la décision est prise avant même qu'il ne le réalise. c'était là, au fond de son coeur, caché derrière sa lâcheté et sa peur de perdre quelque chose qu'il avait déjà perdu. lorsque asher est partie, minzhe est resté là, sur ce banc, à observer le ciel nuageux et à réfléchir. il n'y avait que ses mots qui revenaient, encore et encore. comme une vérité n'attendant que l'illumination du gamin. il a toujours aimer asher, là n'a jamais été la question ni le problème. c'est lui, le problème. à toujours douter d'être assez, malgré les rassurances qu'on a pu lui donner. à ne pas se sentir digne, d'une certaine manière. à trop mettre l'emphase sur leurs différences, il a complètement délaissé le faire qu'ils se sont rapprochés pour cette raison. parce qu'asher parvenait toujours à tirer minzhe de sa vie pour le pousser à vivre un peu, parce qu'il lui permettait de ne pas être complètement submergé, de ne pas trop penser, parfois. ne devait-il pas tenter ? même si l'idée que ça ne marche pas lui brise le coeur, il trouve l'idée de le laisser aller encore plus terrifiant. il ne veut pas imaginer un monde sans lui, car il l'a vécu et il a réalisé que c'était terne. un monde sans asher ne valait pas grand chose. c'était la triste vérité.

minzhe avait beau regarder l'écran, il n'arrivait pas à se résoudre à lui envoyer un message. ses mains tremblaient comme une feuille, tandis qu'il effaçait et re-tapait son message, encore et encore. il ne jouait pas de ses mots, au contraire d'asher. il avait beau être un artiste, il le démontrait de d'autres façons, alors dans la plus simple des manières, il s'était simplement donné la tâche de lui demander de le rejoindre chez lui. c'était beaucoup plus simple – et beaucoup plus stressant – à devoir l'attendre chez soi. et c'était assis sur l'un des bancs du comptoir qu'il attendait, le regard posé sur l'horizon qui commençait à descendre. et petit à petit, avec les minutes qui avançaient et son coeur qui cognait de plus en plus fort contre son torse, sa nervosité montait. lorsque le buzz de la sonnette s'était fait entendre, il avait fait le saut avant d'aller appuyer sur le bouton pour le laisser entrer. fallait pas être aussi nerveux, et pourtant, il avait l'impression d'être de retour au lycée. un peu pathétique, faut croire. autant il avait hâte de le voir, il stressait à cette idée imaginaire qu'il puisse avoir décidé qu'il avait changé d'idée avec les deux derniers passés à attendre. minzhe était une cause perdue.

ça avait été difficile de faire partir le bleu de ses cheveux, il n’en pouvait plus de voir ses racines s’agrandir de plus en plus. il ne voulait pas refaire du brun, mais il avait besoin de passer à autre chose. il avait pris rendez-vous rapidement avec sa coiffeuse, dans ce salon qui ne payait pas de mine de l’extérieur, il avait totalement confiance en elle. ash était ressorti avec un blond un peu court, et ça lui a plu directement. il n’arrêtait pas de passer la main dans ses cheveux, n’étant pas habitué à cette longueur ni à cette couleur.

ça lui a sorti minzhe de ses pensées pendant quelques heures, et il était immédiatement de retour dès que son pied toucha le bitume de la petite ruelle. il vérifie sans cesse son téléphone, a même changé ses notifications de la nuit pour que son téléphone fasse du bruit au lieu d’être silencieux, mais rien. il pense même à le relancer le deuxième jour, n’en fait rien car s’il a décidé de lui laisser du temps ce n’est pas pour le reprendre directement. il s’inquiète mais ne reviendrait pas en arrière. il y a un soulagement, que tout soit revenu à la surface. plus de pensées parasites à réprimer, plus d’angoisse à avoir.

