promesse qu'il ne perdra plus d'êtres chers après le terrible accident (des années auparavant), liste à laquelle levi fait partie intégrante. les démons reviennent hanter ses pensées - de plus en plus compliquées -, conscience qu'il s'est, jusque-là, juré d'avoir positive. mais kiro en a marre, et c'est bien la première fois qu'il le montre réellement, depuis qu'il a définitivement posé les pieds sur le sol coréen. le garçon n'est pas en colère et pourtant, il souffre. gamin ne comprend pas, et les questions qu'il se pose continuellement demeurent toutes, sans explications. il y a ce goût dérangeant qui s'installe, celui de l'amertume. et ça l'embête. alors il s'en va, trace le chemin vers lequel tout à commencé, pour que ses maux soient apaisés.

désespérance qui le guette, appréhension qui l'embrase lentement, déception qui le ronge petit à petit. levi ne répond pas, levi ne répond jamais, malgré les mots gentils et en dépit de l'inquiétude que kiro démontre à son égard. il le sait, petit prince, que levi n'a pas envie de le voir, filtrant ses appels, laissant ses messages en attente constante, sans jamais donner le moindre signe de vie. kiro qui veille sur lui comme il le peut, de loin, levi qu'il apprécie profondément. peur d'avoir fait quelque chose de mal qui le tourmente, effrayé à l'idée qu'on continue de le rejeter pour une faute qu'il aurait commise. hyung, prépare-toi à me voir entrer.

kiro ne le prévient pas.
levi ne regarde jamais son téléphone.
qu'il se dit, triste.

planté devant la porte entrouverte de l'antre convoitée, clés trouvées sous le pot de fleur fraîchement arrosé, les paumes serrées, kiro reprend son souffle, comme pour se convaincre que tout se passera bien. lumière réconfortante berce les lieux quand il entre, étoile déterminée. levi, c'est kiro... tu es chez toi ? levi, tu ne peux plus l'ignorer, désormais. hyung ? et l'être espéré ploie devant le garçon innocent. confrontation provoquée.

le regard est posé vers l'extérieur, amertume brillant au fond des iris. on croirait que le monde entier est posé sur ses épaules, mais l'expression est coutume, gamin perdu dans ses pensées, comme à son habitude. et posé sur le genou, son portable se tient là, à attendre que l'on tape les prochains mots d'un novel qu'il a entamé quelques mois plus tôt. les premiers chapitres ont été facile à écrire, mais désormais, si la scène est claire au fond de l'esprit, les mots ne semblent vouloir se mettre sur papier clavier. peu importe les tentatives, le curseur clignote devant lui sans bouger depuis la dernière heure et levi laisse un soupir s'échapper de ses lèvres avant de fermer l'écran.

malgré la pluie, l'inspiration manque à l'appel et le brun ne peut rien y faire. le syndrome de la page blanche le sidère, l'empêche de s'avancer depuis ( trop ) longtemps. pour quelqu'un qui a juré parvenir à vivre de ses envies, la motivation n'a pas l'air de suivre les ambitions. ça le ramène au passé, passé auquel il ne veut penser. et pourtant, c'est difficile, lorsque les échecs sont là, devant soi. à devoir continuer d'être supporter par sa famille, qui doivent se moquer de lui, alors qu'il est là, à vivre comme ça. pour lui, ça lui va. il est indifférent à ce qu'on pense de lui. difficile de ne pas l'être lorsqu'on traîne une réputation à chier derrière soi-même.

et c'est de cette raison qu'il s'est éloigné de tous. à refuser de souiller la vie des autres, quitte à être misérable dans son coin, seul. avec l'habitude de laisser les amitiés tomber, les uns après les autres, pour leur bien, mais certains ne comprennent pas. il n'a jamais eu rien contre eux, au contraire. mais comme il disait, levi, certains ne comprennent pas sa façon d'être, pour lui qui ne veut que les protéger. et lorsqu'il entend cette voix retentissant du salon, il ne peut s'empêcher de se demander comment il est entré. impossible de ne pas le reconnaître, c'est bien kiro, il n'y a pas de doute.

