tellement se laisser aller de la sorte devant quelqu'un d'autre.
En amour, il n’a jamais été question de mérite, en tout cas pas pour toi. Bien que tu ne sois pas d’accord avec ses paroles, tu te gardes bien de les réfuter. La fatigue sur ses traits laisse penser qu’il y a mûrement réfléchit ses derniers mois, aussi tu ne remets pas en doute ses précédentes excuses. Le point d’exclamation sur ta langue fait tomber tes dernières défenses et l’espoir se peint sur l’ensemble de ton visage. L’aîné pourrait à nouveau briser ton cœur, le réduire à néant en quelques mots, pourtant te voilà étrangement confiant.
Si ce doit être la dernière fois que vous vous adresser la parole, t’es prêt à tout risquer. Pas une seule fois tu n’as cligné des yeux, l’eau commence à s’y accumuler à mesure que Sangjun termine ses phrases. Ô tu sais l’importance qu’ont ces mots dans sa bouche, parce qu’il ne les dit pour ainsi dire jamais. ( Je t’aime ) tout explose à l’intérieur de ton être et les bombes salées se mélangent à la pluie qui ruissèle sur ton visage. Une main sur ta bouche, tu retiens en vain des pleurs de joie. Parce qu’à l’angle de sa paupière t’as cru voir une larme se former, tu te rapproches de lui.
Et son visage entre tes mains, c’est par un regard aimant que t’essaie de l’apaiser. La solitude, tu l’as ressentie aussi ses six derniers mois, plus que jamais. C’est dans l’espoir d’y mettre un terme que tes lèvres se posent sur celles de l’amoureux. Un baiser des plus simples quoiqu’un peu long, puis tu l’accueilles entre tes bras. Les yeux sont rouges, mais les sanglots se sont calmés lorsqu’à son oreille tu le rassures : « Je suis là maintenant. » Tu te fiches pas mal qu’il puisse sentir ton palpitant s’agiter dans ta poitrine, au contraire, tu voudrais qu’il s’en souvienne.
C'est la première fois qu'il prononce ces paroles. C'est plus facile qu'il ne le pensait ; sans doute parce qu'il les pense réellement. C'est vrai, il aime Injoon avec chaque parcelle de son âme. Il n'a jamais ressenti tout ça, auparavant et même si ça a été plus douloureux qu'autre chose, ces derniers temps, c'est probablement la plus belle chose qu'il a vécu depuis longtemps. Il détourne les yeux, déjà, parce qu'il sent les émotions le submerger. Également, parce que Injoon se laisse aller à ses propres larmes et même si elles sont probablement le témoin de sa joie, il ne supporte pas de le voir pleurer. Pas alors qu'il est si fragile.
Des mains se glissent sur son visage et c'est le regard brouillé qu'il plonge dans celui du cadet. Ce qu'il voit dans ses prunelles finit de l'achever et une rebelle s'échappe pour rouler sur sa joue et se mêler à la pluie qui ruissèle déjà sur son visage. Il accueille le baiser en fermant les paupières, tandis que ses mains se sont posées sur lui. Le besoin irrépressible de le tenir contre lui se fait encore plus immense et il ne se fait pas prier pour l'entourer chaleureusement de ses bras lorsqu'il lui accorde une étreinte. Dans celle-ci, il est sûrement possible de sentir toute sa détresse des derniers mois, mais surtout de la dernière semaine, avec l'enterrement de sa mère. Je suis là, maintenant. : lui arrache un sanglot étouffé.
C'est vrai, il est là, maintenant. "J'ai cru que je t'avais perdu pour toujours..." Prononce-t-il difficilement à cause de sa gorge nouée. Sangjun ne s'est jamais montré si émotif devant son ami - enfin, désormais, c'est son petit-ami. Il déteste se montrer si vulnérable, mais en même temps, ça le soulage énormément. Il le serre plus fort contre lui, alors que la pression accumulée s'évacue. Et même s'il a pleuré sa mère les cinq derniers jours, la dure réalité le frappe encore. "Injoon..." Cette fois, le sanglot s'échappe librement de sa gorge. "Ma mère est décédée y'a deux semaines..."
Par-delà les larmes, il y a cette joie de l’entendre prononcer ces mots. Il y a aussi cette peine immense d’avoir été séparé si longtemps en vain. Ni le temps, ni la distance n’ont eu raison de tes sentiments, peut-être même sont-ils plus fort maintenant. Quoiqu’il en soit, c’est précieusement que tu le gardes entre tes bras. Alors que tes doigts se perdent dans sa chevelure, tu chuchotes des : « Shh.. » comme une mère le ferait à un enfant. L’étreinte se fait aussi douce que ta voix à son oreille, tandis que tu répètes : « J’suis là, j’irais nul part. »
Un sanglot l’étrangle, les yeux se ferment lorsqu’il avoue la terrible vérité. Les caresses s’interrompent, abasourdi par cette nouvelle, ton souffle se coupe. Soudainement dépourvu de parole, tu prends la mesure de tous ce que cela implique. Ses yeux rouges, ses traits tirés, sa solitude, sa peine. Alors que tout prend sens en un éclair, c’est plus fort encore que tu l’enlaces. Son visage contre ton épaule pour qu’il y pleure librement, tu mordilles ta lèvre, regardes le ciel qui pleure ses larmes sur toi.