finalement, il reçoit un simple message lui demandant de venir chez lui. il s’empresse de s’habiller, essaye de tirer du sens dans son message mais n’y voit aucun indice. il a fait le choix de sa résidence, d’un lieu confortable pour lui. serait-ce un indice en soit ? il ne sait pas, ne veut pas faire de supposition qui lui briseront le coeur après, même s’il est toujours plein d’espoir. incorrigible optimiste, il se met en route. maudit les transports en communs de ne pas être plus rapide, il arrive enfin devant la demeure, entre en gravissant deux à deux les marches, se retrouve enfin face à minzhe. le coeur qui se remet à battre, qu’il avait laissé sur le banc de l’université. il aimerait penser qu’il n’y a pas besoin de mots entre eux pour se comprendre, mais il a besoin de l’entendre. « so.. » pas de bonjour, il n’en a pas le temps. « you made your choice ? » il a passé ces deux jours à tout imaginer, à repasser la scène en boucle. s’il avait utilisé d’autres mots, s’il avait parlé un peu plus, il aurait pu le convaincre. s’il l’avait embrassé, est-ce qu’ils en seraient là ? ça n’aurait pas été juste, il se le répète à nouveau.

il s'était décidé sur son appartement parce qu'il n'aimait pas les endroits publics. pas lorsqu'il s'agissait d'sujets si important, si privé. si en partie, il le fait parce qu'il préfèrerait qu'on ne tombe pas sur la conversation, il le fait aussi parce que c'est plus confortable. c'est un endroit sûr, où il se sent à l'aise de parler, entourer de choses qu'il reconnaît. il va sans dire qu'il stresse le moment à venir. pourtant, lorsqu'il le voit au devant de sa porte, question immédiatement posée sans même une salutation, son palpitant s'était calmé. il n'avait pas changé d'idée, il avait même l'air impatient d'entendre sa décision. c'était d'un soulagement pas possible qu'il s'était écarté de la porte pour le laisser entrer en soufflant un simple hello to you too, asher. la porte refermée, il hoche la tête. i did, mais il ne se prononce pas, avance plutôt dans son appartement en se décidant entre temps où s'arrêter. le salon ? la cuisine ? ou le balcon ? il fait un peu trop froid pour ce dernier, bien que la vue est jolie. il réalise qu'il pense un peu trop et s'arrête au premier choix avant d'avoir l'air trop indécis.

la première chose qu'il avait capturé le regard de minzhe, c'était le changement des cheveux d'ash. de son bleu iconique à un blond qui lui allait comme un gant, ça ne l'avait certainement pas aidé à calmer son coeur, allant à mille à l'heure. il avait l'impression qu'il allait s'échapper, d'un moment ou d'un autre, fuir et ne plus jamais revenir. il était un brin dramatique, parfois. you changed your hair, it suits you well. il en fait la remarque en s'installant sur l'un des fauteuils, un genou remonté, le menton posé dessus. et à prendre une inspiration, il se décide enfin à répondre à cette question qui attend depuis deux jours. i thought about it. i think i knew the answer for the start, but had to convince myself that i wasn't going to be a burden... or not worthy. il relève le regard. i've been... doubtful of that. i thought we were so incompatible that even considering it would be foolish, but i forgot that that was exactly what our dynamic was, from the beginning. just being two very different people, who made it happen, somehow. i'm still... very fucking scared of admitting it, like in public, but i don't want to let that fear, or anyone, control my life. i've been hiding my feelings for a while and i don't want to lose you and what could be for something that's not worth it. et il s'arrête enfin de parler, le coeur tambourinant encore plus qu'avant en ajoutant un also, i wanted to say i love you too the other day but my head was all messed up. léger, il se sentait léger. mais encore angoissé. mais léger, à souffler cette phrase presqu'en minuscule.

il veut savoir. manque de politesse qu’il sait ne lui sera pas vraiment reproché. « hi » répond-t-il simplement. il hésite à attraper son poignet pour le retenir de partir vers cet appartement qu’il ne connaît que trop bien, mais son coeur l’enjoint de ne pas le presser. tout vient à point à qui sait attendre, il parait. ça n’en calme pas ses pensées, même s’il finit par se dire que s’il ne voulait pas de lui, il lui aurait dit directement. probablement. c’est certain.

