forever young

-- ft  suho

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november 2018

(outfit) Et vous voilà à courir comme des fous dans les rues de Daegu alors que le soleil s’est couché il y a plus d’une heure déjà. Vous êtes en retard – très en retard même. Ça fait belle lurette que vous devriez être dans vos appartement respectif. Toi à être aux côtés de Madame Kim à l’aider avec le diner – ou plutôt elle, qui prépare le repas tandis que toi tu lui racontes tes nouveaux exploits en danse. Avec des « et si » tu pourrais refaire le monde Aran, t’imaginer la soirée si elle s’était normalement passé sans aucun retard mais ce que t’es certaine de savoir c’est que tu vas te prendre un savon si tu ne rentres pas dans l’heure à venir. Alors vous courez, comme des dératés jusqu’à cet arrêt de bus en espérant avoir le bus de la dernière chance. Du moins, toi t’espères l’avoir ce bus car Suho lui sera inévitablement plus en retard que toi.

Tu te demandes pourquoi il tient tant à te raccompagner,
Ça t’inquiète un peu pour lui qu’il ne rentre pas tout de suite.

Car t’as pas envie qu’il se fasse engueuler, pas envie qu’il soit puni non plus. Ça serait bizarre d’aller à la salle de danse sans lui et même au-delà de la salle de danse t’as quand même pris l’habitude de passer du temps avec lui tout court. T’aimes sa présence, rit constamment aux éclats avec lui. Suho qui malgré toi a pris une certaine importance, rend ton quotidien un peu plus amusant. Et alors que vous arrivez à l’arrêt de bus essoufflée, que t’en arrives à devoir légèrement te pencher en avant, les mains posées à plat sur tes cuisses pour reprendre ton souffle tu tournes la tête vers le brun, lui dit entre deux grandes inspirations :

- T’es fou… de prendre… le temps de me raccompagner… T’habites à l’opposé Suho…

C’est ça qui t’inquiète le plus à l’instant T, même plus que de regarder à quelle heure arrive le prochain bus. C’est d’ailleurs ce que tu finis par faire, grimace en voyant qu’il n’y a plus d’horaire pour ce bus-là. Tu sais alors que c’est finito pour toi, tu vas mettre bien plus de temps que prévu pour rentrer, mais dans le fond t’es plus à une demi-heure près dans ta punition. Et plutôt que de courir, tu décides de t’asseoir sur le banc en fer pour prendre le temps de souffler, tapote la place à coté la tienne pour qu’il vienne lui aussi prendre place sur le banc puisqu’il ne semble pas changer d’avis, semble tenir à son idée de te raccompagner. Tu te mets à fixer droit devant toi, laisse tes yeux lorgner les voitures passantes à toute allure et fini par prendre la parole, dire au garçon à coté de toi lorsqu’enfin ton cœur s’est légèrement calmé :

- Un jour tu vas auditionner on va te remarquer pour ton talent en danse et tu vas m’abandonner ici… Tu sais que si tu fais ça la salle de danse me revient de droit ? Elle t’appartient plus ?

Visage que tu tournes vers le sien, le regarde en souriant – un brin de malice dans le regard avant d’ajouter :

- Et si tu deviens célèbre avant moi tu feras tout ce qui est possible pour qu’on me remarque ?

forever young

-- ft  aran

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november 2018

(outfit) Sa petite main refermée au creux de la sienne, à sentir la chaleur de sa peau contre la sienne alors qu’il la tire dans les rues noires de Daegu ; la presse de courir un peu plus vite encore. Car Aran semble stressée à la seule idée que sa mère puisse s’inquiéter ; que sa propre mère va commencer à s’inquiéter elle aussi du moment qu’elle va réaliser qu’il n’est pas avec Yeon pour le protéger. Alors leurs chaussures foulent l’asphalte, à toute allure tandis qu’ils filent dans la nuit.

C’est seulement lorsqu’ils parviennent à l’arrêt de bus visé qu’il lâche sa main, puisqu’il n’a plus d’excuses pour la tenir. Reprend son souffle à ses côtés, malgré tout plus endurant qu’elle, pour la simple et bonne raison qu’il a acquis une bonne condition physique à tant danser. Alors il peinera moins à respirer pour lui répondre, l’un de ces sourires indolents prenant place sur ses lèvres lorsque Aran le traite de fou pour tenir à ce point à la raccompagner. A se prêter des airs de garçon libre, comme si rien n’avait d’importance, qu’il ne risquait rien, lorsqu’en réalité il le sait, sa mère pourrait bien finir par s’inquiéter. Mais ce n’est pas sa priorité à l’instant T, il s’en souciera lorsqu’il faudra courir de toutes ses forces pour rentrer chez lui, qu’il devra appeler Yeon pour le supplier de bien vouloir venir le chercher en moto.

- Eh, ça va, ça va, c’est normal… T’occupe.

Il préfère cela que de la laisser faire ce long trajet dans la nuit, avec toutes les rencontres malvenues qu’elle pourrait y faire. Il préfère cela que de déjà la quitter, lorsque sa présence lui est si plaisante – qu’elle est si jolie, mais jamais autant que les nuances des éclats de rire qu’il parvient à lui arracher. Et déjà, la petite brune se détourne pour déchiffrer le panneau de l’arrêt de bus, et à la grimace qui se peint sur ses traits, il devine qu’ils ont réussi à rater le dernier.

Ça l’arrange un peu, en réalité.
L’arrangera un peu moins quand ce sera son tour de rentrer,
Mais ça, c’est un problème pour plus tard.

L’heure de retour ne semble tout d’un coup plus tracasser Aran plus que cela, de toute manière, car la voilà déjà qui s’assoit sur le banc en fer ; tapote la place à ses côtés. Et Suho, il ne se fait pas prier, vient déjà s’installer à la place voisine. Un silence confortable s’installe, et lorsque la jeune fille le rompt, c’est pour parler audition, industrie et carrière – prévisible, du grand Aran, finalement. Et ce qui semble la tracasser ce soir, c’est qu’il l’abandonne ici. Il paraît que la salle de danse lui reviendrait de droit, mais il ne l’écoute déjà plus Suho, lui tout ce qu’elle voit c’est qu’elle a raison, si l’une de ses auditions finit un jour par porter ses fruits et qu’elle n’a pas réussi à en faire autant, leurs chemins se sépareront ici. Et il n’est pas fan de l’idée, en toute franchise, sait aussi qu’il ne peut pas lui demander de simplement le suivre à Séoul, peu importe l’excuse claquée qu’il pourra trouver pour justifier cela.

- Ben non ? T’as qu’à te faire remarquer aussi et le problème se posera même pas, j’capte pas pourquoi tu parles de ça, là…

Mais le problème existe bel et bien, et peut-être devrait-il se calmer ; ralentir un peu sur les auditions, pas trop longtemps, juste le temps de profiter quelques mois encore de cette petite bulle qu’il est parvenu à construire autour d’eux. Qui sait ce qui pourrait arriver, autrement. Et ses sourcils se froncent un peu en l’entendant supposer qu’il deviendrait célèbre avant elle, c’est avec un peu trop de véhémence qu’il lui répondra :

- Nan mais ça va oui, t’as fini de te rabaisser ? D’abord tu me dis que moi j’vais me faire remarquer mais toi non, maintenant que j’vais devenir célèbre avant toi... J’sais tellement que tu vas y arriver que j’capte pas que toi tu le vois pas. C’est quoi cette baisse de confiance en toi là, faut te ressaisir Aran.

Une petite pichenette vient rencontrer son front, pour mieux la réprimander pour ce manque de confiance en elle criant – et ses yeux se perdent sur les voitures qui filent dans la nuit, la façade de ces bâtiments qu’il connaît par cœur.

- T’as hâte de quitter Daegu ?

Lui il ne sait pas trop, n’a jamais trop su – il a trop d’attaches et de traumas tout à la fois dans ces rues qui l’ont vu grandir.

forever young

-- ft  suho

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Tu devrais t’inquiéter pour la sentence qui va te tomber dessus à peine tu seras arrivé chez toi, devrais déjà penser à l’excuse que tu serviras à ta mère de substitution pour avoir enfreint les règles de la maison mais tu restes une gamine avant tout Aran. Une gamine qui sent encore la chaleur de la paume de Suho dans le creux de la tienne, ressens de petits picotements pendant un petit bout de temps encore même après t’être assise sur ce banc, à contempler les gens dans leur voiture pour certaines clinquantes ; pour d’autres bien moins. C’est bizarre mais t’as l’impression que son toucher te manque, que ça ne t’aurait pas gêné qu’il continue de te tenir la main comme il le faisait avant que vous arriviez à cet arrêt de bus. Mais plutôt que de continuer à penser à ça, ton cerveau te ramène très rapidement au sujet principale qui obnubile tes pensées depuis quelques années maintenant :


Et si ton envie de réussir est indescriptible, ton manque de confiance lui, s’accroit chaque semaine qui passe. Car rien ne se passe, jamais aucune audition ne mène à quelque chose. T’as beau envoyer des démos à toutes les agences, participer quand l’occasion se présente sur place à des auditions rien ne semble fonctionner pour autant. Alors tu doutes, commence à te dire que tu n’as pas les capacités pour réussir et tes années sont dorénavant compté. T’as déjà seize ans et chaque mois qui passent t’éloigne de ton rêve. Mais Suho lui, il a encore un peu de temps, de l’énergie et du talent à revendre et forcément tu te mets à t’imaginer qu’il partira le premier. L’idée te fait mal au cœur, t’attriste d’avance et forcément, tu cherches à lui faire comprendre à ta manière que s’il s’en va, il peut dire adieu à la salle de danse et par la même occasion, certainement devra te dire adieu à toi aussi. Si on écoute le brun, t’as qu’à te faire remarquer. Ça semble si simple quand il le dit que t’en viens à éclater de rire, le fixe lui plutôt que la route car il est beau à regarder Yi Suho, t’adore le faire dès que l’occasion se présente.

