i'm way too sad to dance

-- ft  suho

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(outfit) Un sourire factice sur le bout des lèvres pour préserver les apparences, des réponses polies qu’elle servira à la mère de son petit-ami lorsque celle-ci fera mine de s’intéresser à elle durant le reste de la soirée après avoir appris en direct pourquoi Aran était constamment dans les parages, dorénavant. Ce n’est pas qu’elle fait semblant de bien l’aimer la pauvre dame, Aran s’imagine même qu’elle ne la déteste pas dans le fond, mais il y a quelque chose qui ne va pas. Un truc semble s’être brisé depuis que la mère de Suho a appris que l’ancienne chanteuse vivait ici à plein temps, que son fils adoré avait acheté cet appartement dans le but précis d’y vivre avec sa petite-amie depuis le début sans la prévenir en amont.

La soirée qui se passait si bien jusque-là,
A alors pris un terrible tournant.

Aran qui était si joyeuse de recevoir sa belle-mère ce soir, de pouvoir lui préparer quelque chose de bon à manger, de lui prouver qu’elle est capable de bien s’occuper de son fils s’est retrouvé très vite à se sentir de trop à cette table. Elle s’est faite toute petite, n’a pas pipé mot lorsqu’elle a remarqué le regard furtif de Madame Yi remplis de déception envers son fils. Elle s’est juste renfermée sur elle-même, s’est contenté de parler le minimum et de laisser la mère et le fils se retrouver en tête à tête alors qu’elle se trouvait un maximum de tâches inexistantes en cuisine en ressassant. Et puis est arrivé l’heure pour Mme Yi de s’en aller, une brève accolade faite et voilà qu’ils se retrouvent à nouveau que tous les deux en tête à tête dans cet appartement qui semble de nouveau lui appartenir qu’à lui. Car finalement, personne ne se réjouie de la nouvelle, personne ne semble trouver que c’est une bonne idée qu’elle soit ici avec lui. Même lui, n’a pas eu le courage d’en parler. Et c’est surement ce qui lui fait le plus de mal à Aran. C’est ça, le fond du problème. Il n’a pas su lui dire les choses, se doutait certainement de sa réaction, finalement.

Et forcément, elle est déçue.

Elle a l’impression d’avoir pris la mauvaise décision, aurait certainement dû écouter sa propre mère plutôt que de s’embrouiller avec elle lorsque celle-ci, lui a dit que c’était une mauvaise idée, qu’ils étaient trop jeunes pour ça. Elle a la gorge nouée, range bols et assiettes propre dans chaque placard en sentant un poids énorme pesé au creux de ses entrailles. Elle sait qu’ils vont devoir discuter mais elle repousse le moment, sait qu’elle ne va pas pouvoir y échapper bien longtemps car elle entend les pas de son petit-ami se diriger vers la cuisine. Et avant même qu’il ne dise quoique ce soit elle dit :

- J’ai tout rangé c’est bon, du coup je vais me coucher... Je suis fatiguée.

Pas de façon virulente, ni même avec rage comme elle l’aurait certainement fait fut un temps. C’est juste de la tristesse, de la déception de voir leur proche ne pas comprendre leur décision de se rendre compte que ni Suho lui-même ne croit réellement en leur relation, finalement. Alors elle le contourne, se dirige – fuis vers la chambre sans dire un mot de plus.

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-- ft  arana

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(outfit) Tout avait pourtant bien commencé. Lorsque sa mère est arrivée chez lui, ils se sont pris dans les bras comme ils le font toujours ; elle en a fait de même avec Aran, avant de s’installer avec eux au salon pour discuter un peu en attendant que le dîner ait terminé de cuire. Enfin, Suho pensait que tout avait bien commencé. Car il n’avait alors pas vu la surprise fugace qui a traversé le regard de sa mère en apercevant Aran dans son dos. Il n’a pas remarqué non plus ses yeux curieux posés dans chaque recoin de l’appartement, à songer que les pièces étaient bien mieux meublées et décorées que la dernière fois qu’elle était venue.