il doute, inquiet. c’est ce qu’il redoutait qui allait arriver, s’il se met à penser à ses choix, il finit par trop penser et s’angoisser tout seul. il n’est pas tellement de nature anxieuse, de base. il a l’impression que toute sa vie est en train de changer sous ses yeux, et minzhe qui lui parle de ses cheveux, alors qu’il meurt d’envie d’entendre autre chose. il prend quand même le compliment, qui ne sont pas non plus abondant de la bouche de son ami, il sait qu’il le pense vraiment, et ça le réchauffe de l’intérieur de penser qu’il peut lui plaire. « yeah, thank you » il ne lui dit pas qu’il avait besoin de changement, de tourner la page.

ash ne sait pas s’il doit s’assoir ou rester debout, il oscille d’un pied à l’autre. il aurait préféré que minzhe choisisse le canapé, pour s’installer à ses côtés. est-ce que ça a du sens ? est-ce qu’il choisit le fauteuil pour se distancer de lui ? il essaye de se calmer, décide de rester debout, même si ça peut être bizarre. tout son corps est remonté sur des ressorts, il ne sait pas s’il parviendrait à s’assoir. le garçon veut lui dire qu’au contraire il ne sera jamais un fardeau, que c’est lui qui ne le mérite pas, mais il le laisse parler, boit ses paroles. il finit, et ash est si fier de lui. il ne pensait pas pouvoir ressentir tout ce genre d’émotion pour quelqu’un d’autre, mais finalement, il a toujours eu ça à ses côtés. il se rapproche à pas feutré, « you can still say it today » fait-il, prenant délicatement son visage dans ses mains. « i love you » il voudrait lui répéter toute la journée, jusqu’à ce que sa voix ne devienne qu’un murmure, que minzhe soit fatigué de l’entendre, que le soleil se couche et se lève à nouveau. « so it’s a yes… ? you want to try ? » oui, il a bien compris mais il veut l’entendre dire qu’il le veut.

il avait été si nerveux durant ces derniers jours, encore plus aujourd'hui, à devoir retrouver ses mots, s'exprimer sur la réflexion faite, à enfin laisser entendre ce qu'il voulait, lui. car rares étaient les moments où il s'était laissé le droit de faire ses propres décisions. pour une fois, ça avait changé. car il n'avait que deux choix, minzhe. se laisser vivre sur le chemin qu'on a tracé pour lui où il est certain d'être malheureux ou dévier son chemin et toucher à l'incertitude du futur, sous une nouvelle lumière, dans un monde plus heureux. l'angoisse du choix est réel, mais il n'est pas mécontent de son choix. il ne regrette rien. et maintenant que tout est dit, il peut enfin respirer. il n'aurait jamais imaginé que ce moment serait un jour arrivé, car il avait eu si peur de l'avouer, auparavant. de laisser les aveux se faire, la révélation de ses secrets, ô si honteux. il n'a jamais su comment il l'aurait fait, de lui-même. il se souvient encore de ces messages qu'il a écrit puis effacé, une bonne dizaine de fois, après cette soirée à son boulot. il n'a jamais eu le courage de l'envoyer, il s'est résolu à se taire et puis la suite est arrivée. mais le passé, c'est le passé. désormais, ils en sont là. là où son coeur brûle sous les mains qui se place sur son visage et les paroles soufflées, de ce sourire un peu timide qui se dessine. yes, qu'il souffle. let's try. il voudrait se cacher de sa vulnérabilité qui se fait voir, de l'espérance que tout va bien aller, que ça ne va pas se résulter d'un échec. et il a conscience, minzhe, qu'il doit faire des efforts, se pousser de son confort. pour laisser cette chance perdurer dans le temps, pour faire marcher cet essai, même s'il est terrifié.

il y a une forme de soulagement, quand minzhe dit officiellement qu’il veut essayer. « i know you must be scared, but i’m so proud of you. » ses mains qui ne quittent pas son visage, qui avait besoin de son contact, de le sentir contre lui. ses atomes qui réclament les siens, il voudrait fusionner. une vague de joie le submerge, le transperce de part en part. il sait que ça impliquera des sacrifices, des moments durs. ils devront sûrement vivre cachés, de tous. célébrer leur bonheur ensemble. il est prêt à tout, rien ne lui fait peur. petit lion ne demande qu’à vivre.
ash se rapproche ostensiblement, « now, » qu’il fait sourire au lèvre. il ne peut qu’y penser, « can i kiss you ? » demande-t-il en penchant sa tête. il est presque sûr d’avoir la réponse dans ses yeux, mais c’est important pour lui de lui demander son consentement. c’est un peu étrange, de vouloir partager un baiser après s’être dit qu’ils s’aimaient, généralement ash échange des baisers en pagaille et fuit à la moindre note indiquant qu’un je t’aime pointe à l’horizon. il le veut tout entier, et il se demande s’il a vécu d’autre choses qu’il ne lui a pas dit. des choses, des garçons, des souvenirs, et plus encore. il en serait jaloux, lui qui a pourtant presque date la moitié de séoul. il s’en voudrait presque d’avoir fait subir ça à minzhe, mais ce qui est derrière lui n’est plus devant.