- Tu dis ça comme si c’était la chose la plus facile à faire… Je tente hein, mais on ne me voit pas, je me démarque pas encore assez des autres.

Mais t’es certaine que lui d’ici peu il se fera remarquer car son talent vaut de l’or, qu’il bouge si gracieusement que ça serait du gâchis de ne pas le faire débuter à un moment ou l’autre. Et ambitieuse comme tu l’es, forcément si il devient connu avant toi tu te dis qu’il pourra t’aider à te faire une petite place dans l’industrie mais Suho ne l’entends pas de cette oreille, à sa manière il tente de te rassurer, te rappelle que comme lui t’as toutes tes chances de débuter et qu’il ne faut pas perdre espoir et franchement, t’aimerais avoir le même état d’esprit que lui mais t’as l’impression que tes chances s’amenuisent, tes grands espoirs aussi. Ça pourrait te faire pleurer d’en discuter mais la pichenette qu’il te colle au front te fait plutôt froncer des sourcils et vilaine comme tu l’es, tu ripostes direct, tape ton petit poing contre son épaule lui dit :

- Eeeeh, tu sais que je hais quand tu me fais ça ! Puis j’ai rien dit de spécial ? Juste que tu vas être connu avant moi soit content non ?

Ça montre ô combien t’as de l’espoir en lui, à quel point tu le trouves talentueux sans concrètement le dire pour autant car t’es bien trop timide pour lui dire si frontalement que tu le trouves beau et talentueux, attachant et intéressant. Et voilà que comme lui, tu te remets à regarder les voitures, laisse un ange passer jusqu’à qu’il reprenne la parole te pose une question à laquelle t’as beaucoup réfléchi durant des années et dont la réponse a que très récemment évolué.

- Hâte je dirais pas ça … Mais je sais que je ne finirais pas ma vie ici. Même si je suis pas prise dans une agence je sais que je finirais par bouger mais… Je m’amuse bien ici pour le moment, ça sera dur de partir quand viendra le moment…

Car potentiellement ça veut dire quitter madame Kim qui est bien gentille avec toi, tolère ton sale caractère et ne semble pas encore prête à te renvoyer dans un de ces foyers minables, ça veut aussi dire abandonner les petites habitudes que t’as prise depuis que tu le connais Suho. Ça te manquerait mine de rien de ne plus rentrer le soir avec lui, aller répéter dans cette salle de danse, discuter de tout et de rien, sentir ses mains glisser sur tes bras pour te montrer la bonne position à prendre quand tu ne fais pas aussi bien que lui les mouvements d’une chorégraphie. Ça te manquera trop et là tout de suite, tu te dis qu’heureusement que ce n’est pas un projet immédiat ton départ.

- Et toi ? T’as hâte ?

Que tu lui demandes curieuse avant de te relever, épousseter ton jean et ajouter :

- Ton portable a de la batterie ? Faudrait que j’envoie un sms à ma mère pour au moins la prévenir que je suis en train de rentrer... Qu’elle s’imagine pas qu’on m’a enlevé.


Au moins t'auras un peu moins de remord à prendre ton temps, marcher lentement - profiter de sa présence autant que possible. Car c'est de ça dont t'as envie, passer encore plus de temps avec lui.

forever young

-- ft  aran

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Et ça lui semble lunaire, à Suho, d’entendre que Aran ne se démarque pas des autres jeunes filles pleines de rêve et d’ambition. Car moi j’vois que toi, depuis le jour de la rentrée où je t’ai vu dans la cour du lycée – pour moi, tu t’es toujours démarquée plus que toutes les autres. Et si lui arrive à voir cela, il est persuadé qu’un recruteur y parviendra également, un jour ou l’autre. Et c’est ce qu’il s’efforce de lui faire comprendre, mais sans doute ses mots n’ont-ils pas l’effet escompté, car Aran semble soudain plongée dans ses pensées, l’air presque morose – et effrayé qu’elle puisse craquer sous ses yeux, il vient lui coller une pichenette sur le front pour faire diversion. Evidemment, le stratagème fonctionne, et bientôt le poing de Aran vient taper contre son épaule – elle ne lui fait pas mal, et pourtant il portera instantanément sa main là où le coup a frappé, se pliant un peu comme s’il souffrait réellement :

- Ouch… Que la violence Aran, c’est grave hein…

Mais d’après elle, il devrait être heureux de savoir qu’il sera connu avant elle. De quoi le pousser à lever les yeux au ciel, lui répondre bien trop légèrement :

- Ah ouais, j’oubliais que tu savais lire l’avenir, déso madame Irma…

L’arrogance dans la voix, pour ne pas avouer que cette perspective ne le réjouit pas autant qu’elle le devrait ; qu’en toute honnêteté, il n’est plus si pressé de se faire repérer, si cela implique de laisser Daegu – et pas que – derrière lui. Et c’est sur ce constat que ses pensées s’attarderont, le regard perdu devant lui, à détailler les bâtisses de cette ville qui l’a vue grandir. Il ne saurait dire s’il est pressé de la quitter ou non, car Daegu brasse avec elle nombre de bons et de terribles souvenirs – alors forcément, il se demande ce que la petite brune en pense. Est-ce qu’elle a hâte de partir, elle, ou est-ce que comme lui, certaines choses la retiennent dans cette ville ? Elle semble trop ambitieuse pour que cette seconde option se vérifie, et effectivement, elle déclare d’emblée qu’elle ne restera pas éternellement ici. Pourtant, contre toute attente, elle ajoute qu’elle s’y amuse quand même bien, et à ces mots un sourire s’étire en coin, la lueur malicieuse dans les yeux lorsqu’il lui répond :

- Tout ça grâce à moi, hein ? J’suis de trop bonne compagnie, j’sais que ça sera dur de me quitter…

A prononcer des mots auxquels il ne croit même pas – qu’il aimerait entendre de sa bouche, cependant –, se prêter une importance qu’il est sûr de ne pas avoir. Mais déjà, elle lui demande à son tour s’il a hâte de partir, et à ces mots il se contente de hausser les épaules, une moue indécise prenant place sur ses traits.

- Bah… J’sais pas. Je partirais pour faire un truc cool normalement, tu vois, mais j’ai toujours vécu ici… Ça sera bizarre de laisser tout ça, plus pouvoir voir les gens importants et tout.

Est-ce que tu garderais le contact, Aran, si l’un de nous devait partir ? Dis-moi que tu m’enverrais quand même un message de temps en temps, ça ferait trop bizarre que tu sortes de ma vie si brusquement. Aran qui lui demande s’il a de la batterie pour lui prêter son téléphone ; l’appareil qu’il sort de la poche de son jean, appuie plusieurs fois sur le bouton, sans succès, pour finir par lâcher :

- Putaaain… J’voulais appeler mon frère pour qu’il me ramène, aussi… Bon ben nan, désolé Granger j’vais pas t’être d’une grande aide sur ce coup.

Gamin insouciant, qui utilise son téléphone sans se soucier de la batterie ; le laisse se décharger à sa guise, faisant face aux conséquences trop tard pour seulement espérer les parer. Avec un soupir, il se relève alors ; enfonce les mains dans les poches de son pantalon lorsqu’il lui demande :

- On décale ? Au point où on en est, faudrait pas que ta mère se fasse des films. A moins que t’ai une meilleure idée pour rentrer plus vite, hein…

Mais moi j’ai pas trop envie qu’on rentre si vite, tu vois – c’est limite si ça m’arrangerait pas qu’on se perde en chemin.

forever young

-- ft  suho

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A peine les mots se sont-ils échappés d’entre tes lèvres que tu regrettes déjà de les avoir prononcés. Car Suho a tout de suite su lire entre les lignes, Suho a un tel sourire et se donne une telle importance que tu ne sais même pas quoi lui dire pour contrer ses bêtises – qui n’en sont pas tellement en réalité – mais par principe, tu préférerais qu’il ne soit pas aussi certain de l’importance qu’il a dorénavant dans ta vie. Car ça fait peur de donner de l’importance aux gens, ça t’effraie plus que les montagnes russes et les araignées de laisser à quelqu’un la chance de te faire du mal en te décevant. Et bien évidemment que tu serais déçue de le perdre d’une manière ou d’une autre ce garçon. Car il a pris de la place, a forcé le passage pour entrer dans ta vie et maintenant ça serait trop bizarre qu’il disparaisse du paysage. Mais de là à le lui avouer si frontalement ? Jamais. Même pas en rêve. T’es pas prête à faire ça Aran alors tu laisses tes mirettes rouler, un petit souffle glisser quand tu dis :

- Si ça te fait plaisir d’y croire … Moi je pense que c’est toi qui n’arrive pas à te passer de moi, plutôt… C’est toi t’es venu me parler et me gratter l’amitié… Ne l’oublie pas.

