Quotidien qui n’était rythmé que par une routine factice. Faire semblant, tu en avais fait une habitude depuis que tu avais quitté la Corée du Nord. Mais maintenant, faire semblant d’être une épouse modèle te bouffait. Enfin, c’était surtout de voir que tes tentatives pour garder votre mariage à flot n'aboutissait à rien… Tu l’aimais, il n’était que ta seule famille et tu ne voulais pas le perdre. Est-ce que lui te considérait encore comme tel ? Tu n’en étais pas sûre, vu que tous les reproches que ton époux te balançait sans cesse, te rappelant que tu étais incapable de lui donner la seule chose qu’il t’avait demandé. Et tu culpabilisais atrocement qu’il soit malheureux par ta faute, et que tu ne te sentais plus capable de combler sa tristesse… Il a pu retrouver du réconfort dans d’autres bras plus tendre. Une autre chose que tu lui pardonnais… Parce que tu avais beau faire la forte tête, tu étais plus faible que tu voulais y paraître.

Triste réalité que tu préférais taire dans des larmes silencieuses et dans la solitude qui te rongeait. Mais cette solitude risquait de disparaître, tu l’espérais avec l’arrivée d’une vieille connaissance venue de l’autre côté de la mer. Une arrivée qui n’enchantait pas ta moitié, mais c’était une chose que tu te permettais quand lui s’autorisait à découcher. C’était aussi un moyen de te focaliser sur autre chose que ton travail et ta douleur qui ne s'estompe pas. Tout ça, tout ce revers de la médaille, tu devrais faire un effort monstre pour le cacher au Japonais. Une présence étrangère calmera sans doute les tensions dans cette demeure. Tu souhaitais que tout soit parfait quand il arrivera. Détail que tu soulignais à la gouvernante qui préparait sa chambre. Toi, tu te contentais de prendre ta voiture jusqu'à l'aéroport pour guetter les sorties des tarmacs. Tout ça pour qu’il ait au moins un visage familier pour l'accueillir dans ce pays qui lui était sans doute inconnu. Et aussi apporter un peu de chaleur dans ton coeur…

Tu daignes quand même esquisser un sourire à ton ami en lui faisant un signe de la main. C’est vrai que c’était une demande soudaine qu’il avait faite. Mais tu voyais ça comme un nouveau départ l’un comme l’autre. Sa présence ne pourrait qu’être bénéfique pour toi. Tu espérais que ce soit réciproque.

▬ T’en fait pas. Un peu de compagnie me fera du bien. Même si mon mari est encore un peu sceptique

Riais-tu, presque faussement. comme tu le faisais beaucoup ces derniers mois. Mais bon, il était surtout mal à l’aise de savoir qu’un autre homme serait dans la maison. C’était peut-être égoïste comme geste. Tu espérais que le voir passer du temps avec un autre le mettrait un peu plus vers toi. Un geste égoïste qui est quand même teinté d’un certain altruisme. Parce que l’épreuve qu’il traversait était la plus terrible qu’un parent pouvait subir. Tu n’as pas eu l’occasion de connaître ton bout de chou que tu en étais dévastée alors lui qui avait élevé sa fille, tu osais à peine l’imaginer.

▬ Je sais très bien ce que ca fait de changer tout à coup d’horizon. Je suis juste la main tendue que j’aurais aimé avoir quand je suis arrivée à Séoul

Des paroles sincères que tu lui servais. Vu ses origines, tu aurais pensé qu’il aurait de la famille ici. Mais s’il t’a demandé de l’aide, ce n’est pas le cas… Tu étais toute seule dans goshiwon avec un Coréen, plus que, limite. Jamais tu n’aurais pensé que la langue coréenne de la partie nord serait aussi différente que celle du sud. Un dépaysement total pour le bout de femme que tu étais. Tu étais tombée sur de belles personnes qui t’ont permis d’avancer. Il était tant de rendre l’appareil. D’ailleurs, en faisant référence à ça, tu avais bien remarqué qu’il cherchait ses mots. Et toi, tu continuais de lui parler comme si de rien n'était. Alors rapidement, ta langue changeait de dialecte.

▬ I’m sorry. If you want, we can talk in English. If that's easier for you

▬ Non t’inquiète pas. Si je t’ai proposé, c’est que ce n’est pas le cas. Et puis je t’aiderais autant que je peux ici.