c'est libérateur, et il ne veut pas l'avouer, parce qu'il se souvient qu'asher lui avait dit, auparavant, que ça allait l'être. minzhe n'avait pas voulu le croire. tout était dit, tout était fait. l'impression d'être sur un nuage ne le quitte pas, était-ce comme ça qu'il apprend qu'avoir un peu de contrôle significatif sur sa vie change clairement les choses pour lui ? même la peur n'est pas assez pour secouer ce sentiment de béatitude. même l'incertitude de ce qui les attendaient ne le secoue pas. il peut s'inquiéter plus tard du public, de ses limites. c'est l'une des raisons pour laquelle il avait décidé de choisir son appartement comme lieu de rencontre, pour être loin de tout.

c'est beau, d'être aimé. il n'a jamais vraiment eu le sentiment qu'on l'a aimé, pas de cette façon. il repense aux mots choisis d'ash, quelques jours plus tôt, ça ne quitte pas sa tête une seconde. qu'il est prêt à tout pour lui. et encore maintenant, minzhe le regarde s'approcher, son coeur secoué de sa question. touché, reconnaissant. parce qu'on a pas l'habitude de lui demander. pas ceux qu'il a bien pu croiser, pour son plus grand malheur. et dégoût. il y a peu de souvenirs qu'il veut garder contre lui, qu'il regarde avec tendresse. il a cru, un long moment, être maudit. à avoir aucune chance d'un jour trouvé quelqu'un de bien. maudit à être seul. ou de tomber sur des gens instables, qui le pousse à quitter séoul, encore et encore. c'était arrivé qu'une fois, mais il en était presque sortie traumatisé. mais ash, il lui fait confiance. rien que sa question le prouve. alors, il hésite pas, minzhe. à souffler un oui suivi d'un sourire un peu –beaucoup– timide.

il attend patiemment son approbation. et pourtant, il a faim de lui. il en deviendrait fou d’attendre, alors que minzhe ne prend pas tellement son temps pour lui répondre que oui, suivi d’un sourire qui le ferait craquer - s’il ne craquait pas déjà.

ash a un faible pour les beaux sourires. il l’a compris la première fois qu’il l’a vu, ses yeux disparaissant derrière ses pommettes. l’image d’un chat qu’on a envie de protéger, encrée sous ses paupières. il s’approche, posant une main presque timide sur la joue de minzhe. il n’a pas l’habitude d’être timide dans ses démonstrations d’affection. cela viendrait presque naturellement, mais comme c’est lui, et qu’il a beaucoup trop rêvé de ce moment, il ne peut s’empêcher de croire qu’il tremble, qu’il est maladroit alors qu’il ferme les yeux au moment où leurs lèvres se rencontrent enfin. il en aurait un soupir de soulagement, tant c’est différent, tant c’est mieux parce que c’est lui. il n’y met pas toute l’ardeur de ses pensées, il préfère être doux, précautionneux, alors que les papillons qui se chamaillent dans son ventre n’ont rien de doux. il s’écarte rien qu’un instant pour l’embrasser de nouveau, un peu plus fort, un peu plus tourmenté par l’envie de l’avoir. de savoir minzhe à lui et à lui seul désormais, mais surtout, de savoir qu’ash lui appartient, qu’il n’a plus à chercher ailleurs ce qu’il a sous ses doigts fragiles.
il le laisse finalement, s’asseyant à ses côtés sur le canapé, mais ne le quittant pas du regard. il n’y aurait rien à dire tellement il est heureux, à ce moment précis. jusqu’à ce qu’il sente un chien essayer de capter son attention en posant sa tête sur ses genoux. « you can be jealous if you want little dog, your master is mine now »