Mais toi t’as fini par accepter de passer du temps en sa compagnie, qu’il t’embrigade dans ses plans farfelus et de t’entrainer en danse avec lui. T’as fini par t’y attacher et apprécier du plus profond de ton cœur sa présence aux côtés de la tienne. Alors que ça ne fait que quelques mois que vous trainez ensemble, l’avenir te semble difficile à imaginer une fois qu’il aura quitté Daegu pour mener son rêve. Et comme lui vient de te le demander tu lui retournes la question, apprend qu’il aura du mal aussi à se faire à l’idée qu’il devra un jour partir pour un avenir plus radieux. Même si tu ne peux pas le comprendre à 100 % car tu n’as ni mère, ni famille ici tu t’imagines bien que pour quelqu’un qui a un frère et une mère ça doit être d’autant plus difficile de s’imaginer partir mais tu finis par lui sourire – souhaite être au maximum encourageante malgré la petite crainte qu’il s’en aille qui te saisit le cœur.

- ça sera que des au revoir puis moi je finirais par arriver… Et comme je suis TA star bah voilà, ça ira mieux n’est-ce pas ??

A tenter de te convaincre toi plus que tu n’essaies de le convaincre lui finalement. Et plutôt que de rester dans cette conversation à l’avenir trouble, sans aucune certitude tu lui demandes son téléphone pour prévenir ta mère de substitution que tu rentreras plus tard que l’autorisation qui t’est donné. Mais manque de pot, lui non plus n’a pas un brin de batterie et tu laisses ta langue claqué contre ton palais, lui dit comme si il était le seul fautif alors que ton portable est dans le même état que le sien :

- Ta faute tout ça hein… Je t’avais dit qu’on aurait dû partir plus tôt…

Sauf que tu ne l’as dit qu’une fois, il y a bien des heures et tu ne l’as pas répété une seconde fois. Tout comme lui t’as bien aimé prendre ton temps, faire comme si vous n’aviez aucune limite devant vous. Mais maintenant la sentence va être terrible et tu stress légèrement alors forcément quand il te propose de commencer à reprendre la route tu te relèves aussi lui dit en tentant au mieux de ne pas rire de tes bêtises, essaie au maximum de tenir un visage sérieux :

- C’est toi qui devrait avoir une solution ? Toi tu communiques avec les extraterrestres, c’est pas ton copain E.T qui se balade à vélo dans le ciel ? Ou un des zinzins de l’espace qui a une soucoupe volante ? J’pensais tu pouvais communiquer avec eux moi…. Déçue un peu….

Et comme si tu ne comptais pas faire le chemin avec lui tu quittes l’arrêt de bus, marche assez lentement pour que le brun te rattrape sans forcer quelques secondes après. Garçon avec qui tu parles de tout et de rien – mais surtout des ovnis, juste pour voir ses yeux s’émerveiller, entendre toutes les théories qu’il semble avoir étudié avec beaucoup de sérieux – vos bras qui se frôlent tandis que vous marchez, tu sens ta main la plus proche de la sienne picoter comme si tu mourrais d’envie qu’il l’attrape mais essaie de ne pas trop y penser lui demande comme la chieuse que t’es :

- Tu m’échangerais contre une Alien ? Mais une Alien avec la tête de Bud hein donc réfléchis bien !  

forever young

-- ft  aran

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Il n’aime pas trop tout cela, Suho. Parler de l’avenir, du jour où l’un d’entre eux devra quitter la ville, et ces fameux au revoir que mentionne Aran. Ça l’inquiète un peu, lui fait toucher du bout des doigts à une réalité prégnante, et plutôt que de lui donner trop d’importance – plutôt que de lui donner la moindre chance de paraître réelle –, il prétendra, comme trop souvent, que cela ne lui fait rien. Se contentera de lui adresser un clin d’œil, le doigt pointé vers elle lorsqu’il lui rétorque :

- Bien sûr que t’es ma star. Je compte sur toi pour devenir assez connue pour que j’te perde jamais de vue.

Faudra que tu brilles assez fort, Aran, pour dépasser la lumière du soleil, qu’à côté de toi, cette grosse étoile semble presque éteinte. Mais j’te fais confiance pour ça, j’sais que t’en es capable, parce qu’on dirait qu’y a rien que tu veux plus que cette gloire. Bien heureusement, ils ne s’attardent pas davantage sur ce sujet, la jeune fille préférant lui demander s’il lui reste de la batterie. Evidemment, la réponse se solde par une négation, car Suho traite avec trop de légèreté les recharges de son téléphone. Pourtant, il froncera les sourcils en entendant la petite brune faire claquer sa langue d’un air irrité – l’air presque offusqué lorsqu’il lui rétorque :

- Hé, t’avais pas plus envie de partir que moi ! Si j’avais pas capté que la nuit commençait à tomber, j’suis sûr qu’on y serait encore !

Garçon bien décidé à ne pas se faire accuser à torts ; garçon qui lui propose cependant, à contrecœur, de prendre la direction du retour. Car il la sent stressée ; voit bien qu’elle appréhende d’éventuelles représailles, alors soit. Ils se relèvent d’un seul mouvement, Suho tout ouï lorsque sa camarade commence à lui parler d’aliens, les yeux qui s’ouvrent un peu plus grands, brillants, et toute son attention rivée sur elle. Car elle prétend qu’il communiquerait avec les extraterrestres ; que E.T serait son ami. Et il rêverait de tout cela, le jeune homme ; adorerait que ce soit réel, qu’il jouisse vraiment d’un tel privilège. Mais elle semble déçue face au constat évident que ce n’est pas le cas, et alors qu’elle tourne déjà les talons, il s’empresse de la suivre, de lui assurer :

- Non non, attends, j’vais voir ce que je peux faire ! J’ai bien étudié la question, j’peux toujours essayer hein…

Avec application, il pose deux doigts sur ses tempes et ferme les yeux, se concentrant de toutes ses forces pour convoquer E.T, les zinzins de l’espace ou n’importe quelle autre forme de vie au-dessus de leurs têtes. Juste pour impressionner Aran – qu’elle ne soit pas déçue –, et puis s’il pouvait réaliser son rêve au passage, eh bien… Mais malheureusement – et sans surprise –, sa tentative se solde par un échec. Il a l’air bougon – sincèrement déçu – lorsqu’il rouvre les yeux et laisse retomber ses mains, mais répond comme si de rien n’était :

- Bon, ok, ok, te fous pas de ma gueule de suite… Ca a pas marché là mais oklm, je réessaierais et un jour ça finira bien par marcher !

Il y croit, Suho, comme certains croient en un dieu au-dessus d’eux – et puisque Aran lui tend une perche, il s’en saisit à pleines mains et lui explique plein de choses sur les aliens et ce qu’il se passe dans le ciel. Les yeux brillants, et le sourire un peu trop grand de parler de ce sujet qui le passionne tant. Jusqu’à ce que la jeune femme lui demande s’il l’échangerait contre une alien, mais une à la tête de Bud, et cela fait toute la différence. Déso mon pote Bud, mais elle reste plus fraîche que toi, peu importe combien t’es trop cool. Pourtant, s’il est une chose que Aran devrait savoir c’est qu’il au moins aussi chiant qu’elle, alors plutôt que de lui répondre cela, il glissera un mystérieux :

- Pose pas de questions, t’auras pas de réponses Arana.

L’ombre d’un sourire s’étire en coin, alors même que l’adolescente commence déjà à bouder à ses côtés – alors il se rapproche d’elle, Suho, crée l’un de ces contacts physiques qu’elle semble avoir en horreur en glissant un bras autour de ses épaules, et venant la coller un peu contre lui, comme pour l’arracher de force à sa mauvaise humeur :

- Eh… Est-ce que moi j’te demande si tu m’échangerais contre un de tes BTS ? J’sais que la réponse me plairait pas alors je m’abstiens, tu vois ?

