nuitée qui ne peut qu'éblouir les êtres les plus candides, du ciel parsemé d'étoiles, de la lune qui fait son apparence, plus belle que le monde même. aucun nuage ne bloque l'azur charbonné, pour le plus grand plaisir de la brunette qui s'avance tranquillement dans les rues de séoul. journée calme qui s'estompe en beauté, elle n'a pas conscience qu'une tempête gronde à quelques pas de sa personne, oeuvre de son rêve ou cauchemar se réalisant après tant d'années à espérer avoir quelque chose, ne serait-ce qu'un signe de vie de ce membre de sa famille qui n'est plus rien à ses yeux. non. à l'instant même, un sourire éclatant adorne les traits de son visage, tandis qu'elle fredonne les paroles de sa chanson du moment, smiley. ironique, qu'est le destin, de briser un moment si serein, pour réunir deux mondes discontinu, n'est-ce pas ? rien ne prépare haneul à l'espérance de sa jeunesse qui s'exauce enfin, parce qu'elle aurait tourné les talons, autrement. alas, sa bienveillance sera sa perte, le destin rattrapant les deux seuls âmes se trouvant en présence de l'autre. destin qui se manifeste d'un léger bruit, d'un objet tombant au sol qui attire le regard d'haneul. oh ? excusez moi, qu'elle s'écrit à voix haute, à l'encontre de l'inconnu, après s'être emparé du bracelet. vous avez fait tomber... votre bracelet. ses prunelles parcourent le bijou, alors que sa voix s'éteint, entre la confusion et la surprise qui la prend de façon si soudaine. dans sa main se trouve un bijou de famille, sans la possibilité que ça soit répliqué. difficile de le faire lorsque leur nom est gravé, il n'y a aucun doute que ce bijou est le produit de sa grand-mère. où est-ce que vous avez trouvé ce bijou ? qu'elle souffle d'un ton froid, la main portée sur son propre collier, l'autre refermé, contenant le bracelet. rares sont les moments où l'on peut voir le visage d'haneul aussi sérieux, sans l'ombre de sa douceur habituelle. nervosité qu'elle cache, elle refuse de croire ce qu'elle pense tout bas. d'une façon ou d'une autre, devant elle se trouve une personne : un bandit ou quelqu'un qu'elle s'est vouée à ne jamais pardonner, son frère. entre les deux, l'espérance qu'un inconnu se retourne gagne. répondez moi ! qu'elle rajoute, son coeur bondissant de sa poitrine, la peur au bout des doigts.

outfit ━ la fatigue. elle le frappe enfin. étendu de tout son long sur le matelas, nu comme un ver, l'esquisse d'un sourire étire ses lèvres. son corps est endolori et il n'arrive pas à se motiver pour se relever. il le doit pourtant, afin de pouvoir aller se doucher et retourner chez lui. ah. son appartement si triste et vide. qui lui rappelle sa solitude extrême. et à cette pensée, le sourire disparaît. il a encore bien moins envie de dégager. néanmoins, il finit par se résigner et tenter de se redresser. son corps est tellement faible qu'il doit s'y reprendre à quelques reprises pour enfin se tenir sur ses pieds. dans les douches, il laisse longuement l'eau chaude ruisseler sur sa peau. pendant un moment, il reste là, le regard dans le vide, à repenser à son existence. à quel point elle est insignifiante. il l'a vraiment foutu en l'air. et alors qu'il repense à son père et à sa petite soeur, soonki met sa tête sous le jet pour camoufler les larmes qui commencent à rouler sur ses joues. des sanglots étouffés le plus possible. le plus grand regret de sa vie et il le ronge. il les a abandonné. en vérité, il n'a absolument rien contrôlé et s'est vu refuser le droit d'aller les retrouver pendant toutes ces années. ils lui manquent terriblement, mais quelque part, il sait qu'on ne le pardonnera jamais d'avoir imité cette femme qu'il déteste plus que tout au monde. il est bien son fils, visiblement... un rire amer à travers la crise de larmes. le tout dure plusieurs minutes, avant qu'il ne réussisse à se calmer, puis à se laver pour finalement enfiler des vêtements propres. ses prunelles captent le bracelet qui ne quitte jamais son poignet et de ses doigts, l'effleure avec douceur. la seule chose qui l'attache encore à sa famille. un objet insignifiant aux yeux de quelqu'un d'autre, mais d'une immense valeur à ses yeux. un nouveau soupir quitte ses lèvres, tandis qu'il s'engouffre dans l'air extérieur. rabattant le capuchon de sa veste, sur sa tête, il enfourne ses mains dans les poches de son manteau de cuir et prend une direction aléatoire. tout pour ne pas rentrer chez lui et se retrouver seul. sortir sa main pour replacer ses mèches humides et se faire bousculer dans la manoeuvre. il ne remarque pas tellement que son bracelet n'orne plus son fin poignet. une voix s'exclame, mais il ne fait pas attention. enfin, jusqu'à ce que la demoiselle ne mentionne un bracelet. la panique le fige et il finit par lever son bras pour pouvoir constater de ses yeux qu'il a en effet perdu son plus précieux bien. doucement, il se retourne vers celle qui lui hurle dessus et il l'observe, la frayeur sur les traits. il l'analyse, tente de se convaincre que ça ne peut pas être elle. sa soeur. haneul. il en a la confirmation lorsqu'elle touche son collier du bout des doigts. "je ne l'ai pas trouvé, il m'appartient. il a été fabriqué pour moi." la voix est tremblante, mais les yeux ne quittent pas le visage en face de lui. son pulsant s'accélère, parce que soonki a peur qu'elle ne le lui rende pas. "j-je suis soonki."