il y avait une certaine anticipation à ce moment, avec l'appréhension passagère qu'une catastrophe le ruine, tandis que les pensées, les et si ? se bousculaient dans sa tête. il n'arrive pas à s'en détacher, rien que le temps d'un instant, de cet anxiété se déversant sur sa personne, du doute qu'il puisse être à la hauteur même de cet échange à venir. le palpitant saute presqu'un battement, parce qu'il en a rêvé longtemps, minzhe. qu'un jour, ça en devient une réalité. de ces scénarios par dizaine, imaginé, mais jamais réel. à ne jamais avoir pensé un jour se retrouver là, sur ce canapé, les yeux posés sur lui, celui qui habitait ses pensées depuis toujours. il a longuement cru qu'il y aurait une certaine réserve, une certaine étrangeté à ce geste. à sa main sur sa joue, à ses lèvres sur les siennes. parce qu'il est ainsi, minzhe. à trop penser, à ne jamais comprendre la complexité de ses sentiments avant qu'il ne s'y retrouve. c'est réel, pourtant. et maintenant qu'il parvient à y faire face, il voit la réalité des choses. ce n'est pas étrange, il a l'impression d'enfin retrouver un sens de familiarité, comme si ce moment avait toujours eu lieu d'être.

et il y a son coeur qui s'emballe, pour la première fois, d'un baiser échangé. à appartenir, à vouloir, perturbation des papillons dans le ventre qui reviennent à la charge, comme s'ils n'étaient jamais partie. c'est chaleureux, c'est délicat, ce premier baiser échangé. et ce n'est en rien de ce qu'il a bien pu avoir, auparavant. il a cet impression qu'asher le connait trop, qu'il sait exactement quoi faire pour le perturber, il en est convaincu. à revenir à la charge avec plus de conviction, de passion, les émotions tumultueuses qui se bousculent suite à ce deuxième baiser, il y a presqu'une trace de déception, lorsqu'il se détache, y laissant qu'un minzhe chamboulé derrière. rien ne pouvait dépassé cet instant, jamais. à rester comme ça, sans dire un mot, les joues légèrement rosées, les yeux qui se posent sur ddori, qui a l'habitude d'être dans son coin. petit chien tranquille ne demandant que son attention habituellement, à être ô si indifférence des autres, la tête posée sur les genoux d'asher. il y a ce sourire qui se dessine, joie démontré de l'intérêt, la jalousie de son chien. tendresse brillant alors qu'il souffle un i think he likes you. for real, real.

asher sait qu’il gardera ce moment précieusement dans ses pensées, le soir, avant de s’endormir. se demandant si tout est réel entre eux, si minzhe a vraiment pris la décision de le choisir. il a l’impression de vivre dans ce baiser, de trouver enfin du sens à tout ce qu’il fait. cette année a été bien trop remplie de changement, et il est habituellement quelqu’un qui aime les surprises, mais si on pouvait ralentir la cadence, ça le rassurerait. au moins : pas de surprise, il l’aime toujours alors qu’il s’assoit à ses côtés. « i like him too » heureusement, parce qu’il comptait bien passer plus de temps par ici. il en a déjà beaucoup passé, ça ne sera pas tellement nouveau. « can i ask you something ? » fait-il en se tournant vers minzhe, sa main caressant distraitement ddori, « how did you know you loved me… ? » il a bien une réponse à cette question de son côté, mais l’idée d’être apprécié en retour est toujours si nouveau pour lui. il a beau le retourner de tous les côtés, l’observer de loin et de près, il en est toujours presque perplexe. il sourit, étrange romantique qui ne veut pas l’admettre, ash qui a décidé d’arrêter de courir.

