creepin'

-- ft  aran

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(outfit) Cela faisait trois mois. Déjà trois mois que Icarus s’était lancé dans ce tout premier world tour, qui aura eu raison des nerfs de Suho. Car trois mois, c’est beaucoup trop long lorsqu’il ne peut voir sa petite amie qu’une seule fois dans tout ce laps de temps. Ces trois mois qui lui ont semblé interminables – qui lui ont semblé être les plus longs de sa vie, plus longs encore que lorsqu’il essuyait les refus des agences à l’époque, ou qu’il attendait que son père cesse de s’acharner sur sa mère.

Et pourtant, aujourd’hui qu’il se dirige vers l’appartement de Aran, il n’a pas l’entrain qu’il s’imaginait avoir depuis des mois. C’est le cœur lourd, anxieux, qu’il regarde les rues d’une Séoul noyée sous les flots défiler par la fenêtre de la voiture. A redouter ces retrouvailles qu’il attendait comme un assoiffé espérerait une oasis au fin fond du désert ; hésiter encore, un instant, à simplement emporter ce secret avec lui sans jamais le lui avouer. Car ce qu’elle ne sait pas ne peut pas lui faire de mal, n’est-ce pas ? Et il détesterait lui faire du mal, alors même que le mal est déjà fait depuis un moment.

Et des flashs de cette soirée repassent dans son esprit – les pensées floues d’avoir tenté de noyer le manque dans la première occasion offerte de boire de l’alcool, les lèvres de cette fille un peu trop proches des siennes, et ses yeux troubles qui s’égaraient sur ses formes exposées. Il n’a pas réalisé la connerie monumentale qu’il était en train de faire, son esprit parti ailleurs ne voyant plus que le plaisir de ses lèvres contre sa peau, et ce vide abyssal qu’elles parvenaient à combler le temps d’un souffle seulement – et c’est trop tard, bien trop tard, qu’un semblant d’éclair de lucidité aura réussi à s’imposer à son esprit, forçant déjà ses mains à la repousser, un fouillis de mots bredouillés avant de prendre la fuite. Pour tenter d’oublier ce qu’il venait de faire ; tenter d’effacer ces souvenirs qui l’assaillent un peu plus violemment jour après jour, en dépit de tous ses efforts pour les enterrer.

C’est seulement lorsque la voix du chauffeur résonne dans l’habitacle qu’il reconnaît l’immeuble devant lequel ils sont arrêtés, et avec la seule ombre d’un au revoir, il remonte son masque sur son nez et enfonce sa casquette sur son front. S’engageant alors sous la pluie battante – hésiter un instant, avant de finalement se décider à enfoncer le bouton de son interphone.

Et l’ascension jusqu’à son étage lui paraîtra interminable ; l’angoisse lui tenaillera les entrailles, lui qui est d’ordinaire si insouciant, alors même qu’il s’avancera dans le couloir ; sonnera à sa porte, l’envie de déjà tout rendre à ses pieds. Perdu quant à ce qu’il est censé faire – quelle serait la solution la plus juste pour elle, apprendre la vérité, ou qu’il porte seul le secret de sa culpabilité ?

Mais lorsqu’il voit le visage souriant de sa petite amie se dessiner dans l’encadrement de la porte,
Il sait d’ores et déjà qu’il devra lui dire la vérité.
Il ne sera juste pas capable de lui mentir,
Et ne dit-on pas que tout finit par se savoir ?

Il parvient à peine à feindre un sourire ; évite habilement le baiser qu’elle tente de lui dérober, pour sagement venir la prendre dans ses bras – la serrer fort contre lui, sans pouvoir s’empêcher d’espérer que ce ne soit pas la dernière fois.

- Tu m’as trop manqué, lâche-t-il dans un souffle, ses lèvres perdues contre ses cheveux.

