il a toujours cru qu'un jour, sa mémoire lui reviendra comme ça. qu'un matin, il se réveillerait en sueurs froides, comme le cliché des bons dramas mielleux, comme si sa mémoire ne l'avait jamais quitté. il a cru tant de choses qui ne se sont jamais réalisé, eden. ça a toujours été un sujet délicat, son passé. à se convaincre du pire, il a longtemps fuit l'idée d'y faire face. parce que c'est trop terrifiant, l'idée de découvrir les conneries qu'il a pu faire, à ( trop ) penser. quand il s'est surpris à avoir de petits flashbacks, ici et là, il a paniqué. l'esprit suppliant qu'on efface ce qu'on a éveillé en lui, à vouloir repousser ce qui lui venait, de plus en plus. il ne suffisait que d'un objet familier pour le tirer dans ces épisodes, souvenirs se heurtant à sa personne plus les mois ont passés après cette première rencontre avec lui. depuis ce soir-là, ça tourne en boucle, les images floues devenues de plus en plus claires. petit à petit, sa peur s'est calmée, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à franchir un pas qu'il n'aurait jamais cru dépasser auparavant.

ses journées ont été remplies, gamin passé à la recherche du faux étranger, celui dont le visage et le nom cause des émois, celui revenu en vie, plus les souvenirs ont émergés. ça a été difficile d'y croire, autrefois, qu'il a pu le connaître. maintenant, il en est certain, la mémoire le submergeant, tous criant sa présence. eden yeonghwan, qui a évité ce moment depuis trop longtemps cherche avec frénésie sa présence. des semaines ont passés, routine qui ne s'arrête jamais. à travailler dans le club jusqu'aux petites heures du matin, à ne dormir que deux, trois heures, avant de passer dans les rues de séoul, à visiter chaque endroit, un magasin à la fois. il n'abandonne pas ce soir, malgré la fatigue qui orne ses traits. il s'arrête presque, mais se décide à visiter une dernière rue. bâtiment après bâtiment, l'échec le déçoit. lorsqu'il pousse cette dernière porte et que la cloche retentit à l'oreille, il ne pense pas y rester plus de quelques secondes. le regard balaie la pièce, presque certain que rien ne va changer, pourtant il se fige. parce qu'il est là, ce visage qui le hante depuis des mois, ce visage qui lui est si familier, à quelques pas de lui. siwoo... le prénom est murmuré, écho qui éclate comme une symphonie, siwoo, siwoo, siwoo.

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis qu'il était tombé nez-à-nez avec Yeonghwan. Son Yeonghwan. Ce garçon qu'il n'avait eu de cesse de chercher, encore et encore, jours après jours, semaines après semaines ... années après années. Sans pour autant trouver ne serait-ce un seul indice, il aurait pu abandonner mais son coeur lui ne s'y était résilié. Ainsi, il n'avait jamais perdu espoir de le revoir, mais ce dont à quoi il ne s'attendait pas s'était bel et bien qu'il l'ait complétement oublié. Ce jour-là le monde de Siwoo s'était à nouveau effondré sous ses pieds, l'homme de sa vie ne le reconnaissait plus (ou faisait il semblant) et pire encore il s'était enfui. Yeonghwan de nouveau évaporé, Siwoo avait passé les jours suivants à passer les environs de l'église au peigne fin, questionnant passants, fidèles et prêtres sans jamais obtenir de réponses. Croyez le ou non, lui qui n'était pas croyant et qui détestait tant les églises s'était même retrouvé un jour à prier un Dieu auquel il ne croyait pas. Il l'avait supplié de lui rendre son âme-sœur, promettant en échange de se tenir droit, de n'être qu'une bonne personne et peut-être même un bon croyant. Idiot n'est-ce pas ? Néanmoins, s'était son dernier espoir et il avait espéré encore et encore ... Jusqu'à ce jour fatidique.

Masque sur le nez et machine à la main Siwoo était entrain de réaliser son énième tatouage de la journée, un magnifique papillon sur le bras d'une jeune femme tout aussi magnifique. Mais alors qu'il était entrain d'appliquer les derniers détails, un étrange écho le fit s'arrêter net. S'il avait bien une chose qui lui faisait oublier Yeonghwan s'était de tatouer, et là alors qu'il était entrain de finir de poser les couleurs il cru entendre la voix de son aimé. Son coeur se serra violemment dans sa poitrine, et pendant un court instant il cru que les larmes allaient se mettre à couler. Mais alors qu'il s'apprêtait à reprendre son tatouage cette voix n'eut de cesse de le tourmenter. Contre toute attente son regard quitta un instant son oeuvre pour se poser sur l'entrée, et là ce fut la goutte de trop. Surpris, les larmes lui montèrent aux yeux et tandis qu'il stoppa la machine et retira son masque, sa voix tremblante s'éveilla à son tour "Yeonghwan ? C'est toi ?"