pour certains, ce n'est qu'une scène comme les autres. pourtant, minzhe le voit, c'est différent à ses yeux. ddori, si peu intéressé par les autres, vieux chien tranquille qui a toujours porté attention qu'à lui, il a cet impression que c'est un signe. tu as fait le bon choix. peu importe ce qui se passera dans le futur, tout va bien aller. ce sentiment d'être sur un nuage comfortable, le palpitant encore un peu retourné, bonheur attrapé de plein fouet, au lieu de l'effleurer du bout des doigts. il tourne la tête vers asher, la joue posée contre son genou remonté et hoche la tête. sure, il ne s'attend pas à cette question. mh.. il pense, minzhe. retourne dans le passé, lorsqu'il l'a vu pour la première fois. il se souvient avoir eu peur, de le trouver un peu intimidant, mais fascinant. incapable de l'approcher, seulement capable de tracer ses traits dans son carnet, de créer des mondes dans lequel il l'approchait et se liait d'amitié. puis, c'est arrivé. un jour comme les autres, ce jour où il ne s'est pas éclipsé comme avant. à se lier d'amitié avec celui qu'il avait auparavant trouvé intimidant, à découvrir qu'il ne l'était pas du tout. il se souvient, minzhe, que sa vision du monde a commencé à changer, lorsqu'il a rencontré ash. et lorsqu'il a dû partir en italie, lorsqu'on l'a forcé à quitter tout ce qu'il connaissait pour un endroit où il ne parlait même pas la langue natale, l'une de ses premières pensées a été vers ash. comment survivre sans son meilleur ami ? c'est en revenant qu'il a commencé à réaliser, minzhe. lentement, mais surement, ses yeux se sont ouverts sur un tout autre monde. puis, ça l'a frappé. quelques mois après être revenu d'italie. it was a little while after i came back from italy. i don't know if you remember how adament i was, trying to make this dish i had there because i wanted you to taste it. and for some reason i didn't want to order it from a restaurant. it had to be authentic, as if i knew what i was doing… anyway it ended up being a disaster and we obviously ended getting takeout. but i just, realized, i think, at that moment. i was trying so hard to do something, but i knew that i wouldn't try that hard for anyone else. it was just the last piece of the puzzle that connected everything together. then i panicked but that's another story. il y avait bien des moments, avant, qu'il pourrait attribuer, mais pas à une réalisation. il a compris plus tard que ça faisait longtemps que son coeur faiblissait à sa vue, sans qu'il ne le réalise.

il l’écoute attentivement. ash ne sait pas pourquoi il lui demande quelque chose d’aussi intime, d’aussi personnel. quelque chose qu’on garde entre quatre murs, qu’on ne partage qu’avec quelqu’un qu’on aimerait vraiment; il est ce quelqu’un. il le regarde tendrement, ah, alors il l’aime réellement depuis autant de temps… il se demande à quoi ressemblerait leur vie s’ils en avait parlé plus tôt plutôt que de tout garder pour eux. « i remember » minzhe qui n’avait jamais trop cuisiner de sa vie, asher qui avait essayé de l’aider comme il peut. les rires échangés, le plaisir de le voir à nouveau. il avait l’impression que sa vie s’était arrêtée, à l’époque, quand il était parti. ça n’avait pas de sens, c’était aussi terriblement dramatique, mais c’était comme cela qu’il voyait la chose : une fin. il ne croyait pas qu’ils pouvaient garder contact d’aussi loin, encore moins qu’ils allaient se revoir. à ce moment, il avait failli lui avouer avant qu’il parte, qu’il avait quelques sentiments. des sentiments timides, qui ne se reconnaissaient pas eux-mêmes, mais qui étaient bien présents. il n’en fit rien, parce qu’il ne voulait pas le faire souffrir, ni souffrir lui-même par la même occasion.

et minzhe était revenu, et ils étaient encore amis. ça avait suffit à lui faire penser qu’il avait pris la bonne décision, à ne rien lui dire. encore plus lors de cette soirée qu’ils avaient passé ensembles, lorsqu’il avait osé parlé au passé de ses émotions, que minzhe était parti d’arrache pied. ash avait finit par penser qu’il fallait enfouir encore pour lui tout. il fallait creuser, de ses mains dans le sable, de ses ongles qui gratteraient la poussière, déposer le cadeau que personne ne voulait, le recouvrir, et ne pas le marquer sur une carte. il n’avait pas réussi à oublier, il finissait toujours par penser à minzhe d’une façon qui ne lui suffisait pas. « you know, for me, it was more recent. for years i thought i just had a silly little crush that just couldn’t go… but when you said you loved me, i realized that somehow, i always did. that the sky is blue, and i love you. you’d complain about your sister and your mother and your whole family, we’d get some bubble tea, and i’d love you. i don’t know if i make sense ? »

