Le coeur qui palpite à toute vitesse, alors qu'il repose sur le matelas de son grand lit luxueux. Tous ses membres refusent de lui obéir et une fine couche de sueur recouvre sa peau. Le souffle court est une autre preuve de l'exercice fourni, en ces derniers instants. Secoué par le plaisir qui ne semble pas vouloir partir, Soën tourne la tête vers son voisin avec l'esquisse d'un sourire sur les lèvres. C'est le visage de Soobin qui lui apparaît, lui qui est venu cogner à sa porte, ce soir. La majorité du temps, lorsqu'ils sont ensemble, les choses se terminent toujours par une séance sexuelle intensive. En réalité, le plus jeune apparaît devant lui expressément pour satisfaire ce besoin oppressant et le sportif ne saurait comment lui dire non.

Il sortait de la douche quand son cadet s'est présenté à sa porte avec la ferme intention de s'envoyer en l'air avec lui. Sans doute son habit n'a pas aidé à refroidir les choses, à vrai dire, et les voilà tous les deux allongés suite à leur petite séance sportive à l'horizontale. Chaque fois, l'étudiant en pédiatrie brûle sous le contact de ses mains et se décompose sous chaque baiser sur son épiderme envieux. Puis c'est toujours mieux de s'occuper l'esprit et le corps de cette façon que de se retrouver seul avec ses cauchemars et ses insomnies. Toutefois, la présence de Soobin chez lui signifie donc une nuit blanche, légèrement honteux de ses troubles du sommeil incontrôlables.

"Il s'est passé quelque chose pour que t'y ailles autant à fond? J'peux carrément plus bouger un seul muscle tant je suis épuisé." Le ton est à la blague, mais la vérité, c'est que Soën a probablement un peu trop apprécié de se faire dominer de la sorte. "Par contre, c'était divinement bon. Probablement un peu trop bon, d'ailleurs..." Il lui tire doucement la langue avant de retourner à la contemplation du plafond de sa chambre à coucher. Son épiderme frissonne doucement, alors que la tension et la chaleur se dissipent lentement. Les battements de son coeur reprennent également un rythme plus normal et son souffle s'apaise. "Soobinie..." Une simple expiration. "Tu comptes m'aider à me laver, j'espère?" Rictus amusé aux lèvres, alors qu'il continue de fixer un point invisible au plafond.

Essoufflé par l’effort physique, les nerfs encore à vif, tu te redresses dans le grand lit. Le corps de l’amant étendu à ton côté, témoin d’une rage que l’on a désespérément cherché à calmer. Car c’est bien la rage le motif premier, mais l’aîné, lui, t’a ouvert en portant si peu d’habits que tes intentions ont changés. T’étais venu te plaindre, t’étais venu râler, au final ta bouche aura accompli bien d’autres succès. Il a cet effet sur toi, Soën, celui de te faire tout oublier à la simple vue de sa peau nue. Assis et pas peu fier, tu contemples le résultat.

Pourtant une grimace fend ton visage, alors tu t’éloignes, cherchant ton pantalon, ou plutôt ce qu’il contient. Le paquet de cigarettes récupéré, tu reviens t’asseoir avec la ferme intention d’en griller une. Sur la table de chevet, tu abandonnes ton briquet non loin d’un cendrier qu’il laisse sûrement exprès pour toi. « Trois fois rien... Juste un putain de connard qu’est venu faire chier. » Ta main libre se perd dans ses cheveux. La mâchoire se crispe, tu repenses au triste état de ta FK8 garée en bas. Rien que de la tôle froissée, mais ça te fait chier.