Il ricane un peu, l’air bien sûr de ses théories ; la relâche, sans s’éloigner tout à fait pour autant, glissant sagement les mains dans ses poches lorsqu’il lui demande :

- C’est à cause d’eux, que tu veux devenir connue ? Enfin, j’espère bien que t’es pas une sasaeng à vouloir te rapprocher d’eux comme ça, mais j’voulais plus dire, c’est eux qui t’ont donné envie de ça ? Ou ça a toujours été le cas ?

forever young

-- ft  suho

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Il essaie Suho, de toute son âme et de tout son cœur de communiquer avec les habitants de l’espace mais rien n’y fait : la connexion semble échouer. Rien ne se passe, ni sur Terre, ni dans le ciel noir – très peu étoilé ce soir – que tu viens regarder, curieuse. Comme si t’attendais sincèrement qu’il se passe quelque chose, qu’une toute petite part de toi espérais pour lui que le ciel lui réponde d’une manière ou d’une autre. Car c’est son rêve au garçon et t’aimerais bien que l’un de ces rêves se réalisent sous tes yeux. Mais malgré tout, l’un comme l’autre, vous savez que rien ne se passera. Car si c’était si simple de discuter avec les petits bonhommes verts alors le mystère aurait été résolu depuis un bien grand nombre d’années déjà et c’est bien pour ça qu’il te demande de ne pas te foutre de lui, qu’un jour ça finira par fonctionner faut juste lui laisser le temps de trouver la bonne approche, la bonne technique.

- Mmh, mmh... J’espère pour toi mais en attendant... On n’a pas de solution, pas de téléphone... Juste nous et nos pieds quoi.

Mais ce n’est pas plus mal. Même si t’as peur de la suite, peur de savoir à quelle sauce madame Kim risque de te manger une fois que tu seras rentré – à moins qu’elle se décide à te renvoyer au foyer car c’est la goutte de trop ? – Tu tentes au maximum de profiter du moment présent, sentir l’air frais glisser sur tes joues encore échaudés de la course jusqu’à l’arrêt de bus, entendre Suho te parler, raconter tout ce qui lui passe par la tête constamment. Et si jusqu’à présent tu l’as toujours envié d’avoir cette aisance pour discuter, dire ce qu’il veut quand il le veut tu t’essaies à l’imiter. C’est fait de façon gauche, une question débile à laquelle t’attends une réponse très précise. T’aimerais qu’il te choisisse toi, toi plutôt que ces aliens qui n’existent pas. Toi qui es plutôt jolie, du moins c’est ce que les adultes disent souvent de toi. Et t’as de l’espoir Aran, quand tu le vois faire mine de réfléchir tu sens que ton prénom va sortir d’entre ses lippes mais pas du tout. C’est la douche froide. Il te demande de ne pas lui poser de telle question et t’ouvres la bouche, ébahie, la referme puis la rouvre pour lui dire carrément sur la défensive :

- C’est pas en répondant ce genre de chose que t’obtiendras quelque chose d’une fille ! Toi aussi t’es moche toute façon, Bud est mieux que toi.

Tes bras que tu viens croiser sous ta poitrine, à fixer droit devant toi en t’imaginant déjà lui faire la tête tout le long du reste du trajet. Mais Suho vient glisser son bras autour de tes épaules, te rapproche de lui et déjà tu baisses légèrement ta garde, l’écoute te rappeler que dans le sens inverse, si lui te demandait si tu le choisirais face à l’un des membres de ton groupe préféré la réponse ne lui plairait pas. Tes yeux roulent alors, un soupire s’échappe lorsque tu réponds toujours aussi peu encline à faire la paix avec lui :

- Sauf que je t’ai pas demandé de choisir entre moi et une Twice, j’ai parlé de la tête de Bud qui est moche puis, qui dit que je t’aurais pas choisi ? C’aurait pu être le cas mais bref.

Et déjà il te relâche, t’en profite alors pour t’éloigner d’un pas, marche silencieusement jusqu’à que sa voix ne s’élève, te demande un brin plus sérieusement si c’est grâce – ou à cause de ce groupe que tu chéris tant que tu souhaites te lancer dans cette carrière. Tu le regardes alors un instant sérieusement lui dit :  

- Bah oui ? C’est pour rencontrer Jungkook que je fais tout ça ?

A la tête qu’il se met à tirer tu comprends qu’il est capable de réellement te croire Suho alors t’explose de rire, te met à faire non de la tête avant d’ajouter :

- Non non je rigole, vraiment pas !  J’ai toujours été attiré par ce monde-là, à la toute base je voulais être danseuse étoile quand j’étais petite mais comme j’ai arrêté les cours très tôt et jamais pu reprendre bah c’était mort quoi... Mais par la suite j’ai commencé à chantonner et je me suis dit pourquoi pas moi ? BTS c’est juste mon groupe préféré... Mais en soi j’étais déjà déterminé avant ça...

Car t’as besoin de reconnaissance, besoin de plaire au plus grand nombre de personne et rien ne te ferait briller plus que de devenir une star. C’est ce que t’imagines, ce en quoi tu crois.

- Et toi y’a un groupe ou quelque chose qui t’a poussé à faire ce choix là ... ? En soi tu pourrais juste être danseur dans un crew ou même devenir professeur à ton tour ?

Il a tout le talent du monde pour Suho, t’es certaine que même si dans le pire des cas il n’arrive pas à intégrer une agence il pourra vivre de la danse d’une manière ou d’une autre.

- Brrr, j’suis trop bête de pas avoir pris une veste ce matin maintenant j’ai trop froid aux mains...

Que tu finis par dire en te frottant les mains dans la veine tentative que ça suffise à te réchauffer.

forever young

-- ft  aran

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Il éclate de rire, Suho, trop fier de sa connerie lorsqu’il voit Aran le dévisager d’un air abasourdi, ouvrir la bouche et la refermer comme un poisson rouge sans que le moindre son n’en sorte. C’est d’un air bien trop fier qu’elle lui apprend qu’il n’obtiendra rien des femmes avec de telles réponses, ajoute qu’il est encore plus moche que ce pauvre Bud qui se prend des balles perdues depuis tout à l’heure, et sans s’attarder sur cette pique injustifiée sur son physique, il vient plutôt glisser un bras autour de ses épaules, la rapprochant tout contre lui ; lui demande, le regard intéressé et l’air goguenard :

- Pourquoi… ? Tu veux dire que j’aurais pu obtenir quelque chose de toi si j’avais répondu autre chose… ?

Dis-moi tout Aran, et alors peut-être que la prochaine fois je ferais preuve d’un peu plus de sérieux dans mes réponses – ou pas. Et déjà, il ajoute des paroles qu’il juge être d’une logique implacable – lui-même ne lui demande pas qui elle choisirait entre un membre de BTS et lui-même, et c’est pour une bonne raison qu’il se préserve ainsi. Mais loin d’arranger son cas aux yeux de la jeune fille, cette dernière se contente de rouler des yeux, lui fait remarquer qu’elle ne lui a pas demandé de la départager avec une Twice mais avec un alien moche, et à ces mots il fronce un peu les sourcils.

- Déjà arrête de parler comme ça de Bud, il t’a rien fait c’est pas cool ! Mais du coup ça veut dire quoi ça… tu m’aurais choisi moi plutôt que V ou Jungkook… ?

Ses grands yeux qu’il braque alors sur elle, toute son attention qu’il lui accorde lorsqu’il lui pose cette question, l’air pas peu fier comme si elle lui avait déjà donné la réponse qu’il attendait, alors même qu’un petit héhé s’échappe d’entre ses lippes. Déjà, il rend à la petite brune sa liberté et l’interroge sur les raisons qui la poussent à si bien viser les étoiles – pas les mêmes que lui, mais soit. Forcément, il se demande si cela a quelque chose à voir avec son groupe préféré ou si ce n’est absolument pas le cas, et lorsqu’elle lui répond avec tout le sérieux du monde qu’elle s’acharne si bien dans le seul but d’enfin rencontre Jungkook, il reste un instant interloqué. A la dévisager en tentant de démêler le vrai du faux – le souci, c’est qu’elle est un peu trop convaincante, Aran, alors il ne peut qu’être soulagé lorsqu’elle s’empresse de le détromper. Son joli rire remplit l’espace tout autour d’eux, alors même qu’elle lui assure que cette attirance remonte bien plus loin ; qu’elle aurait rêvé devenir danseuse étoile, en réalité, et à ces mots il écarquille un peu les yeux, car jamais il n’aurait pu le deviner. Il ne se doutait pas qu’ils partageaient une passion si profonde, des rêves si précoces.

- Whaaa, c’est trop cool, je pensais pas t’aimais la danse comme ça ! J’aurais bien voulu te voir avec un petit tutu, tu devais être trop mignonne !

Et il rigole un peu, attendri par l’image qu’il se figure, une mini Aran à la tête toute ronde et aux gestes un peu empruntés, l’air appliqué avec son tutu léger et son petit chignon. Loin de se douter à quel point l’un comme l’autre sont loin d’avoir eu les enfances parfaites que dépeignent les clichés habituels. Et comme pour poursuivre dans cette lignée, Aran lui demande à son tour ce qui le pousse à courir après ce rêve. Après tout, elle a raison, il pourrait tout aussi bien chercher à rejoindre un crew ou devenir professeur, ce serait même plus simple, mais il ne s’y retrouverait pas.