Voyant la gêne se dessiner sur son visage, tu secouais tes mains de gauche à droite, comme pour effacer ses paroles. Tu n’allais pas lui dire que ceci n’était que sujet d’une énième dispute avec ton époux, ce dernier voyant presque comme un affront d'accueillir un autre homme chez vous. Mais s’il y a bien une chose que vous commencez à maîtriser depuis un an, c’était gérer votre image. Une image que tu comptais bien tenter de tenir a flot pour ne pas mêler Hide à ça et surtout faire plaisir à ton mari. Oui, tu te disais qu'après ça, tu ferais tout pour ne plus le contrarier. Tu allais donc tout faire pour l’aider à traverser la terrible épreuve qu’il vivait et surtout rebondir au mieux avec un nouveau départ. D’ailleurs, tu voulais être sûr que la langue ne serait pas une barrière entre vous. Et ça ne semblait pas le cas.

▬ Pas du tout t’inquiète pas. Et puis crois-tu que c’est la petite chinoise que je suis qui te jugerais ?

Le rassurais-tu. Un accent était toujours bien présent sur ta langue, peinant parfois à te faire comprendre. Lui se débrouille 20 fois plus que toi. Valises auxquelles il pense en une fraction de seconde, tu l’aidais à les mettre dans ton coffre et à l’inviter à monter dans ta voiture. Les échanges entre vous étaient un brin maladroits, une tension palpable. Peut-être parce que vous savez exactement ce que chacun ressentait et faisait attention à ne pas dire le sujet qui fâche. Mais cette atmosphère devenait un peu plus lourde que tu voulais y mettre un terme avec un ton faussement jovial.

▬ J’espère que tu as quand même fait bon voyage ? As-tu quand même mangé ? Je sais que la nourriture d’avion est parfois douteuse.

▬ Je ne suis pas si cruelle pour t’imposer le chinois quand même.

Riais-tu faiblement. Même si tu dois avouer que ça te manquait de ne plus pratiquer cette langue dont tu as mis des années à apprendre. Hélas, tu n’as pas beaucoup d’amis chinois pour avoir ce plaisir. Et tu ne peux pas facilité Hide vu le peu de mots japonais, tu avais dans ton vocabulaire.

▬ Oui, je peux comprendre. Quant à moi, je n'ai pas trop faim non plus de ne t’en fais pas.

En même temps avec tous les médicaments dont tu nourrissais… Même si la disparition de ton bébé remonte à 1 an, tu n’as jamais pu accepter. D’autant plus qu’on ne manquait jamais de rappeler que c’était de ta faute. Ton mariage ne tenait qu'à un fil. Cependant, tu avais envie de t’y accrocher, de le sauver. Parce qu’il n’était plus que la seule famille qui te restait. Même si tu savais qu'accueillir ton ami n’allait pas forcément arranger les choses, tu n’étais pas sans coeur pour laisser quelqu’un traverser cette terrible épreuve seule. Un sujet si difficile à aborder que l’ambiance était vraiment trop pesante dans l’habitacle.

▬ Ah. On peut passer à la banque d’abord si tu préfères

Au moins ce sera un point administratif de fait. Changement d’itinéraire, tu prenais la direction de la banque.

▬ Et arrête de vouloir me remercier. Ça me fait plaisir de t’aider à traverser tout ça… Et puis, ça me ferait du bien de parler avec quelqu’un sous mon propre toit.

Une langue un peu trop déliée, il ne fallait pas lui faire regretter de venir chez toi. De toute façon, il le verra tôt ou tard que vous étiez incapable de tenir vos rôles d’époux parfaits bien trop longtemps. Vite, il fallait que tu changes de sujet.

▬ Enfin bref. Je ne t’ai jamais demandé si tu étais déjà venue ici.

Tu haussais innocemment les épaules, ayant un sourire candide quand tu changeais de route. A dire vrai, ce n’était qu’une excuse pour retarder le retour à la maison. Être avec Hide était un peu une bouffée d’air frais. Pouvoir parler avec une personne qui ne te regarde pas avec cette pitié écœurante, ou ne te catégorise pas comme “la femme qui a perdu son bébé”. Juste le temps de quelques instants, tu étais capable d’être une simple femme, être son amie. Et te sentir un peu utile vis-à-vis de quelqu’un. Tu lui faisais comprendre en sous-entendant que tu avais perdu ta place au sein de ton ménage, ton époux ne te voyant plus comme un simple accessoire à exhiber devant sa famille et amis. Au moins avec Hideyoshi, tu auras le droit à avoir une relation réelle. D’ailleurs, tu tentais de continuer d’entretenir votre amitié en cherchant à connaître chaque trait de sa vie et sa personnalité. Tu étais surprise d’apprendre qu’il n’a jamais pu embrasser cette partie de ses origines.