qui aurait cru qu'il l'aurait retrouvé ? réellement retrouvé ? il n'y voit que ses yeux, le reste du visage caché via le masque, mais il le reconnaît immédiatement. impossible de se tromper, c'est bien lui, l'homme de son passé, celui qui lui revient sans cesse, dans chaque souvenir lui remontant à l'esprit brisé. il reconnaîtrait ses yeux à travers une foule. et c'est étrange, qu'il y a quelques mois, l'entente de ce prénom l'aurait fait fuir, l'aurait rendu incomfortable. aujourd'hui, ce soir-là, c'est le contraire. il se tient là, à interrompre cette session de tatouage, pourtant il ne voit personne d'autre que siwoo. son coeur est en vrac, ça cogne contre son torse à une vitesse hallucinante. il ne sait plus quoi faire, il n'a planifié que de le chercher, il n'a jamais cru pouvoir le retrouver, un de ces jours. il est figé sur place, le coeur au bord des lèvres. à hocher lentement la tête, un c'est moi… à peine murmuré à l'encontre de siwoo. siwoo, qu'il reconnait enfin. siwoo, qui a dû mal le prendre, à le voir ne pas le reconnaître. yeonghwa a tant à dire, mais n'y trouve pas les mots. il n'est pas encore tout à faire lui-même, il y manque encore des pièces dans sa vie, tout ce qu'il connaît, c'est siwoo. il manque cruellement de confiance en lui-même, chose qui n'était pas du tout en effet avant son amnésie. et il est planté là, à réaliser avoir interrompu la session. les mains qui se ramènent ensembles, à begayer un j-je… sa voix s'étrangle, la gorge se serrant soudainement. la froideur est disparue, à n'y montrer que sa vulnérabilité, chose qu'il déteste pourtant. mais il n'arrive qu'à être émotionnel, à deux doigts d'y voir les larmes à son tour. si seulement il ne les retenaient pas, à contrôler sa respiration pour calmer son coeur meurtri. il ne se donne pas le droit de laisser les larmes tomber. à ne pas se permettre d'être faible, ni maintenant, ni jamais. parce qu'il ne sait pas, yeonghwan. l'histoire complète. il n'a que de petits bouts ici et là, il est terrifié à l'idée de ne pas tout savoir, à se demander ce qui est caché, encore. j-j'ai interrompu… je- pardon. qu'il parvient enfin à souffler. il ne sait quoi faire, yeonghwan. à se demande ce qu'il soit faire, maintenant qu'il l'a retrouvé. il a l'envie de tout faire, sans oser même faire un pas en avant. le coeur vrille, ça lui a manqué, siwoo lui a manqué. et il est là et il ne sait plus quoi faire.

C'est une question bancale, voire même un peu idiote que lance Siwoo à l'encontre du jeune homme. En réalité, aucune réponse n'était attendue, mais la situation lui semblait si irréel que le tatoueur avait besoin en quelque sorte de confirmer qu'il n'était pas entrain de devenir fou. Yeonghwan était là, il en était certain, mais son coeur lui ne pouvait se résoudre à l'idée qu'il soit revenu auprès de lui. C'était impossible et pourtant il était là, plusieurs mois après l'accident de l'église. Ebahi, le tatouer reste de longues secondes sans même prononcer une parole avant de finalement secouer la tête de gauche à droite et s'écrit "Non, non ! Ne t'excuse pas je ... j'étais sur la fin. Tu ... S'il te plait attend juste deux minutes " lui dit-il avant d'ajouter avec hésitation " Ne pars pas d'accord ? ", demande timide qu'il lui propose, tandis qu'il rabat à nouveau son masque sur le bas de son visage et rallume la machine.

Durant le processus Siwoo tente tant bien que mal de rester concentrer, mais la simple pensée d'entendre la cloche de l'entrée signaler le départ de Yeonghwan le rendait profondément anxieux. La nervosité est-elle que quelques gouttes de sueur commencent à perler sur son front, alors qu'il essaye de se retenir de jeter un coup d'oeil vers son bien-aimé. Il était là et il n'allait pas partir, pas cette fois. C'est ces pensées positives plein la tête que le tatoueur achève finalement son œuvre. " J'ai terminé. Tu peux rejoindre mon collègue, il t'encaissera et t'expliquera un peu mieux les soins que tu devras effectué les prochains jours. Merci beaucoup. explique-t-il à sa cliente avant de précipitamment nettoyer son atelier et ni une ni deux rejoindre le jeune homme. Le tatouer s'arrête à quelques mètres seulement du garçon, hésitant vraisemblablement à s'avancer, de peur sans doute qu'il ne disparaisse à nouveau. Lentement Siwoo retire son masque dévoilant à nouveau son visage à son ex petit-ami. " Je ne pensais pas te revoir ... Je ... Je suis vraiment heureux de te voir Yeonghwan. Si tu savais tout ce que j'ai à te dire...Tout ce que je n'ai pu te dire avant que tu ne partes ...