- C’est vrai, hein, mais ma mère a… énormément sacrifié pour que je puisse suivre ces cours, alors j’voudrais la rendre fière, lui prouver qu’elle a pas fait tout ça pour rien, puis mettre ma famille à l’abri, tant qu’à faire. J’serais heureux du moment que j’peux danser, où que ce soit, mais c’est vrai que me faire un nom dans l’industrie ça me permettrait de réaliser tout ça en plus.

Il hausse un peu les épaules, toujours pudique lorsqu’il faut parler trop sincèrement de sa famille. Car beaucoup de non-dits rôdent derrière les mots anodins qu’il semble prononcer, et heureusement, Aran change d’elle-même de sujet en laissant entendre qu’elle a les mains gelées. Il baisse un instant les yeux vers sa tenue, Suho, pour constater qu’il n’a même pas de veste à lui prêter ; s’arrête alors de marcher pour refermer ses mains sur les siennes et les frictionner comme il peut, avant de les porter près de son visage pour souffler de l’air chaud dessus, bien à l’abri au creux de ses mains. A laisser un petit sourire s’étirer en coin lorsque leurs regards se croisent ; lui demander, tel le gamin chiant qu’il est :

- Ben alors Arana, pourquoi tu rougis comme ça… ?

Il ricane un peu, le garçon, lorsque dans les faits, lui le premier apprécie un peu trop la moindre once de proximité à laquelle il peut se permettre de goûter ; la laisse récupérer l’usage de ses mains, se remettant à marcher à ses côtés, pour finalement venir refermer l’une de ses mains sur la sienne ; entrelacer leurs doigts, et justifier rapidement ce geste par :

- J’suis trop nul, j’ai même pas de veste à te prêter, alors c’est tout c’que je peux faire. J’voudrais pas tu chopes la crève parce que j’ai pas réussi à joindre mes potes les aliens.

forever young

-- ft  suho

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T’avais même pas réfléchi un seul instant à la réponse qu’il pourrait te quémander en lui disant que ce n’est pas de cette manière-là qu’il pourrait – potentiellement – obtenir quoique ce soit venant de la gent féminine. Mais malgré toi, ton petit cerveau se met en marche et forcément la réponse te semble évidente du moment que les méninges se mettent à fonctionner. Bien sûr qu’en essayant un tout petit peu, en faisant les bonnes actions il pourrait éventuellement obtenir un petit quelque chose Suho. Car il est drôle, sacrément doué dans ce qu’il fait, mignon à souhait et par-dessus tout, gentil et innocent. T’apprécie un peu trop toutes les petites attentions qu’il te porte constamment l’adolescent, que ce soit en t’amenant un gouter car de toi même tu n'y penses jamais ou bien quand il t’envoie des playlists de musique en ayant à peu près capté tes gouts musicaux.

Il est mignon, agréable.
Tout ce que tu n’es pas Aran, du moins pas naturellement.

Il te faut déployer un trésor d’effort pour lui ressembler un minimum, avoir le cœur et les intentions aussi pure. T’essaie, de temps à autre, hein. Parfois tu lui tends de toi même l'un de tes écouteurs filaires pour qu’il écoute avec toi la musique durant les trajets retours, lui propose un peu d’eau de ta gourde quand lui, a déjà descendu d’une traite la sienne après avoir dansé comme un acharné, un amoureux de son art. Ça te coute hein de faire preuve de petites attentions pareil car on ne t'y a jamais habitué, mais tu le fais. Par contre, quand il te demande si tu comptais réellement choisir lui, face à tes idols préférés la aussi tu t'amuses à l'imiter à la perfection quand tu réponds :

- Ok ok, j’dis plus rien sur ton alien qui pue et pour le reste... Pose pas de question, t’auras pas de réponse.

Un énorme sourire – bien évidement factice que tu lui présente avant de redevenir un brin plus sérieuse une fois la blague passé sur les raisons qui te pousse à te battre pour devenir chanteuse plutôt que choisir un chemin plus tranquille. Tu lui racontes pour la toute première fois que toi, petite tu souhaitais devenir danseuse étoile mais que t’as jamais pu suivre la formation jusqu’au bout tout en évitant le sujet de la raison qui t’a forcé à arrêter la danse prématurément. Et forcément, il se contente de ce que tu lui donnes Suho, ne cherche pas plus loin et ça t’arrange qu’il ne pose pas trop de question quant à ce sujet, tu ne saurais de toute façon pas par où commencer. Puis t’as un peu honte d’être une gamine des services sociaux, surement qu’il se ferait une fausse idée de toi, penserait à tous les clichés qu’englobe le fait d’être une enfant qu’a plusieurs fois changés de familles d’accueil, a connu les orphelinats et autres structures regorgeant d’enfant abandonnés.

- Jaaaamais tu ne verras ces photos Yi Suho, je dois en avoir qu’une de toute façon !

Car les photos se sont perdues, éparpillés au fil des changements de familles et autres établissements que t’as pu fréquenter. Et plutôt que de t’aventurer plus longtemps sur un sujet qui pourrais se retourner contre toi tu lui demande de t’expliquer pourquoi lui, souhaite devenir idol à son tour. Car il a tout le talent du monde pour intégrer un groupe de danse connu au moins dans la région Suho, tu l’imagines bien dans un futur proche devenir au minimum professeur à son tour. Mais Suho il veut rendre fier sa famille – sa mère en grande partie. Tu trouves ça honorable, pas si étonnant venant de lui qui semble si attentionné envers les personnes qu’il apprécie. Et forcément ça te fait sourire, sincèrement cette fois et c’est des mots doux qui s’échappent d’entre tes lippes, sans que tu réfléchisses :

- C’est vraiment mignon de ta part, ça se voit t’es un fils adorable... Je pense que peu importe ce que tu feras, le chemin que tu choisiras ta mère sera fier tu sais ? Mais j’espère qu’on sera connu tous les deux... Moi plus que toi mais ça, c’est un détail !

Toi toujours plus que tout le monde, toi avant lui car toi t’as des choses à prouver, des parents que tu ne connais même pas qui en te regardant à la télé mourraient de regret d’avoir abandonné leur petite fille si talentueuse. Ça serait la meilleure revanche que tu pourrais avoir contre la vie mais t’es encore loin de ton but ultime. Pour le moment tu n’es qu’une petite étudiante à Daegu qui passe un peu trop de temps au côté d’un drôle de garçon qui doucement te déconcentre, te fait oublier ton objectif tant il rend la vie agréable. Un garçon qui se permet d’attraper tes mains pour les réchauffer quand tu te plains des températures trop basses de ce mois de novembre. C’est toi la fautive, toi qui n’a pas pris de veste ce matin et pourtant c’est lui qui s’inquiète pour toi, lui qui apporte tes mains près de ses lèvres pour y souffler un peu d’air chaud. T’as l’impression de sentir ton cœur dégringolé, t’es forcé de tourner la tête pour qu’il ne remarque pas tes joues rosies mais surement que tu t’y es prise trop tard car déjà, il fait une remarque à ce sujet, te gêne un peu plus encore. Et forcément, tu tires sur tes mains à la hâte pour les libérer de son emprise et lui dit en bougonnant :

- Mais n’importe quoi, c’est juste la teinte naturelle de mes joues... T’es bête toi hein...

A tenter de nier l’indéniable, à ne pas chercher à arracher ta main de la sienne lorsqu’il entrelace vos doigts. Tu viens même glisser sa main et la tienne dorénavant lié dans la poche qui transverse ton pull à capuche. Car lui aussi a certainement un peu froid ce soir, tu ne peux pas croire que t’es la seule qui ressente le souffle glacial de ce début d’hiver. Et comme lui, t’en viens à justifier ton geste, lui dit en tournant la tête vers celui qui te regarde sans trop comprendre :  

-  Quoi ? Toi non plus faudrait pas t’attrape froid ?

Tes doigts que tu serres à l’aide des tiens par peur qu'il ne veuille déjà récupérer sa main, lui demande pour noyer le poisson et aussi car t’es vraiment curieuse des choses les plus inutiles :

- T’as toujours les mains chaudes comme ça ? C’est trop agréable ? Moi c’est tout le contraire elles sont constamment froides ...

forever young

-- ft  aran

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Ça l’étonne un peu, Suho, d’apprendre que la jeune fille n’a qu’une seule photo de cette période de sa vie. Mais après tout, peut-être ses parents ne prenaient-ils simplement pas beaucoup de photos, ou n’avaient pas beaucoup de moyens, car à cette époque l’achat d’un appareil photo pouvait encore représenter un petit budget. Alors il ne cherche pas à creuser, s’attèle plutôt à lui expliquer pourquoi il cherche si bien à devenir un idol. Car dans les faits, Aran a tout à fait raison, il aurait tout aussi bien pu préférer la vie tranquille d’un danseur amateur, ou encore d’un professeur de danse. Mais il veut faire ses preuves – il a besoin de faire ses preuves, lui qui s’est si longtemps trouvé démuni pour préserver sa famille. Et d’après Aran, cette persévérance qu’il a à rendre fière sa mère et son grand frère est mignonne – de quoi dessiner une petite grimace sur ses traits, qui s’efface rapidement lorsque la petite brune prétend qu’elle sera plus connue que lui.