Alors ça l’a pris un peu de court, lorsque sa mère leur a demandé de but en blanc s’ils vivaient ensemble. Car cela fait des semaines qu’il repousse cette discussion – depuis que sa petite amie en a parlé à sa propre mère, en réalité, qu’il a vu combien cette dernière semblait fermée à l’idée. Il redoutait un peu trop que sa mère se montre aussi peu encline à les soutenir, et a préféré éviter d’avoir à gérer les deux crises en même temps. Mais aujourd’hui, il s’est vu confronté directement à cet aveu, et les regards de sa petite amie et de sa mère pesant sur lui, n’a eu d’autre choix que de lui dire la vérité. Il l’a pourtant dit avec le sourire, Suho ; lui a avoué que c’est dans ce seul but qu’il a acheté cet appartement, à la base – mais cette fois, il n’est pas passé à côté de l’ombre qui a traversé le regard de sa mère, a bien vu son expression changer soudainement. Exactement comme il le craignait.

Et de là, l’ambiance a drastiquement changé dans la salle à manger. Malgré tous ses efforts pour faire bonne figure et continuer à parler comme si de rien n’était, il a vu sa petite amie se renfermer ; a lu dans le regard de sa mère qu’elle n’allait pas en rester là, et qu’elle aurait des choses à lui dire dès lors qu’ils seraient seuls. Et cela n’a pas tardé à arriver, puisque Aran n’a alors cessé de déserter la pièce – à peine s’était-elle éclipsée que sa mère a commencé à lui parler à voix basse, et malgré les protestations du brun qui refusait de parler de Aran alors qu’elle était dans la pièce voisine, susceptible de surprendre une parole à tout moment et de mal l’interpréter, cela n’a pas arrêté sa mère. Elle est revenue sur les évènements de ce début d’année, cette sale période qu’il aurait préféré oublier, qui lui a fait serrer les dents à peine sa mère l’a-t-elle mis sur le tapis. Elle s’inquiète pour lui, sa mère, craint trop que sa petite amie lui brise le cœur comme elle l’a fait quelques mois plus tôt, redoute de voir son fils dans le même état que lorsqu’elle est venue le soutenir l’hiver dernier. Elle la pense instable, et c’est à partir de là que Suho arrêtera de l’écouter, car c’était le mot de trop – que ça reste sa mère, donc il ne peut pas couper court, mais il se contente de la laisser parler sans l’écouter ; fixe un point invisible entre ses deux mains croisées sur la table plutôt que de la regarder elle. Il faudra que Aran revienne dans la pièce pour qu’elle arrête de parler, et l’ambiance est encore plus bizarre car Suho est désormais encore plus contrarié, et la soirée ne s’éternisera alors plus très longtemps avant que sa mère ne rentre à l’hôtel. Il prend alors le temps de ranger un peu le salon, redoutant un peu sa prochaine discussion avec Aran ; regagne la cuisine, les quelques verres et ramequins de l’apéritif dans les mains, pour trouver sa petite amie en train de terminer de tout ranger. Il entrouvre la bouche, mais n’a pas le temps de formuler un mot que déjà, elle annonce aller se coucher, avant de se glisser entre lui et le cadre de la porte pour prendre la fuite. Et ça l’inquiète un peu, Suho, de la voir aussi calme lorsqu’elle est si clairement contrariée – cela ne lui ressemble pas, et il sait que si elle ne crève pas l’abcès, ça sera à lui de le faire. Alors il pose précipitamment ce qu’il tenait sur le plan de travail et referme doucement ses doigts sur sa main pour la retenir.

- Attends, Aran.

Il pince un instant les lèvres, lui demande :

- On peut parler un peu de ce qui s’est passé ?

Le brun qui vient alors se caler contre l’un des plans de travail ; braque ses yeux ronds sur le visage de sa petite amie, hésite un instant, ne sachant pas trop comment aborder le sujet.

- Ca s’est pas vraiment passé comme on aurait voulu, hm… ?

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-- ft  suho

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Elle espère qu’il ne va pas la retenir, ne cherchera pas à discuter de cette horrible soirée lorsqu’elle lui annonce qu’elle va se coucher, simule une fatigue extrême qu’elle ne ressent absolument pas en réalité. Car elle est contrariée, triste, surtout. Dans sa tête, se rejoue les palabres de sa propre mère, les reproches qu’elle lui aura fait au téléphone et les regards insistant de celle qu’elle considérait comme sa belle-mère – peut-être trop rapidement ? envers son fils. Elle n’a pas tout entendu Aran, même pas grand-chose en réalité. Mais elle s’imagine très bien le discours qu’elle a pu tenir lorsqu’elle n’était pas avec eux. Elle en a eu un léger aperçu à un moment donné, quand elle s’est avancée vers le salon pile lorsque celle-ci utiliser le mot instable pour la décrire. Elle a eu un mouvement de recul, s’est attardé encore quelques minutes à l’intérieur de la cuisine pour encaisser ces propos.