Touché par son chagrin, les bombes salées s’accordent une autre échappée. Par ce que tu ne sais pas quoi dire, tu laisses d’abord le silence s’exprimer avant de t’y essayer : « J-je suis désolé Jun, je l’ignorais. » Tu ne peux qu’imaginer sa douleur, aussi tu fais le choix de le soutenir tant qu’il en aura besoin ; même si cela signifie passer la nuit sur cette plage. Ta tête contre la sienne et une main bienveillante dans son dos, c’est le mieux que tu puisses faire pour l’apaiser. La pluie se renforce alors qu’au loin, on peut entendre un orage bourdonner.
Sangjun se présente si vulnérable, en l'instant, qu'il se sent comme un enfant qui n'a jamais eu besoin d'ériger des barrières pour survivre. Car c'est ce qu'il a fait depuis l'emprisonnement de son père. Il a vécu caché si longtemps et aujourd'hui, il n'a plus la force de garder ce masque si solidement construit avec les années. Il a ce besoin irrépressible de se laisser aller à ses véritables émotions. De ne pas les refouler au plus profond de lui-même. De toute façon, la mort de sa mère ne peut absolument pas le laisser insensible comme il s'est toujours présenté aux autres. Malgré sa chute dans l'alcoolisme et leur éloignement certain avec le temps, il n'en a jamais moins aimé celle qui lui a donné la vie.
L'annonce laisse probablement Injoon estomaqué, puisqu'il cesse de bouger d'un coup. Le silence les enveloppe et n'est interrompu que par les trombes d'eau qui leur tombent dessus. L'étreinte se resserre et Jun s'effondre complètement pour la énième fois en quelques jours seulement. La tête posée contre l'épaule du cadet, il ne peut pas s'arrêter de pleurer, de toute façon. Lui aussi s'accroche plus fort à l'autre homme comme s'il craignait de le voir soudainement disparaître. Des paroles lui parviennent, mais il n'a pas la force de répliquer quoi que ce soit, trop englué dans sa peine. Car il ne pleure pas seulement sa mère disparue. C'est toute la pression des 6 derniers mois qui s'exprime.
Il sent la pluie s'intensifier et entend l'orage poindre, mais il reste là, contre Injoon, parce que l'enlacer lui donne un sentiment de sécurité qu'il n'a probablement jamais ressenti, auparavant. Ou en tout cas, plus depuis que son père s'est avéré être un criminel. Les minutes passent et le médecin finit par s'apaiser assez pour relever la tête et poser les yeux sur le visage du plus jeune. Son front se pose contre le sien, tandis qu'il ferme les yeux et expire dans un tremblement susceptible de le faire replonger dans la tristesse intense qui l'assaille depuis un bon moment. Et finalement, avec une tendresse que le cadet ne lui connait certainement pas, il scelle leurs lèvres pour un baiser lent, doux et lourd de significations. Injoon lui a cruellement manqué.
L’aîné bouge, l’étreinte se relâche. Tes bras qui jusque-là l’enlaçaient tombent au ralenti tandis que tes poings agrippent fermement le tissu imbibé d’eau de son t-shirt. Les yeux à demi-clos, c’est plein d’anticipation que tu observes les mouvements de Sangjun. Il ne s’écoule qu’une poignée de secondes entre le moment où tes paupières font obstacle à ta vision et l’instant où vos lèvres se rencontrent, pourtant t’as la sensation de retenir ton souffle depuis plus longtemps. Les lippes s’effleurent et s’épousent dans une douceur surprenante.
Puis y a une de tes mains qui lâche prise, te laissant tout le loisir de caresser son visage du bout des doigts. Le palpitant fait des siennes, jamais Jun ne t’a embrassé de cette manière. Les poumons brûlent alors que tu prends pleinement conscience de la situation et les larmes s’échappent à nouveau. Moins nombreuses, mais plus heureuses, elles réchauffent l’épiderme sur leur passage. Ce baiser se conclut par un tremblement de ta part, un soubresaut de ton cœur amoureux. Ta main trouve un point d’ancrage sur sa joue ruisselante et ton front, lui, se repose contre le sien.
La raison met un temps à parler, tu voudrais que la pluie s’arrête de tomber pour le garder encore contre toi. Parce que tu crains la séparation, tes paupières restent fermées. Le tonnerre gronde, ta lèvre tremble alors qu’un souffle s’en échappe : « On peut pas rester là... » tu le regrettes, mais la météo joue contre vous. Tandis que tes mains cherchent les siennes pour ne plus les lâcher, tu ajoutes sans pour autant bouger : « Il faut qu’on rentre. » Et t’es prêt à le suivre n’importe où, ou bien à le ramener chez toi s’il n’avait nulle part où aller.