Il reste là quelques secondes, à profiter, laisser la jolie façade faire face quelques instants encore, pour mieux venir y porter le premier coup lorsqu’il l’écarte légèrement ; lui lâche de mauvaise grâce :

- Aran… Faut j’te parle d’un truc…

creepin'

-- ft  suho

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(outfit) Premiers jours du printemps, les fleurs commencent à refaire surface sur les arbres de la ville et à cette date-là, toi ce qui t’importe le plus c’est le retour de ton petit-ami. Enfin Suho rentre à Séoul, enfin vos emplois du temps vont s’accorder pour quelques mois, vous laissant le temps de rattraper le temps que vous avez passé loin l’un de l’autre durant ces trois derniers mois. T’es impatiente de le retrouver le brun, te sens quelque part toute chose – presque intimidé après ces trois longs mois à l’idée de le revoir. Et si la tournée l’avait changé ? Et si tu ne lui plaisais plus autant qu’avant ? Des questions comme celles-ci, t’as eu le temps de t’en poser des dizaines et des dizaines mais maintenant qu’il est de retour, qu’il s’apprête à arriver d’un moment à l’autre chez toi tu ne penses plus à ce genre de chose. Là, ce qui t’importe c’est qu’il se rappelle pourquoi il est amoureux de toi Suho. Qu’il remarque le petit top que tu t’es acheté pour l’occasion. Tu veux qu’il soit content de manger un bon repas à tes côtés, qu’il voit les bougies que t’as acheté et allumé pour donner une petite ambiance à cette soirée de retrouvailles, qu’il écarquille les yeux en voyant la lingerie cachée sous tes vêtements lorsqu’enfin vos mains glisseront sur le corps de l’autre.

Tu veux que cette soirée soit parfaite,
Et tu sais qu’elle le sera puisqu’il sera là.

Alors en attendant qu’il arrive tu t’attèles à allumer les bougies que t’as acheté pour l’occasion, range les quelques affaires qui traine dans l’appartement et fait une toute dernière retouche à ton maquillage avant de te poser sur ton canapé, tenté – vainement – de t’intéresser à cette nouvelle série qui est diffusé. Mais en toute honnêteté, t’as le cerveau trop tourmenté par l’arrivé de Suho pour ne serait-ce écouter un seul mot. A vrai dire, tu ne sais même pas réellement combien de temps passe entre le moment où tu t’es posé sur le canapé et quand l’interphone s’est mis à sonner mais la seule chose que tu sais, c’est que tu cours vers la sonnette, le regarde via l’écran et déjà ton cœur se met à battre à tout va en le voyant malgré le masque qu’il porte et cache la moitié de son visage, la casquette posée sur sa tête. Tu t’impatientes devant la porte, te sens mourir lorsque t’entends les portes de l’ascenseur s’ouvrir et ta personne préférée s’en échapper. Tu souris un peu trop grandement Aran, le laisse entrer et à peine la porte est-elle refermée derrière lui que tu viens te coller à lui, glisse tes bras autour de son corps. Ta tête se pose un instant contre son torse, ton nez glisse dans les plis de son sweatshirt et respire longuement son odeur.

- Enfin t’es là Raccoon...  

Et peut-être un peu trop pressé, quand tu te hisses sur la pointe des pieds pour l’embrasser vos lèvres ne se touche pas, c’est contre sa joue que tes lèvres se posent de quoi te faire sincèrement rire, lui dire innocemment sans t’imaginer un seul instant qu’il ait pu éviter volontairement ton baiser :

- Quel baiser fou amoureux... J’en imaginais des baisers de retrouvailles mais comme celui-là jamais !

Déjà tu te niches de nouveau dans le creux de ses bras en te disant que c’est la meilleure sensation du monde d’être avec la personne que t’aimes. Mieux que de gagner le music bank, mieux que de voir sa chanson marcher à l’internationale. Mieux que tout. Il rend tout mieux Suho et quand il te dit qu’il doit te parler t’hoches de la tête, lui répond toujours aussi naïvement :

- Oui moi aussi j’ai un tas de truc à te raconter mais on va pas rester là à l’entrée pour le faire non ? Aller vient !

Tu viens ainsi glisser ta main dans la sienne, entrelie vos doigts et le tire jusqu’à ton canapé, te laisse tomber dessus et le pousse à en faire de même. C’est une fois posée, l’euphorie légèrement retombée que tu remarques son air fatigué et inquiète tu lui demande :

- ça va pas ? T’as eu un mauvais vol retour ... ? J’te sens bizarre...