après tout les efforts... à ignorer les sms, les appels, les demandes à lui parler, il se trouve dans son appartement et levi soupire. il pense un instant à fermer la porte de sa chambre à clé et d'attendre qu'il abandonne, mais... le connaissant, il ne sait pas s'il abandonnerait aussi facilement. et il est lasse, levi. il se lève, dépose le portable sur son lit puis se dirige vers le salon, à réfléchir à une façon de le faire partir, le plus tôt possible. il se dit qu'au moins, ils ne sont pas dans un café ou un centre commercial. kiro. qu'il souffle, d'un ton qui se veut froid. ( sans l'être entièrement, parce qu'il n'y parvient pas. ) qu'est-ce que tu fais ici ? et il croise les bras, à attendre la réponse auquel il s'attend déjà, parce qu'il le sait, pourquoi il est là. après tout, il sait qu'il ne supporte pas son ignorance, sa façon d'être, sa façon de le protéger. ( il ne comprend pas. )

trempé de la tête au pied, il passe la cloison de la porte en un éclair, déposant son ciré jaune sur une chaise à la volée, tentative de retrouver l'être désiré plus forte que le reste de ses envies. il s'en souvient encore, de cette conversation qu'il a eue avec ellie, la première fois qu'il a rencontré levi. il n'a pas une vie facile, mais je suis sûre que vous deviendrez très copains tous les deux. la sensation qu'elle a eue tort le ronge, parce qu'il en a envie kiro mais levi l'ignore, et il ne sait pas si une amitié peut durer, quand on la soupçonne d'être à sens unique. vision douce-amère de la silhouette qui apparaît, levi sorti de son antre. il est enfin là. il a envie de le prendre dans les bras kiro, mais il n'y arrive pas, parce que levi le fait souffrir depuis trop longtemps. confiance acquise aux fil des années, et qu'il n'a plus l'impression de sentir exister, comme... envolée après le drame vécu. promesse personnelle qu'il veillera sur lui, mais les remords cramponnant tout son esprit, sentiment d'avoir failli à sa tâche, levi aux traits fatigués, levi renfermé, levi fuyant toute confrontation. le sourire s'efface aussitôt des traits enfantins du garçon, mots froids de l'interlocuteur nonchalant, qui viennent briser le bonheur initié. levi, tu le sais ! et il s'avance un peu plus, l'eau de pluie tombant des mèches qui viennent partiellement lui gêner sa vision. il soupire. peut-être que kiro, il n'a plus envie d'être patient. il l'a suffisamment été. étoile épuisée. prendre le problème par la racine, avant que leur relation n'explose définitivement. kiro qui a, aujourd'hui, pour la première fois de sa vie, envie d'être égoïste et de faire passer ses sentiments avant ceux de levi. t'as vraiment besoin d'explications ? je suis venu chez toi parce que tu ne réponds pas à mes messages alors que je sais que tu les lis ! supporter l'ignorance, il n'en peut plus, gamin préservé des conséquences, s'il venait à se montrer publiquement aux côtés de levi. impuissance qui s'empare de son être à chaque fois qu'il lui envoie des messages, et que son aîné ne répond pas, le laissant continuellement dans l'espoir (ou la naïveté) qu'il finira par le faire, un jour. mais les jours deviennent semaines, les semaines deviennent mois, et kiro à la candeur qui s'agrippe, n'arrive plus à faire semblant que tout va bien dans leur amitié. pourquoi tu fais ça ? appréhension d'avoir fait quelque chose de mal qui ne le quitte pas, kiro à l'innocence qui colle indéfiniment, kiro qu'on veut protéger malgré lui.

jusqu'à ce moment, il a pu prétendre qu'il n'y a eu qu'une raison de son éloignement. ( qu'il a voulu le protéger du public et de ce qu'on pense de lui. ) ce n'est pas tout, bien malgré lui, bien malgré le fait qu'il veut pas se l'avouer. il est comme ça, levi. à s'éloigner de tout pour le bien des autres, même si ça l'empêche de vivre pleinement. avec kiro, c'est différent. sa présence lui rappelle ellie. et il a beau essayer tant bien que mal d'oublier, il n'y arrive pas. la culpabilité le happe de plein fouet, rappel de ce qui est arrivé, de sa vie qui s'est échappé et qui ne reviendra pas. à se dire des et si, comme si ça allait changer le court des événements. mais à poser son regard sur celui qui s'est décidé de faire irruption dans son appartement, ça lui revient comme si c'était hier, la mort d'ellie. les émotions en bordel qui se bouscule dans sa tête, les regrets qui ne font que l'envahir, le mal, le coeur naufrage au bord des lèvres. voilà pourquoi il l'ignore. parce qu'il se sent coupable, parce qu'il n'arrive pas à faire face à l'ami d'ellie tout comme il n'arrive pas à faire face à sa famille. ce n'est pas ( que ) sa réputation, mais une accumulation de raisons. à ne pas vouloir lui répondre, ni à ses appels, ni à ses sms. à l'ignorer s'il se retrouve devant la porte de son appartement.