- J’suis pas adorable… C’est juste normal, t’as capté… Mais ouais hein, totalement, t’as tout le potentiel pour devenir plus connue que moi, j’en doute même pas !

Car Suho danse bien, oui, mais ce sont les chansons qui font vendre, et là où Aran a une voix angélique – parfaite, si on lui demandait son avis totalement objectif –, lui a une voix catastrophique. Il ne sait vraiment pas chanter si bien que ça ; trouve qu’il a un peu une voix de petit canard, dès qu’il fait autre chose que parler, et il craint que cela l’empêche d’atteindre ses objectifs, sait bien que c’est ce point qui lui claque les portes au nez à chaque audition qu’il passe. Et lorsque Aran montre avoir froid, il viendra refermer ses mains sur les siennes ; les porter auprès de sa bouche pour souffler dessus dans l’espoir de les réchauffer, avant de s’amuser de voir son visage rosir et se détourner de lui. Il l’embête un peu, Suho, et bien sûr ça ne loupe pas – Aran arrache ses mains des siennes, prétend qu’elle a toujours ce teint, et il ricane alors un peu en revenant chercher ses doigts.

- Tu me casses de rire, tu marches trooop vite à peine je dis un truc…

Gamin un peu trop fier de sa connerie, et ses doigts qu’il entrelacera aux siens ; justifiera ce geste par le fait qu’il n’a pas de veste à lui prêter, n’ayant qu’une chemise sur le dos qui ne lui sera pas d’un grand secours. Car Suho part trop vite le matin ; ne regarde jamais la météo, et finit bien souvent gelé ou trempé sous la pluie. C’est à l’image de tout ce qu’il fait, garçon insouciant sauf lorsque cela concerne la danse – là, le gagnent un sérieux et une implication qu’on ne lui connaît nulle part ailleurs. Et bien sûr, il est surpris de sentir la petite brune fourrer leurs deux mains au creux de la poche de son sweat. Il l’a dévisage, l’air interrogateur, jusqu’à ce qu’elle se mette à se justifier en prétendant qu’elle ne veut pas non plus qu’il prenne froid. De quoi pousser un petit sourire goguenard sur ses lèvres, comme chaque fois qu’elle a la moindre marque d’attention à son égard ; lui répondre, l’air pas peu fier de son petit privilège :

- Heureusement que j’peux compter sur toi, Arana…

Et il sent ses petits doigts fins se resserrer un peu plus sur les siens, à la limite de lui faire mal – il hausse alors un peu les sourcils, lui lance en riant, réajustant un peu ses doigts contre les siens :

- Eh, doucement, tu crois que j’vais aller où, même ?

Aran qui s’étonne alors de la chaleur de ses mains ; lui demande si c’est toujours comme ça, remarquant que c’est agréable, et que les siennes à elle sont au contraire froides. Il la regarde alors sans trop savoir quoi répondre, n’ayant jamais fait attention à la température de ses propres mains auparavant.

- Euh… Ouais, j’sais pas, c’est mes mains quoi… ? Mais c’est pas grave que les tiennes soient froides, puisque j’suis là pour te les réchauffer…

Le sourire en coin, jeune homme un peu trop heureux de se prêter une importance dans sa vie.

- Puis cet été tu pourras me rafraîchir avec tes mains, alors en vrai c’est donnant-donnant, tout le monde est content !

A faire des plans sur la comète, déjà parler d’un été où, il l’ignore encore, elle ne sera déjà plus dans sa vie.

forever young

-- ft  suho

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Intérieur de la joue que tu te mordilles pour ne rien ajouter car tu vois bien qu’il n’aime pas quand tu dis qu’il est mignon. Pour Yi Suho c’est juste la base, rien de bien exceptionnel de vouloir le meilleur pour sa famille alors t’hoches de la tête, espère comme il le dit que tu seras connue comme il le sous-entend bien que chaque jour, les chances allant dans ce sens s’amenuisent. Il y a très peu d’espoir que ça arrive et c’est quelque chose qui t’angoisse – te bouffe l’esprit quasi chaque nuit avant de t’endormir. Mais ce soir, tu t’évites ce genre de penser sombre. Car il y a mieux à faire, des mains à réchauffer, un cœur prêt à exploser dans la poitrine. C’est le tien qu’est prêt à s’embraser et tes joues ne tardent pas à se teinter de rouge pour crier au premier intéressé que son toucher te fait de l’effet.

Chose que t’as du mal à accepter,
T’arraches tes mains et puis gronde que ce n’est pas vrai.

Et le tintement de l’éclat de sa voix te mettrait en rogne normalement mais là, t’as juste l’impression de recevoir un coup de couteau dans le ventre, sent quelque chose de bizarre au milieu de tes entrailles. C’est viscéral, tu meurs d’envie de l’entendre encore et encore ce son. Alors bien évidemment que tu le laisses récupérer ta main, ne dit rien quand il entrelace vos doigts avec délicatesse. Tu serres même un peu ses doigts, laisse la chaleur de son derme envelopper tes mains gelées par le froid et glisse vos deux mains liées dans ta poche. A l’abri des regards, à l’abri de tes propres yeux car toi-même tu te jugerais d’être si niaise.

- Pourquoi tu m’appelles Arana tout le temps … ? Mon prénom de base il te plait pas ?

Tête que tu penches légèrement sur le côté, suspicieuse. Car ça fait des mois qu’il t’appelle ainsi Suho, ne semble pas prêt à utiliser ton prénom sans le petit –a en plus.  Et alors que vous marchez sur ces trottoirs peu fréquentés ce soir, tu resserres un peu ta prise sur la sienne, le laisse réajuster ses doigts et roule des yeux quand il te fait comprendre que t’y vas un peu fort.

- Mais nulle part c’est bon… J’ai même pas serré si fort, t’es vraiment fragile…

Un débat qui commence ainsi, toi en rabâchant qu’il est plutôt douillé et lui, ne faisant que répéter à son tour qu’il est robuste et qu’il peut le prouver, qu’il a de sacré épaules pour son âge. Ce qui est vrai, il a des proportions déjà remarquables le danseur. Un corps auquel tu penses de plus en plus souvent, imagine sans les couches de vêtements. Des pensées honteuses que tu caches, éloigne de ta tête le plus rapidement possible en lui posant la question la plus débile qui soi. Tu l’écoutes alors bredouiller qu’il ne s’est jamais réellement rendu compte qu’il avait les mains particulièrement chaudes, commence déjà à s’imaginer que tes mains lui serviront cet été quand les températures de la ville auront augmenté et là encore, tu l’embêtes en disant que tu garderas ta fraicheur pour toi, qu’il n’y aura pas droit. Puis comment l’aider ? T’es censé les poser où tes mains gelées ? Des idées farfelues qui te traverse, que tu gardes pour toi dans un petit coin de ton cortex. Et des discussions durant ces vingt-cinq prochaines minutes vous en avez des dizaines et des dizaines. Vous passez du coq à l’âne, riaient ensemble et vous boudant le temps de quelques secondes la fois d’après. Mais déjà, au loin, se dessine la grande lignée de bâtiments qui compose la résidence dans laquelle t’habite et doucement tu ralentis le pas. Commence à te dire que c’était vraiment égoïste de ta part de le laisser te ramener jusqu’à chez toi. Maintenant il va devoir faire tout le chemin inverse et tu te demandes combien de temps ça va lui prendre, t’inquiète pour l’angoisse que doit ressentir sa mère en ne le voyant pas revenir et aussi – surtout – ce qui peut lui arriver si il n’est pas prudent sur le chemin du retour. T’arrêtes alors de marcher, le force à te regarder et lui dit les yeux dans les yeux :

- Si quand je rentre t’attends cinq minutes le temps que mon téléphone s’allume je redescends de suite pour te le prêter et tu pourras appeler ton frère pour qu’il vienne te chercher ?

Une autre idée te traverse l’esprit et t’écarquille un peu les yeux, ajoute avant même qu’il n’ait répondu :

- Sinon je demande à ma mère de te ramener ? Je suis sûr qu’elle le ferait si je lui fais les yeux doux !

forever young

-- ft  aran

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Leurs deux mains entrelacées soigneusement enfoncées dans la poche ventrale du sweatshirt de la petite brune, voilà qu’elle lui demande pour quelle sombre raison il l’appelle toujours Arana. Elle semble soupçonner qu’il n’apprécie pas son prénom véritable, et à ces mots il hausse un peu les sourcils, l’air surpris. Car elle fait fausse route – cela n’a jamais été la raison pour laquelle il a fait un tel choix.

- Ben ? Si il me plaît, t’as un trop joli prénom. Juste Arana ça montre qu’on est proches, t’as capté ? Cherche pas plus loin hein, c’est juste pour ça que j’aime bien.

