La sueur collant à sa peau, les pensées qui fusent sans qu'aucune n'arrive à se démarquer des autres, piaillement incessant de voix qui lui détruise les tympans. Elle n'aime pas ça Katerina. 

Ses yeux bloqués devant la sortie maintenant condamné, elle reste pantelante. Mais très vite, son état d'immobilité s'arrête et ses jambes reculent, à chaque pas l'espoir de survivre, mais paradoxalement la peur de mourir. Mais elle n'a rien à perdre. Mieux valait essayer, que de voir sa vie défilé devant ses yeux sans même un geste de sa part pour continuer à rajouter de nouvelles photos à son album souvenir. 

Alors elle fuit, se heurte à nombres de personnes dans le même état qu'elle. Dans ce tourbillon incessant d'hésitation. Parce que l'on a le choix comme nous ne l'avons pas. Parce que ce sont vos amis écroulés par terre. Vos proches qui n'hésite pas à mettre en péril  leur vie pour la vôtre, parce que vous ne voulez par vous résoudre à les perdre. 

La coréano-russe arrive à se dégager de cette vague de personne recherchant la sortie, elle tourne en rond, s'arrête pour réfléchir. Attendez ? Une voie de libre ? Peut-être qu'une fenêtre peut s'y trouver. Pivotant à sa gauche elle court, elle court comme jamais elle ne l'avait fait. Un couloir lugubre s’annonce finalement devant elle. Épuiser, elle se laisse glisser contre le mur. Elle ne devrait pas s'arrêter. Au contraire. 

Mais elle est fatiguée Katerina, tout ce qu'elle veut, c'est rêver. Emmener par le train des rêves, elle veut juste être paisible, allonger dans l'herbe. Un papillon se posant sur son bras, le soleil caressant sa peau et une brise fraîche effleurant son visage. Elle est loin du danger. Oui, bien loin du danger.

les cris, les bruits de pas, les portes qui claquent, les carreaux brisés. il y a une tourmente de son autour d'elle lui faisant amèrement regretter d'être retournée dans la bâtiment. mais yon recherche ja et elle ne quittera pas l'endroit sans l'avoir trouvé.

elle ère un peu dans les couloirs, sent la chaleur frôler son corps et l'envie de faire demi-tour est imminente. l'odeur du cramé envahie son nez- elle n'est pas loin du feu et ferait mieux de retrouver la sortie. pourtant, son corps n'obéit plus à son cerveau. ses jambes s'avancent seules dans ce couloir désert. il n'y a aucun bruit. les vagues sons de panique ne sont que très lointain- presque dans un monde parallèle. yon avance lentement, ses yeux balayent le couloir et lorsqu'elle tourne à droite elle tombe presque sur le sol alors qu'elle se prend dans les jambes de quelqu'un d'assit.

c'est katerina (@byun katerina). son coeur palpite rapidement, la peur l'ayant attrapée soudainement alors qu'elle a imaginé un cadavre contre ce mur. mais non, katerina est en vie et elle ne pourrait être plus heureuse. « oh mon dieu, kate, tu m'as fais hyper peur. » elle relâche un soupir d'aise et se redresse. « on peut pas rester ici, ça sent vraiment le cramé et le feu est pas loin du tout. si on ne veut pas mourir asphyxiée il faut qu'on sorte. »

yon regarde aux alentours, cherche une éventuelle sortie mais il fait trop sombre et ce n'est pas le bâtiment dans lequel elle poursuit ses études. tout est étranger à elle. elle sent ses muscles se crisper dans une soudaine crise de panique mais la présence de katerina l'en empêche. elle doit s'occuper de la plus jeune, doit la protéger.

au loin, y'a un bruit d'extincteur qui tombe à terre qui résonne. yon redresse la tête, son coeur se claquant contre sa cage thoracique violemment. elle s'imagine mille et une histoire- un incendie criminel donc la personne au bout du couloir serait le meurtrier ? un élève transformé soudainement en zombie ? plus aucune pensée rationnelle ne traverse son esprit.

y'a une silhouette au bout du couloir.
yon se place devant katerina.

« c'est qui ? » sa voix tremblante brise le silence du couloir. elle a chaud, beaucoup trop chaud et la peur l'étrangle. elle a vraiment envie de sortir d'ici. elle sent déjà la fumée envahir le couloir, ça lui pique les yeux.

