(( DAZZLING )) l'enfant-médicament, hyeryung était vouée à retarder le chaos annoncé. conçue comme la dernière chance pour un couple à la dérive. responsabilité trop lourde pour un palpitant si vulnérable.  et sa vie à commencée, dans l'égoïsme de son milieu ou l'implacable pouvoir domine leurs vies. tout ces destins agglutinés, des ambitions moribondes. hye ryung au sommet de sa tour d’ivoire, se fait princesse de son royaume onirique. couronne de lilas et rage au ventre, y a ce besoin d’exister au milieu de sa trop grande fratrie. celui qui la pousse à se rendre si vulnérable, si charmante, si aimable. y a pas de rêve plus grand qu’elle, on refuse rien à la belle enfant et ses lubies subites et éphémères. elle s'intéresse à tout, ne se passionne de rien. c’est qu’elle a trop l’habitude que l’argent de papa ne solutionne le moindre de ses désirs. elle repousse les frontières de l’ennui à coup de caprices insolents, méprise pour se sentir palpiter. vibrer. mais elle connait rien d’autre que ce bonheur là, l’amour décadent de sa famille-porcelaine, qui à bien y réfléchir s’est sûrement bâtie sur les fondations viciées du plus toxique des héritages.

(( PORCELAIN )) la fresque s’effrite. s’effondre. hyeryung a dix-huit ans. la dernière excuse s’efface finalement. la gamine est majeure, et le simulacre d’amour dans lequel elle a baigné prend fin brusquement. le divorce de ses parents, elle le supporte pas. un bouleversement pareil, on l'y a jamais préparé. pour la première fois, crier, se briser les phalanges sur le sol, ça sert à rien. personne ne cède, et les lois de l'univers ne lui appartiennent plus. sous ses yeux impuissantes, son monde disparait. première désillusion. happée par le vide sidéral qui suit l’enfance, hyeryung est perdue.

(( DUSK )) personne ne semble remarquer sa chute. ses lèvres brûlées. le whiskey au petit déjeuner. l’ivresse dans laquelle elle aime se plonger. ô douce soirées poudrées, immaculées. personne ne discerne les enfers qu’elle dissimule derrière ce sourire solaire. qui pourrait croire à son putain de malheur, avec son destin si outrageux. elle le maquille dans les bulles du champagne, dans la vapeur de ses addictions croissantes. des cendres de sa vie d’avant émerge la cruelle réalité. dans son monde pailleté ne nait qu’une intense individualité. l'angoisse masquée par un orgueil mielleux. elle se décide à s’enflammer. dernier panache et le sang qui bouillonne sous le fil de la lame. des lueurs de crépuscules, et hyeryung ne grandira jamais.

on lui a jamais appris à souffrir ❥ enfant trop gâtée, tempérament tempête trop souvent redouté. ❥ y a la douloureuse conscience qu'elle à échoué à réparer ce pour quoi elle est née. ❥ solitude qui la bouffe, l'idée qu'elle n'a personne à qui parler ❥ et l'orgueil qui redresse son buste, gonfle sa poitrine, étire ses lippes d'un rictus tordus. on y verrait que du feu. ❥ les apparences, ça compte. ❥ les excès qui s'accumulent pour répondre à un besoin de destruction ❥

hyeryung est brillante ❥ l'intelligence brute qui lui permet de parler cinq langues sans efforts notables. ❥ elle retient tout ce qu'elle lit. ❥ puis y a cette compréhension du monde, intelligence sociale dont elle ne sait pas faire usage. ❥ reste contemplative, solitaire et résignée à tout ce qu'elle croit ne peut pas changer ❥ humour tranchant et sourire enjôleur ❥ et tous les jeux qu'elle invente ❥ le rire qui s'envole et sa passion pour les oiseaux, qu'elle s'amuse à imiter quand elle est heureuse. ❥

elle s'enivre au champagne, fuit la conscience jusqu'aux frontières nébuleuses de l'esprit déchiré. inhale les vapeurs oniriques et tout ce qui peut imprimer des couleurs sous ses paupières irisées ❥ être high l'aide à maintenir l'illusion qu'elle va bien auprès des autres. parfois, la belle parvient même à se convaincre elle-même ❥ les autres, c'est la famille, les faux-amis, et ce théâtre ignoble dans lequel elle évolue ❥ trop vite amoureuse, et les refus qu'elle tolère pas. consommation instantanée des corps et des cœurs. ❥ puis la brutale réalité, que le bonheur ça s'achète pas, comme l'amour, et tout le reste. son conte de fée est étonnée ❥ y a ces non qui font bouillir son sang. ❥ chieuse et décadente, le dédain omniprésent, la pudeur de ses émotions soigneusement refoulées.

le soir de sa tentative de suicide, elle était défoncée. ❥ y a des périodes comme ça, où elle s'enfonce inéluctablement vers cet état irrémédiable, où y a plus rien à détruire d' autre qu'elle-même. ❥ son échec à mourir, elle en a jamais parlé. ça veut pas dire qu'elle pense jamais à recommencer, ça n'a rien réglé. mais ça a eu l'effet escompté. elle est plus seule pour l'instant.