Ta main que tu viens poser sur son genou, le regard triste de t’imaginer que ton petit-ami soit pas bien, loin d’imaginer ce qu’il va t’annoncer, loin d’imaginer que ce soir toute ta vie sera bouleversée.

creepin'

-- ft  aran

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Cette soirée aurait dû être parfaite. C’aurait dû être la soirée de leurs retrouvailles, durant laquelle ils auraient probablement rattrapé le temps perdu, fait l’amour pour s’endormir dans les bras l’un de l’autre. Une juste récompense, finalement, pour les mois de séparation qui les ont éprouvés. Et pourtant, c’est le cœur lourd que Suho aborde ces retrouvailles. Les regrets pour l’étrangler, et l’appréhension imprégnant son corps tout entier – il donnerait tout pour revenir dans le passé, ne pas boire autant, savoir mieux se contenir, surtout si près du but. Mais le mal est fait, et il doit aujourd’hui assumer les conséquences de ses actes, peu importe ce que Hyujin et Eric ont pu lui conseiller.

Lorsque la porte de l’appartement s’ouvre, dévoilant une Aran jolie comme un cœur – il a l’impression qu’elle est plus belle encore que lorsqu’il l’a laissée –, le sourire trop grand aux lèvres, il a à peine le temps d’abaisser son masque qu’elle le prend déjà dans ses bras. Il sent sa tête pressée contre son torse ; la vigueur de ses bras fins refermés autour de son buste, et en retenant un soupir, il noue à son tour ses mains dans son dos. La serrant contre lui, une dernière fois avant qu’elle ne le déteste pour de bon. Lorsqu’elle se hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser, il se dérobe à ses lèvres ; ne parvient pas à rire avec elle à ses mots, se contenant de répondre sans grande conviction :

- Ah… On aura tout le temps pour ça…

Et ce n’est tellement pas lui, de dire cela – lorsque Suho a toujours été impatient, comme ces adolescents aux hormones incontrôlables qui refusent de lâcher la fille qui leur plaît. Et pourtant, aujourd’hui, c’est lui qui se dérobera le premier, lui annonçant sans que le cœur y soit qu’il doit lui parler de quelque chose. Mais comme pour ne rien faciliter, Aran semble ne pas comprendre ce qu’il essaie de lui dire ; lui répond avec cet éternel entrain qu’elle aussi a des tas de choses à lui raconter, et ça lui fait mal au cœur de la voir si heureuse. De savoir que d’ici quelques minutes, il sera l’unique raison pour laquelle il ne restera de ce bonheur qu’un misérable tas de cendres.

Alors, abandonnant ses baskets dans l’entrée, il la suit jusqu’au canapé en traînant des pieds ; s’y assoit, mal à l’aise, entreprenant de se délester de sa doudoune dans le seul but de gagner du temps. Et elle semble inquiète, Aran, sa main qu’il sent sur son genou lorsqu’elle lui demande si son vol de retour s’est mal passé. Et c’est vrai, il s’est mal passé, mais comme tout se passe mal depuis cette soirée trop floue, il ne s’habitue pas à ce sentiment de culpabilité qui lui donne la nausée, et l’impression de prendre sa petite amie pour une imbécile bien malgré lui.

Il faut que cela s’arrête.

- Non non, le vol était normal. Mais… comme je te disais, faut je te parle d’un truc…

Il s’éclaircit la gorge, le cœur au bord des lèvres ; essaie d’au moins la regarder, ses prunelles rivées dans les siennes, mais aucun mot ne sort alors il capitule, laissant ses yeux se perdre sur ses doigts qu’il malmène nerveusement.

- Je… Y a deux semaines, on a fait une date à Londres, tu sais ? Y avait une soirée, après, et… j’étais bourré, claqué, et… Aran, j’sais pas comment te le dire, y a pas de bonne façon… j'ai pécho une meuf là-bas.