Et pourtant elle ne lui en veut pas,
Ne ressens pas de la colère envers ni envers Mme Kim.

Elles ont l’expérience de la vie après tout. Si elles se méfient, c’est car elle a leur donné des raisons de s’en méfier. C’est vrai elle a été instable, que leur relation n’a pas toujours été au beau fixe au cours des dernières années. Elles n’ont pas confiances et c’est de leur faute. Ils auraient certainement dû réfléchir avant. Et alors qu’elle s’apprête à quitter silencieusement la pièce, il la retient comme elle l’appréhendait. Elle n’a pas envie de parler et pourtant elle y est forcée, se laisse conduire vers l’intérieure de la cuisine et le regarde prendre place contre le plan de travail sans dire un mot. Elle croise les bras sous sa poitrine, le laisse prendre le lead de la conversation et hoche faiblement de la tête lorsqu’elle se sent obligée de répondre :  

- Au moins tout le monde s’accorde à dire et penser que c’est une mauvaise idée...

Et c’est certainement ce qui la rend aussi triste, que personne ne croit en eux. Est-ce que l’amour ne se ressent pas entre eux ? Est-ce que les épreuves qu’ils ont passées ensemble ne sont pas déjà le gage d’une relation sérieuse ? Elle remet tout en doute Aran, comme toujours les paroles des uns et des autres arrivent à s’immiscer dans son crâne, semer le doute, là où elle ne l’avait pas.

- Pourquoi t’en a pas parlé à ta mère... ?

C’est la première question qui lui vient en tête. Car elle n’arrive pas à comprendre, n’arrive pas à saisir ce qu’il comptait faire en laissant la situation s’installer comme ça. Elle en vient à se demander si lui aussi s’est mis à douter de son choix, si lui aussi s’est vite mis à regretter de l’avoir emmener ici, de lui avoir fait découvrir cet appartement.

Elle a le cœur qui bat,
L’impression que son monde entier peut s’effondrer.

Elle a peur de sa réponse, ne sait pas à quoi s’attendre en posant cette question mais elle le fait quand même, cherche à comprendre pourquoi il n’a pas réussi à dire les choses à sa mère.

- Tu savais qu’elle réagirait comme ça, hein ?

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-- ft  arana

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Il n’a même pas ouvert la bouche que Aran semble sur la défensive, les bras croisés sous sa poitrine tandis qu’elle demeure silencieuse, le laisse maladroitement aborder le sujet. Suho qui ne sait pas très bien sous quel angle prendre la chose ; finira par constater que ce repas ne s’est pas déroulé comme ils l’espéraient, et lorsque sa petite amie lui répond que tout le monde s’accorde à penser que c’est une mauvaise idée, il fronce légèrement les sourcils, surpris.

- C’est ce que tu penses, toi aussi ? Que c’est une mauvaise idée ? Parce que moi non, hein.

C’était son idée à la base, après tout ; c’est lui qui a acheté cet appartement il y a bientôt un an, a visité plusieurs logements avec pour seul critère celui que lui avait un jour donné Aran, au détour d’une conversation : d’avoir une salle de bain avec une belle baignoire. Lui, il est très heureux de cette décision ; vit mieux depuis qu’il sait qu’il peut voir sa petite amie tous les jours, ses journées lui semblent moins mornes depuis qu’il sait qu’il la retrouvera à la maison à son retour du travail. Dans leur appartement. Mais tout d’un coup, Aran lui met le doute ; ses paroles le laissent croire qu’elle n’est plus aussi enthousiaste que lui, et lorsqu’elle lui demande pourquoi il n’en a pas parlé à sa mère, il reste silencieux. Le genre de silence pesant, honteux – criant de vérité, qui hurle la culpabilité. Il reste silencieux suffisamment longtemps pour qu’elle reprenne la parole, enchaîne avec une deuxième question pour savoir s’il se doutait déjà qu’elle réagirait ainsi. Alors il finit par laisser échapper un soupir, Suho, et lui répond :

