il était une fois, moi, sur une île de sable doré enlacé par la houle dans une maison de cristaux de paillettes et de pilules, encore moi-... pas d'histoire à la cendrillon à la belle aux bois dormant, à la blanche neige ou que sais-je, que nenni, que non non.  enfaite mon histoire repose surtout sur le fait de ne pas apprécier ce que l'on a s'il devait y avoir une morale, mais de toutes façons ce monde n'a ni morale ni vraiment de raison finalement... bon d'accord, ça va, je vous entend déjà râler "bon mais alors glob, tu la raconte ta putain d'histoire ?" mais déjà, respectez mon putain de prénom d'accord ? alors tout commence à jeju, dans une bonne ambiance enfaite, c'est cool quand on est enfant on en a vraiment rien à foutre de tout ; je m'en tire bien jusqu'à mes six piges où par un bel après-midi d'été je termine à l'hôpital après être tombée dans les escaliers ; panique à bord car je ne ressens rien du tout, tests après tests, un médecin après l'autre on me fait un diagnostique que je ne comprenais pas et qui pourtant a rendu ma mère très anxieuse à propos de mon existence ; ma mère à l'époque qui était une belle modele à la fin de sa vingtaine... ça n'aura pas prit beaucoup de temps pour que les cernes viennent s'installer sous ses yeux et qu'elle fasse une pause de tout. mais ce qui aura été une pause s'avèrera plus tard être simplement la retraite. mon père quant à lui, il l'a quitté il est retourné au japon, mais ça n'a jamais été à cause de moi... enfaite il est parti à mes trois ans et au moins jusqu'à mes dix-huit ans on se voyait une fois par an. alors c'était juste moi, ma mère et ses anti dépresseurs... ah, et ma maladie évidemment.

n'allez pas penser que je deviens un génie qui va marquer l'histoire, non je née mamie, des goûts de mamie, des habitudes de mamie, une dégaine de mamie et des cernes que je tiens de vénus quand elle m'a embrassé sur les yeux. et puis à l'école je suis une chiffe, vraiment on va se dire les choses comme elles sont non ? mais parcontre j'adore coudre, dessiner et créer des choses qui n'ont pas forcément de sens ; comme un chapeau pieuvre, une écharpe pour le pieds et tout un tas de conneries que ma mère a gardé dans une pièce comme un musée en mon honneur. une routine s'installe à la maison, je deviens chimique et solaire en avalant ces pilules, déjeuner, dîné, je redeviens chimique et solaire et j'ai l'impression que le monde m'aime bien finalement ; le traitement fait effet, le psy ne m'écoute probablement pas mais la vie est belle, je suis une enfant après tout.
puis passe le temps, le collège puis le lycée, passe le temps, les amis, les connaissances et les personnes simplement de passage, le stress des examens de fin d'année avant d'être lâché dans la nature du grand et vaste monde.

fini les voyages, fini la belle vie de riche déprimés, fini d'entendre ma mère pleurer dans le salon je décide sur coup de tête d'aller à seoul une première fois, simple voyage ; aller le matin, retour en fin de journée, et j'y découvre un nouveau monde, un monde pas comme les autres, et pur égoïste que je suis en écoutant carmen de lana del rey, je me dis que je pourrais vivre cette vie.

darling darling
doesn't have a problem
lying to herself cause her liquors top shelf
it's alarming, honestly how charming she can be
fooling everyone telling em she's having fun

peut être que je n'avais pas écouté avec raison les lignes d'après car le mois suivant je partais vraiment pour seoul avec mon diplôme, mon université et sans job, pensant réellement que la vie allait m'embrasser et me dire que tout se passerait bien. tout ne s'est pas bien passé, l'amie qui devait venir me récupérer à l'aéroport n'est jamais venue et le monde n'a pas cessé de tourner. je fête alors mes dix-neuf ans dans l'aéroport d'incheon avant d'oser me trainer dans le métro direction hongik university. hongdae. ma grosse valise et moi on attérit dans un espèce de karaoké miteux. ah je pensais gruger et dormir ici, moins cher que l'hôtel, canapé confortable eh bien non. plus beaucoup d'argent, carte bloquée, larmes de désespoir. la femme de la proprio me dit qu'elle a peut être un job pour moi. elle discute longtemps avec son mari et puis elle me montre le comptoir de l'accueil en me demandant si je sais gérer une caisse. je dis oui, même si je n'ai jamais travaillé de toute ma vie et elle me dit que si on lui demande, je suis sa tante et que j'ai quinze ans. j'ai donc quinze ans depuis cette année là et ça n'a pas changé depuis, tout dépend de la clientèle finalement.


je commence mes cours de design tranquillement, je loue mon premier apparement avec de l'argent sale durement gagné et les chansons de lana me rendent un peu malade avec le temps. au départ c'était dur et puis j'ai commencé à me foutre de toute cette histoire. et puis éventuellement je me suis sentie de plus en plus mélancolique sans les pilules avant de réaliser que je devenais juste moins solaire et moins chimique. puis ce stade passé, plus rien n'avait d'importance finalement. j'ai commencé à me complaire dans cette routine dans laquelle je suis coincée comme un mauvais noeud dans les mailles... et c'est drôle car tout le monde me dit que je m'en sors bien, convaincu de mon jeu d'actrice merdique quand je dis que je travaille dans un super karaoké et que j'aime ma vie. et bien tant mieux finalement. tant mieux si quand j'ai le nez qui saigne et que je dis que je ne supporte pas l'été on me croit. tant mieux si on pense qu'une nana qui bosse dans un karaoké peut s'acheter du chanel sans s'accrocher à la toile de l'araignée. tant mieux.

my white horses and my ivory almonds
i guess they really got the best of us didn't they ?
they said that love was enough but it wasn't
the earth shattered, the sky opened
the rain was fire but we were wooden

et j'écoute toujours les musiques de lana, je lis toujours les mails de ma mère en me disant que je pourrais revenir. mais j'ai l'impression d'être bloquée ici. de faire du sur place. tout me parait si insignifiant que j'ai envie de jeter une pierre dans la marre juste pour voir les reflets secoués, juste pour voir une petite réaction physique. la monotonie m'a déjà siroté et digéré depuis