Il relève seulement les yeux vers elle, redoutant le visage face auquel il va se retrouver ; aimerait disparaître sous terre pour ne pas devoir affronter les minutes qui vont suivre. Et, ravalant ce sentiment nauséeux qui semble refuser de le quitter, il s’empresse d’ajouter :

- Mais on est pas allé jusqu’au bout hein, j’ai stoppé avant ! J’suis désolé, vraiment, je… Tu peux pas imaginer à quel point je regrette, je donnerais tout pour revenir dans le passé et que ça soit jamais arrivé… J’sais même pas pourquoi j’ai fait ça, c’était rien tu sais ? Elle représente rien pour moi cette fille, c’est avec toi et juste avec toi que j’veux être, je…

Il bafouille, s’emmêlant tout seul dans ses explications – à tenter désespérément de limiter la casse pour ne pas lui faire trop de mal.

creepin'

-- ft  suho

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Il est là sous tes yeux, tangible sous tes doigts celui que tu t’impatientais de revoir. Il n’y a pas plus beau que de retrouver celui qu’on aime, de se dire qu’enfin le cours des choses va revenir à la normale – au moins un temps, même si ce n’est que pour un ou deux mois c’est déjà pas mal quand on connait vos vies et les conditions s’y juxtaposant. En tout cas ça te suffit à toi, ça te rend heureuse de savoir qu’enfin vous êtes sur le même fuseau horaire, qu’enfin vous allez pouvoir vous croisez ne serait-ce que quelques minutes par ci par là au sein de votre agence.

C’est dans ces petites choses que tu trouves dorénavant ton bonheur,
C’est à ça que tu te raccroches pour tenir le reste du temps.

Mine de rien, ça fait quelques mois que tu dors un peu mieux ; que tes crises d’anxiétés se sont quand même espacés les unes des autres. T’as l’impression d’avoir trouvé un certain équilibre, un brin de paix depuis que tu te laisses aller et accepte d’aimer et pouvoir l’être en retour. T’es bien trop heureuse Aran et cette joie t’aveugle, t’enlève tout bon sens. C’est bien trop tard que tu remarques que ton petit-ami n’est pas comme d’habitude. Il semble triste, mal à l’aise alors qu’il ne l’a jamais été. C’est pas de Suho de montrer ses émotions, tu sens bien qu’il y a quelque chose lorsque vos regards se croisent une fois assis sur ton sofa. T’es loin de te douter une telle annonce, t’imagines qu’il y a un souci avec l’un des membres du groupe – ou peut-être bien un prolongement de la tournée ? Ça ne serait pas si étonnant quand on voit le succès que rencontre Icarus pour un groupe si récent encore. Tu sens alors tes mains picotées d’appréhension, le regarde se délester de sa veste avant de t’annoncer qu’il a vraiment quelque chose à te dire. Tu l’écoutes alors attentivement du moment qu’il entrouvre les lèvres, son regard droit dans le tien et c’est par un retour en arrière de deux semaines qu’il commence, Londres où il aura fait un passage le temps d’une date dans la capitale anglaise. T’hoches alors de la tête, l’incite à continuer sans trop comprendre où il veut en venir jusqu’à qu’il ajoute qu’il était bourré et là, tu sens malgré toi le truc arriver. Tu la vois la patate chaude, comprend très vite que si il te donne tous ses détails ce n’est pas pour rien. Pourquoi te parlerait-il de soirée ? Du fait qu’il était bourré sinon ? Pourtant jusqu’au bout t’as de l’espoir et même quand il t’annonce de but en blanc qu’il a vu une autre fille, tu peines à y croire.


- Ha-ha. Elle est trop nulle ta blague Suho... T’as perdu un pari de merde avec qui pour m’infliger ça à ton retour ... ? Vous êtes trop nul franchement...

