le crépuscule descendu sur séoul, il ne laissait place qu'aux nuages gris, du torrent qui tombait sur la capitale depuis des heures. au bout d'une ruelle, on pouvait apercevoir ta silhouette marchant hâtivement à travers la pluie. tu n'avais plus qu'une envie, xieren : te sortir de ce prédicament. trempé de la tête aux pieds et un brin ennuyé d'avoir eu l'idée de sortir alors que tu aurais pu rester bien au sec au sein de ton appartement, tu voyais enfin le bâtiment que tu rejoignais, le nightclub. gamin aux habitudes changeantes, ça ne t'empêchait pas de fréquenter cet endroit dès que tu le pouvais... et ce même si tu terminais souvent par te prendre la tête avec l'un des clients qui s'y retrouvait aussi. la raison ? l'alcool, évidemment. il ne fallait qu'un verre de trop pour qu'on soit offusqué d'un accident. et voilà, xieren, l'une des multiples raisons pour laquelle tu refusais tout simplement de boire. ridicule, que tu te disais. jamais que tu n'allais te baisser à ce niveau. même si c'était ironique de te voir dans ce genre d'ambiance, là où l'alcool coulait à flot... il y avait peu à comprendre, tu étais plein de contradictions. la porte poussée, alas, la pluie était loin derrière toi et après quelques minutes à passer d'un côté du club à l'autre, tu retrouvais tes potes pour la soirée. échange de plaisanterie, discussion de vos dernières escapades et conneries, ambiance changeante au gré des heures passées... petit à petit, il y avait ton propre monde terne qui s'effaçait, laissant place à des couleurs acidulées, à de la vie. gamin aux habitudes destructives, si tu refusais de toucher l'alcool, rien ne t'empêchait de te laisser planer sous d'autres substances encore plus addictives. hypocrisie à son comble, mais t'en avait rien à faire. ni de toi, ni de ce qui pouvait arriver. à ce point dans ta vie, rien ne t'importait. c'était faux, simplement tu ne pouvais le voir. tu avais perdu la plupart des gens qui avait laissé une trace, désormais... tu suivais le cours des jours sans te soucier de ce que tu allais faire le lendemain. à quoi bon ? tu t'étais relevé après tu-ne-sais-combien de temps que tu venais de passer sans écouter un mot de ce qu'on te disait, soufflant un besoin de prendre de l'air frais. tu avais parcouru un bout du nightclub avant qu'on ne te bouscule, le contenu du verre de celui qui t'opposait renversé à moitié entre toi et le sol. soupir qui s'échappait, tu avais fermé les yeux un instant, espérant qu'on allait pas poser le blâme sur ta personne. si seulement tu aurais su qui avait causé ce problème, xieren... tu n'aurais pas relevé les yeux. alas, tu te retrouvais devant minjun et ton regard s'était durci sévèrement, alors que tu ne soufflais qu'un seul mot. minjun. comment faire pour t'échapper le plus rapidement possible ? c'était la dernière personne auquelle tu voulais avoir une conversation. confiance brisée, il n'y avait aucun point de retour. tu refusais tout simplement.

Tu es le dernier à partir de la classe, c’est toujours ainsi depuis que tu as commencé ce nouveau travail. Tu n’es qu’un assistant et c’est justement là que ce situe toute la nuance. Tu fais le « sale » boulot comme on dit dans le métier. Mais tu ne comptes pas te décourager aussi vite, non, pas après tous les efforts que tu as fait pour en arriver là… et surtout, tous les sacrifices. Tu ne sais même pas si tu es vraiment heureux en ce moment, ton âme vacille du lundi au dimanche. Parfois tes lectures jouent un rôle majeur dans ton humeur, parfois morose, parfois enjôleur, tu aimerais juste pouvoir te contrôler un peu plus que cela. Parfois, il te suffit d’un sourire d’une certaine personne pour que tu retrouves ta bonne humeur… mais tu dois l’avouer, cela fait des semaines que tu n’as plus de nouvelles de ton admirateur. T’a-t-il trouvé ennuyant ? A-t-il trouvé quelqu’un de mieux ? Cela ne serait pas bien difficile, tu n’as rien pour toi. De toute façon, qu’est ce qu’il pourrait bien faire avec un mec comme toi, qui n’assume pas ses préférences sexuelles ? Qui a honte de ce qu’il est ? Bref, vous l’aurez compris, le moral n’est pas au beau fixe. Tu finis par quitter la pièce, ton sac en bandoulière et des classeurs dans les bras. Au beau milieu du couloir, tu te fais alpaguer par des étudiants, avec qui tu as noué des liens. C’est vrai que c’est le weekend et que la plupart des gens sortent – toi, tu t’apprêtais à rentrer chez toi pour squatter le canapé devant une série débile, sûrement en compagnie de ta sœur. Pourtant tu étais loin du vieillard pathétique que tu es en train de devenir, il y a de cela des années. « Allez, viens on va s’amuser ! Et puis, il serait temps de te caser ! » lance l’un d’eux. Tu sais, évidement, qu’il parle de filles, pourquoi penserait-il l’inverse. Tu roules des yeux puis fini par accepter, au pire des cas, tu fileras au bout d’une heure.

