THE SOUND ⊱  @Sin Eunji &  @Shin Sanam  

La nuit tombée, alors que le cœur de la ville palpite, se cachent dans les ruelles plus sombres et plus isolées, les âmes qui n’aiment pas être sous le feu des lampadaires. A la merci de l'appât d’un gain bien maigre. Isolés, solitaires et pourtant si nombreux à attendre que d’un message sur leurs smartphones, on les appels, tels de petits chiens affamés, pour aller livrer, délivrer, la pitance graisseuse de quelques corps fatigués de leurs journées de labeurs, pourtant elles terminées.

Brisant l’attente, toujours un air dégaingander dans un t-shirt gris trop grand et un jogging noir à trois bandes blanche usé jusqu’à la corde, Sanam attendait. Ses doigts frottant du bout des ongles quelques cordes dont les vibrations et le son lui arrachait autant de sourire que de peine.
Ses mains affichaient des cloques dues à l'effort de pincer les cordes tant qu’il pouvait sur son ukulele un peu défraîchi par le temps et l’usage.
Son visage avait un menton écorché sur lequel un pauvre pansement ne cachait pas l’étendu des dégâts provoqués par une chute. Du moins c’était tout ce que le Shin vous dira de l’incident.
Dans son sac à dos, deux journaux papiers, un carnet comportant quelques notes d’un reportage qu’il était supposé mené pour un cours et un livre sur l’histoire de la politique culturelle coréenne des années 80. Pas sa plus grande passion, mais enfin il fallait bien faire avec pour finir cette fichue année universitaire.
Qu’allait-il faire après ? C’était une bonne question … A croire que tout cela allait le conduire à livrer du poulet frit toute sa vie finalement.
Allongé sur le scooter de son patron, il attendait une notification, le téléphone sur son ventre. Le spot qu’il avait choisi était le meilleur, non loin de la boutique pour y revenir vite, et suffisamment isolé pour que personne ne passe par ici la nuit venu.
Il avait envie de boire et de manger, mais l’étudiant devait avant tout remplir ses poches bien vides.

Un bruissement d’ailes attira son attention et ses yeux se levèrent. Il avait un spectateur. Le surplombant de sa majesté un oiseau semblait le regarder faire et Sanam se mit à sourire comme un enfant, affalé de tout son corps mince et mal habillé, jouant de plus belle pour contenter l’oiseau qui le regardait, certainement avec étonnement. Cet être humain au sourire étonnement radieux en cet instant qui semblait jouer des accords au hasard, le reste de ses membres semblant mort sur la carcasse de ferraille d’un engin bien plus âgé que lui.

L’oiseau resta un instant puis s’envola, mais le sourire de Sanam resta fixé sur ses lèvres, heureux d'avoir un instant, un compagnon de fortune en cette soirée du début du printemps.

THE SOUND ⊱  @Sin Eunji &  @Shin Sanam  

Tellement discret qu’il ne l’avait pas entendu arriver. Si doucement il s’était immiscé près de son espace et avait décidé de s’adresser à lui. Le Shin basculât la tête un peu plus à l’arrière, la faisant rouler pour essayer de voir le visage de la personne qui venait de s’adresser à lui. Ainsi, il le vit à l’envers.
L’air un peu ébêté, son corps complétement affalé sur son scooter qui tenait grâce à la volonté des esprits qui souhaitaient certainement peut-être lui éviter une chute. Son corps aurait pu être fait d’eau tellement sa position était étrange et atypique.
Clignant plusieurs fois les yeux, la bouche légèrement entre ouverte dévoilant ses dents étonnement blanche pour son style de vie, Sanam essayant de détailler l’ombre qui lui faisait face dans le contre-jour du lampadaire.
La pique ne lui fit ni chaud ni froid, et un léger sourire presque amuser étira ses lèvres. Il avait déjà vu cette personne. Où ? Certainement dans une ruelle comme celle-ci, ou bien lui avait-il déjà livré du poulet ou bien … il était un auditeur mystérieux que son inconscient avait assimilé et d’une manière bien étrangère, même sa voix lui semblât familière. Puisqu’il venait de lui dire qu’il le croisait souvent …
Sanam réfléchit un micro instant, se demandant s’il avait réussi à laisser une trace dans cet esprit furtif et passant et ce que cela pouvait bien dire.

« Je pense que l’oiseau a aimé. » dit Sanam avant de se redresser en passant sa main libre dans sa mèche de cheveux décolorés afin de la remettre en place sur son fond, faisant soudain dos au garçon qui était venu interrompre sa solitude.
Puis il sauta sur ses pieds, son corps mince et nerveux s’étirant dans un râle profond, le ukulélé brandit dans les airs. Objet chéri, qui l’accompagnait comme un ami, comme un être à part entière qui le tenait éveillé la nuit et compagnie au cœur des journées les plus difficiles. Cela ranima son humeur, peut-être grâce à la grande d’ose d’air qu’il fit entrer dans ses poumons.

« Désolé que ça ne soit pas à votre goût. » Dit-il en haussant les épaules, ses cheveux tombant devant ses yeux et cachant quelque peu son humeur étrange et changeante.
Puis, sans crier gare, il tendit son bras et le ukulélé vers l’inconnu, mouvement ponctué d’une moue qui aurait pu paraître enfantine et étonnante dans cette ruelle de nuit, sous un îlot de lumière à l’accrochage fileux peu avantageux pour un pays aussi à l’avant-garde de la technologique que la Corée.

« Vous jouez ? » demandât il, curieux d’entendre la personne qui venait à son encontre se moquer de lui, ou bien passer la tension de sa journée sur lui. Qu’est ce qu’il en savait au fond ? Mais il parait que la musique adoucit les mœurs et c’était peut-être ça qu’il leur fallait à tous les deux en cette instant. Et tant pis pour l’oiseau.