Ça ne te fait pas rire, même pas sourire mais malgré la perche que tu viens de lui tendre pour te dire la vérité Suho persiste et là, tu comprends qu’il n’y a pas une once d’humour dans ce qu’il vient de te dire. C’est très sérieux, il a déconné à deux semaines près de vos retrouvailles et maintenant il te demande pardon, t’assures qu’il est la seule qu’il aime et malgré la persistance qu’il met à continuer de parler tu n’entends plus sa voix, le fixe en entendant un simple brouaha inaudible. Ta joie s’envole, ton monde s’écroule en te répétant ce qu’il vient de te dire. Il t’a trompé. Il n’a pas réussi à tenir deux semaines supplémentaires. Est-ce que cette tromperie est unique ou bien il l’a déjà fait plusieurs fois au cours des trois derniers mois ? Ton cœur dégringole soudainement, semble tomber dans les tréfonds de ton estomac tant tu ne t’attendais pas à une telle chose. Tu te sens alors bête, complètement conne de lui avoir sauté dans les bras quand il est arrivé.

- T’es sérieux... ? T’as vraiment fait ça ... ?

Tu comprends mieux pourquoi il était si distant par message ces derniers temps, ne t’appelait plus aussi souvent, n’a même pas daigné t’embrasser il y a deux minutes. Il t’a menti pendant deux semaines Suho, t’as prise pour une conne et fait croire que tout allait bien jusque-là. T’as envie de hurler Aran – surtout de pleurer mais tu ne le feras pas. Pas tout de suite en tout cas. Tu n’as même pas les mots et tout ce que tu détestes de ton ancienne vie, tout ce que t’as toujours réprimé en toi sort lorsque tu te permets de lui mettre une claque au visage. Ce genre de claque qui stoppe nette une conversation, laisse un blanc avant que tu te relèves, ne t’éloigne de lui comme si il te répugnait, qu’être proche de lui te rendait malade.

- T’es désolé ... ? Mais t’es désolé de quoi au juste ... ? D’être un connard ? Un putain de trompeur ?

C’est la haine qui prend le pas un instant, te donne la force de lui dire cela mais le chagrin prend le pas très rapidement et tu ne t’en rends même pas compte que déjà des larmes s’échappent de la lisière de tes yeux, que ta voix est carrément enrobée par les sanglots quand t’ajoutes :

- Tu me dégoutes Suho, tu me répugnes ??? T’as l’audace de venir jusqu’ici pour m’annoncer ça ? Mais dégage en fait ?

T’attrapes alors sa doudoune, la lui jette dessus avec rage en répétant :

- casse toi, va t’en, j’ai pas envie de t’entendre je m’en fou de tes excuses.

creepin'

-- ft  aran

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Elle croit à une blague, Aran – et Suho, il aimerait de tout son cœur que ce soit le cas. Que cette annonce ne soit finalement qu’une plaisanterie à la con, une farce de gamins sans conséquences. Mais il a fauté, et il ne pourra que blesser sa petite amie, et cela, il le sait pertinemment.

- Aran, crois-moi je voudrais trop que ça soit une blague, mais…

Mais ce n’est pas le cas. Et il se perd dans ses explications, à s’efforcer de justifier l’injustifiable, refermer ses doigts sur sa main pour essayer de se raccrocher à quelque chose – lui transmettre tout l’amour qu’il lui porte par les gestes si les mots ne suffisent plus. A la regarder se décomposer sous ses yeux ; voir quelque chose se briser en elle, à cause de ce qu’il a pu dire. Ce qu’il a pu faire. Elle lui demande s’il a réellement fait cela, et à ces mots il panique un peu plus encore, lui répond dans un brouhaha désordonné :

- Tu peux pas savoir à quel point je m’en veux… Ca s’est produit une fois mais j’te promets que je recommencerais pas, j’sais que j’ai déco…

Et puis l’impact. L’impact qui coupe court à tout ce qu’il pouvait bien dire ; fait mourir les mots entre ses lèvres. L’impact qui échauffe sa joue, et le fige dans cette posture, la tête inclinée dans cet axe où elle l’a si bien envoyé. Et pendant une seconde, dans son regard passent les yeux de cet enfant de quatre ans, qui dévisageait son père, la joue brûlante ; le voyait jeter sa mère au sol sous la force de ses coups.

Il voit flou.

