monotonie mortelle, air un brin mystérieux, un soupçon nonchalant, la gamine voguait de rues en rues, pensées définitivement à l'ouest. mizue avait accepté de lâcher ses révisions en dépit de son examen (qui approchait dangereusement), pour se rendre jusqu'à l'endroit auquel on lui avait donné rendez-vous. studio de danse dont elle ignorait l'existence encore aujourd'hui, mais dans lequel on l'attendait patiemment, elle et son humeur changeante. la demoiselle avait eu pitié de ces gens qui ne l'avaient pas vue depuis longtemps, alors mizue avait fini par daigner sortir de chez elle, profitant de l'occasion pour se dire qu'il y avait nécessité à prendre l'air, elle qui avait tant besoin de souffler et de se vider l'esprit. au moins pour cette fois-ci. là, entre les longs murs immaculés du grand bâtiment dans lequel elle s'était engouffrée, le bruit de ses talons résonnait au fil de ses pas tandis qu'elle ignorait où se diriger. elle essayait toutes les portes au hasard, se prenant des remarques agacées et parfois des bonjour polis, mais jamais la vision qu'elle attendait : ses amis qui la quémandaient. elle n'était pas à 1million, ni dans son ancienne compagnie et pourtant, elle ne pouvait pas dénier que l'endroit l'attirait, elle qui n'avait pas dansé depuis plus de deux ans. son cœur se serrait parfois lorsqu'elle croisait au détour d'une ruelle des danseurs en quête de reconnaissance, ou même, des groupes chanter au milieu d'une foule bouillonnante. il y avait toujours une raison, un geste d'autrui, quelque chose aux alentours, partout où elle allait, qui lui rappelait ses plus jeunes années. palpitant broyé d'avoir abandonné sa passion à cause d'un vulgaire accident. mizue n'avait jamais menti sur ses opinions, et ainsi, que son ancien métier lui manquait. la danse avait toujours pris une proéminente part de son existence tout entière, à tel point qu'à une époque, elle ne pensait qu'à s'entraîner. mais tout cela faisait désormais partie du passé – dont elle ne voulait, parfois, plus entendre parler -, et elle envisageait difficilement reprendre le mode de vie qu'elle avait adopté les années précédentes, mizue tournée vers une autre voie, à laisser les strass, les paillettes et son existence entourée de célébrités derrière elle. la croix était tirée, et son présent bien différent. les rythmes de la musique troqués pour des formules mathématiques, mizue l'étudiante, brillance intellectuelle, éclatante de facilités. elle avait songé à changer (encore une fois) de voie, assommée de désolation, mais s'était retenue, résolue à battre cet idiot de namsoo, qui la devançait toujours d'une goutte d'eau, à chaque fin de semestre. hey salut je cher... oh ça doit pas être ici. pas d'excuses pour le dérangement, seulement un coup d’œil rapide en direction de la silhouette (familière), qu'elle regardait au travers de l'immense miroir qui composait l'un des murs de la salle qu'elle avait décidé d'explorer. secondes suffisantes pour la rendre stoïque, et écorcher un sourire à son visage amusé. attends une seconde... chan ? chanwoo ? qu'elle lançait à l'égard du garçon seul, refermant la porte derrière elle pour se diriger vers l'individu en question.

(outfit) • un petit studio de danse dans lequel chanwoo se rendait régulièrement afin de mettre en pratique les mouvements auxquels il a pensé. il a toujours eu ce talent unique pour la danse et lorsqu'il faisait encore partie de son groupe, il lui arrivait souvent d'aider à chorégraphier leurs danses ou de carrément le faire tout seul. il a toujours eu cette capacité effarante à penser à des mouvements qui sortent du cadre et rendent le tout bien meilleur visuellement. aujourd'hui, il n'a pas réellement la tenue appropriée pour danser, cependant, avec son haut blanc et son pantalon rose poudré. c'est qu'il revient d'une des nombreuses réunions auxquelles il assiste dernièrement, notamment pour son nouveau projet (qu'il partage avec eunji). il se souvient encore comment il s'est senti en le revoyant pour la première fois après toute ces années. si seulement il ne nourrissait pas de rancune à son égard, il aurait été plus qu'heureux de le retrouver. ce qui n'est pourtant pas le cas. un soupir lui échappe, assis sur le banc collé au mur faisant face au miroir. la jambe élégamment croisée, il fait glisser son pouce sur l'écran de son téléphone. il cherche inspiration sur les réseaux et ailleurs. sans copier ce qu'il voit, cela lui permet parfois de penser à quelque chose qui n'a généralement rien à voir avec ce qu'il a vu. un léger mordillement de sa lèvre inférieure, alors que son air est sérieux. aujourd'hui, il n'a pas de mal à se concentrer; libéré de ses migraines quotidiennes. après une bonne poignée de minutes, chanwoo dépose son téléphone et se lève. les yeux fixés sur le miroir, sans aucune musique, il laisse son corps parler. il connaît la chorégraphie déjà en place, puisque c'est lui qui l'a monté. les gestes sont précis et élégants, il n'y a aucun doute, lorsqu'on le regarde se déhancher, sur la raison de ce statut qu'il arborait au sein de son groupe d'autrefois. danseur principal, il méritait amplement ce titre. la passion se ressent dans chaque mouvement perpétré. c'est fluide et si agréable à observer. il ne bronche pas lorsque la porte de son local s'ouvre. à vrai dire, il n'accorde même pas son attention à la personne qui le dérange et se contente de continuer à essayer certains mouvements devant son reflet. pourtant, la demoiselle s'attarde et les prochaines paroles le font s'arrêter doucement. il ne se retourne pas, se contente de la regarder de par le miroir. elle lui parle de façon informelle et cela le dérange. chanwoo est très à cheval sur les formules de politesse et ce même si mizue est née la même année que lui. les mois qui les séparent suffisent à ses yeux. "pardon, mais quelqu'un t'a permis d'être informelle avec moi?" c'est si sec, si tranchant; ça convient bien avec l'expression glaciale du jeune homme. en voilà une autre qui n'a rien fait lorsqu'il est tombé. et plutôt que de montrer que ça l'a blessé, à l'époque, il se referme comme une huître. elle fait partie de ces gens pour qui il nourrit une rancune tenace même après toutes ces années. c'est parce qu'il n'a obtenu aucun soutien à travers cette épreuve qu'il a pu plonger plus librement dans la dépression. et n'allez pas croire que chanwoo voulait qu'on soit d'accord avec sa consommation interdite, il désirait simplement quelqu'un pour le soutenir alors qu'il chutait.