minzhe ne sait pas ce qui se serait passé, aurait-il décidé d'en parler avant maintenant. il n'a jamais cru possible qu'un jour, il puisse accepter ce qui est là depuis si longtemps. peut-être qu'il aurait refuser d'y croire, de s'accepter, s'il aurait eu cette conversation avant. des semaines, des mois, des années auparavant. sans le vécu, sans le courage de faire le pas et de décider qu'être soi-même valait la peine. ne pas penser que la société sera contre lui. il n'a pas besoin d'y penser. you do. il y a cru, il y a un moment, qu'il était le seul à se rappeler de tous ces petits moments. il se souvient s'être senti terriblement seul, pendant les premiers mois passés en italie. sans son entourage, ses pilliers, ash, le temps était long. minzhe, perdu, seul là où il ne voulait pas être. à se renfermer dans un mutisme sélectif, à ne parler que lorsqu'il se trouvait devant sa soeur ou avec ceux qui se retrouvait toujours en corée. il aurait préféré partager la découverte d'un nouveau pays avec son meilleur ami, rien que l'instant d'un moment, au lieu d'y rester seul, pendant trois ans. et il a eu l'impression d'y perdre une bonne partie de sa vie. de ses treize ans à ses seize ans, à quitter la corée en étant un gamin, en y revenant en se rapprochant plus de ses années adultes que pas. il a eu peur de revenir et de voir que tout a trop changé, mais il a retrouvé ash, il a retrouvé tout le monde, et tout allait. le soulagement. mais il y pense, au passé, et se dit qu'il n'était pas prêt à avoir cette conversation. pourquoi penser au temps perdu, lorsqu'il y a tout le temps du monde devant lui ?

il y a la curiosité, de vouloir savoir quand est-ce qu'il a réalisé. à vouloir savoir à quel point il était con, minzhe, d'avoir cru que ce n'était jamais une possibilité. et puis, le soulagement d'entendre sa réponse. peut-être qu'il aurait dû se sentir un peu outré d'apprendre que c'était récent, sa réalisation, mais ça ne le dérangeait pas. savoir qu'il avait un crush depuis des années, c'était assez. peut-être qu'il avait eu tort, minzhe, de penser que c'était con de rêver. mais il ne pouvait pas le savoir. pas dans le monde dans lequel il vivait. dans ces illusions qu'il n'avait droit à être lui-même. yeah, it makes sense, qu'il souffle après quelques secondes de silence. le monde continue de tourner, comme toujours et il l'aime. tout comme lui. même si minzhe n'a jamais vraiment penser de façon aussi... était-ce poétique ? il avait l'impression que ça l'était. à ses yeux, du moins. it's a pretty way to think, to live by.

évidemment qu’il se rappelle des petits détails. ash, sous ses airs de tête en l’air, garde les pieds sur terre quand ça concerne ses amis, ses amours. bonne mémoire qu’il a pu utiliser lors de ses études en droit, elle lui a bien servi. entre deux révisions, à enregistrer chaque froissement du visage concentré de minzhe sous les lampes faiblardes de la bibliothèque universitaire. aux rires échangés chaque fois qu’il passait finir ses projets chez lui au lieu de les finir ici, aux conversations qui se firent trop longues, des débats acharnés sur tout et rien, aux mots qu’il se demande s’il ne se forçait pas à lâcher de travers juste pour obtenir une réaction de sa part.

et il comprend, qu’il ne faut pas regretter le temps qu’ils auraient pu avoir ensemble, parce qu’il y a tout le temps devant eux. de nouveaux souvenirs à se faire, il en est certains. « thank you, i try sometimes » il y a eu tant de fois où ash s’est senti sur le point de lui dire qu’il avait quelques sentiments fous à son encontre. quand minzhe est revenu de chine, il n’a jamais senti son coeur battre autant dans sa poitrine. il a juré plus tard que c’était l’effet du soleil, et puis, le manque. ils devraient se quitter et se retrouver plus souvent, ash est amateur de sensation fortes, dans l’idéal de toujours devoir se retrouver. « oh, also, what are our thoughts about our friends ? like, does anybody knows… ? » il réfléchit un instant avant d’ajouter presque timidement « i’d like to tell everybody that you’re mine, but i’d do as you want min » et s’il veut des fleurs qui poussent sur le haut des montagnes, il ira les chercher.