- Ca m’a fait flipper, la réaction de ta mère… Moi à la base ça me faisait plaisir de leur en parler, je les aurais même accueilli avec plaisir dans la chambre d’ami si elles voulaient venir quelques jours à Séoul, mais quand j’ai vu comme ta mère a réagi…

Il grimace un peu, passe une main dans ses cheveux, cherchant un peu ses mots avant de reprendre :

- Je me suis dit que j’allais attendre un peu avant d’en parler à ma mère, des fois qu’elle réagisse pareil. Une chose après l’autre quoi, pour pas devoir gérer deux daronnes aigries en même temps. Puis le temps a passé plus vite que prévu et ma daronne était là…

Il hausse les épaules, presque fataliste – car la vérité, c’est que l’explication n’est pas plus compliquée que ça, il ne va pas s’inventer des excuses, Suho.

- Mais crois pas, hein, ça me fait chier qu’elle le prenne comme ça. Bien sûr que j’aurais préféré qu’elle soit contente pour nous… comme une daronne est censée l’être, je suppose.

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-- ft  suho

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Elle sait plus où elle en est, ce qu’elle pense exactement. Une part d’elle commence à douter de leur décision à cause des réactions de leurs mères respectives, et l’autre part, celle diriger par son cœur, lui rabâche sans cesse et non-stop que c’est la meilleure chose. Car elle se sent bien ici, qu’elle a l’impression d’avoir trouvé un réel équilibre. Le quotidien lui semble moins pesant en sachant qu’elle verra son petit-ami à un moment ou un autre. Et puis il y a de l’espace ici à contrario du dernier appartement dans lequel elle vivait. Ici c’est parfait pour eux deux.

C’est tout ce qu’elle espérait,
La vie parfaite à quelques points près.

Mais ce bonheur est remis en cause. Parait-il qu’ils sont trop jeunes, impulsifs. Ils n’ont pas conscience de ce que c’est, la vraie vie en couple. Qu’ils feraient mieux de se concentrer sur leurs vies professionnelles et un peu moins sur leur vie amoureuse. Ce n’est pas dans les mœurs d’agir ainsi, de se mettre en ménage aussi vite à leur âge. Parait-il qu’ils font tout à l’envers. Qu’elle est instable et tire son petit-ami dans la tourmente avec elle. Et c’est la gorge nouée à cette idée de tirer Suho vers le bas qu’elle lui répondra :

- C’est pas ce que je pense mais c’est apparemment ce que pense toutes les personnes autour de nous. Donc peut-être qu’on a tort … ? Surtout que t’as pas été contre ce que ta mère a pu dire non plus donc bon…

Elle se met à regarder le sol, fixe leurs pieds plutôt que de relever la tête et affronter son regard. Elle s’imagine qu’il est déçu de l’entendre dire ça mais elle aussi est un peu déçue de lui ce soir. Elle s’attendait à un peu plus de franchise de sa part, qu’il défendrait ses décisions ainsi qu’elle envers et contre tous. Car finalement, c’est lui qui doit décider si oui, ou non elle est si instable et non pas sa mère. Elle-même s’est disputé avec la seule personne qu’elle peut considérer comme un membre de sa famille à ce sujet, lui a clairement fait comprendre que son avis ne la ferait pas changer d’avis. Mais ce soir, le manque d’initiative de Suho fissure l’assurance et l’aplomb qu’elle avait. Elle entend que la situation soit compliquée, qu’il est difficile d’aller contre les paroles d’une mère. Mais il n’a pas réagi sur le peu qu’elle a entendu et c’est déjà trop pour elle. Qu’importe ce qu’il dit, ça ne suffit pas à recoller les morceaux de son cœur brisé.

- Le pire tu sais c’est quoi … ? C’est que c’est même pas pour les mêmes raisons qu’elles sont pas d’accord. Mme Kim pense que c’est trop tôt, qu’on devrait faire les choses dans l’ordre en mode les fiançailles et tout ça alors que ta mère elle, son problème c’est moi.