▬ C’est vrai ? Pourquoi ?

Demandais tu, surprise que son père ne l’ai jamais amené ici… Toi dont les parents fantasmait sur ce pays, qui était synonyme de liberté contraire à l’homonyme du nord. Quand tu repensais à ta vie en Corée du Nord, tu te rendais compte que c’était bien mieux qu’un rêve. Oui, même si tu n’étais pas forcément sur un nuage ces derniers temps, tu préférais retenir les bons côtés des choses…

▬ Je serais ravie de te servir de guide. Enfin du peu de chose que je connais de la capitale.

Riais-tu. En même temps tu n’as pas eu l’occasion d’autant en profiter ici que ton mari t’a embarqué en Europe.

▬ Cette ville a été synonyme de renouveau pour moi et vraiment, je ferais tout pour que ce soit aussi ton cas.

▬ J’espère quand même que tu ne finiras pas par le regretter.

Des parents, on en a que deux. Toi tu serais prête à tout faire pour savourer les derniers instants que tu as eu avec ton père si tu avais eu l’occasion. Naïvement, la petite fille qui était encore enfouie en toi espérait qu’il soit encore vivant quelque part. Des rêves d’enfants auxquels tu t’accroches. Alors de ton point de vue, tu trouvais dommage qu’il ne profite pas que son père soit encore en vie pour tenter de rectifier le tir dans leur relation ; encore plus en ce moment. Mais tu préférais pour le moment garder ceci pour toi, te doutant que tout était encore frais dans son coeur. Dans quelques mois, sans doute, tu évoqueras le sujet. Qu’il comprenne la chance qu’il avait d’avoir encore ses parents avec lui. Tu aurais pu lui confirmer et dire que tu étais sûre qu’il arrivera à se remettre sur pied, et avoir un nouveau départ. Mais ces paroles seront dénuées de sens quand toi-même, tu n’as pas accepté la disparition de ton bébé. Alors tu te contentais de poser une main amicale sur son épaule, pour lui faire comprendre que tu étais là s’il en avait besoin.

▬ Ah. Et bien… Je l’ai arrêté depuis quelque temps. Travailler avec des personnes qui connaissent un peu trop mon histoire, j’en étais saturée. J’arrivais plus à me concentrer. Et j'en avais marre d'inspirer la pitié.

C’est ce qu’il y avait de pire. Les gens qui compatissent en prétendant savoir ce que tu ressens. Personne ne le pouvait. Ça t'était insupportable. Et la seule personne qui était capable de le comprendre n’était capable que de rappeler que vous en étiez là à cause de toi. Émotionnellement, tu avais la sensation d’avoir atteint le point de non-retour.

▬ A voir maintenant si j’y retournerai un jour. Ou alors si je continuerais à m’accrocher à cette passion. Parfois, j'ai vraiment envie de tout laisser tomber

C’était l’une des dernières choses qui te restait. Mais en valait-elle encore le coup quand tu te sentais dans l’incapacité de dessiner ou même de coudre.

▬ D’ailleurs tu n’as pas intérêt à me lancer un seul regard toi non plus

Ce serait détestable venant de lui. Pas quand l’un savait ce que l’autre traversait.

Tu ne connaissais pas réellement la teneur de sa relation avec sa famille. Mais tu savais que dans de tels moments, c’était le pilier. Tu étais persuadée que c’est qui te manquait pour pouvoir tenter de passer à autre chose. Ça et un boulot. Mais pouvons-nous réellement nous remettre de la perte d’un enfant ? Tu ne connaissais pas encore le tien, mais tu l’aimais déjà plus que ta propre vie et tu n'accepterais pas le fait de ne pas avoir pu le protéger. Alors Hide, tu n’imagine même pas une seconde qu’il devait ressentir pour cette petite qu’il a vu grandir et qu’il aurait espéré devenir une femme. C’est ce que tu pensais après l’avoir mis en garde sur ces regards de pitié qu’il pourrait avoir à ton adresse. Un mécanisme de défense habituel. Mais bon, tu devais te douter qu’avec Hide, ce ne serait pas la même chose avec une personne qui te comprend mieux que quiconque

▬ Excuse moi. C’est juste que c’est épuisant à la longue d'attirer ce genre “““d’attention”””

Tu tentais de te justifier, mais ceci restait maigre quand même. Enfin bon, vous arriviez rapidement à la banque pour éviter qu’un malaise s’installe dans l’habitacle. Tu garais ta voiture pour le rejoindre dans le bâtiment.

