elle avait troqué ses baskets contre de vieilles bottes de pluie, blâme sur les giboulées d'avril, météo capricieuse qui forçait les séoulites à rester chez eux et à s'enfermer entre les murs de leur appartement. areum, voyant l'occasion de ne pas croiser beaucoup de monde alentour, avait saisi sa chance et s'était précipitée à l'extérieur, en sachant qu'il n'y aurait pas grand monde en ville (ou à vrai dire, moins qu'à l’accoutumée), allergique à la foule depuis qu'elle était gamine. les précipitations ne l'effrayaient pas, la terre mouillée sur les chemins parfois sinueux qu'elle arpentait n'étaient pas appréhendés. et si on lui posait la question, areum aurait répondu qu'elle préférait marcher toute la durée de son trajet si cela avait été possible. seulement sa jambe (récemment abîmée par une mauvaise chute) la faisant souffrir, l'ingénue avait dû se résoudre à prendre le bus. alors elle se consolait en se disant qu'elle était probablement mieux abritée, et que le lieux de ses convoitises se dévoilerait à elle plus tôt que prévu. ce qui fût le cas. tandis qu'elle essayait avec peine de garder la capuche de son manteau sur sa tête, vent démon qui lui fouettait son visage déjà trempé, elle voguait péniblement en direction du bâtiment qui lui faisait de l’œil, elle et ses béquilles, boitement dont elle n'arrivait à se défaire que momentanément, douleur parfois éphémère, mais trop souvent présente, pour son plus grand malheur. areum n'avait jamais envie d'être un poids mort, on le lui avait suffisamment répété quand elle était plus jeune, alors de temps à autre, elle mentait sur sa condition, ou tout simplement, refusait les propositions qu'on lui faisait (les rares fois ou des sorties étaient suggérées à la demoiselle). frustration qui naissait toujours davantage, souffrance qui persistait, peine qui grandissait quand elle voyait le paysage des autres se parsemer de bonheur et le sien, toujours plus sombre, toujours plus triste. elle ne laissait cependant jamais le sourire faner de son visage, tentant de trouver des aspects positifs aux situations compliquées qu'elle affrontait en permanence. là, engouffrée avec difficulté dans le miraculeux ascenseur qui la mènerait au niveau inférieur d'une boutique de meubles, elle semblait peut-être heureuse, à voir la douce risette qui s'était dessinée sur ses lèvres. béquilles posées contre la paroi elle pianotait sur son téléphone, ne faisant pas attention à la silhouette venue s'immiscer dans l'espace réduit qu'areum partageait maintenant, abaissant la tête un instant pour saluer en vitesse sans pour autant lancer un regard, alors qu'elle avait déjà appuyé sur le '-2' des boutons se trouvant à ses côtés. une seconde, deux secondes, trois secondes... ils commençaient à descendre, mais le sursaut affronté au même moment la stoppa de ses pensées. l'ascenseur n'avait pas terminé sa course. arrêt inopiné. oh.