Le silence qui s’installe sur ce dernier mot est lourd de sens, lourd de vérité. Car elle lui fait savoir qu’elle a entendu certaines choses. Et ça lui fait trop de mal de savoir qu’elle est perçue de cette façon-là, par la mère de son petit-ami. Elle a honte d’elle, honte de l’image qu’elle renvoie.

- Pourquoi c’est moi qui passe pour une instable ? Elle disait ça aussi quand tu m’as trompé ou ça, c’est passé sous silence et l’instabilité c’est que pour les autres ? Peut-être que ça te fait chier mais t’as rien dit pour autant Suho. Au premier regard qu’elle nous a lancé t’étais censé apaiser les tensions, lui dire de pas s’inquiéter ou j’sais pas ? Peu importe mais t’as juste rien dit !

Elle sent que les émotions prennent le dessus, que le ton de sa voix est légèrement monté. C’est pour ça qu’elle ne souhaitait pas discuter tout de suite, qu’elle préférait cogiter de son côté. Elle n’avait pas envie de se disputer avec lui, pas envie de leur donner raison de ne pas croire en eux.

- J’en ai marre de passer pour une folle, qu’on comprenne rien à ce que je vis ou ce que je ressens, j’suis fatiguée Suho.

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-- ft  arana

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En entendant sa petite amie dire qu’il n’a pas contredit les paroles de sa mère, il fronce les sourcils, confus. Car elle sous-entend qu’elle a entendu – ou écouté – la conversation à sens unique que sa mère a eu avec lui, là, n’est-ce pas ? Une idée qui lui déplaît, principalement car il n’est pas d’accord avec les mots qu’a pu prononcer sa mère, aussi c’était la dernière qu’il souhaitait que ces paroles arrivent aux oreilles d’Aran. C’est précisément pour cette raison qu’il a exprimé à sa mère qu’il ne souhaitait pas avoir cette discussion ici, sa petite amie à quelques mètres d’eux dans le pièce voisine – mais sa mère ne l’a pas écouté, et inévitablement, ce qu’il redoutait tant semble s’être produit.

- Contre ce que ma mère a dit… Qu’est-ce que t’entends par-là, Aran ?

Il espère de tout son cœur qu’elle parle dans le vent ; se contente d’évoquer de simples hypothèses, qu’elle n’a pas réellement entendu les mots de sa mère. Suho qui ne connaît même pas l’étendue réelle de ce que sa mère a pu dire, car il a purement et simplement cessé de l’écouter lorsqu’elle a prononcé ce qui, à ses yeux, était le mot de trop. Malheureusement, les paroles qu’elle prononce alors ne font que lui confirmer qu’elle a parfaitement entendu cette conversation. Elle pointe du doigt le fait que sa mère a un souci avec elle, et non pas avec la situation générale, et à ces mots, il reste interdit, se contentant de pousser un soupir lourd comme le plomb en passant une main lasse dans ses cheveux. Car son réflexe premier serait de se dédouaner au moins un peu en lui reprochant d’avoir épié une conversation qui ne lui était pas destinée, mais ce serait injuste de sa part d’agir ainsi, alors il aime mieux rester silencieux que de prononcer des paroles malheureuses. Et puis la vérité, c’est qu’il n'a juste rien à répondre, Suho. C’est vrai, sa mère semble avoir un problème avec sa petite amie. Et il ne lui a rien rétorqué, car leur relation est si complexe ; qu’il y a entre eux ce lien indéfectible qu’il y aura toujours entre un fils et sa mère qui a toujours tout fait pour le protéger des coups de la vie. Il ne se voit pas lui tenir tête, car il n’a jamais eu à le faire ; qu’il estime qu’il a atteint un âge où elle ne peut pas l’empêcher de vivre avec sa petite amie s’il le souhaite, de toute manière – et qu’il espérait qu’avec le temps, elle verrait d’elle-même toutes les qualités qu’il voit en Aran. Mais sa petite amie en attendait de toute évidence plus de lui ce soir, et lorsqu’elle reprend la parole, c’est pour remettre sur la table ce sombre épisode de la tromperie qui remontera pourtant bientôt à deux ans. Forcément, c’est un coup qu’elle lui met, car quoi qu’il se soit passé ce soir, il trouve cela bas de remettre cette erreur sur le tapis, aussi terrible soit-il. Car de l’eau a coulé sous les ponts ; qu’il a l’impression qu’ils ont vécu mille vies, depuis ; qu’il lui a prouvé son amour de cent façons différentes depuis cette histoire. Il pensait que c’était aujourd’hui derrière eux, mais manifestement pas, et il ne parvient même plus à écouter ce qu’elle dit par la suite ; reste bloqué sur ces quelques mots, l’interrompant pour lui rétorquer :