La nuit est tombée sur Séoul et te voilà apprêter pour cette soirée. Tu as le cul entre deux chaises, tu as envie d’y aller, de t’amuser – mais – tu as aussi envie de t’écrouler sur ton lit et dormir. Trop tard, tu es déjà en route, sous la flotte, quel temps de merde… personne ne voudrait sortir avec un temps pareil. Tu les retrouves dans le nightclub, ils ont déjà tous bien bu et toi, tu n’es qu’à ton premier verre. Il ne t’en faut pas beaucoup, pour que tu te sentes déjà chancelant. Tu t’amuses, tout du moins, tu essaies. Les filles autour de la table tentent des approchent, mais tu n’as pas vraiment le cœur a faire semblant. Alors tu te lèves et leur dit que tu vas aux toilettes. En fait, tu te diriges vers le bar et te commande quelque chose de plus fort, histoire d’atténuer cette douleur lancinante dans ta poitrine. Pourquoi, toi, tu n’y arrives pas ? Tu finis par te lever, trop vite, ton corps recule sans que tu le veuilles et percute quelqu’un. Tu penses halluciner, oui, c’est sûrement l’effet de l’alcool et des remords qui te rongent tous les jours. «  Xi... » bégaies-tu après avoir entendu le son de sa voix. Elle te percute de plein fouet. Pourquoi ce soir ? Tu n’es pas en état pour une telle rencontre. « Désolé… » pourquoi t’excuses-tu, au juste ? Pour ce verre que tu viens de renverser sur lui ? Pour la merde que tu as faite, il y a des années ? Ou simplement, parce que t’as foutu en l’air votre amitié parce que t’es un lâche et que tout avouer à ton meilleur ami t’était impossible. Tu as disparu de sa vie, avec tes secrets. Tu t’approches pour essuyer son tee-shirt, mais tu n’as rien pour le faire. « Vraiment désolé… tu veux mon tee-shirt ? » Tu n’as vraiment plus tes neurones en place, tu n’arrives plus à réfléchir à cause de l’alcool – mais aussi – parce que c’est Xieren.

tu n'aurais jamais dû quitter ton appartement, aujourd'hui. c'était mieux d'y rester et de ne rien avoir à faire que de se pointer le nez dans le club et d'y rencontrer minjun. de tous les jours où c'était possible, pourquoi aujourd'hui ? pourquoi maintenant ? encore un autre faciès qui te rappelait, xieren, à quel point on s'était foutu de ta gueule lorsqu'on t'avait accusé d'un crime horrible dont tu n'étais pas responsable. toi qui avait essayé d'aider une amie, rien que pour qu'on te lance aux lions. et de toutes les personnes t'ayant abandonné, de tout ceux dont tu t'en attendais le moins, minjun était en tête. mais en réalité, tu aurais dû t'en douter. après tout, t'étais con, en fait. de croire que tu pouvais lui faire confiance. il était aussi corrompu que les autres et ta rancune n'avait aucun fond. fallait oublier qu'un jour, tu lui pardonnes. ça n'allait jamais, jamais, arriver. parce que tu te souvenais que trop de ces journées passées à essayer de le contacter, minjun. tu lui avais laissé une chance lorsque tu étais sortie, lorsqu'on avait finalement décidé de rendre un peu de justice dans ce monde merdique. naivement, tu étais retourné le voir, lui et yejin. à te dire que c'était probablement une erreur qu'ils t'aient évités. et tu avais espéré que tout allait retourné comme avant, mais ce n'était pas le cas. ils t'ont abandonnés, lâchement, une seconde fois. et cette fois-ci, tu n'allais pas te laisser avoir encore une fois. t'es désolé ? un rire méprisant s'échappait de tes lèvres. fallait bien que je tombes sur toi pour rendre ma soirée encore plus misérable, que tu continuais en reculant d'un pas. j'ai pas besoin de tes excuses, ils ne valent rien. garde ton t-shirt, j'ai pas besoin de ton aide non plus. pourquoi n'étais-tu pas surpris, xieren? il empestait l'alcool, substance dont tu n'arrivais pas à supporter, peu importe la sorte. ça brûlait les neurones, rien ne t'étonnait à présent. tu devrais apprendre à contrôler ta consommation, clairement tu n'arrives pas à tenir l'alcool. tu ne mâchais pas tes mots, même à ce point, tu ne savais pas pourquoi tu ne t'étais pas immédiatement tourné pour partir. du contenu de son verre sur ta personne, tu n'avais plus qu'une envie : sortir de ce trou.