⊱ histoire

:: tw : allusion au suicide ::

février 2012, tokyo

il n'y a plus de jours après le mois de février sur le calendrier du jeune garçon. les pétales de cerisiers n'auront même pas le loisir de caresser ses joues. le lit est fait, le dernier salaire de babysitting a été reçu et il n'y a plus de mois de mars, ni de mois d'avril ou de mois de mai, tout a été arraché pour être balancé dans la poubelle juste à côté du bureau de sa chambre. c'était le matin de la fin il pensait, alors tous les yen récoltés il les avait mit dans une enveloppe en y écrivant "l'argent que je te devais". il avait économisé beaucoup d'argent mine de rien, ayant tout gardé ; l'argent de poche, il avait revendu ses jeux vidéos en plus de ses salaires. tout tenait dans cette enveloppe timidement posée sur le bord du lit avant de partir un peu plus tôt que les autres matins. il n'allait pas au collège et n'allait pas non plus nourrir les poissons comme il avait l'habitude de faire. ses pas l'avaient emmené près du grand pont où passait une rivière. ses souvenirs de cette journée après ça restent bien flou mais il se souvient avoir ressenti une tristesse insatiable pendant des mois et des mois. si le divorce de ses parents avait joué pour beaucoup le harcèlement perpétuel qu'il a connu au collège l'avait conduit à un point de non retour, il pensait. et ses yeux se sont ouverts dans une chambre d'hôpital où ses deux parents pour une fois étaient tous les deux présent, n'ayant rien d'autre que de la peine et des tas de questions ; quand est-ce qu'il avait commencé à vouloir partir. pourquoi est-ce que ça avait commencé. pourquoi est-ce qu'il n'en avait pas parlé. des tas de questions. c'était d'un chaos si calme dans cette chambre d'hôpital. c'est le souvenir qu'il en garde, un calme chaos. il se souvient que sa mère avait tellement pleuré ce jour là qu'en rentrant de l'hôpital quelques jours plus tard, il avait recollé le reste du calendrier qui était dans sa poubelle dans le bureau de sa chambre. il avait alors promit de ne plus jamais recommencer car la vision de sa mère effondrée ce jour là, le reflet avait été d'une douleur qu'il n'aurait jamais pu soigner. :: fin tw ::

août 2012, beijing

il n'était jamais venu ici auparavant. et l'été assommant de la capitale lui avait apprit la colère... à moins que ce ne soit sa rencontre avec le fils de l'amie de sa mère, lei avec qui il avait conversé tout l'été par correspondance sur internet. il avait réussi à le sortir de ses gongs, lui qui avait toujours eu un tempérament calme et indulgent. rien n'aurait pu laisser penser qu'un jour il frapperait quelqu'un. ryo était un garçon si doux après tout... mais les provocations du jeune garçon n'auront pas été sans conséquences. le deuxième jour de son arrivée à beijing ils se sont battu. mais secrètement. car il aurait été malheureux de devoir se quitter alors qu'une semaine n'était pas encore passée... l'air bien sot tous les deux devant la mère de lei, en tendant d'expliquer qu'ils avaient été sauvagement attaqués par un sagouin et un vieil homme sénile en même temps. quelles étaient les chances ? ils ne se détestaient pas vraiment. ce n'était que des enfants qui avaient encore du mal à s'ajuster, communiquer et alors se faire la guerre semblait être l'options la plus simple à l'époque. après deux semaines passées dans la capitale ryo était retourné chez lui au japon avec des larmes discrètes de se séparer de celui qui deviendrait son meilleur ami par la suite. naturellement, il n'aurait pas pu pleurer devant lui, ça n'aurait eu aucun sens. il n'avait jamais pu construire de lien d'amitié comme celui-là quand il était dans son ancien collège. il n'aurait jamais pu.

décembre 2016, tokyo narita airport

c'est la mère de ryo qui a obtenu la garde, alors elle a décidé qu'après le divorce prononcé en 2013 et après qu'il ait terminé le collège ils s'installeraient sur seoul. malgré tout ryo avait toujours gardé de bons contact avec son père que ce soit quand il lui rendait visite ou quand c'était lui qui allait au japon. il n'aurait cependant jamais pu le comprendre et prendre le temps de faire les choses comme sa mère l'avait fait. comme il s'agissait d'un nouveau départ, le jeune garçon avait décidé d'arrêter les cours par correspondance, que c'était un nouveau chapitre, et peut être un livre totalement différent de celui où avaient été écrite des atrocités sans précédent. cependant il les avait sincèrement pensées pendant un temps et par la suite il l'avait ressenti en marchant dans les couloirs les yeux rivés sur le sol avec des écouteurs dans les oreilles. cet étrange sentiment de n'avoir sa place nul part. mais avec le temps le goût des débuts des nouvelles choses, ce goût sans goût a fini par s'estomper et il s'est fait des amis. et de cette façon il a fini par se résoudre à fleurir de la façon dont on le connait tous actuellement ; solaire, souriant, un adorable petit plaisantin qui anime les foules par sa bonne humeur et son côté excentrique sans laisser deviner ses craintes et ses peines à quiconque.

février 2021, seoul

"le grand lei a été viré de la maison ?" il lance en tentant de réprimer un sourire, reprenant une expression neutre pour reformuler "non- t'as pas été viré MAIS... " il se contente de hocher la tête comme pour laisser deviner que la fin de sa phrase laisserait sous entendre qu'il s'était quand même fait virer. non mais peu importait au final, ça l'arrangeait ryo, depuis le temps qu'il envoyait des messages subliminaux ou direct pour qu'ils puissent faire cette coloc. il avait tout essayé, vraiment tout, il avait même parlé des voisines de pallier super canon qu'il avait mais non, le grand lei, le grand vizir était resté impassible. mais pourtant c'était arrangeant non ? ils n'auraient plus à se dire au revoir mais juste "merde" ou "bonjour" ou jouer aux jeux vidéos jusqu'à finir par tomber de fatigue. et puis lei pourrait servir de cobaye inconsciemment. récemment il avait acheté tellement de choses en ligne que parfois, dans le doute... "tu sais... misérable scélérat, j'ai une chambre de libre, laisses ton cv sur la table en partant l'ami. mais je peux rien te promettre, j'ai une pile d'autres candidatures à lire tu vois..." il lance d'un air faussement nonchalant poursuivant  "yah yah... tu sais faire des trucs sensas ? comme des acrobaties ou cuisiner ? non ?" il soupire et secoue la tête sans espoir avant de s'écrier revenant à son caractère habituel "CONGRATULATION BRO, WE'RE ROOMATES" il s'esclaffe en ajoutant "on vivra de ramen et d'eau fraiche... until our livers give up" et dans un élan de génie, car il a beaucoup trop de temps devant lui il pense tout fort "merde, ça veut dire que je vais enfin pouvoir rédiger un bro code !"