- Attends attends attends, t’es sérieuse là, à reparler de la tromperie ? Ca va faire deux ans Aran, deux ans, je t’ai prouvé des milliers de fois que je t’aime depuis ça, tout va bien entre nous, mais tu reparles de ça ? Je reparle moi de la fois où tu m’as gueulé au visage de sortir de ta chambre d’hôpital sinon t’allais te tuer devant moi ?

Il a le visage qui s’est crispé, tout d’un coup ; le ressentiment qui luit dans ses yeux, alors même que son ton monte lui aussi. Car s’il se retenait plus tôt d’être injuste avec elle, il trouve que c’est elle qui l’est, là – et lorsqu’elle avoue en avoir mal que personne ne la comprenne, il lui rétorque :

- Ben j’ai l’impression que je te comprends pas si mal normalement mais je t’avoue que là non pour le coup, c’est quoi cette réaction ? On fait tous des erreurs Aran, mais on se rachète et on avance au lieu de les remettre sur le tapis à la moindre contrariété.

Le brun qui ne décolère pas, choqué par ce coup bas ; marmonne dans sa barbe, interdit :

- J’y crois pas…

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-- ft  suho

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Elle a l’impression d’halluciner, de vivre un cauchemar les yeux ouverts quand il lui demande de quoi elle parle. Comme si il était prêt à mentir pour sauver la peau de sa mère, prêt à lui dire qu’elle n’a pas bien entendu ce qu’il s’est dit lorsqu’elle n’était plus dans la pièce. Elle ouvre un instant la bouche, s’apprêtant à rétorquer mais déjà, elle la referme. Pas certaine de savoir quoi dire exactement. Elle est censée citer mot pour mot chaque petit chuchotement qu’elle a réussi à intercepter de l’autre côté du mur ou juste faire un résumé ? Elle pourrait. Mais elle n’a pas envie d’entrer dans cette brèche-là. Et puis en réalité, elle s’en fou un peu du reste, la seule chose qui l’a choquée – perturbée, c’est qu’elle soit vue comme une personne instable.

Comme si elle était réellement folle,
Qu’elle n’a jamais eu aucune raison de péter un câble.

Elle aimerait bien les voir à sa place tous ces gens qui la juge constamment sur sa capacité mentale à encaisser les choses. Est-ce qu’ils en seraient où elle en est, si ils avaient vécu sa vie ? Est-ce qu’ils peuvent comprendre ce que c’est de vivre sous nuit blanches des jours et des jours tout en continuant de danser, chanter, sourire pour les gens ? Ce que ça fait de voir sa vie privée entièrement déballer sur les réseaux sociaux ? D’être jugé, constamment jugé. Physiquement, mentalement, dans chaque mouvement. Ils n’en savent rien, ne savent pas ô combien toutes leurs gentilles petites stars – leurs fils ou cousins ou cousines préférées sont déglingués par ce rythme de vie effréné. Mais ils jugent. Car c’est facile de se faire une idée.

- Suho, c’est bon si j’te dis que j’ai entendu des choses t’as pas besoin de me faire tout répéter, on s’en fou de compter le nombre de fois qu’elle a passé à te dire que t’étais trop jeune pour t’ajouter un « problème » sur le dos. J’ai entendu des bribes et c’était amplement suffisant.

C’est mieux qu’elle n’ait pas TOUT entendu. Elle l’aurait trop mal vécu. C’est déjà amplement suffisant qu’elle l’ait entendu dire qu’elle était dérangée – carrément instable. C’est le mot de trop. Celui qui à chaque fois qu’il revient dans sa tête lui assène un nouveau coup. Elle l’a mauvaise et forcément, elle en vient à devenir légèrement virulente, fait un parallèle entre deux situations qui n’ont aucun rapport pour lui faire comprendre ô combien elle a trouvé ça violent d’entendre qu’elle était un problème, pas la belle fille parfaite qu’elle s’imaginait pour son enfant prodige. Elle voit bien qu’elle lui fait mal en remettant sur le tapis cette histoire de tromperie qui remonte à deux ans, déjà. Mais elle a besoin d’extérioriser, de lui faire comprendre qu’elle aussi a eu mal ce soir.