Petit suffixe qui indique le tutoiement, qu’il se plaît à employer avec elle en signe de proximité. Mais déjà, il ajoute :

- Mais si tu veux j’peux aussi t’appeler Arana parce que ça ressemble à Ariana Grande et qu’un jour tu seras aussi connue qu’elle, hein…

Petit regard en coin – il croit en elle, elle n’a même pas foulé les planches d’une scène que pour lui, Aran est déjà sa petite superstar. Et ça se lit dans ses yeux qu’il place tout l’espoir du monde en elle ; ne se fait même pas un peu de souci pour elle – il le sait, elle est trop talentueuse et déterminée pour qu’il soit le seul à le voir. Et lorsque ses petits doigts se resserrent sur les siens, il prétendra qu’elle y va un peu fort, lorsque cela le fait plus rire qu’autre chose – lui fait plus plaisir qu’autre chose, lui donne l’impression qu’elle lui porte un semblant d’affection. Mais tout ce qu’elle trouve à répondre, c’est qu’il est vraiment un fragile, et à ces mots ses yeux s’écarquillent bien grands – il s’écrie, offusqué :

- Hein ? Moi j’suis un fragile ?? Mais pas du tout, j’suis super fort comme mec ! Téma, si c’est pas des épaules de mec robuste, ça ?!

Ses épaules qu’il tape un peu de la main, comme pour lui montrer qu’il en faudrait plus pour le faire plier – et sans doute qu’il s’excite un peu trop, Suho, prend un peu trop à cœur cette pauvre remarque. Mais son enfance a suscité bien des complexes chez lui, des complexes et autres fixations qu’il n’a pas encore réussi à dépasser, aujourd’hui – sans le savoir, Aran vient de l’attaquer sur l’un des pires sujets. Alors ils débattront bien trop longtemps sur cette question, avant de dériver vers leurs mains. Mains que la lycéenne juge comme étant chaudes – il ne s’était jamais fait cette réflexion, Suho, mais lui répondra qu’elle pourra alors le rafraîchir cet été, et bien sûr, il faut que Aran lui rétorque qu’elle ne lui fera jamais ce plaisir.

Et ils se chamaillent tout le long du chemin, l’un embêtant l’autre, et l’autre plongeant tête baissée dans cette brèche, gagnant ainsi peu à peu les abords de la résidence de Aran. Il sent bien qu’elle ralentit soudainement, elle qui semblait si pressée de rentrer chez elle avant que sa mère ne s’inquiète – cette impression se confirme lorsqu’elle s’arrête carrément, le dévisage pour lui proposer d’attendre cinq petites minutes afin de pouvoir appeler son frère. Et un instant, il réfléchit à la question. Car il est censé rentrer au plus vite, mais en même temps, ce serait une perte de temps bien investie puisqu’elle lui permettrait de rassurer sa famille plus tôt. De toute manière, il n’a pas l’occasion de répondre quoi que ce soit que Aran reprend déjà la parole pour proposer de demander à sa mère de le ramener. Ce serait encore plus simple, en réalité, et il lui répond :

- Ah ben si tu lui dis que le mec le plus sympa du lycée a ramené sa petite Aran jusqu’à chez elle pour pas qu’elle rentre toute seule la nuit… Comment elle pourrait refuser ?

Il ricane un peu, à se lancer ouvertement des fleurs, avant de répondre plus sérieusement :

- Non, en vrai qu’elle s’embête pas hein, mon frère peut venir me récup j’voudrais pas la déranger.

Il hausse un peu les épaules, soucieux de ne pas peser sur cette pauvre femme qui n’a rien demandé. Et déjà, il ajoute :

- Allez, on repart ? J’croyais t’étais pressée…

Une petite œillade en coin, à l’embêter un peu ; mettre volontairement le doigt sur le fait qu’elle a soudain ralenti, s’est même arrêtée, comme si elle ne voulait plus le quitter. Ils marchent alors encore un peu, et sans trop savoir où ils sont précisément par rapport à sa maison, il s’arrête tout d’un coup, la poussant à en faire de même. Les deux jeunes gens face à face dans la nuit tombée, dans le cercle de lumière d’un lampadaire, il la dévisage un instant, le cœur battant ; finit par demander :

- Avant qu’on arrive chez toi, j’peux faire un truc que j’ai très très envie de faire ?

Il arrache alors sa main à la chaleur de sa poche ; le regarde sans trop savoir quoi faire, finira par replacer une mèche derrière son oreille, comme il a vu faire dans les dramas, car il ne sait pas comment faire. il a l’impression que son cœur va exploser dans sa poitrine ; qu’elle ne peut que l’entendre, tant il bat fort, et alors il doit être foutu. Et, rassemblant tout son courage, il se penche vers elle ; dépose ses lèvres contre les siennes avant de se reculer rapidement, avec toute sa maladresse d’adolescent. Le visage un peu rouge, et l’estomac sens dessus dessous – à espérer de tout son cœur ne pas récolter une gifle au passage.

forever young

-- ft  suho

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Tu les vois au loin les bâtiments qui forment le lotissement dans lequel tu vis depuis tes treize ans. Ils grandissent, se dessinent plus nettement et prennent un peu plus de place à chaque pas que vous faites dans leur direction. Et t’as finalement plus envie de rentrer chez toi, même si ça implique une terrible punition à la clé. Car vous êtes bien là, tous les deux, main dans la main. La chaleur de sa poigne te rend heureuse, vos conversations aussi lunaires que sérieuse te donnent envie de débattre encore et encore jusqu’à que l’un de vous deux finissent par donner raison à l’autre. Et ça jusqu’au bout de la nuit. Mais ce n’est juste pas possible. Vous êtes jeunes, avaient l’un comme l’autre une mère – biologique ou non – sur le dos. Puis demain il y a école.

Toi t’es à un rien de rentrer Aran, mais Suho il est encore loin de chez lui et ça te tracasse. Assez pour que tu te mettes doucement à cogiter sur un moyen pour qu’il rentre plus rapidement. Et autrement qu’à pied. Car même si Daegu n’est pas connu pour un extrême taux de criminalité, la ville ne manque pas de gang pour autant, de jeunes avides de colère, prêt à chercher des ennuis à un gentil garçon comme Yi. Ça te fait froid dans le dos, te tend sur place alors tu l’arrêtes dans sa foulée Suho. Lui propose deux solutions, l’une le faisant attendre que cinq petites minutes en bas de chez toi le temps que ton téléphone s’allume et la seconde impliquant une rencontre, une certaine gêne le temps que vous passerez en voiture. Car Madame Kim n’a pas sa langue dans sa poche, ne pourra s’empêcher de poser des questions, lui dire d’une façon ou d’une autre que quand tu lui parles de lui, t’as constamment le sourire. Elle l’appelle ton « namoureux » depuis des mois déjà et t’as un peu peur qu’elle lui dévoile cela. T’es ainsi bien contente qu’il ne veuille pas la déranger, préfère appeler son frère.

- Ok donc t’attendra devant chez moi le temps que je charge vite le téléphone ... Et t’attends sagement hein ?

Car t’as pas envie qu’il se fasse remarquer, pas envie que les passants s’imaginent qu’il rode et appelle la police ou quoi. Tu te fais tout un tas de film ridicule. Hoche de la tête quand il te dit qu’il est temps de reprendre chemin – après tout, t’étais pressé parait-il et tu laisses alors tes mirettes rouler, ta langue claquer quand tu réponds :

- Excuse moi de m’inquiéter pour toi Yi ? Je cherchais juste un moyen de te faciliter la vie plutôt que de te faire rentrer à pied... J’crois que finalement c’est ce qui va t’arriver !

Tu reprends ainsi la marche, à ses côtés, silencieusement. Tu fixes droit devant toi, l’esprit songeur quant au bout de quelques mètres à son tour le garçon s’arrête. Tu t’apprêtes à lui faire une petite remarque cinglante, le pointer du doigt pour ce ralentissement mais il semble soudainement sérieux Suho, prend un peu trop de temps pour te demander sa faveur. A tel point que tu bégaies un pauvre :

- Heu... Bah ... Oui bien sûr ?

Pas certaine de savoir à quoi t’attendre, à le fixer comme une sombre idiote loin d’imaginer ce qu’il va se passer. C’est pourtant évident, ça fait des semaines que vous vous tournez autour l’un et l’autre mais quand il s’approche de toi, ça te semble fou ce qu’il se passe. T’écarquille un peu les yeux en sentant ses doigts glisser dans tes cheveux, ton souffle se faire court quand il est aussi proche de toi. Et la suite ne fait qu’accentuer ce que tu ressentais jusque-là. Car Suho fini par coller ses lèvres aux tiennes, ça dure quatre secondes au maximum mais c’est les quatre secondes les plus intenses de ta vie entière. T’es rouge pivoine quand il s’éloigne, tu ne sais même plus où regarder.

- Je... Je... Attends-moi là ! Ne...Ne bouge surtout pas, je reviens !

Que tu bredouilles avant de partir en courant jusqu’à l’entrée de ton immeuble – incapable de gérer toutes ces émotions, ce feu d’artifice qu’il a fait naitre au creux de ton ventre en un mouvement. Tu cours comme t’as jamais couru – bien plus vite que plus tôt dans la soirée quand il fallait attraper ce dernier bus. Tu ne prends même pas l’ascenseur mais monte trois à trois les escaliers jusqu’à ta porte, l’ouvre et la referme avant de t’appuyer contre, le cœur battant à tout rompre en essayant de te rendre compte de ce qu’il vient de se passer, de ta non-réaction débile que t’as eu.