Amusé par le commentaire, tu souffles ta fumée plus loin : « À t’entendre on croirait presque que tu t’en plains ! » la clope encore fumante rejoint les cendres tandis que tu fonds sur son cou. Parce qu’un simple baiser ne suffirait pas à l’embêter, c’est avec l’intention de laisser une marque que tu maltraites l'épiderme. L’expiration t’amuses au moins autant que la question t'arrache un sourire, sans bouger de ta cachette tu ajoutes : « Fais gaffes, je pourrais le prendre comme une invitation. » moqueur, tu continues : « Mais je dois me tromper. T’es bien trop crevé pour un second round, non ? »

C'est une grimace qui se dessine sur ses traits lorsque Soobin se lève pour aller chercher ses cigarettes. Pourtant, il en profite également pour laisser ses prunelles glisser sur sa peau nue, appréciant particulièrement la vue. Une fois de retour dans son lit, la clope entre les lèvres, Soën fait savoir son mécontentement. "C'est pas parce qu'il y a un cendrier que tu dois fumer à l'intérieur." Pourtant, l'intonation ne se fait pas sèche, juste suppliante. Il n'a pas réellement envie que son appartement empeste la fumée de cigarette.

"M'en plaindre? Jamais de la vie. Par contre, toi, tu sais ce qu'on dit? Fumer après le sexe, c'est une preuve que c'était pas satisfaisant." Oui et non. La cigarette sert à combler ce que le sexe n'a pas su combler, apparemment. Il se souvient d'avoir lu ça quelque part, mais la vérité, c'est que ça ne le dérange pas réellement. Ou peut-être qu'il ne veut pas se l'avouer. "J'pourrais me sentir offusqué, tu sais, mais même pour ça, j'ai pas assez de forces." Faible rire s'échappe de sa gorge, alors que son corps lui dit clairement que son corps lui fait mal.

Puis il y a son cadet qui fond sur son cou, le martyrisant sous ses lèvres et ses dents pour lui arracher un couinement. "Tu rigoles, j'espère?? Je sais même pas comment je vais réussir à me lever. Par contre, j'peux faire un deal avec toi." Le sportif réussit à lever son bras pour poser sa main dans la tignasse sombre de Soobin. "Si t'arrives à faire en sorte que je tienne debout sans trop de mal, tu peux me baiser dans la douche. Mais faudra pas t'attendre à une participation exceptionnelle de ma part." Un nouveau rire lui échappe, tandis que ses doigts massent doucement le crâne de son amant.

La remarque te parvient alors que tu allumes tout juste ta cigarette. Les bras loin du corps désignant ta tenue d’Adam, tu lances : « Pas de souci, je sors. » un sourire vilain sur tes lippes : « J’suis persuadé que tes voisins apprécieront la vue ! » Tu ne quittes pas le confort de la chambre pour autant, s’il était vraiment incommodé, il t’aurait déjà chassé. Pas sûr que tu retiennes pour les prochaines fois, mais tu en prends bonne note. C’est étrange de te voir fréquenter plusieurs fois la même personne, d’autres s’y sont essayé ; ils n’ont plus que les yeux pour pleurer. Mais il y a quelque chose chez Soën qui te pousses à revenir, encore et encore.

Pour une raison ou une autre, son affirmation te pique : oui, c’est toi qui le prends mal. Mâchoire crispée. Heureusement, la suite de son propos réveille l’envie de jouer. L’insatisfait cherche à se venger. Une main se perd sous sa cuisse, prête à le retourner s’il continue de te chercher. Tandis que tes dents vampirisent la peau de son cou, tu réponds au début de sa phrase : « Sounds like a you problem. » Les choses se pimentent en quelques mots de sa part, on dirait qu’un second round se profile plus vite que prévu. Regain d’intérêt, l’agacement s’efface au profit de l’amusement : « Ouh... T’es sûr de vouloir faire un deal avec moi ? Ça peut te coûter cher tu sais. »  

Le regard joueur, tu te redresses pour le surplomber. Un sourire en coin, puis quelques baisers sont abandonnés sur son avant-bras ; celui-là même qui t’offre des caresses. Et la sentence tombe : « Deal ! » Une idée traverse ton esprit et transparait sur ton visage avant que tu ne l’embrasses. Une suite de baisers de plus en plus longs, juste de quoi faire monter la température. C’est après avoir retenue sa lèvre en otage que tu poses enfin la question qui brûle les tiennes : « On t’as déjà menotté ? » ô bien sûr tu ne disposes pas d’un tel accessoire, ça sent la ruse à plein nez. Sur le même ton, ajouter : « Tu me fais confiance ? »