I. Enfant totalement unique dans leur monde, le résultat désépéré d'un couple qui pensait n'être comblé par l'arriver de leur progéniture. Couple sans rien, ils étaient prêts à partager le peu qu’ils avaient avec toi. Prêts même à tout faire pour contribuer à ton bonheur. De l’amour, c’est une bien chose qui n’a pas manqué malgré un père bien trop souvent absent, qui voguait à travers les côtes. Pourtant, tes souvenirs ne sont jamais teintés de tristesse à ce propos. Juste des rires et des sourires qui résonnent dans son esprit. Et c’était ce qu’elle préfère garder de lui. Tu aimais imaginer juste qu'il combattait vents et marées, monstre en tout genre alors qu'il n'était qu'un simple pêcheur. Ton père, Ton héros.

II. Ce père dont la dernière image que tu avais en tête était lui s'éloignant de toi avec son bateau, n’ayant pas oublié de te dire ces mots qui était cher à ton coeur. Je t'aime. Un énième sourire à son adresse, avec toute ton innocence, le gratifiant d'un simple Au revoir attendant comme à ton habitude son retour. Des jours, des semaines, des mois. Un aller sans retour. Naïvement durant des semaines, tu restais sur le port, scrutant l’horizon, espérant toujours apercevoir son bateau. Des jours, des semaines, des mois…. Petite fille qui était perdue dans un rêve qui ne se réalisera pas, elle a du accepter cette dure réalité que ton père ne la prendra plus dans ses bras. Quant à sa mère, elle se devait de garder les pieds sur terre pour penser à la façon dont elle pourrait élever son unique enfant dans ce pays dont la pauvreté et la famine était devenue maîtresse. La seule rentrée d’argent n’était plus présente, les denrées se faisait rare. Une seule solution pour elle. Partir. Loin au-delà des frontières imposées. C’était à son tour de rêver d’une vie meilleure pour sa progéniture. Ta mère savait que l’avenir de sa fille ne se trouverait jamais dans cette partie de la péninsule. Elle ne voulait pas que tu aies une vie similaire à la sienne, prisonnière de ce pays.

III. « Haeri. Il faut qu’on y aille. » Réveillée en trombe dans la nuit, les paroles posée mais ferme de ta génitrice te pressaient de faire ton sac avec ton strict nécessaire. Vous voilà à toute abandonner derrière vous. Votre maison, vos souvenirs... La seule vie que tes douze premières années n'ont connue. Pas-à-pas, vous longiez la route qui vous mènerez au nord avec la peur au ventre d’être arrêtées par les forces militaires. Emprisonées, exécutées. Les kilomètres qui sciaient tes petites jambes, tes mains brûlées par les températures glaciales et que ta mère serrait comme si sa vie en dépendait et tes larmes nombreuses bien que silencieuses qui humidifiaient ton visage. Cette nuit hivernale était définitivement ancrée dans son esprit. Chaque minute te semblait toujours être la dernière.

IV. Les heures enchaînées, et la fatigue omniprésente, vous finissez par atteindre votre but. Liberté qui se trouvait au-delà de ce long fleuve gelé. Prudemment, sachant que c'était quitte ou double, vous marchiez, glissiez pour rejoindre une terre, un nouveau monde. Une liberté.. Ou une semi-liberté. La règle d’or était la discrétion. Même mieux, l’amnésie. Paroles que lui répétait sans cesse votre passeur pour votre sécurité. Tu en viens donc à oublier toutes tes racines coréennes, tout cela pour ne pas retourner dans ce pays. Nouveau nom, nouvelle ville, nouvelle vie. Mais à cet instant, tu t'en fichais. Tu te disais que c'était le prix à payer. Étapes par étapes, avec d'autres clandestins, vous regagnez la ville portuaire chinoise. La ville de ta renaissance. Ne parlant pas la langue, tu avais interdiction de t'aventurer seule dans la ville. Tête brûlée, tu n'en faisais rien. Premiers flirts avec le danger qui se faisaient dans le dos de ta mère. Alors tu partais sans cesse à l'aventure dans la jungle urbaine. Comme une petite fille, tu étais fascinée par tout ce qui tombait sous ses yeux. Les multiples lumières qui éclairaient la pénombre et les vies qui grouillaient bien plus dans les rues contrairement à ta ville de naissance. Pour toi, c'était les plus beaux des paysages.

V. Ton épanouissement n’était plus un secret. Ta mère le voyait parfaitement et était heureuse de ce choix qu'elle a fait. Son objectif avait été atteint. Et elle savait qu'elle pouvait partir sachant que tu étais prête à te débrouiller sans elle. Maladie qu'elle a tut durant des années pour s'en aller loin de toi. Adolescence déjà bien entamée, tu deviens une autre adulte. Tu avais besoin de renouveau. Nouveaux papiers pour t'implanter dans la capitale. Ta vie était devenue un mensonge depuis bien longtemps, alors en toute logique, tes papiers finirent par suivre. Adoption fictive d’une nationalité qui n’était pas la tienne. Mais pour toi, ceci n’était qu’un énième détail. Ou plutôt une honte de devoir raconter ton histoire médiocre. C’était bien plus simple d’inventer une jolie histoire tout droit sortie de ton imagination. Puis s’il savait réellement qui tu étais, aurait-il prit le temps de s’arrêter sur ton chemin et te sourire au point de te faire chavirer. Non, il préférait de loin la petite chinoise qui vivait de multitude d'aventure.