Un baiser si plein de significations. Du genre que Sangjun n'a jamais échangé avec personne d'autre avant aujourd'hui ; preuve que ses sentiments pour Injoon sont sincères. Puis de toute façon, il ne se trouverait pas sur cette plage en sa compagnie si ça n'avait pas été le cas. Il ne lui aurait pas dit qu'il l'aimait, non plus. Le jeune homme réveille la meilleure partie de lui-même, celle plus tendre qu'il cache à tout le monde pour ne pas finir blessé. Il ne sait pas trop comment ça a pu se produire, mais en finalité, il est heureux que ce soit le cas, puisqu'il n'a plus personne, aujourd'hui, en-dehors du cadet. Triste constatation de sa solitude plus poignante qu'on peut le penser.
L'échange buccal se rompt et leurs fronts se retrouvent. Jun n'ose pas ouvrir les yeux ; ne désire que profiter de la présence du surfeur malgré les trombes de pluie qui leur tombent dessus. Malgré le tonnerre qui finit par gronder, annonçant que la tempête est loin d'être terminée. C'est le plus jeune qui brise leur silence et le médecin se contente de hocher doucement la tête. Il a raison. Ils ne peuvent pas rester là ; ils finiront par tomber malade. Pourtant aucun des deux ne daigne bouger. "D'accord. Allez." Il s'efforce de reprendre le peu de force qu'il a encore pour s'éloigner, non sans d'abord poser un baiser contre le front d'Injoon.
Une fois debout, il lui tend la main pour l'aider à se relever et empoigne sa planche de surf. "J'ai loué une petite maison pas loin..." Et c'est précisément l'endroit qu'ils rejoindront. La planche sous le bras, il offre sa main libre au cadet pour qu'il la prenne et le suive jusqu'à l'endroit indiqué. Au final, la plage que lui avait indiqué Hyunbin ne se trouvait pas si loin de la maison qu'il a laissé derrière, rendant le trajet à pied préférable au déplacement en voiture. Les minutes passent et finalement, la porte est poussée, laissant la maison les protéger des torrents pluviaux à l'extérieur. "Tu devrais aller te doucher en premier pour ne pas tomber malade." Et cette tendance à faire passer les autres en premier ne date pas d'hier. Sangjun n'est pas devenu médecin uniquement pour ne pas suivre les traces de son père.
L’amoureux concède, abandonne une dernière attention sur ton front. La candeur ourle tes lèvres tandis qu’il récupère ta planche. Tu ne bouges pas tout de suite, remarque seulement maintenant la transparence du blanc sur sa peau trempée. Le regard fuit, coupable de contemplation tu te lèves non sans oublier l’éponge que sont devenus ton propre top et ton sac. À l’intérieur, ton smartphone boit la tasse, mais l’appareil est si loin de tes préoccupations. Ta main glisse dans la sienne tout comme tes rétines retrouvent leurs jumelles. Il parle d’une maison, pourquoi dire non.
Non loin de là, l’habitation vous ouvre ses portes et dans l’entrée tu laisses ce qui jusque-là occupait tes mains. Ça bourdonne dans tes oreilles, pour dire vrai t’entends pas grand-chose, le contre coup de toutes ces émotions. Tu crois qu’il est question d’une douche, seul un : « Hum... » en guise de réponse accompagne un hochement de tête. Alors tu passes devant, t’arrêtes devant une première porte, puis une seconde les désignant simplement du doigt pour que l’aîné t’indique la bonne direction. Tes lèvres sont scellées, les mots comme bloqués ; parce qu’il y a subitement quelque chose d’étrange à être seul avec Jun depuis tout ce temps.
Alors que tu refermes la porte derrière toi, tu restes un moment contre elle à te repasser le film de ce qu’il vient de se passer. Le palpitant tachycarde sous l’eau chaude, la peau brûle, ce n’est qu’à présent que tu remarques que tu avais froid. Après ce qu’il te semble être une éternité, tu fais ton apparition dans la chambre seulement vêtu d’une serviette – rien n’est à toi ici. Tes cheveux encore trempe retombent négligemment devant tes yeux, mais ne les empêchent pas de trouver l’aimé. Le pouce pointe la pièce que tu viens de quitter et dans une vaine tentative de paraître naturel, tu lâches : « Tu devrais y aller aussi. L’eau est encore chaude. » Rien de plus, rien de moins, mais à peine la porte claquée, tu regrettes de n’avoir rien tenté.
Debout comme un con au milieu de la chambre, tu fermes les yeux et les rouvres pour contempler le plafond. À côté, le silence s’évanouit au profit du clapotis de l’eau ruisselante. Trois bonnes minutes s’écoulent tandis que tu te résignes enfin à obéir à tes envies. Tu abaisses alors la poignée, traces un chemin à travers la buée et te glisses dans le dos de l’aîné. Tes bras s’enroulent autour de sa taille, tes lèvres, elles, offrent des douceurs entre ses omoplates. Ô ça fait du bien de ne plus se mentir, car c’est ici que tu veux être à l’avenir.