C’est le feu sur scène tandis que le groupe entame son morceau final, une cover de « what you know » des two door cinema club. En osmose avec ta gratte, ça fait bien cinq minutes que tu ne tiens plus en place. Échange de regards complices avec l’autre guitariste, la tête se balance dans tous les sens au rythme de la musique. Il fait chaud et même trempé de sueur, tu restes solaire. Le sourire aux lèvres, tu t’éclates comme un gosse alors que le soleil se couche.  

Plus bas, le public s’éclate autant que toi et parmi la masse, un uniforme se démarque. Le morceau se termine, le groupe est attendu ailleurs alors on t’invite à fêter votre réussite un autre jour. Sortie de coulisses, ta gratte dans le dos, tu pars en quête de rafraichissement. Dans la foule, un t-shirt, puis un rire et tu t’élances. À l’inconnu tu t’adresses en ces mots : « Sympa la tenue ! Tu joues ou c’est pour un cosplay ? » sur ses pas tu te cales et l’accompagne le temps qu’il voudra.   

La chaleur est bienfaitrice pour Yejun qui arbore encore son uniforme sportif. C'est qu'ils ont joué un match tout juste avant et ses coéquipiers ont proposé un tour au festival avant de finir la soirée sur la plage à jouer une partie de volley amicale. Évidemment, il a demandé à son fiancé s'il voulait l'accompagner, mais celui-ci n'étant pas dans la possibilité de venir le rejoindre, il se retrouve seul dans la foule compacte de gens. Sur la scène joue un groupe qu'il ne connaît pas, mais sa tête bouge au rythme des notes tandis qu'il tente de se faufiler parmi la masse.

Un instant plus tard, il se retrouve accompagné par quelqu'un qu'il ne connaît pas et qui commente sa tenue. Un sourire fleurit sur ses pulpeuses, lui qui est même encore affublé de ses protections. "Je joue, oui. J'arrive d'un match, en fait. J'ai pas pris le temps de me changer, comme je vais rejouer plus tard, sur la plage. Et toi? tu joues?" Parce que s'il s'introduit de cette façon, ça veut certainement dire qu'il connait le sport en question. Même s'il n'y a pas besoin de beaucoup d'observation pour deviner que son uniforme représente le volleyball.

Pas le moins du monde effrayé par ton approche, l’inconnu s’explique sur son accoutrement. L’information d’une partie de beachvolley ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, pourtant tu ne commentes rien, répondant gaiment à la question : « Ah ouais, carrément ! » c’est partiellement faux, alors tu reprends : « Enfin je jouais, j’ai plus trop le time maintenant. » Un coup d’œil à la gratte sur ton épaule, puis sur le garçon : « Mais du coup, tu fais partie d’une équipe ? » son uniforme, tu montres du doigts.

Derrière vous, des boom-booms sur scène t’informent du début d’une nouvelle performance. Le corps se tourne sans s’arrêter, et tu marches à reculons en secouant la tête : « Pfiou, ils ne sont pas mauvais ! » une grimace d’approbation sur le visage, volte-face et tu reviens au sujet principal : « Au fait, t’sais pas où se trouve la buvette ? Il fait une chaleur... » de l’air difficilement trouvé, et ce n’est pas en secouant ton t-shirt que tu en trouveras plus.    

De nature sociale, Yejun se fait un plaisir de répondre à l'interrogation de ce jeune homme qu'il rencontre pour la première fois. Ce n'est pas sans raison si le sportif est autant populaire à l'école depuis sa plus tendre enfance. Il a cette facilité à nouer des liens avec n'importe qui, comme le prouve sa relation avec Doyeon qui lui est son exact opposé. "Ah, dommage." Pour sa part, le volley est toute sa vie, aux côtés de Cotton Candy, son chat immaculé et de son fiancé, cité un peu plus haut. Un hochement de la tête, le sourire aux lèvres, alors qu'il pose son regard sur l'inconnu. "Ouais! J'étudie même dans ce sport. J'voulais devenir joueur pro, mais c'est trop tard pour ça, maintenant."

Il le vit bien. Tant que son futur métier touche à cette discipline sportive, Yejun sera heureux. "C'est vrai, c'est pas mal!" Sourire fleurit sur ses lèvres, tandis qu'il apprécie les notes musicale qui sont offertes à ses oreilles. "La buvette? J'sais pas. Mais j'pense qu'ils doivent vendre des bouteilles d'eau aux stands. D'ailleurs, j'ai oublié ma bouteille, j'vais devoir m'en acheter une aussi." La tête se tourne, à la recherche de l'objet convoité : un stands qui vend des bouteilles, mais aussi la buvette, pour le musicien. "T'as joué pour le festival?" Curiosité relancée, alors qu'il désigne la guitare sur son épaule du menton.

