Il ne sait plus vraiment où il en est, il ne sait même plus quel jour on est, et le hublot de l’avion reflète un visage fatigué et les cernes qui s'accumulent sous ses yeux qui ont déjà versé toutes leurs larmes. L’ancienne idole, essaye de ne pas penser, mais c’est compliqué, sa jambe joue un rythme inconnu contre le sol de l’habitacle, remplie de tension, à bout de nerf. Il sait pas vraiment ce qu’il fait là, mais il ne veut pas rester dans ce pays, il fuit les souvenirs qui y sont lié, maintenant libéré d’une relation devenue trop dur à supporter après la perte énorme qu’ils ont du endurer, et il est incapble de le surmonté aux côté de cette femme qui à pourtant beaucoup partagé avec lui. Il a envie d’un remontant, ou plutôt de quelque chose pour oublier, mais il ne peut que supporter ce voyage qui lui semble si long et pourtant, qui ne dure que deux petites heures. Finalement, il prend quelques instant pour au moins mettre quelques couches de maquillage pour atténuer les traits tirés de son visage, habitude de sa vie d’artiste, celle de camoufler les imperfections, juste rester un peu présentable, même si ça ne cache pas tout. Peut être que ça l’occupe un peu aussi, mettre son esprit sur pause, ne plus penser aux pertes, cesser de vouloir l’espace d’un instant revenir en arrière. Il ne sait pas vraiment où il a eu le courage de demander asile à une connaissance de boulot quand il décide de rejoindre le pays de l’autre côté de la mer, et il ne sait même pas par quelle miracle celle-ci à accepter de te loger le temps d’avoir un boulot et un appartement, toi qui part sans rien avoir préparer, juste avoir pris le temps de divorcer et de mettre fin à ta carrière, incapable de continuer à chanter. Il n’avait pas vraiment parlé des détails à la concerné, juste que tu avais besoin d’un toit pour quelques semaines, il espère ne pas déranger longtemps.

L’avion finit par toucher terre, il a peut-être un instant espéré qu’il se crash et mette fin à la douleur qui serre son cœur depuis qu’elle n’est plus là, mais c’est sain et sauf qu’il pose pied à terre. Et le voilà au milieu du brouhaha coréen, mais il n’essaye pas de comprendre, il se fiche un peu des conversations autour. Heureusement quand même, il a eu un père coréen, donc il se débrouille pour parler la langue, c’était peut être la seul chose utile qui lui est appris son paternel toujours en déplacement pour être assez présent pour autre chose. Finalement, il tombe sur le visage de Hae ri qui l’attend plus loin. Un peu surpris, mais il s’avance alors, la rejoint alors, oublie quelque peu qu’il a une ou deux valises à récupérer sur l’instant.

“- Bonjour…”

Sa bouche s’ouvre plusieurs fois, il a un peu oublié comment converser, hésite sur les mots,  mais se reprend quelque peu pour continuer.

“- Tu n’aurais pas dû te déplacer… J’aurais pu prendre un taxi, c’est déjà beaucoup que tu m’offre asile chez toi… Je suis désolé d’ailleurs pour la demande assez précipitée…”

Il l’observe alors, acquiesce doucement, oublie parfois qu’elle est mariée, il espère juste ne pas trop déranger, ne veut pas être la cause de tension dans leur couple. Il se dit qu’il aurait dû réfléchir avant de demander, regrette un peu sur le coup, que c’était un peu égoïste de demander asile, surtout qu’ils ne se connaissent pas tant non plus en fait.

“- J’espère quand même que ça ne vous dérange pas que je sois là… Je me ferais petit.”

Il se frotte la nuque alors, ses doigts tapotent sa cuisse inconsciemment, n’arrive pas a renvoyé un sourire même fin, à presque oublié comment on fait, mais au moins, elle égaye un peu l'atmosphère. Au fond, il lui est reconnaissant de le faire, de ne pas ruminer son humeur massacrante, de ne pas parler du sujet qui fait mal surtout. Des condoléances, il en a bouffé à toutes les sauces, et ça n’apaise pas sa douleur, ça ne fait que ramener le sujet sur le tapis, ramener des souvenirs qu’il aimerait oublier.

“- Merci encore, je ferai vite pour trouver de quoi vivre ici en indépendant.”

S’il s’écoutait vraiment, il resterais assis dans un canapé à vider bouteille et plaquette de pilule, tellement il ne sait pas comment stopper cette détresse dans lequel il est plongé depuis des mois, mais il n’est pas du genre à vivre au crochet d’autrui, pas du genre à déranger longtemps, pas du genre à devenir une loque tout de même, se dit pour se motiver que c’est certainement pas l’image qu’il voudrait donner à sa fille, si elle était toujours là. Il fut sorti de ses pensées quand Hae ri se met à parler anglais, surpris il secoue la tête.

“- Le coréen me convient… je… Enfin j’espère que j’ai pas dit n’importe quoi ?”

Sur le coup, il se demande s’il a dit ce qu’il voulait dire, pourtant il se sent assez à l’aise pour user de la langue de son interlocutrice, pour le moment. un regard fuyant et il trouve d’un coup qu’il a les mains un peu vides.

“- ah… J’ai oublié mes valises, je reviens.”

Des excuses ajoutées, il s’incline alors pour appuyer celle-ci, disparaît vers les sorties de valises pour y récupérer ses biens, deux simples valises qu’il ramène auprès de la coréenne.