VI. Ce même garçon qui semblait avoir vécu une vie faite de simplicité et de réussite. Une vie à l'opposé de la tienne. Quelqu’un de trop bien pour toi. Tu en étais persuadée. Lui ne l’entendait pas de cette oreille. Il se fichait de ton statut, de ce que ses proches disaient à propos de votre idylle. Il était l’héritier, toi la simple cendrillon des temps modernes. Au-delà des préjugés, il voulait devenir cette nouvelle personne qui est capable de t'aimer. Alors tu cédais, et trouvait une place dans ton coeur. Il t’avait permis d’avoir une nouvelle famille en Corée. Il te permettait pour la première fois de rêver sincèrement. Même mieux, faire partie de ses projets de vie. Comme ce projet fou de vous envoler en Europe avec la femme de sa vie.

VII. Une promesse qui devient réalité. Emprisonnés l’un et l’autre par un anneau à peine âgé tous les deux de la vingtaine. Un conte de fées qui commençait doucement. Finalement, tout était aussi bien épanoui dans ta vie et sur tous les plans au fur et à mesure que les années défilaient. Mais malgré cela, il semblait manquer quelque chose dans la vie de ton époux. « J’aimerais avoir un enfant ». Rêve qui était le sien… Non le tien. Tu n’avais que 24 ans, tu pensais avoir encore un peu de temps avant de songer à devenir maman. Égoïste, tu étais en projet de développer ton art, devenir enfin ton propre patron et avoir la fierté de voir certaine de tes créations sur des personnes. Mais voici le fléau d’être épouse d’un héritier de bonne famille. Perpétuer la tradition. Mais par amour, tu étais prête à faire ce sacrifice. Mettre entre parenthèses tes propres rêves. Tout simplement parce que son bonheur était bien plus important que tes petits états d’âme. Tentative sur tentative, vint au bout de plusieurs mois le fameux jour. Le plus qui se dessinait dans ce petit bout de plastique te remplissait de joie autant que ton mari. Doucement, cette idée, de devenir maman te plaisait un peu plus. Sensation étrange de te dire qu’une vie grandissait en toi. Mais plus les mois ont passé, plus ton impatience se faisait de tenir ton bébé dans les bras…

VIII. Un nouveau rêve en commun qui s’arrêtait brutalement. 4 mois… Seulement 4 mois avant de perdre cette partie qui grandissait en toi. Les mots des médecins résonnaient comme un écho dans ton esprit, prétendant de fausses excuses comme si cela aurait pu te consoler. Tu n’espérais qu’une chose : que la personne qui partage ta peine puisse sécher tes larmes. « Tout est de ta faute » mots assassins qu’il te balançait, insistant sur le fait que tu étais incapable de lui donner une seule chose pour le combler. Des mots que tu étais prête à pardonner, sachant que les émotions étant trop vives pour le moment. Bien que tu les trouvais si injustes. Ce n’était pourtant pas la dernière fois, qu’il te rappelait que tu as été incapable d’enfanter et tu étais la cause de cette fausse-couche. Des paroles tant de fois répétées que tu as commencé à te dire que c’était vrai… Tu n’étais que la seule fautive dans la perte de votre bébé.

IX. Culpabilité de plus en plus grandissante, la pitié de ton entourage t’exaspérait toujours un peu plus, jugeant eux-mêmes comment tu devais gérer ton deuil. Tu ne pourrais surement jamais le faire. Ta douleur était la tienne. Une chose que tu aurais voulu partager avec ton époux, mais une porte s’était fermée. Le problème mis sur la table n'était que source de dispute. Tu ne te rendais même pas compte de la taille du fossé qui se creusait entre ton mari et toi au point que la place que tu occupais désormais dans sa vie était minime. Mais il était trop tard quand tu t’en étais rendu compte. Tu avais la sensation d’avoir tout perdu et tout te glissait entre les mains. Et tu entrais dans une noirceur ne sachant plus comment gérer toutes ces situations. Ayant désormais un vide dans ton âme, le pansant avec de nombreux antidépresseurs.

X. Si, il te restait une chose. Ta passion. Tu n’étais capable de ne t'accrocher qu’à ceci désormais. Tentative de reprendre en main ta vie, tu sentais qu’il te fallait du renouveau, commencer dans un nouveau lieu où personne ne connaissait ton histoire, où tu ne serais qu’une simple styliste pour des idoles arrogantes, prenant même plaisir à les remettre à leur place. Et c’était beaucoup plus reposant que de te retrouver ton mari dont les paroles acerbes te détruisaient ou alors jouer les épouses modèles devant leurs proches et sa famille avec ce sourire idiot… Parfois, une petite voix dans ta tête te demandait les raisons pour lesquelles tu supportais tout ça… La crainte de te retrouver à nouveau seule ? L'habitude ? Ou même encore quelque sentiments présent à son égard ? Toutes ces réponses étaient bonnes.

XI. trivia mbti : intj ■ art lover, love painter ■ french, chinese, korean speaker ■ antidepressant eater ■ badly love ■ sadly sad ■ winter hater ■ scar hurt ■ 80% in high heels ■ wears their own creations ■ sleepless nights ■ working girl, hardworker ■ pretty liars ■ always undercover ■ acid tongue ■ fishes collector ■ plastic surgery a few times ■ retro future ■ golden jail ■ to get pregnant, a fear ■ alcohol little player