i’ll make it feel like heaven
but i swear i’m not a saint
and you won’t see the truth

voile levé de tes yeux, décision qui s'était faite sous le coup de minuit, te voilà qui s'était retrouvé les iris fixés sur l'écran brisé de ton téléphone. rejoint moi au café. ni plus, ni moins, sans sortir le on doit parler dramatique, bien que tu y avais pensé, dae. pendant un moment, rien qu'un moment, tu t'étais presque plié à l'idée de couper les ponts sous la forme d'un sms. cruel, sans coeur, l'mec qui n'avait aucune crupule à le faire, ce n'était pas comme si tu allais t'en vouloir des années plus tard, t'en avais rien à faire. pourtant, tu t'étais décidé contre. un dernier geste sympathique, ou l'envie réelle de ne (pas) faire du mal à hara ? peut-être que tu t'y prenais en avance, dae. c'était possible que rien n'allait marcher comme tu le souhaitais, mais tu refusais de te jouer de personne. ce n'était pas toi, t'étais respectueux, autant de toi que de ceux qui t'entourait. c'était possible que tu avais complètement perdu l'intérêt pour hara, mais voir quelqu'un derrière son dos et continuer de la faire espérer ? non. tu détestais ces situations, t'avais envie que ça se termine, que tu puisses retourner chez toi, mais tu te retrouvais là, devant le café, à attendre qu'elle arrive. certains penseraient qu'il serait justifiable de douter. après tout, ce n'était pas comme si tu avais attendu des semaines avant de te décider. et ce n'était pas vraiment une rupture. du moins, ce n'était rien de sérieux, avec hara. pourtant, tu cherchais déjà à trouver les mots pour t'expliquer sans décevoir, sans causer de trouble. et de ton regard qui se levait sur l'azur sinistre, ça assurait que ça n'allait pas être la meilleure des soirées. great. lèvres qui se pinçaient ensembles, jusqu'au moment où tu y posais le bout d'une clope. rares étaient les moments où tu fumais, mais aujourd'hui, c'était justifié. ennui mortel qui s'étirait plus les minutes avançaient, tu croyais enfin voir une silhouette s'avancer dans la nuit, mais erreur de ta part, une inconnue passait devant toi, l'éclat de rire résonnant loin derrière elle. et la seconde décision te venait, le mégot jeté négligemment au sol alors que tu t'avançais pour entrer dans le café. installé dans le fond, loin d'oreilles curieuses, tu attendais, guettais la porte et ceux qui y entrait.

and i think about summer, all the beautiful times,
i watched you laughing from the passenger side.
realized that i loved you in the fall.

la photo de l'être de ses pensées affichée subitement sur l'écran de son téléphone, notification apparue miraculeusement. se rejoindre au café habituel, celui dont elle connaissait le chemin sur le bout des doigts (route devenue quotidien), proposition qu'elle avait accepté sans la moindre hésitation. sentiment bienheureux de le revoir, lui, garçon qui lui manquait tous les jours un peu plus, et qu'elle se refusait bien d'admettre tout haut. pauvre gamine qui s'attendait à un tendre rendez-vous, hara n'avait jamais remarqué le vent tourner, bercée d'illusions dérisoires, et l’idylle lentement s’éteindre de l'autre côté de la rive. daeseong le bien-aimé, daeseong le bourreau. ensemble, ils n'avaient jamais véritablement considéré le sujet, se mettre en couple. alors parfois, elle s'autorisait à penser qu'ils en formaient un. parce qu'elle l'appréciait, parce qu'elle l'estimait comme un être important de son existence monotone, et probablement, parce qu'elle l'appréciait davantage que ses anciens copains. elle avait peur de ce qu'elle avait fini par ressentir au plus profond de son palpitant. et le mot rempli de sens, l'aveu de l'amour, n'avait jamais été prononcé de vive voix, ne s'était jamais échappé d'entre ses lippes. hara toujours confuse, hara aux sentiments compliqués, hara qui ne savait finalement jamais y faire avec les autres. trop énervante, froide, bien amère, mais peut-être aussi un soupçon fragile, trop fière pour montrer ses faiblesses. car l'amour, en était peut-être une. mais elle avait fini par y succomber elle aussi, peut-être sans le vouloir. ça l'effrayait autant que ça lui faisait du bien, sombre clarté de son âme à la dérive, qu'elle avait longtemps crue échouée, mais depuis quelques mois, qu'elle espérait finalement sauvée.

là, avec la lune pour seule compagnie – plus pour très longtemps -, voie céleste qui semblait veiller, elle faisait claquer les talons sur le sol glacé par la fraîcheur saisonnière. si son sourire était collé à ses lippes vermeilles, preuve de sa bonne humeur (momentanée !), elle ne pouvait s'empêcher de trouver l'ambiance cafardeuse, là, entourée du néant, comme un avertissement. présage d'un futur qu'elle n'espérait pas aussi heureux qu'elle l'imaginait, noirceur du moment, presque alarmant. elle ne se laissait pourtant pas décourager et continuait sa route, pianotant sur son téléphone un message à son petit frère, le prévenant qu'elle ne serait pas à la maison en cette soirée. les lumières du café commençaient à la happer, joie revenue lorsque hara rangea son téléphone dans la poche de son manteau et s'engouffra dans l'antre où le garçon l'avait conviée. regard sur l'horizon, le sourire doubla d'intensité lorsqu'elle finît par trouver la silhouette qu'elle cherchait, au fond, pour changer. salut toi. tu m'attendais ? malice contenue difficilement, hara arrivée jusqu'à la source de ses convoitises. et elle laissait ses traits s'étirer en un sourire, approchant doucement ses lippes de celles du garçon pour les capturer.