Tu n’entends pas très bien sa réponse, et c’est sans mauvaise intention que tu empiètes son espace personnel. « -dommage. » Oui, ça l’est, mais pas tellement. T’as toujours préféré la musique plus que le volley. Un sourire sur tes lèvres, tu relèves : « Trop tard ? Pourquoi ? T’as pas l’air si vieux !i » Les mains dans les poches, tu te permets même de le dévisager maintenant. Il doit avoir ton âge à quelque chose près, comme le dit souvent ton père : il n’est jamais trop tard !

Mais une personne qui ne vit pas de son rêve n’a que peu de conseil à donner, alors tu te tais plutôt que de faire un commentaire déplacé. Le regard au loin, tu cherches le moindre panneau indiquant un point de restauration. Sa question te surprend à moitié, t’a-t-il remarqué sur scène un peu plus tôt ? C’est avec de petites étoiles dans les yeux que tu réponds : « Ouaip ! Je suis venu aider un pote et son groupe, Better Dreams, tu connais ? On a joué juste avant. » Il n’y a pas de pause dans ta phrase, pipelette que tu es.     

Il ne se rend pas compte qu'il se ment à lui-même. Ne pas avoir pu saisir sa chance, ça le bouffe, en vérité. Il a simplement décidé de l'ignorer. À quoi bon s'apitoyer sur son sort, alors qu'il ne peut rien changer? Cette année séparé du grand amour de sa vie a eu plus de répercussions négatives sur sa personne qu'il n'est disposé à l'admettre. Que ce soit aux autres ou à lui-même. C'est donc un sourire qui habille ses lèvres devant la réplique de sa nouvelle connaissance. "Je vais bientôt avoir 28 ans, ce qui est nettement plus vers la fin d'une carrière sportive que le début." Sa voix ne trahit rien, de même que son expression et sa façon d'agir. Yejun se ment tellement fort depuis tellement longtemps, qu'il en est venu à se croire lui-même.

Alors qu'il cherche du regard un stand où des bouteilles d'eau seraient potentiellement en vente ou une buvette, le sportif entame le sujet musique. Il est arrivé vers la fin de la performance du jeune homme, ce qui explique son interrogation. La réponse ne tarde pas à atterir dans ses oreilles et un nouveau sourire vient étirer ses lèvres. "Non, je ne connais pas, mais je m'y pencherai, à partir de maintenant! Puis je viens tout juste d'arriver, donc je n'ai pas fait attention à la scène!" Lorsqu'il repère enfin des bouteilles transparentes sur un stand non loin, Yejun fait signe à son voisin afin de commencer à s'y diriger. "Au fait, je m'appelle Yejun et toi?"

Bullshit, tu commentes presque aussitôt : « Mec, tu les fais pas ! » Véridique, c'est à peine si tu le pensais plus vieux que toi. Sur un ton plus sérieux, tu ajoutes : « L’âge c’est qu’un chiffre, vingt-huit ans c’est rien ! Ok, les matrixée du volley commencent leur carrière à dix-sept ans, mais t’en as qui joue à haut niveau même après quarante ans ! » puis c’est plus fort que toi, dès qu’on rentre dans le domaine des passions, les mots jaillissent d’eux-mêmes : « Ne renonces pas à ton rêve pour un truc aussi futile qu’un chiffre. »

Un sourire sur tes lèvres ne passe pas inaperçu. Ça te fait toujours plaisir qu’on s’intéresse à votre musique, puis promouvoir les copains ne fait jamais de mal. Tu ne relèves pas plus que nécessaire, loin de vouloir imposer quoi que ce soit à quelqu’un que tu viens juste de rencontrer. « Et moi c’est Ran, enchanté. » il apparait maintenant très clairement que tes origines sont ailleurs. Sans en dévoiler plus, tu le suis jusqu’à la buvette la plus proche, balançant simplement : « Laisses, c’est pour moi. » lorsqu’il demande une bouteille d’eau.      

Entre tes mains, la fraîcheur d’un soda bien mérité. Ta bouteille rencontre la sienne : « Santé ! » souhaitée comme s’il s’agissait d’alcool. L’espièglerie sur ton visage laisse place à un sourire honnête ; et les yeux s’élèvent vers le ciel où des feux d’artifices sont tirés un peu prématurément. L'agitation passée, ton regard se tourne vers ton nouvel ami : « Du coup, Yejun, t'es venu tout seul ? »