▬ Oui t’en fait pas. Tu comptes faire les yeux doux à la banquière

Tu riais faiblement avant de l’inviter à te suivre à l'intérieur pour qu’il puisse bénéficier de quelques billets du pays. Tu lui proposais de même de revenir un autre jour pour s’occuper de tout ce qui est administratif pour ouvrir un compte te doutant qu’il devait être épuisé par tout ça. Tu préférais qu’il rentre chez vous pour pouvoir un peu se reposer. Mais plus que ça, tu espérais que ton époux ne soit pas dans les parages pour te faire une scène ou même t’humilier d’une façon ou d’une autre. C’était un brin anxieuse alors que tu prenais le chemin de ta maison. Mais c’était peine perdue quand tu voyais encore sa voiture dans l'allée de votre maison. Déception, mais tu ne laissais rien paraître. Ton mari et toi maîtrisiez l’art de la dissimulation depuis plusieurs mois, alors avec la présence de Hide, tu osais espérer que ceci enterra la hache de guerre et plus, que ceci vous permettra de vous retrouver à nouveau. Ouvrant la porte de cette demeure bien trop grande pour vous deux, tu l’invitais à entrer avec un grand sourire aux lèvres.

▬ Bon. Tu es ici chez toi, alors n’hésite pas si tu as besoin de quelque chose

Tu souhaitais qu’il soit le plus à l’aise possible… Mais avec un couple comme le vôtre, ça risque d’être un peu compliqué

« Tant que ceci reste temporaire »

Tu reconnaissais la voix sèche de ton mari qui traversait le hall d’entrée en une fraction de seconde, lançant un bref regard à Hide avant de quitter la maison, te notifiant qu’il ne rentrerait pas ce soir. Tu avais à peine eu le temps de lui dire au revoir que la porte se refermait. Si toi tu étais prête à faire l’effort de prétendre que tout va bien dans votre couple, ça ne semblait pas être son cas. Cependant réparer les pots cassés. Ne laissant rien paraître, tu essayais de te ressaisir.

▬ Excuse moi pour son attitude, il n’était pas trop chaud à l’idée que j'accueille un ami ici, c’est pour ça qu’il réagit comme ça. En plus du travail… Mais ça finira par passer

Vu qu’il passait de plus en plus de temps au bureau, pas sûr qu’ils se croisent souvent. Tu l'espérais

Un dernier rire qu’il te tire durant cette halte à la banque avant de retrouver ta froide demeure où règne ressentiment et amertume. Tu priais que Hide ne les ressente pas. Ce n’était pas sans compter sur ta moitié qui était déterminée à ne pas y mettre du sien pour faire comprendre que le jeune homme n’était pas le bienvenu dans votre demeure. Un soupir t’échappe, avant de reprendre le contrôle et d'afficher un sourire faussement sincère sur ton visage.

▬ Il… Il travaille souvent tard… Donc tu ne le croiseras pas. Tu n’auras pas à t’en faire de ce côté

C’était la seule excuse que tu as su trouver pour justifier ses quelques absences, sachant parfaitement que ses soirées, ils les passent avec d’autres femmes. Mais tu n’avais aucunement envie d’étaler la médiocrité qu’était devenu ton mariage à cause de toi. Encore moins a Hide qui avait autre chose à penser plutôt que de s'occuper de tes problèmes de couple. D’un signe de la tête, tu l’invites à te suivre à l’étage supérieur.

▬ Et tu n’as pas à t’excuser, tu sais ? Tu n’as rien fait de mal en demandant de l’aide à une amie. Et puis il ne peut rien dire sur le fait que tu sois mon invité

Tu sais parfaitement que ton mari a agi de cette façon en sachant qu’il te ferait du mal et qu’il te mettrait mal à l’aise. Mais si tu montrais qu’il t’avait atteint, tu te sentirais à nouveau en échec. Et tu avais bien trop de fierté pour ça. Tu ouvrais une porte et l’invitais à entrer.

▬ Voilà ton petit cocon. J’ai demandé qu’on te la prépare, mais tu peux te l’approprier comme bon te semble. Ah. Et tu as la salle de bain ici. Bref mets toi à l’aise

Tu prenais le chemin à l’extérieur de la chambre avant de répondre à sa dernière question.

