Il faut sortir de là. Il faut sortir de là. Mantra qui résonnait dans sa tête inlassablement. Comme s’il pouvait oublier qu’il était dans un bâtiment en flammes. Comme si. Mais normalement il n’aurait pas du s’arrêter. Chacun pour soi. Sauf que Siobhán n’était pas si froid, et inhumain que ça. Et il était parti aider Katerina. L’aider à se relever, sans qu’elle ne se fasse piétiner par les autres. Pourtant même si un merci aurait suffit, il n’allait pas demander non plus une reconnaissance éternelle, il s’était fait trainer jusqu’à une autre fille (@Junko Romee), presque en sens contraire de la foule.  Son bras toujours dans l’étau, griffes de la jeune femme, il ne s’attendait pas non plus à se faire incendier. « Mais vous êtes bien dans votre tête ou ça se passe comment ?! Vous n'êtes pas invincible et vous avez sûrement mieux à faire que de sauver des gens au risque de votre propre vie. Bande d'inconscients. ! » Trop rapide pour lui. Mais il avait compris le sens. Le renfrognant plus que nécessaire. Même si c’était Katerina et qu’il savait qu’elle avait le même type de comportement que lui. « Next time, I will let you down then. » Qu'il lui (@Byun Katerina) répondit d'une voix basse et légèrement acide. Ce n’était qu’un sarcasme habituel, de ceux qui pouvaient blesser ses amis alors que Siobhán ne le ferait pas. Et il espérait que Katerina le comprendrait là dessus. Elle n’avait pas eu l’air de s’en faire, les forçant avec l’autre étudiante à bouger, juste le temps de les asperger d’eau. Et il se serait presque plein l’irlandais, s’il n’avait pas compris le geste. Sauf qu’il n’était plus trois, mais quatre. À sa grande surprise, horreur, Wichian l’ami de Boo et son stalker personnel, venait de les rejoindre se permettant de réprimander Katerina. Se permettant de l’aider aussi si elle tombait de nouveau. « You alright? » Le regard planté sur lui (@Suwanwimolkul Wichian), Siobhán haussa les épaules. Il avait connu mieux comme situation. « I’m … okay I dunno. Did you see Boo? Hansol? Are they … outside? » Safe? Parce que même s’il pouvait se montrer acide, asocial ou encore méchant, il ne l’était pas l’irlandais. Et il s’inquiétait de ses colocataires et amis, espérant qu’ils n’avaient rien. « Couvrez au moins votre bouche et votre nez, et espérons que la sortie se libère vite. » Attrapant le foulard qu’il avait autour de son cou, il avait fait un effort minime pour bien s’habiller aujourd’hui, il prit la bouteille d’eau que le thaïlandais n’avait fini l’humidifiant un minimum avant de l’accrocher de nouveau sur lui, se couvrant le bas du visage avec. « You … Vous avez de quoi ? » Question dirigée vers les deux filles, il tenait vraiment à s’assurer que tout le monde était un minimum protégé.  

C'est flou, ça tangue, ça la pousse, puis soudain... L'eau perlant sur son visage blafard qu'on a noirci au dépôt de fumée, les remontrances de Katerina qui résonnent et sa seule autorité effacée par les voix d'appel à l'aide qui s'élèvent aux alentours. Le mutisme paralyse sa langue, ses sourcils, sous le poids de ce qu'elle croit entendre près d'elle, se creuse en une mine coupable « Mais vous êtes pas bien dans votre têt–Reste près de moi, reste près de moi!  Vous n'êtes pas  invin–Nam ton dos! et vous avez sûrement mieux à faire que de sauver des gens au risque de vo–NOAM! Par ici, c'est Ja! Bande d'inconscients! » Et ça crépite ce feu, ça étrangle cette fumée, ça opprime ces cris. Deux jeunes hommes l'accompagnent, mais elle n'a de yeux que pour le danger qui grandit, les corps qui s’agglutinent, le nombre de blessées qui ne cessent d’augmenter, les graines du chaos semées et une gangrène brûlante arriver et menacer le peu de sérénité qui lui reste. Pourtant il y a ce nuage acide qui les attaque, chatouille les nezs, arrache la trachée dans une caresse cruelle mais versatile et elle prend soudain conscience que même les plus proches de la sortie sont exposés, quand ceux en arrière doivent déjà tenter d'éviter les syncopes, il en devient difficile d'en réchapper – plus important encore ses proches y sont exposés. « You … Vous avez de quoi ? » Ils n'ont pas tous de quoi se couvrir la bouche et le nez, elle aurait sa manche, mais Katy... Le réflexe est vif, au niveau de la faiblesse d'une couture, la fente de sa robe, elle arrache une bande de popeline de sa cuisse, laissant sa sous-jupe la couvrir, c'est pas ici qu'elle aurait froide, c'est certain. Les morceaux plus ou moins déchiquetés, elle en tend un à Katerina, laissant les autres se servir. Amenant sa propre manche vers son visage, elle regarde l'assemblée commencer à sortir, pourtant, quelque chose dérange... Sa pensée agresse son visage qui se fronce dans une légitime angoisse ; car il manque des gens – il en manque tant ; Kaede, Armel, Yon, Ja...? Pourquoi ne les voit-elle pas? Ça cogite, ça se cristallise, ses scénarios les plus noirs dans un fracas se brisent – elle n'en resterait pas là. Attirant l'attention des trois autres, la main de sa unnie dans a sienne, elle lance trop clairement pour une langue enlacée de peur ; « Hey, hey! Katy! Katerina! Je vais aller voir s'il y a pas une autre sortie de secours quelque part, il ne peut pas n'y avoir que celle-ci dans un bâtiment pareil bon sang! » Jetant un regard autour d'elle, la voix oppressée d'une tristesse maculée, d'une peur affranchie quand dans son éternel optimisme elle y croit encore, quand dans son inconscience agréée, elle poursuit « Faut qu'ils arrêtent de pousser. Il y a trop de blesser, on risque de les perdre dans la foule, faut les faire passer devant, faut des gens pour résonner...! » Ses prunelles brillantes d'irritation supplient au monde qui s'agite d'aider celui qui succombe à ses côtés « Restez-là, j'promets de revenir vite. » et elle en a l'intention, pourtant sa raison tue, s'insurge silencieusement.

Des noms s'écrient, des noms se pleurent, des noms s'écrasent et elle se faufile entre les corps où certains coudes la battant sans conséquence affichée, les neurodules endormis d'une exquise adrénaline. La peur qui alimente sa cadence, il n'y a que les noms qu'elle devrait barrer de sa vie qui l'effrayent. Les flammes grandissent, les élèves se raréfient, elle croit en aider deux-trois à se relever, à se diriger et elle s'accoutume de ce monstre oranger qui se glisse lentement, le prend pour trompe l'oeil émérite quand essayer de le dompter serait pure folie. Un panneau EXIT semble s'être perdu dans les flammes « C'est pas possible » Mais soudain, ça s'arrache derrière elle, du renforcement au-dessus d'une porte, un câble alimenté rompt pour pendre et se balancer juste devant l'entrée des toilettes d'où des gens sortent. « ATTENTION!! »