La nuit était déjà bien entamée. J’étais moi-même étonné d’un semblant d'équilibre que ma vie semblait avoir trouvé. Il faut dire que j’ai commencé à un peu mieux m'entourer avec le temps. Dans la limite du raisonnable. Le gout de l’adrénaline était toujours autant présent dans mon corps, à tel point que je me laissais encore une fois embarquer dans des petites courses illégales. De l’argent facile quand on a la maîtrise. Et jusqu’à maintenant, je l’ai toujours eu. Mais étrangement, retourner dans ce monde me montrait à quel point je pouvais être seul. Je l’ai toujours été. C’est un peu drôle de voir que les mecs avec qui je délire depuis des années ne sont rien plus que des connaissances. C’est un peu con, mais ça me peinait. Quand on dit que la vision du monde change avec les années, ce n’est pas un mythe. Je ne sais pas pourquoi je me sentais si morose tout à coup. Et dans des moments comme ça, j’avais l’habitude de m’évader en roulant des heures jusqu’à la mer, mais je ne me sentais pas de me retrouver encore avec moi-même et mes idées noires. Et à défaut de retrouver des amis qui me noient sous les questions, j’optais pour une personne avec qui les liens sont clairement définis. Pas trop ambiguïté, une compagnie qui était capable de me faire penser à autre chose

Alors j’eus le réflexe d’envoyer un message à Mijoo avec qui j’avais l’habitude de voir de temps en temps depuis plusieurs mois maintenant. Rien de sérieux entre nous. Juste du plaisir qu’on prend l’un avec l’autre. Même en dehors des soirées qu’on passe sous les draps, j’aimais bien les quelques verres qu’on prenait ensemble. Fouillant dans les poches de ma veste, je prenais mon téléphone pour chercher le numéro de la Canadienne et lui lancer.

**Eh Blondy, tu fais quoi actuellement ? On se retrouve quelque part**

Voilà on ne peut plus reculer. De toute façon, ce n’est pas ce que je veux.

J’avais envoyé ce message comme une bouteille à la mer, un appel à l’aide déguisé. Vu l’heure, je ne savais pas trop si elle allait me répondre ou alors me livrer à moi-même. Mais je n’avais pas le temps de trop réfléchir que j’ai eu une nouvelle notification.

**Tu ne préférerais pas que je te récupère ? je suis pas loin de chez toi**

Bon un énième mensonge à rajouter sur mon palmarès, mais je n’étais plus à ça près. Une fois appuyé sur le bouton “Envoyer” que je me mets à accélérer pour rejoindre pour essayer d'étouffer le leurre et d'éviter de me faire taper sur les doigts. Elle avait un caractère plutôt bien trempé et j’avoue qu’avec le temps, il avait commencé à bien me plaire. Il est assez pétillant, mais toujours dans la limite du raisonnable, c’était plutôt plaisant d’avoir ce type de personnes auprès de moi. Même si nous avions une relation quasi-superficielle. Je lui envoyais un dernier message à la canadienne pour lui notifier mon arrivée. Garée en bas de son immeuble, j'attendais patiemment qu’elle entre dans l’habitacle. Un large sourire se dessinait sur mes lèvres tout en saluant la demoiselle.

▬ J’espérais quand même que tu te fasses belle pour moi

La taquinais-je, mes paroles étant accompagnées d'un rire. Je voulais juste l’embêter. Elle sait très bien que je la trouve toujours jolie quoi qu’il arrive.

▬  Si tu m’as répondu aussi vite, j’en conclus que toi aussi, tu semblais t’ennuyer un peu non ?