ça y est. Cela faisait quelque jours qu’il avait fait son entrée dans la cour des grands. Il avait débuté, et il avait encore du mal à y croire, à s’y faire, mais il commence à toucher à son rêve. Même s’il reste qu’un idol débutant encore perdu dans la masse. Patient, il prend son mal en patience, et suit les règles de son agence, jongle entre cours, et show pour promouvoir son premier single pour lancer sa carrière. Et aujourd’hui, ça n’échappe pas à la règle, s’il avait enchaîné quelques cours à l'université le matin, il avait fini à l’agence, pour préparer quelques vidéos pour parler de son titre qui seront sûrement postés sur youtube à des moments prédéfinis. Il joue la comédie, inonde la caméra de sourire, de bon sentiment, pour se faire bien voir, légèrement arrogant mais suit tranquillement le script, avant une séance d'entraînement de danse bien méritait, moment où il se défoule en se donnant à fond malgré quelques erreurs qu’il corrige bien vite.

Lavé et frais, il sort, plus rien sur le planning, peut-être l’envie de chanter un peu, fredonnant pour lui-même, les mains dans les poches, il parcourt les couloirs de l’agence, un peu vide à cette heure-ci, mais ne s’en inquiète pas. Vide ? Pas tant que ça visiblement. Un visage familier mais inattendu en ces lieux, alors qu’il arrive à la hauteur de la future avocate.

“- Tiens, vous avez décidé de changer de voie ? Le droit ça ne vous convient plus ?”

Qu’il lance en levant la main en guise de salutation, dans une assurance toujours intacte. Il ne sait pas ce qu’elle fait là, et en soit ça ne le regarde pas, mais l’envie de s’amuser est là.

“- Si je m’attendais à vous revoir ici, vous regrettez de ne pas avoir voulu un autographe la dernière fois ?”

Elle est perspicace la demoiselle, enfin, il se moque surtout de sa vocation plus qu’autre chose, méprisant un peu cette profession qui se veut faite pour aider les gens. Il hausse les épaules et sourit doucement, gardant un air tout à fait innocent, un petit air de “mais qu’est ce que tu racontes”.

“- Moi ? J’ai fait ça ? Il faut pas chercher de double sens, ça serait vraiment triste de perdre une future avocate.”

Il se dédouane, mais elle avait très bien compris le ton de sa réplique, mais bon, ça ne l'arrange pas de lui dire qu’effectivement, il se moque de sa vocation. Puis il préfère enchaîner sur sa carrière naissante, et si son interlocutrice le pense encore trainee, il est fier de lui annoncer que ce n’est plus le cas, et bien vite sa chanson résonne dans les couloirs,  fredonnant quelque passage par moment. Perd son sourire, fait une moue, les épaules tombantes.

“- ah vous êtes exigeantes… très bien je reviendrais alors vous voir quand ça sera le cas.”

Il ne tient pas particulièrement à lui signer un autographe, ou à prouver quoique ce soit à une inconnue, mais bon, piquer il essaye de dire “tu verras” à sa manière. Continue de façon plus légère et rit doucement.  

“- Au café on aurait pu croire que je drague la serveuse… la c’est juste de la promotion de carrière.”

Il coupe la musique, ferme youtube, laisse son fond d’écran apparaître -le charmant litchi y prend la pose, lorsque le chat noir vient squatter son appart-, suspendant son geste.

“- Après je peux aussi prendre votre insta au lieu du numéro, si vous rentrez dans ce bureau et que vous y travaillez ça peut être utile d’avoir des contacts.”

Mae ri s’amusait, mais c’était bien plus marrant quand il n’était pas la souris, préférant la place du chat. Mais il se sent plutôt mal à l’aise quand ça parle de vérité, paranoïa exacerber, se demande si ça cache quelque chose… Parce que des vérités, il en cache, et elles ne sont pas très bonnes à entendre. Est-ce qu’elle sait quelque chose ? Impossible… Il reste silencieux un moment avant de changer de sujet, n’a pas envie de s’entendre là dessus, de toute façon, il ne pense pas qu’elle sera la sauveuse de quoi que ce soit, ça fait longtemps qu’il est sur un fil. ça passe ou ça casse. Il le sait que trop bien, pas la peine de s’étaler, tout était déjà planifié.