et si elle aurait eu le choix, haneul. qu'aurait-elle choisi ? de lui faire face après maintes et maintes années à l'attendre, à le chercher, à implorer le ciel de lui ramener son frère et de fixer sa famille brisée ou de tourner les talons, de l'ignorer, de continuer à lui en vouloir sans même chercher à comprendre pourquoi il est partie si soudainement, sans avertir. il y a une intensité à cette rencontre soudaine, d'une part d'elle, elle s'y attend, la haneul. à ce que soonki se trouve devant elle. même après tant d'années, les chances qu'on ait volé ce bracelet sont moindres, même si tomber sur son frère l'est tout autant. elle s'est projetté à avoir cette conversation dans sa tête des années durant, pourtant maintenant qu'elle se trouve devant lui, elle n'a qu'une envie : fuir. parce qu'il y a ce sentiment de trahison qui l'empêche d'y trouver ne serait-ce qu'un point positif à l'avoir devant elle. et la brunette qui méprise la négativité l'absorbe entièrement, gamine trop blessée pour accepter son retour accidentel. inutile de se demander s'il a pensé à revenir dans sa vie, elle a décidé d'une réponse sans avoir son avis : si elle ne serait pas tombé sur lui, jamais qu'il n'aurait tenté de faire contact. sa peine se fait violence, tout comme sa rancune et elle refuse de lâcher le bracelet qui signifie autant pour elle, pour sa famille. est-ce qu'il le mérite ? à ses yeux, non. pas après l'avoir quitté sans un mot, il ne mérite pas de garder l'emblème importante de cette famille. je sais qui tu es. qu'elle souffle d'un ton glacial, de sa manière de parler qui change, haneul qui laisse tomber toute parole respectueuse, qui refuse de le voir sur le même niveau qu'elle. maintenant qu'elle a la confirmation de son identité, elle ne parvient pas à retrouver sa façade joyeuse, même pour un instant. comme si tu le méritais, ce bracelet, qu'elle souffle tout bas, secouant la tête. à l'effigie de la famille bae, c'est une moquerie de dire que ça t'appartient, quand tu nous a lâché comme des moins que rien, soon ki. elle prononce son prénom clairement, chaque lettre lui faisant l'effet d'un couteau lui transperçant la peau. gamine sanguine qui s'acharne sur celui qui se trouve devant elle, parce qu'elle ne veut montrer à quel point elle est blessée, malgré ses yeux brûlants, ses lèvres qui tremblent.

outfit ━ le battant qui ne se calme pas. que peut-il faire face à cette gamine qui a tant changé qu'il ne la reconnaît même pas? il essaie de ne pas trop trembler. il ne veut pas lui montrer que tout ça l'affecte terriblement. il pourrait tout lui dire, en vérité, alors pourquoi ne le fait-il pas? pour la protéger. le gang duquel soonki fait partie est bien plus dangereux qu'il ne le laisse penser. il ne voudrait pas que sa soeur y soit impliquée. la simple pensée de ce qu'ils pourraient lui faire subir l'écoeure. vu comment ils le traitent, il n'a aucune difficulté à imaginer ce qu'ils pourraient faire à haneul et c'est tout simplement inacceptable. ils ont déjà volé son innocence, il ne les laissera pas faire de même avec sa précieuse soeur. c'est donc à cet instant, en une fraction de seconde, que le jeune homme décide d'accepter sa haine et sa rancune. il préfère la voir saine et sauve. si l'air joyeux de la demoiselle s'est effacé pour ne pas revenir, soonki, lui, arbore un faible sourire en baissant les yeux. s'il continue de la regarder, les larmes finiront probablement par couler et il ne veut pas que ça arrive. même s'il a décidé de se taire, les mots lui font atrocement mal. son sourire, il n'a pas tardé à disparaître et ses poings se serrent doucement. il doit être fort. il le doit. pour sa soeur. pour sa sécurité. alors il relève la tête et il ne sait pas si elle saura lire dans son regard. "je sais." il le sait trop bien, même. elle n'a aucune idée de la culpabilité qui l'habite depuis. et elle n'en saura jamais rien. "pourtant, ça reste à moi que je le mérite ou non." en vérité, il est terrifié à la simple idée qu'elle ne lui rende pas son bracelet. c'est la seule chose qui l'empêche encore de sombrer totalement dans les ténèbres de son existence. l'aîné pince ses lèvres ensemble tandis que ses prunelles regardent brièvement l'objet encore dans la main de sa soeur. "alors... alors pourrais-tu me le rendre, s'il-te-plaît?" le désespoir se lit probablement au fond de ses onyx, malgré un visage qui tente de ne pas l'afficher et il lève lentement sa main, paume vers le haut. il prie si fort pour qu'elle ne tremble pas et elle ne tremble pas. le soulagement l'envahit quelques instants. si elle décide de le garder... soonki préfère ne pas penser aux conséquences de ce choix potentiel.