mais comment peut-il l'ignorer lorsqu'il se trouve en plein milieu de son appartement, trempé de la tête aux pieds ? comment il fait, alors qu'il lui demande des explications ? il a tout fait pour l'ignorer, tout fait pour lui faire comprendre qu'il ne veut pas de sa présence… et le voilà qui débarque chez lui sans s'annoncer. pas que levi le sache, parce qu'il a arrêté de lire ses sms, comme pour se dire qu'il allait comprendre, finalement. à chaque pas du plus jeune, levi recule à son tour. ( refuse l'approche ; ça ne marche pas avec lui. ) il secoue la tête, les yeux refusant de le regarder droit dans les yeux. pourquoi je fais quoi ? tu comprends pas, j'ai coupé les ponts parce que j'en avais envie, c'tout. pourquoi tu as besoin d'explication, ça devrait être clair, kiro. les mensonges sont soufflés, à feindre que c'est délibéré, à ne pas dire que ça vient d'une place d'inquiétude pour sa personne. parce qu'il ne voudra pas le laisser faire, s'il dit la vérité. une partie de la vérité. à préférer lui faire du mal avec un mensonge, au lieu de lui faire du mal avec la vérité ( le rappel d'ellie. )

les gouttes perlent son ciré pour venir tomber sur le sol, esquisses tristes d'un gamin aux sentiments troublés, à l'esprit encombré, alors qu'il tente désespérément d'approcher l'ami qui l'évite constamment, et encore en ce moment. réunion sciemment provoquée, kiro qui sent la négativité de levi (impression qui l'effraie plus encore que toute autre chose), mais qu'il décide pourtant de combattre vaillamment : tenter la bravoure pour mieux dissimuler ses angoisses. paroles émises du plus âgé qui résonnent dans la pièce vidée de chaleur. tout est sombre, et même le bonheur permanent de kiro, ne semble réussir à redonner un peu d'allégresse à l'endroit. ça devrait lui briser le cœur, anéantir ses espoirs d'arranger leur amitié, et pourtant, son palpitant ne s'abîme pas (peut-être parce qu'il l'est déjà un peu trop ; abîmé). kiro souffre, mais sa conscience ne peut s'empêcher de le convaincre que celui qui se trouve face à sa propre personne, a encore plus mal que lui. du jour au lendemain ? je te crois pas. je pense que ce sont des mensonges que tu dis pour que je m'en aille. mais kiro n'a pas envie de l'écouter, et encore moins de lui donner la satisfaction d'accepter ses paroles offensantes. le gamin transpire parfois la candeur, il sait qu'il n'est pas le meilleur détective, ni même d'un grand réconfort, pourtant il sait différencier les vrais sentiments des faux. alors il croit fermement, que les réelles pensées de levi sont enfouies, et se persuade comme il le peut, que son interlocuteur est seulement dans une mauvaise passe. mais je vais pas m'en aller hyung. j'en ai pas envie. il s'en veut déjà suffisamment, d'avoir attendu aussi longtemps avant de le confronter. garçon qu'il sent récalcitrant, alors que kiro l'observe s'éloigner au fur et à mesure qu'il avance. kiro à l'impression d'être un étranger, un intrus. l'est-il devenu ? il secoue vivement sa tête, comme pour lui montrer qu'il est déterminé. déterminé à ne pas le laisser tout seul aujourd'hui, promesse d'ellie qu'il compte exaucer, peu importe le temps que le serment prendra à se mettre en place. si tu étais honnête, tu me dirais dans les yeux ce que tu penses... mais tu ne le fais pas. soupir qui s'échappe. tu ne fais peut-être pas les bons choix, mais je sais quelque chose que les autres ne savent pas. t'es pas méchant. alors arrête de faire croire aux gens que tu l'es ! et arrête de me mentir !