“- C’est vrai, mais c’est encore possible de rêver ? La vie serait monotone sans avoir d’objectif.”

Le seul qu’il ait trouvé, pour garder la tête hors de l’eau, le seul truc qui l’a empêché d’en finir beaucoup plus tôt. Ce foutu rêve et la rage contre ce monde injuste. Ce ne sont peut être pas les meilleures raisons, ni la meilleure façon de se reconstruire, mais l’enfant perdu navigue comme il peut, méprise les autres, car c’est ce qu’ils font tous derrière leur sourire, petit Mae Ri qui ne sait plus voir les choses sans mauvais œil. Et il est piqué le garçon, bien qu’elle a sans doute raison, il connait pas grand monde, n’a pas cherché à connaître les autres de toute façon.

“- Qu’est-ce que vous connaissez de mes contacts de toute façon?”

Il souffle et croise les bras alors, boude un peu avant de s’appuyer contre le mur, les jambes un peu fatigué, il hausse les épaules.

“- Tant pis, visiblement, je n’aurais pas réussi à avoir votre contact, on est sans doute pas fait pour être ami, ça vous ferait un contact de plus.”

Pas vraiment affecté, des amis il en a qu’un en réalité, et ça lui suffit, trop fatiguant d’essayer d’en connaître plein, quand son esprit déforme souvent les paroles de ses interlocuteurs.

“- Et sachez que ce n’est pas que je ne me prends pas pour n’importe qui, je sais pas comment vous me voyez, mais j’ai juste confiance en moi, est-ce un crime ?”

Il demande, curieux, ne comprend pas la pique lancée, mais au final, hausse les épaules, au fond c’est qu’il doit être vraiment doué dans la comédie pour paraître si plein de confiance face à son interlocutrice, trop que ça semble énervé.

Rêver, s’imaginer déjà grand, c’est tout ce qui lui restait, et il s’amuse alors, se justifie même s’il n’aime pas faire ça, il veut juste pouvoir dire qu’il sera une idole comme ceux qu’il écoute tout les jours dans ses écouteurs. Il sourit alors comme un enfant à sa réponse.

“- Voilà on peut tomber d’accord.”

Il poursuit, s’amuse de ses réactions, sans penser que les rôles peuvent s’inverser, se plaît moins dans cette situation, répond de façon irréfléchie, envoie une balle qui s’échoue au sol, finit par rouler des yeux. Pourquoi il insiste de toute façon ? Il s’en fiche, si faut, il ne reverra même pas la jeune femme à l’avenir. Et il rit de la réponse de la jeune femme, il a beau lui dire qu’il ne drague, elle semble vouloir continuer dans son erreur. Et il aurait presque envie de lui dire qu’il est attiré par l’autre genre, mais ça l’amuse bien de la voir se tromper ainsi.

“- J’aborde les gens, mais ils sont généralement moins difficiles à approcher… Il ne me prête pas des intentions que je n’ai pas.”

Enfin, elle n’avait pas tort, il n’avait pas beaucoup d'amis, il en avait qu’un réellement, et ça lui suffit, les relations sociales ça le fatigue. Il n’a plus envie de se faire petit, il n’a plus envie de faire plaisir aux gens, juste à lui-même.

“- Il n’y a de différence que dans le regard de la personne qui l’observe, les deux sont liés, c’est juste la manière de voir qui change.”

Il soupire et s’adosse au mur en l’observant.

“- Même si en soit je ne vois pas pourquoi vous portez un regard négatif, je ne me souviens pas vous avoir insulter ou fait quelque chose de fortement déplaisant pour que vous soyez autant sur vos gardes.”