▬ Tu as envie de quoi ? Eau, boisson fruitée, alcool ?

Demandais-tu pour préparer des rafraîchissements le temps qu’il redescende.

Si tu avais envie que Hide soit à l’aise chez toi, c’était peine perdue. Mais bon, tu te disais que le fait qu’il soit là te donnerait un peu de tranquillité puisque connaissant ton mari, il aura deux raisons d’éviter la maison familiale. Mais tu ne serais plus capable de te regarder dans une glace si tu ne venais pas en aide à un vieil ami. Surtout que tu étais persuadée que si les rôles étaient inversés, il n’aurait pas hésité à venir à ton secours. C’est à tout ce à quoi tu pensais en faisant infuser un peu de thé, pensant que tu étais déjà assez sur les nerfs pour une dose de café. L’arrivé du métis te sortait de ton esprit et tu soufflais un bref rire en voyant sa réaction gênée et ses excuses.

▬ Ca va détend toi Hide. Je t’ai dit t’es comme chez toi, tu peux t’installer dans le salon

Du menton, tu lui indiquais la pièce d’à côté. C’est sûr que dit comme ça, c’est facile, mais tu te doutais qu’il faille un temps d'adaptation au-delà des mots.

▬ Et un thé pour monsieur

Dis-tu en posant une tasse en face de lui ainsi que des petits biscuits en tout genre. Tu t’asseyais à ses côtés pour siroter quelques gorgées de ta boisson.

▬ D’ailleurs, c’est plus à moi de m’excuser pour tout à l’heure. Il fait juste ça pour m’atteindre. Et je ne pense pas que tu lui croiseras beaucoup.

Tu disais ça avec le sourire, mais en réalité ton coeur en souffrait. Tu te sentais si mal de pousser ton mari dehors, dégoûté de ta présence. Tu l’aimais tant, mais tu étais dans une impasse, ton mariage ne tenant que sur une corde raide. C’est pour ça que tu lui pardonnais ses critiques, sa colère parce qu’au fond, tu en étais la source. Tu n’avais pas envie de te laisser submerger par tes émotions devant lui alors ton premier réflexe était de diriger vers le grand aquarium où nageaient tranquillement tous tes petits bébés. Les nourrir était une excuse pour ne pas qu’il puisse voir les larmes sur les coins de tes yeux.

▬ T’es le premier à savoir qu’aucun mariage n’est fait que de douces roses. Le mien ne fait pas exception

Il était gentil a tout minimiser comme ça. Mais tu n’osais pas relever. Parce que tu avais passé des mois et des mois à entendre que “ce n'était pas de ta faute” au bout d’un moment, c’était fatigant. Mais tu laissais couler, te doutant que la période était encore plus difficile pour lui. Tu as eu un an pour te faire à l’impossible. Mais cela avait des conséquences. Et pour vous deux, ça a été votre mariage. Cependant, tu ne veux pas croire que c’était la fin de ton union. Tu voulais mettre tous les efforts pour sauver ce qu’il reste de votre mariage. Et tu espérais qu’il comprendrait tout l’amour que tu lui portais.

▬ Ah bon ? Pourtant, c’est de ma faute si on en est là lui et moi

Il t’avait tant donné depuis le premier jour où vous avez commencé à vous fréquenter. Et toi, tu n’as même pas été capable de lui donner la seule chose qu’il attendait de toi. Alors tous ses reproches, tu les mérites totalement. Tu étais une incapable. Alors tu étais prête à laisser couler pas mal de choses comprenant que tu étais la cause de son chagrin. Écrasant rapidement des larmes qui menaçait de tomber, tu te reprenais, histoire de pas inquiéter ton ami. Un maigre sourire sur les lèvres, tu venais t’asseoir à ses côtés.

▬ Oh mais ne t'en fais pas. Ta présence n’y changera rien. Ne te flagelle pas pour quelque chose qui n’est pas ta faute. Et puis tu es mon invité, hors de question que tu fasses quoi que ce soit

De toute façon, pour le moment, tu étais à la maison, alors t’en occuper te changeait un peu l’esprit. Et avoir une personne aussi à qui parler de tout et rien t’aidera un peu. Mais avant, c’était lui qui avait besoin de plus d’aide.

▬ Enfin parlons d’autres choses. C’est quoi le projet ? Tu sais ce que tu veux faire maintenant que tu es en Corée ?

Vu son parcours, il pourrait aisément trouver une place dans le monde du divertissement.