ça lui passe par la tête, l'idée de le dire. à voix haute. au monde entier. avant que l'effroi le happe et le remet à sa place. c'est impossible, n'est-ce pas ? va t-il retrouver un semblant de courage, un jour ? à être capable de le dire sans craindre qu'on l'ignore, qu'on l'insulte, qu'on le juge, qu'on le renie ? c'est un joli rêve, d'espérer que le monde continue de tourner, mais il le sait, minzhe, que ce n'est pas aussi facile. que la vie n'est pas toute rose. que sa vie n'est pas aussi facile que de le dire à tous ceux qui veulent bien l'entendre. c'est pas ce que demande ash, heureusement. il se concentre sur celui qui le sait déjà, pas qu'il oserait dire à asher pourquoi kiro le sait, car minzhe aimerait bien oublier ce détail, mais il hoche lentement la tête. kiro knows, qu'il souffle. c'est son meilleur ami, après tout. minzhe les collectionne comme des pokémons, les meilleurs amis. asher, kiro, shinae. et il se demande presque si ash est toujours considéré comme un meilleur ami ou un petit ami ou les deux. est-ce qu'ash considère kiro comme un ami ? faut croire que minzhe n'a jamais vraiment pensé à cette question. i don't know… il sent la pression sur ses épaules, mais sait que ce n'est pas son intention. it's a lot, qu'il murmure. les chances que ça se fasse un chemin jusqu'aux oreilles de sa mère était mince, et pourtant. il se sentait coupable, tout de même. de l'empêcher d'être ouvert, comme il le voulait. comment être aussi peu compatible, de ce côté, lorsque minzhe redoute l'idée même de le dire aux autres. i'm sorry… sa voix est quasiment inaudible, mais tremble de culpabilité. coupable de ternir le moment, qui devrait être joyeux.

bien sûr que kiro sait. il n’en ressent pas moins une pincée de jalousie, à savoir que kiro savait certainement avant lui. soyons rationnel et logique : minzhe avait besoin de quelqu’un pour se confier, et il n’allait pas le faire à son propre crush. est-ce sain de ressentir de la jalousie, ou est-ce qu’il faut chasser toute trace de son coeur, balayer les miettes sous le tapis ? il n’a pas de réponse. il prend sa main, la serre dans la sienne, « no, don’t be sorry. i don’t want to pressure you into anything » et à vrai dire, il aurait dû savoir que ce n’était pas une question à poser. minzhe et ses secrets, minzhe et le poids qu’il a en permanence sur ses épaules. il la pourtant prévenu, avant que tout ne commence, que ça ne sera pas facile entre eux. il a envie de répondre que rien n’a jamais été facile, mais que ash sait faire avec. « as long as we are together, i’m fine »

le coeur se gonfle, pincement au fait qu'il le tire en arrière avec lui. de ses façons de faire, de ses peurs et de son incapacité de s'ouvrir au monde. minzhe doute de tout. même la plus minime des chances qu'on découvre ce qu'il ne veut pas être découvert le fait figer. à se sentir terriblement mal, malgré les mots que lui souffle ash, malgré la main qui serre la sienne. i know, qu'il murmure, un soupir s'échappant de ses lèvres. ça ne change rien, n'est-ce pas ? ce sentiment ne le quittera pas avant un bon moment, ça restera dans le creux de son ventre, l'esprit se demandant si ça dérange vraiment asher, s'il prétend ne pas être dérangé par son refus de le laisser l'annoncer à tous. et il le regarde, minzhe, alors qu'il souffle ces derniers mots, et il se demande si ça sera toujours la même chose, des jours, des semaines, des mois plus tard. l'incertitude du futur l'inquiète. mais il hoche la tête et pose sa joue sur son épaule. okay… un simple mot est lancé, tandis que les doutes, les peurs, s'infiltrent en tête.