and then the cold came,
the dark days when fear crept into my mind
i gave you all my love
and all you gave me was "goodbye".

tu l'avais aimé, hara. sincèrement, fortement, momentanément. pendant un temps, tu avais cru qu'elle pouvait remplir le vide de ton coeur et y rester. pendant un temps, tu y avais cru, dae. peut-être que ça aurait toujours été le cas, si tu ne serais pas tombé sur chanwoo. pourtant, tu te trouvais là, à ce café où vous vous retrouviez toujours, sur le point de lui briser le coeur. à bien y penser, peut-être que ce choix de lieu n'était pas des plus judicieux. il était trop tard, la cruauté de tes mots allaient devoir faire à cet endroit, même si ça allait le ruiner. tu aurais pu te décider à lui envoyer un dernier message ou tout simplement ne plus lui répondre, mais tu tenais réellement à hara. tu avais conscience qu'à la seconde où tu allais lui dire que ça n'allait pas marcher, elle allait t'en vouloir pour le restant de tes jours, mais c'était mieux que de la lâcher, sans lui donner d'explication. le cliché ce n'est pas toi, c'est moi... elle allait te détester, c'était décidé. pourquoi ce soir-là, de tous les soirs possibles ? tu ne savais pas. le plus tôt possible, car tu n'avais pas envie de lui donner de faux espoirs ? peut-être. c'était le bordel, voilà tout, dae. c'était pour cette raison même que tu avais fumé cette clope avant d'entrer à l'intérieur du café, à t'installer là, au fond. à oublier les habitudes pour mieux garder l'intimité de votre conversation, du moment redouté qui te parvenait enfin à la vue d'hara qui poussait la porte, qui te rejoignait. iris qui se posait sur la jeune femme, un faible hey retourné sans le sourire, sans la chaleur. tu te manoeuvrais pour l'éviter, elle et ses lèvres, de cette première indice que quelque chose n'allait pas. la main posée sur son épaule, rien qu'un instant, avant que tu ne souffles un assieds-toi, s'il te plait, avant que tu ne baisses ta main, l'air sérieux. tu évitais de soupirer, l'ambiance inconfortable te rappelait la raison pour laquelle l'idée de lui dire au revoir via sms t'étais venu à l'esprit. et pourtant, t'étais là. faut qu'on parle, hara. et le voilà, le cliché, un nouveau qui s'ajoutait au compteur. tout ( tout ) hurlait l'évidence que tu étais sur le point d'avouer, il n'y avait pas d'autres raisons pour laquelle tu serais si froid, si distant. tu ne voulais lui faire du mal, mais avais-tu le choix, dae ?

les lippes vermeilles approchées du visage masculin mais jamais touchées par celles qu'elle désirait ardemment. baiser empli d'affection qu'il évitait. elle était démonstrative pour eux deux, hara, se savait plus gestuelle que daeseong, elle qui avait constamment besoin de sentir les autres, les toucher pour mieux les comprendre. et si hara était habituée à moins de manifestation d'émotions de la part du garçon qui se tenait face à elle (verbale ou affective), l'acte qu'il venait de faire était une découverte, refusant la proximité qu'elle avait initiée et qu'il détruisait en une fraction de secondes. premier affront. hara confuse, hara au sourcil arqué, devant la froideur interrogatrice du garçon qu'elle aimait. la main posée sur son épaule, le conseil (l'ordre) de s'asseoir, et la fameuse phrase qui résonnait jusqu'à ses oreilles. faut qu'on parle, hara. c'était le cliché, et la pire qui pouvait être dite, annonciatrice, presque à chaque fois, de mauvaises nouvelles. dans les films, dans les séries, dans la vraie vie. c'était toujours la même chose, les mots dits ne promettaient que des malheurs et une grande tristesse, qu'elle espérait (hara folle d'amour, ou terriblement naïve – pour une fois -) ne pas avoir à ressentir aujourd'hui. mais si la gamine commençait à prier secrètement, est-ce que finalement... la belle ne se doutait pas, au fond d'elle, de ce qui allait suivre ? la chaleur des lieux semblait s'évaporer en même temps que la lumière du soleil au dehors du café, fraîcheur lugubre, sombre qui s'installait peu à peu, présage que la soirée ne serait pas aussi étincelante que ce qu'elle avait imaginé. qu'est-ce qu'il y a ? question lancée, presque, pleine de confiance. tu me fais peur dae. mais ça, hara l'avait gardé pour elle. parce qu'elle n'avait ni envie de montrer ses faiblesses, ni le désir de se sentir impuissante devant la situation, scène qu'il avait initié dès le moment où il avait refusé sa preuve d'amour. il s'est passé quelque chose ?  non, probablement pas. en revanche, hara devinait qu'il s'en passerait une, et que cela ne lui plairait aucunement. à vrai dire, ça la terrifiait. elle n'avait pas envie de parler, souhaitait éviter l'affront et le moment fatidique, celui qu'elle s'appliquait à ne pas connaître. alors elle s'efforçait de faire ce qu'elle savait le mieux, changer de conversation pour éviter de parler de sujets qui la fâcherait. tu ne veux pas de mes baisers, est-ce que tu me laisses au moins te prendre quelque chose à boire ? le sarcasme qu'elle ne pouvait s'empêcher de lancer, subtil.