- C’est un exemple ! Pour que tu captes que c’est dégueulasse de la part de ta mère de remettre ça sur le tapis aussi, de me faire passer pour folle ! Ma mère elle, elle a eu la décence de pas reparler de ta tromperie. Car elle sait que je t’ai pardonnée et que ça regarde que moi mon niveau de tolérance ! Franchement je suis choquée que t’ai juste rien dit.

Les deux sont dorénavant braqués. Elle le sait qu’elle l’a vexé – certainement même blessé en reparlant de cette erreur mais lui aussi lui a mis un coup de poignard dans le dos en laissant sa mère dire tout ce que bon lui semblait sans l’arrêter. Il dit la comprendre plus ou moins et pourtant il reste focalisé sur ce qu’elle vient de dire, pas sur le fond du problème. De quoi la pousser à soupirer avant qu’elle ne lui dise :

- Non j’ai pas l’impression que tu me comprennes, je te demanderais jamais de te disputer avec ta mère ou de mal lui parler mais j’pense que je mérite un peu de respect aussi si tu m’aimes « autant ». Rien dire c’est consentir.

Elle le fixe silencieusement, l’entend marmonner dans sa barbe inexistante qu’il n’y croit pas. De quoi la faire s’esclaffer de colère à son tour, ajouter puisqu’il semble focaliser sur une parole plutôt que sur le sujet de base :

- Ouais moi aussi j’y crois pas que tu restes bloqué sur ça quand le problème il est ailleurs... C’est exactement pour tout ça que je voulais pas parler, c’était mieux que je le garde pour moi.

Et déjà elle quitte la pièce, s’affaire à ranger le salon pendant quelques minutes avant de filer tout droit vers leur chambre, se déshabiller pour enfiler quelque chose de plus confortable tout en retenant ses larmes, en résistant à l’envie de pleurer qui doucement prend de plus en plus de place.

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-- ft  arana

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C’est bien ce qu’il craignait : elle a entendu ce qu’elle n’aurait jamais dû entendre, ce que lui-même aurait préféré ne jamais entendre. Les paroles malheureuses de sa mère sont arrivées à ses oreilles, et il pince alors les lèvres, embêtés de savoir qu’elle a intercepté ces mots. Car ils sont si éloignés de ce qu’il pense lui-même ; ne reflètent en rien son avis sur la situation, et c’est de manière finalement assez misérable qu’il lui répond :

- Et on s’en fout de ce qu’elle peut dire ? Tu sais comment c’est cette génération, elles ont toujours un truc à dire sur tout… L’important c’est pas ce qu’on pense nous ?

Ses yeux qu’il relève vers elle, tentant une dernière fois de désamorcer la bombe ; apaiser un peu le cœur de sa petite amie qui semble, à juste titre, tourmentée par les paroles de sa belle-mère. Et il regrettera instantanément cet effort, dès lors qu’elle lui balance au visage une erreur qu’il a commise près de deux ans plus tôt. Il pensait que c’était derrière eux, cette histoire de tromperie ; qu’il avait fait ses preuves, depuis, mais force est de constater que Aran ne l’a toujours pas digéré, et forcément, ça le heurte. Porte le coup fatal à son esprit déjà fatigué par ce dîner à l’atmosphère pesante, par les mots de sa mère qu’il n’avait lui-même aucune envie d’entendre. C’est la goutte de trop, et Suho étant Suho, il ne peut qu’exploser en retour. Car il trouve ça tellement injuste de sa part de remettre sa tromperie sur le tapis – c’est comme s’il reparlait de cette fois où elle l’a jeté de sa chambre d’hôpital, après lui avoir balancé sa bouteille d’eau dans la tête et l’avoir menacé de se tuer devant lui. Et c’est d’ailleurs ce qu’il finit par faire, rompant cet accord tacite entre eux de ne plus jamais reparler de cette période. D’après Aran, ce n’était qu’un exemple, et elle ajoute être choquée qu’il n’ait rien dit. Il la dévisage alors, l’air un peu interloqué lorsqu’il lui répond :

- Mais tu voulais que je dise quoi, au juste ? C’est ma mère.