Tiens, elle entend des bruit de pas aux loin. Quelqu'un aurait-il eu la même idée qu'elle ? Sûrement, et ça l'enchantait bien. Mieux valait être plusieurs que seule dans ce genre de situation. Pourtant, ce n'est pas quelque chose que la jeune femme dirait souvent. Puis soudain elle sent une personne se prendre ses jambes, ouvrant difficilement les yeux, la jeune femme peine tout d'abord à reconnaître la personne qui se tient devant elle. Mais très vite, elle reconnaît les doux traits de Yon et une vague de soulagement la pris. Elle n'était pas morte. « Yon ! Désolé si je t'ai fait peur. Elle toussa violemment puis reprit d'une voix assez enrouée. Je t'en pris, dis-moi que tu vas bien. » Se relevant doucement, elle acquiesça les propos de la jeune femme. « Je ne sais pas s'il y a une issue dans ce couloir. Faudrait continuer à avancer et peut être qu'on trouvera une sortie. Enfin, j'espère pour nous. » Les mains qui tremblent sans qu'elle ne les maîtrise, Katerina, fait confiance à son aîné qu'elle voit bien crispé autant qu'elle l'était, elle l'admirait clairement pour ne pas le laisser paraître plus que ça. Chose qu'elle ne pouvait littéralement pas faire en ce moment si difficile et stressant pour elle.

Un extincteur tombant se fait soudain entendre, et elle se sent défaillir la jeune femme. Qui diable cela pouvait-il bien être. Elle n'arrivait même plus à penser correctement et l'odeur de brûler lui obnubilait l'esprit plus qu'autre chose. La brune se mettant à son devant comme un signe de protection, elle sentit un frisson la parcourir. « C'est qui ? » Que lança Yon d'une voix tremblante alors que la coréano-russe lui attrapa instinctivement le bras. Pourquoi était-elle sortie de chez-elle déjà ?

La danse infernale des flammes est fascinante. Hypnotisant, autant que l’éclat du briquet de Liam, qu’elle se plait à contempler chaque fois qu’il fait crisser le silex d’acier. Elle en oublierait presque le tumulte qui fait rage autour d’elle, et la fumée qui lentement vient agresser ses bronches jusqu’à l’en faire tousser. Et dans ce chaos terrifiant, Hyoyeon se sent étrangement apaisée, détachée de la réalité quasi-mortelle. Lorsque la porte se trouve définitivement condamnée par la chute d’une poutre de fer, qui autrefois portait les faisceaux lumineux qui illuminaient la fête, elle n’éprouve qu’une vague résignation, insensible à la panique des personnes qui l’a frôlent, l’embarquent dans leurs fuites comme une brebis docile.

Les couloirs leur offrent un refuge temporaire contre les flammes, mais pas contre la fumée qui s’insinue en tel un serpent âcre le long du plafond. La jeune fille commence vaguement à regretter d’être venue. Ni étudiante, ni même attachée à l’université, elle s’était glissée dans la fête en compagnie de Liam avec l’idée de profiter de l’alcool et du buffet gratuit. Leur gourmandise était âprement récompensée. Alors qu’elle ne connait rien du dédale qui s’offre à eux, elle suit éperdument les étudiants qui tentent de fuir, espérant qu’ils la guideront vers une issue.

Alors qu’elle courre en cadence, portée par la foule, s’interrogeant sur le sort de son compère, un coup d’épaule soudain l’expulse hors du flot pour l’envoyer valser contre la paroi. Sonnée, elle titube un instant et fini par trébucher, sondant le groupe à travers la brume dense pour repérer l’indélicat. Sans succès. Irritée, épuisée par une quinte de toux douloureuse, hyo reprend sa route, lorsque une flèche sur un mur indiquant la position des toilettes la fait se stopper. Elle bifurque dans un nouveau couloir et pousse la première porte anti-feu, qui résiste à sa tentative. Nouvel essai côté homme, cette fois le battant s’ouvre. Elle ferme le loquet pour maintenir la porte ouverte et se précipite dans la salle carrelée, ouvrant les robinets pour venir y détremper ses cheveux et son t-shirt. Elle en profite pour en déchirer en morceau – non sans difficulté – pour le plaquer contre ses lèvres.

En sortant, elle remarque un extincteur, qu’elle saisit, pleine d’espoir. Vide. Dépitée, elle le laisse retomber lourdement au sol et s’apprête à rejoindre le couloir principal, quand une voix l’interpelle du sens opposé. La jeune fille hésite, l’esprit vaporisé par la chaleur et le désarrois. Y a deux silhouettes au fond du corridor. Finalement la curiosité et une vague conscience la pousse à s’approcher des deux filles, visiblement inquiète. « Vous savez par où on peut sortir ? » Qu’elle lance de ça voit altérée par la fumée aux deux inconnues.