this ain't the clean version
✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩Elle se souvient à peine de la cérémonie officielle chargée d'une ambiance nostalgie Mado, trop occupée à camoufler sous une
poker face, habituelle mais mensongère, la lueur de fierté irradiant ses iris empreintes de tendresse — face à ce visage fraternel au rictus discret ; parce que lui aussi, il avait fait de gros efforts pour tenter d'afficher une indifférence surjouée alors qu'il n'était en réalité qu'euphorie teintée de soulagement. Diplôme en poche sonnant le glas de la libération convoitée mais surtout, de la réussite. Une fin douce-amère pour un parcours loin d'être dépourvu d'embûches, elle l'a vu s’essouffler dans l'incertitude, rongé par l'inquiétude d'un avenir aux contours flous, s'est (presque) abstenue de commentaires cherchant à sonder ses projets et ses espoirs qu'elle devine déjà repoussés au rang d'illusions. Elle s'est fait patiente Mado, ou du moins l'estime, laissant s'écouler de longues semaines dans l'attente d'une révélation soudaine. Mais rien. Les journées s'allongent tandis qu'elle scrute derrière ses montagnes de bouquins l'inertie de ce frère supposé à la dérive.
Prompte d'une motivation présumée qu'elle craint de voir s'éteindre trop rapidement, elle a pris les devants - dans le secret le plus total - envoyant CVs (rédigés par ses soins) à la chaîne et poussant l'audace jusqu'à l'organisation d'un entretien parfaitement improvisé. Trop tard, comme à l'accoutumée, elle s'interroge sur les retombées d'une telle initiative, elle se persuade gonflée d'orgueil qu'elle a bien fait, se félicite même l'espace de quelques secondes — faisant preuve de trésors de concentration pour repousser cette petite voix parasite qui la prévient d'une catastrophe imminente. «
C'est l'affaire de quelques minutes ! » le ton faussement détaché sent fort l'entourloupe, elle a pourtant tout orchestré en prétextant un saut express dans un café près de l'arcade pour innocemment récupérer des cours auprès de ce camarade, vague connaissance bien trop curieuse à son goût. Le portait a été dépeint, brièvement avec minutions, la tenue préparée à son insu, hors de question qu'il ruine sa planification avec un jean troué jusqu'aux chevilles : elle ne laisse aucune place à l'imprévu.
A peine ont-ils passé les portes qu'elle la sent la prendre à la gorge, l'appréhension qu'elle repousse bon grès mal grès depuis leur départ de l'appartement, elle sait que la colère qui suivra aura tôt fait de ruiner l'après-midi post-querelle qu'ils s'étaient réservés — ces échanges marquant le début d'une trêve de toujours trop courte durée, elle peut déjà voir vaciller la flamme de leur bonheur fragile. Cette complicité trop rare à laquelle Mado se souvient vaguement avoir goûté, elle la bousille déjà forte de ses actions traîtresses qu'elle désire bienveillantes. Évidence grotesque : l'apaisement des mots abrasifs tantôt échangés dans le feu de l'action n'est que leurre. «
Le voilà ! » regard assuré en sa direction sa main s'accroche au poignet de Yuta qu'elle traîne vivement à sa suite, elle relâche aussitôt l'étreinte lorsque les salutations, quelques peu formelles, sont écourtées pour éviter toute maladresse révélatrice. «
Je vais chercher les boissons ! » échappatoire anticipée elle se précipite sur son téléphone dés le comptoir atteint.
- Citation :
- il est un peu particulier comme je t'ai dit.
s'il te pose beaucoup de questions c'est normal !
(fais l'effort d'être sympas stp j'ai besoin de lui pour mon rendu de la semaine pro)
je re asap
Dos à eux à quelques mètres d'une conversation qui ne lui parvient que par brides elle n'a jamais si fort tendu l'oreille pour capter des mots ici et là qu'elle s'efforce de raccrocher ensemble «
passion pour l'écriture » et «
jeune diplômé » semblent la rassurer, le palpitant s'emballe à chaque question frôlant l'intrusion embarrassante, mais ce n'est qu'à l'entente d'un «
romantique », bien sûr terriblement troublant hors de son contexte, qu'elle soupçonne la déroute amorcée, elle voudrait maintenir d'avantage le voile mensonger piégeant Yuta à cette entrevue et sait cependant qu'il est sur le point de s'effriter.