ღ Il n’a fallu que d’un appel. Un simple et unique appel, pour que tu décides de faire tes valises et de prendre le premier avion ; direction la Corée. Un départ précipité, que personne n’a vu venir - ni même ce garçon qui t’a pourtant supplié de ne pas partir aussi vite. C’est que ça doit être devenu une habitude pour toi de fuir les personnes qui tiennent à toi. Bien que cette fois, il y ait une raison à ton départ. Ta maman. La seule famille qu’il te reste. L’une des rares personnes à laquelle tu tiens plus que de raison. Impossible pour toi de rester à des milliers de kilomètres en sachant qu’elle a eu un accident de voiture, se retrouvant ainsi à l’hôpital. Ton angoisse n’y survivrait certainement pas, si tu restais. Alors, qu’importe que tu sois occupé à travailler sur un projet important depuis de nombreuses semaines. Qu’importe que ton stage soit mis en péril, rendant l’obtention de ton diplôme incertaine cette année. Qu’importent cette relation et ces amis ; cette vie que tu as eue du mal à construire, que tu laisses derrière toi. Rien n’a autant d’importance à tes yeux que ce petit bout de femme qui a sacrifié une bonne partie de sa vie pour toi et ton bonheur. Abandonner les dernières semaines de ton stage pour elle, ce n’est clairement pas un énorme sacrifice, comparé à tout ce qu’elle fait pour toi, depuis le jour de ta naissance. De toute façon, ce n’est pas comme si tu es pleinement heureux depuis ton arrivée. Bien au contraire.

Pendant ces longues heures de vol, de nombreuses pensées parasitent ton esprit. Horrible mélodie qui ne cesse d’attiser tes angoisses ; Un enfer. Réellement. T’inquiétant plus que de raison, tu ne peux pas t’empêcher de repenser à ces quelques mots à peine échangés avec Yejun, lorsqu’il t’a appelé pour te prévenir de l’état de ta mère. Un soulagement ; puisque le garçon ne semble pas avoir abandonné cette femme - qui compte tant pour toi. Un déchirement ; quand cela fait des mois que tu n’as pas entendu le son de sa voix. Une tragédie ; lorsque ce silence, tu ne peux pas lui reprocher. Jamais. Un silence que tu dois à ta lâcheté. Une décision que tu as regrettée presque instantanément, lorsque tu as décroché - au bout du deuxième appel. L’impression que ton cœur allait exploser, alors que derrière toi, se tenait cet autre garçon que tu n’aimes - définitivement - pas. Le temps qui t’a cruellement manqué avant qu’il ne raccroche. Un souffle qui s’en est allé pour lui dire qu’il t’a horriblement manqué, alors qu’à l’autre bout du fil, résonnent des bips incessants ; preuve que le sportif n’avait pas envie de s’éterniser avec toi. Pourtant, c’est que tu as envie de t’éterniser avec lui. Alors, tu angoisses. À l’idée de le revoir. À l’idée que tu vas devoir trouver de très bonnes raisons pour tenter de justifier ton départ - ou plutôt, ta fuite. Et ça, ça te terrifie. Tu connais ton âme-sœur. Et même si tu as tenté de te voiler la face, tu sais que cette erreur, est sûrement la plus impardonnable entre toutes celles que tu as déjà commises. Pourtant, tu ne comptes pas en rester là. Jamais. Après tout, tu l’aimes. Quoi qu’il puisse arriver, tu l’aimeras toujours.

Alors, lorsque ton avion atterrit sur le sol coréen, tu ne perds pas un seul instant. D’abord, tu iras voir ta mère à l’hôpital pour t’assurer qu’elle ne risque plus rien - et ainsi, calmer une partie de tes angoisses. Ensuite, tu iras te planter devant la porte de Yejun - quitte à t’imposer chez lui. Après tout, tu connais le code de sa porte, aussi bien que celui de ta carte de crédit. Une surprise qu’il détestera sûrement. Mais qu’importe. Tu ne comptes pas lui demander son avis - bien au contraire. Rapidement, en possession de tes valises, tu traverses rapidement le hall des arrivées, sans te préoccuper du monde qui t’entoure. Ce garçon qui s’approche de toi - et qui t’appelle par un prénom que tu ne reconnais pas, tu ne t’en préoccupes même pas. Continuant simplement ton chemin. Les yeux tantôt rivés sur ton téléphone portable, tantôt rivés sur la sortie. Seulement, alors que tu t’approches enfin de la sortie - ne te préoccupant aucunement des gens autour de toi, tu sens soudainement une main se poser sur l’une de tes fesses. Un geste auquel tu n’aurais pas prêté attention - accident qui arrive fréquemment dans les endroits bondés, si cette dite main ne te pinçait pas au passage. « YAH ! » Instinctivement, tu ne peux pas t’empêcher de crier, alors que tu te retournes brusquement, te retrouvant face à un beau brun de quelques centimètres plus petit que toi. « C’est une nouvelle mode de pincer les fesses des inconnus à leur arrivée ? » Question lancée, alors que ton regard incendie presque le garçon face à toi. « De mon temps, on offrait au minimum un verre, avant de toucher à la marchandise. » Que tu demandes d’un air totalement sérieux, alors que tes bras se croisent contre ton torse. Est-ce que tu as imaginé - ne serait-ce qu’un seul instant - que cette main puisse être celle de Yejun ? Évidemment, que tu l’as imaginé. Tu l’as même espéré horriblement fort. Bien que dans le fond, tu sois incapable de trouver une seule raison qui aurait pu motiver le jeune homme à venir t’accueillir à ton retour …