Elle ne pourra jamais comprendre ce lien si particulier qui les unit, sa mère et lui ; n’imagine pas le nombre de fois où il l’a vu prendre des coups pour lui, tout ce qu’elle a sacrifié pour qu’il ait une enfance aussi normale que possible au regard du père dont il avait écopé. Elle ne peut pas imaginer, en réalité, pour la simple et bonne raison que Suho ne parle jamais de ce pan de son enfance – elle sait juste pour l’incident qui a laissé cette cicatrice aujourd’hui dissimulée sous son tatouage, le voit vriller contre lui-même lorsqu’il perd un peu le contrôle et craint trop de finir comme son père.

Elle n’a droit qu’à quelques éclats de la triste vérité,
Des bribes d’indices grossièrement dissimulés,
Alors comment pourrait-elle comprendre ?

Et Suho non plus a l’impression de ne pas la comprendre, sur ce coup. Il reste bloqué sur ce qu’elle a dit sur son infidélité, et elle reste bloquée sur son silence face à sa mère. D’après elle, ne rien dire revient à consentir, et à ces mots il laisse échapper un éclat de rire sans joie.

- Parce que tu crois vraiment que je pense ça de toi ? Mais qu’est-ce que je fouterais avec toi en fait si c’était ça que je pense de toi ?

Cela ne lui semble pas bien cohérent ; il aimerait qu’elle réfléchisse un peu, et déjà, fatigué, il marmonne dans sa barbe qu’il rase juste tous les matins qu’il n’y croit pas. Il n’en faut pas plus pour que sa petite amie s’esclaffe à son tour ; lui rétorque qu’il reste bloqué sur la mauvaise information lorsque le problème se trouve pourtant ailleurs. Suho qui la dévisage alors avec lassitude ; lui répond, avec un peu de mauvaise foi, il est vrai :

- Et moi je capte pas que tu restes bloquée sur ça non plus. Je t’ai dit qu’on s’en foutait, non ? Qui calcule ce qu’elle peut dire sérieux, l’important c’est qu’on soit bien ensemble, fin j’sais pas ?

Sauf que ce soir, ils ne sont pas bien ensemble, Aran et Suho. Car la jeune femme tourne déjà les talons, le laissant seul dans la cuisine pour aller faire Dieu sait quoi dans le salon. Il laisse échapper un soupir lourd comme le monde ; tourne en rond dans cette cuisine, sans trop savoir quoi faire puisque tout est déjà rangé. Il tourne en rond comme ses pensées tournent en rond dans sa tête – garçon contrarié par toute cette situation, par les paroles déplacées de sa mère, le fait que sa petite amie ait tout entendu, et encore et toujours le fait qu’elle ait osé l’accabler une fois de plus avec ces histoires de tromperie. Il ne sait pas quoi faire, car il a l’impression d’être en tort, mais qu’elle aussi l’est un peu – et n’y tenant plus, il finira par sortir de la cuisine à son tour, pour s’apercevoir qu’elle n’est finalement pas dans le salon. Il passe donc par la salle de bain pour se brosser les dents ; prend le temps de passer aux toilettes, fait un tour dans le salon pour retaper un peu les coussins du canapé, lorsqu’il n’a pourtant jamais fait cela de sa vie.

Il gagne du temps, Suho, un peu inquiet de ce qui l’attend dans la chambre. Ce n’est pourtant rien de plus que le silence qui l’accueille lorsqu’il met un pas dans la pièce à l’atmosphère glaciale, mais en toute franchise, il aurait préféré que Aran lui hurle dessus que de devoir faire face à ce mutisme inquiétant. Sans prononcer un mot non plus, il se déshabille pour passer un T-shirt et son bas de jogging ; vient se glisser sous la couette, sans se coller à elle, pour une fois, dans ce lit trop grand. Il ne tient pas trente secondes avant d’allumer la télé, par nécessité urgente de rompre ce silence étouffant ; voit sans regarder l’écran où passe une émission stupide, et finit par lâcher maladroitement, avec une petite œillade en coin :

- Le jeu c’est 1, 2, 3 roi du silence, ouuu… ?