Il s’excuse, se sent un peu maladroit d’avoir demander asile chez elle, mais il lui en est reconnaissant, n’aurait su où aller sinon, sûrement dans le premier hôtel pas trop cher du coin, où même dans la rue, tout pour fuir ce pays qu’il a pourtant adoré, mais qui lui serre le coeur à présent rien qu’à y penser. Tout ce qu’il peut faire, c’est de ne pas paraître si pitoyable qu’il ne l’est, afficher un visage assez neutre, quand il voudrait verser des larmes qu’il a déjà épuisé, essayait de parler quand les mots semble si difficile à choisir, ne pas déranger, même s’il ne peut pas effacer sa présence. Les phrases sont courtes et assez formelles, alors qu’il doute de ton coréen, possiblement qu’il confonde quelques mots, rouillé dans son coréen.

“- Je suis pas très bon en chinois, mais je suis sûr qu’entre le coréen et l’anglais si jamais on s’en sortira…”

Juste lui dire que l’anglais ne le gêne pas, si vraiment il n’arrive pas a formulé correctement ses pensées, il fera ce qu’il peut pour se faire comprendre de toute façon, pour ne pas trop gêner la styliste. Vite, il récupère ses bagages, peu nombreux pour un voyage sans retour, mais c’était tout ce qu’il avait envie de garder, aller presque les oublier en plus, mais heureusement, le tout est chargé dans la voiture de la chinoise. Il aurait voulu que l’ambiance ne soit pas si froide, si tendue, mais il ne sait que dire, que faire, à peur de s’effondrer à tout moment, à peur de dire une bêtise, de faire tomber le fragile équilibre qu’il arrive à maintenir.

“- Je ne mange pas en avion, je suis malade sinon… Puis je n’avais pas d’appétit. C’était long, mais maintenant c’est derrière moi tout ça. Et toi, tu as mangé ?”

Il la remercie en silence dans le fond, de couper se blanc trop long, sans vraiment aborder de sujet sensible.

“- J’ai pas encore changé mes yens en wons, mais je te payerais un café pour te remercier. Enfin en partie.”

car la générosité de Hae ri était énorme pour être remercié par un simple café, mais c’était sans doute trop tôt pour l’esprit endeuillé de Hideyoshi pour vraiment y mettre les formes, préfère le remettre à plus tard, pour le faire plus correctement.

Au moins, ils savaient que pour communiquer, ça serait le coréen ou l’anglais, mais à choisir, Hide était plus à l’aise avec le coréen, n’ayant pratiquait l’anglais seulement pour ses obligations professionnel, il était pas doué plus que ça en anglais, s’il avait su se débrouiller, il avait toujours eu l’aide des membres de son groupe. Et rapidement la question est éludée, la conversation se poursuit, répond qu’il a le ventre vide, mais aucune envie de le remplir, noué par un voyage qui avait bloqué l’intérieur de son corps, en plus d’une humeur pas vraiment faite pour penser à manger. Puis, visiblement elle non plus n’a pas vraiment d’appétit. Il observe le paysage, les gens passant dans la rue derrière la vitre de la voiture où il reste silencieux. Et parfois, ça lui donne la boule au ventre, de voir que la terre tourne encore, que la vie continue, quand lui semble bloqué dans ses souvenirs, sans pouvoir s’y échapper. Parfois, il souhaiterait qu’on lui retire sa mémoire, plus ne savoir qu’il lui manque son soleil pour cesser de sentir son cœur se serrer, mais s’en veux la seconde d’après de vouloir effacer ses moments si précieux.

Il est sorti de ses pensées quand la conductrice change de cap, évoquant la banque, s’en veut alors d’avoir évoqué ce fait, mais la route avait déjà changé avant qu’il ne proteste.

“- J’aurais pu le faire plus tard…”

Il se frotte la nuque, hébété quelque peu, ne veut pas déranger, aurait pu y aller à pied plus tard, plutôt que de laisser Hae Ri faire le taxi dans la ville. Et dans ses mots, il devine que c’est pas forcément tout rose chez elle, mais préfère ne pas appuyer sur ce fait pour le moment, pour ne pas l’embêter, parce qu’il ne sait pas vraiment si c’est quelque chose dont elle veut parler, il verra peut être de lui-même au fil du temps, en parleras quand ça sera plus approprié.

“- Je serais ravi de discuter avec toi.”

C’est un moyen plus simple pour essayer de penser à autre chose, que quelques verres et cachets blancs sans doute. Haussant les épaules, il s’accoude à la portière.

“- Une ou deux fois pour mes activités professionnelles, mais on a pas vraiment eu le temps de visiter vraiment en soi. Mon père est coréen, mais il n’a jamais vraiment voulu nous amener avec lui ici.”

C’était pas faute d’avoir demandé à l’adolescence, mais au bout de deux ou trois refus, Hide avait abandonné l’idée de se rapprocher de son père et de son pays, même si son frère lui avait essayé encore plusieurs années, avant de comprendre que c’était peine perdu.

“- Après j’ai pas vraiment le temps de venir visité une fois adulte, mes activités était prenante et mon temps libre je le passais à…”

Il s’arrête alors dans ses propos, quand ça le ramène à ce vide en lui, essaye de ravaler ses peines pour garder contenance.

“- enfin, je vais avoir le temps de visiter maintenant.”