Mae Ri hausse les épaules. Il ne sait pas vraiment comment aborder les autres, au fond il n’en voit pas le besoin, garçon qui à transformer tout le monde en démon dans son esprit, ne sait pas faire autrement que de s’inventer des doubles sens aux paroles des autres. Il soupire et se frotte la nuque, un peu embêté, ouvre la bouche deux ou trois fois.

“- On ne m’a jamais reproché mes manières pourtant.”

Toujours mieux de rejeter la faute sur les autres, mauvaise fois qui ronge son être, sans avouer qu’il ne sait que répondre, s’échappe comme il peut. Curieux, il demande ce qu’il va pas avec lui, ne se rappelle pas l’avoir insulté, ou quoique ce soit, essaye juste quelque trait d’humour, et c’est peut être ça le problème. Comme on dit, on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Il rit toutefois sur le coup et soupire.

“- Je vous ai pourtant dit que je ne draguais pas, ce n’est pas faute si vous n’écoutez pas.”

Il regarde autour, s’assure qu’ils sont seuls, sans oreille indiscrète, avec un visage un peu plus sérieux.

“- Vous n’êtes pas du bon genre pour que je vous drague.”

Aveux qu’il donne pour se faire pardonner de son attitude, il n’est pas du genre à le cacher de toute façon, ne le dis simplement pas, n’en vois pas l’utilité en temps normal.

“- Et il est vrai que j’apprécie la discussion, je suis navré que vous interprétiez ça comme de la moquerie.”

Même s’il est vrai que parfois il s’amusait des réactions de son interlocutrice, mais il n’allait sans doute jamais dire qu’elle avait un peu raison dans le fond. Il sort alors une carte avec son numéro.

“- Et si vous ne voulez pas me donner la chance de vous recontacter je vous donne le mien, à tout hasard si vous avez besoin de discuter.”

Il pose sa carte dans la main de Byeol alors et parle avant l’objection de celle-ci.

“- ça ne vous engage à rien, vous pouvez aussi l’oublier au fond d’un placard, ou d’une poubelle si vous le souhaitez.”

Il roule des yeux alors, personne n’a vraiment besoin de le brosser dans le sens du poil, il a tendance à écouter que ce qu’il veut entendre, hausse les épaules et sourit doucement.

“- Si vous le dites.”

Il passe vite à autre chose de toute façon, s’amuse autrement, et s’il est de l’autre bord, ça l’amuse bien de voir son interlocutrice se méprendre sur ses intentions… Bien qu’il a peut être fait légèrement exprès de jouer les ambiguïtés, parce que ça l’amuse tel le chat qui se joue de la souris. Et il s’amuse encore de l’étonnement non dissimulé de la jeune serveuse, hausse les épaules avec nonchalance.

“- Je vous ai pourtant répété que je ne vous draguais pas. Peut-être souhaiteriez-vous que ça soit le cas ?”

L'envie de l’embêter encore, après tout, qui aime bien châtie bien. se résout à être celui qui laisse son numéro, pas par drague, juste peut-être pour faire un pas vers elle sans entourloupe cette fois, un numéro pour un pardon. Il grimace cependant à la réponse de la demoiselle, fait mine de se tenir le cœur.

“- ah… quelle triste vérité. Mais a-t-on toujours besoin d’être ami pour parler ?”

Un sourire amical, une question sincère pour une fois, après tout, il faut bien discuter avant de devenir ami, ou quoi que ce soit d’autre, de positif ou de négatif. Il pose les mains sur ses hanches et réfléchit un peu, finit par hausser les épaules.

“- Peut-être le goût du risque ? Peut-être que je vous aime bien finalement ? Je sais pas, à vous de décider comment vous voulez interpréter tout ça.”

Il regarde la porte qui reste close derrière eux.

“- Vous devriez toquer et tenter votre chance, j’sais pas dans quoi vous voulez vous essayer, mais ça serait dommage de rater le rendez-vous.”