- Mais t’es trop débile Aran pitié....

Que tu te chuchotes en te tapant le front de la paume de la main. C’est là qu’arrive Madame Kim, commence déjà à t’engueuler jusqu’à qu’elle remarque ta respiration courte, tes joues toutes rouges. T’explique alors pour le bus raté, les portables déchargés et lui dit que t’as proposé à ton ami d’attendre en bas le temps que ton téléphone charge pour que quelqu’un vienne le chercher à son tour puisque lui, t’as raccompagné jusqu’ici. Elle n’est pas contente Madame Kim, te menace avec son torchon à la main de ne plus jamais recommencer mais t’autorise à redescendre quand ton portable te le permettra quand même. Et les minutes qui s’en suivent semble les plus longues de ta vie mais du moment que le téléphone s’allume, tu la préviens que tu redescends, refait ce chemin à l’envers jusqu’à ce lampadaire qu’a recueilli ton premier baiser. Il est là Suho, attend contre celui-ci et toi tu cours jusqu’à lui, lui tend ton portable comme promis :

- Tiens... Appelle vite avant qu’il s’éteigne encore...

Tu le regardes alors appeler son frère, chuchoter des choses en s’éloignant que tu ne peux pas entendre et quand il revient, te tend ton téléphone tu t’approches rapidement de lui, attrape son visage à deux mains et l’embrasse tout aussi rapidement que lui cinq minutes plus tot et lui dit en t’éloignant de deux pas, à la hâte :

- On se voit demain en cours Yi ? J’peux pas attendre avec toi elle va me tuer si je reste encore dehors une minute de plus ...  

forever young

-- ft  aran

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Il hausse un peu les sourcils, l’air de se demander à quoi elle peut bien penser pour se sentir obligée de lui demander d’attendre sagement. Elle s’imagine quoi, au juste ? Qu’il va se mettre à exécuter une danse rituelle à la gloire des extraterrestres, dans la lumière des lampadaires ? Elle semble avoir une bien curieuse image de lui, mais il ne peut pas faire comme si ce n’était pas justifié. Et plutôt que de répondre à ces attaques calomnieuses, il lui suggère de se remettre en route – plus par volonté de l’embêter que d’écourter l’instant partagé. Car si ça ne tenait qu’à lui, il aurait prétendu avoir oublié qu’ils étaient censés rentrer, afin de profiter de sa présence le plus longtemps possible – mais l’idée de la voir s’exciter seulement car il aura osé remarquer qu’elle ne semble tout d’un coup plus si pressée de rentrer était un peu trop tentante pour l’ignorer. Et bien sûr, ça a fonctionné. Il peut voir ses yeux rouler, sa langue claquer, et le sarcasme dans sa voix lorsqu’elle s’excuse de s’être inquiétée pour lui. Elle le menace même de le laisser rentrer à pied, et à ces mots un petit ricanement lui échappe, alors même qu’il lui rétorque :

- T’inquiète pas pour moi, va… J’suis un grand garçon, j’ai pas besoin qu’on s’occupe de moi.

C’est plutôt moi qui voudrait m’occuper du monde entier ; qui voudrait protéger le monde entier contre tout le mal qu’il peut se faire. Et pourtant, il y a sans doute peu de choses plus fausses que le fait qu’il n’a pas besoin que l’on s’occupe de lui. Car malgré lui, Suho prend tellement de place – attire tellement l’attention de ses proches – que l’on peut très difficilement le laisser dans son coin. Mais sans s’attarder sur ces pensées, il se remet à marcher à ses côtés, pour s’arrêter quelques instants plus tard, ignorant laquelle de toutes ces maisons est celle où habite la jeune fille. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il meurt d’envie de l’embrasser, que cela fait des mois que ça dure – probablement depuis la toute première fois qu’il l’a vue, s’il doit être tout à fait honnête –, mais bien sûr, sauter ce cap ne peut que lui faire peur. Car il redoute sa réaction – et si ce n’était pas ce qu’elle voulait ? S’il avait mal interprété ses mots, s’était leurré dans des chimères qui se dissiperaient sous ses doigts à peine aurait-il goûté à ses lèvres ? Si elle le trouvait juste nul ? Si cela cassait ce qu’il avait péniblement réussi à construire, petit animal sauvage qu’il avait mis des mois à apprivoiser pour peut-être tout perdre l’instant suivant ? Ces doutes tournent en boucle dans son esprit, le paralyseraient presque, alors qu’il force cette pauvre question entre ses lèvres, replace maladroitement une mèche folle derrière son oreille, tandis que Aran balbutie devant lui. Il ne sait pas comment faire. Il n’a jamais fait, ne peut que s’appuyer sur les dramas que la meilleure amie de son frère insistait pour regarder chaque fois qu’elle venait à la maison. Alors il se penche tant bien que mal vers elle ; presse timidement ses lèvres contre les siennes, le cœur menaçant d’exploser à tout instant ; se recule déjà, sans trop savoir s’il a fait ce qu’il fallait ou non, si le rythme son cœur à elle est peut-être resté aussi paisible que le fleuve Han. Il pince un peu les lèvres, sans trop savoir quoi dire – quoi faire –, lorsqu’il voit une Aran écarlate bredouiller qu’il doit l’attendre et qu’elle revient, avant de partir à toutes jambes.

Il ne l’a sans doute jamais vu courir aussi vite,
Et il demeure là, interdit, à la lumière du lampadaire,
Le cœur chamboulé, à ne pas savoir ce qu’il est censé penser.

Pourquoi est-ce que ce n’est pas comme dans les dramas ? Pourquoi est-ce qu’elle n’a pas ri un peu niaisement, n’a pas baissé les yeux pour lui avouer quelque chose, ne s’est pas approchée pour lui dérober un second baiser ? Il a dû se planter quelque part, il ne voit que ça – est-ce qu’il embrasse mal ? Est-ce qu’elle n’en avait pas envie ? Ce serait quand même carrément gênant, qu’il ait ainsi piétiné sa volonté. Et en proie au doute, Suho reste seul au pied du lampadaire, à se repasser les dernières minutes en se disant qu’il a certainement merdé sur toute la ligne. Le poteau contre lequel il finit par venir se caler ; attend anxieusement, éprouvant chaque minute qui semble s’écouler bien trop lentement. Et lorsqu’enfin il voit Aran arriver vers lui à toute vitesse, il ne sait pas à quoi s’attendre. Au pire, sans doute, vu la vitesse à laquelle elle a tracé pour fuir loin de lui – il se demandait presque si elle avait réellement l’intention de revenir, alors, mais elle est là, et lui tend son téléphone portable, un peu essoufflée. A parler comme si de rien n’était ; le laisser un instant pantois, jusqu’à ce qu’il se décide à refermer ses doigts sur le téléphone qu’elle lui tend et lui répondre :

- Ok, cool, merci.

Déjà, il compose ce numéro que sa mère lui a fait répéter mille et une fois plus jeune, connaissant trop bien son petit dernier trop tête à l’air, susceptible de se retrouver à cours de batterie à tout instant. Et il s’éloigne un peu pour lui assurer que tout va bien, lui expliquer en deux mots la situation et lui demander de faire en sorte que leur mère ne s’inquiète pas trop. Il se fait alors à moitié engueuler par son aîné qui lui signale que ce serait plutôt à lui de faire en sorte de ne pas l’inquiéter dans un premier temps, et il parvient tout de même à lui glisser de venir le chercher, s’octroyant de plus belle la mauvaise humeur de son frère. L’adresse à peine communiquée que le téléphone s’éteint de nouveau, et il revient vers Aran pour le lui rendre, penaud :

- Déso, il a déjà plus…

Mais il n’a même pas le temps d’achever sa phrase que la petite brune referme ses mains fraîches sur ses joues, et se hisse sur la pointe des pieds pour déposer à son tour un baiser sur ses lèvres. Il demeure interdit, Suho, cligne des yeux, trop surpris pour seulement réagir – faire quoi que ce soit avant que déjà elle ne s’écarte de nouveau s’éloigne en prétextant ne pas pouvoir rester plus longtemps. Et il hoche alors un peu la tête, Suho, le cœur battant, un sourire venant éclore sur ses lèvres lorsqu’il répond :

- Ouais… ouais, à demain ! Fais attention à toi !

C’est seulement lorsque les mots sortent de sa bouche qu’il se rend compte de la bêtise de ce qu’il vient de dire, comme s’il pouvait lui arriver quoi que ce soit sur les pauvres mètres qui la séparent encore de chez elle. Malgré cela, il lui suivra du regard jusqu’à ce qu’elle ait passé la porte d’entrée de son logement. C’est seulement une fois que le bâtiment l’aura englouti qu’il se décidera à se détourner, fixant la route en attendant l’arrivée de son frère, avec toujours ce sourire parfaitement stupide aux lèvres.