« … Qu’est ce c’est que ça... »

Une table, deux verres, un doux parfum floral et une décoration minimaliste. De tous les endroits où il s’imaginait passer sa saint valentin (grossièrement sa chambre ou son salon), le club hippique était clairement le plus improbable de tous.

Tout comme sa participation à cet évènement, en réalité, puisque son hyung avait clairement dit, mot pour mot « c’est un concours pour gagner une place de concert des red velvet » lorsqu’il signa ce document qui, rétrospectivement, semblait être beaucoup trop formel. Devait-il commencer à lire toutes les lignes des contrats qu’il signerait à l’avenir ? Très certainement. Devrait-il arrêter de faire aveuglément confiance lorsque ledit contrat impliquait son groupe préféré ? Jamais.

Célibataire en puissance, Junyoung était donc là où il ne voulait pas être.
Son appréhension était totale et il se refusa même de participer jusqu’au tout dernier moment, lorsque l’idée qu’il allait laisser son partenaire, seul, germa dans son esprit. Et c’était là la principale raison pour laquelle le natif de Busan était assis sur la plus inconfortable des chaises et dans le plus inconfortable des endroits : il ne voulait pas que J.L, innocent(e) de toute évidence, ne soit puni(e) par sa lâcheté.

Bon, en attendant qu’il ou elle ne débarque, Junyoung se caillait un peu les miches quand même. Et ce n’était pas les regards furtifs que lui jetaient parfois les deux énergumènes déguisées en Cupidon qui le mettait à l’aise. Ils n’allaient pas rester toute la journée, si ?
D’ailleurs, qu’est ce qu’il allait se passer maintenant ? C’était la première fois que Junyoung se retrouvait dans un blind date. Et il avait beau être un sacré beau parleur… Comment passer pour autre chose qu’un jeune ajhussi ??

Les minutes passaient et malgré tout, le seul compagnon de Junyoung restait la solitude ; regardant une nouvelle fois l’heure sur sa montre, le jeune homme se demandait si sa destinée n’avait pas décidé de lui faire faux bond ? Peut-être était-elle coincée dans les bouchons ? Ou bien avait-elle simplement oublié de se présenter à leur rendez-vous. L’ironie était réelle : il se retrouvait finalement dans la situation qu’il ne voulait pas infliger à son homologue… Peut-être aurait-il dû rester chez lui, après tout ?

Le coude sur la table et son menton posé dans le creux de sa main, le natif de Busan patientait calmement tandis qu’il regardait les news sur son vieux téléphone posé sur la table. Son attention était happée par son écran quand il entendit une voix qui lui semblait pourtant bien familière, l’appeler avec LE terme qui le mettait en pls et le faisait pleurer dans son sommeil. « Ajhussi ??! » répondit le - il est vrai - bientôt trentenaire. Il n’avait pourtant pas l’air si vieux !

« Lyn-shi ? » C’était un peu la surprise ; il y avait des millions de femmes en Corée du Sud alors quelle était la probabilité qu’il tombe sur une personne qu’il connaissait ? Incapable de cacher sa stupéfaction, le policier se leva et invita ensuite d’un signe de la main la jeune femme à s’asseoir : le pauvre semblait avoir perdu sa langue.
Puis il reprit ses esprits. Si c’était elle, il pouvait accepter le terme « ajhussi » ; elle l’appelait comme ça depuis leur première rencontre après tout.

« Désolé, je suis un peu surpris, je pensais sincèrement tomber sur une vieille madame… plus en adéquation avec mon âge » plaisanta le jeune homme, espérant ainsi dédramatiser un peu la situation. Il craignait l’inconnu mais savoir maintenant que c’était elle, son « date », était étrangement rassurant.
« Comment ça se fait que tu sois là, d’ailleurs ? Tu as perdu un pari ? » Sans savoir pourquoi, junyoung était toujours persuadé que Lyn était en couple, sans doute parce qu’il ne pouvait concevoir qu’une personne comme elle soit célibataire.