Les larmes montent, non pas à cause de la douleur minime sur sa joue, mais à cause de la douleur qui lacère son cœur. Pour les souvenirs de cette enfance brisée remontés dans un afflux bien trop violent. Pour la culpabilité qui l’étouffe depuis plusieurs semaines, éreintante. Pour le regard de Aran, si déçu qu’il peine à le soutenir, et cette certitude terrible qu’il lui a brisé le cœur. Pour cette crainte qui lui noue l’estomac, le rendrait presque nauséeux à la seule idée qu’il l’a peut-être perdue pour de bon, cette fois. Les larmes montent, mais ne couleront pas – il a appris si jeune à les contenir dans la prison de ses yeux qu’il est passé maître en l’exercice, elles se contenteront de rougir ses yeux, noyer son regard sans défigurer son visage. Et dans ce silence assourdissant, la voix de Aran finit par résonner, et il se recule un peu sans même s’en rendre compte, sonné par la gifle – elle en fera de même, certainement pas pour les mêmes raisons. A encaisser les coups lorsqu’elle le traite de connard ; de trompeur ; balbutier sans plus savoir quoi dire :

- J’sais, mais je recommencerais pas… Je regrette vraiment, j’voulais pas ça, je…

Mais déjà, il voit ses yeux s’embuer, reflets des siens – lorsque sa voix se brise, il aura le réflexe de s’avancer de nouveau pour la prendre dans ses bras, mais se rétracte en voyant qu’elle le fuit comme s’il était soudain devenu dangereux. Et ça lui fait un peu plus de peine encore.

- J’voulais t’en parler en face plutôt que de te balancer ça par SMS… J’voulais une chance de m’expliquer avant que tu me bloques, j’voulais que tu saches que je t’aime et que j’vais me rattraper… J’voulais juste que tu me laisses une deuxième chance Aran, s’te-plaît pardonne-moi, j’te prouverais tous les jours que t’as bien fait, laisse-moi une deuxième…

… chance, j’y arriverais pas sans toi. Mais la doudoune qu’il se reçoit en pleine figure parvient à couper court à sa logorrhée, alors même que sa petite amie lui répète qu’elle veut le voir partir de chez elle ; ne veut pas entendre ses excuses. Sauf que Suho, il n’a jamais été vraiment doué pour faire ce qu’on lui demandait. Pour respecter les limites des autres, aussi. Alors, loin d’enfiler sa vestepour partir, il la laisse glisser au sol ; cligne des yeux pour chasser les larmes qui brouillent sa vision, lui demande lamentablement, comme s’il ne l’avait pas entendue :

- J’peux faire quoi pour me faire pardonner… ?

Sa tête qu’il penche un peu sur son épaule ; ravale la boule qui lui obstrue la gorge pour plaider :

- S’te-plaît, viens on oublie tout ça et on passe une bonne soirée… C’est trop con, on a attendu ça tellement de temps, gâchons pas tout maintenant qu’on est ensemble… On a trop de trucs à rattraper, la Saint-Valentin, le White Day… J’ai tes cadeaux à te donner… je…

A faire un pas vers elle ; s’efforcer de rattraper la situation, coûte que coûte, car c’est toujours plus simple que d’accepter qu’elle ne veut juste plus de lui.

creepin'

-- ft  suho

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Ce n’est pas une blague, c’est loin de l’être même. Il souhaiterait que ça soit le cas mais pas plus que toi à ce moment précis. Car toi là, en cet instant même c’est ta vie entière qui s’écroule, les traumatismes de toute une vie qui refont surface lorsque derrières tes rétines l’imaginaire prend le relais pour te faire comprendre ce qu’il s’est passé. Il t’a trompé Suho, s’est laissé aller dans les bras d’une autre, n’a pas su retenir ses pulsions car finalement comme toujours depuis ta naissance tu n’es pas suffisante, n’arrive jamais à pleinement satisfaire les gens. Le cœur se serre alors, semble gonfler, se gorger de sang pour mieux exploser dans ta cage thoracique quand t’imagines une potentielle fille être à ta place dans le creux de ses bras, caresser son corps et embrasser ses lèvres comme tu rêvais de le faire il y a deux minutes encore. Plus rien ne semble fonctionner correctement soudainement, ni le cœur, ni la tête. Ça bat trop vite dans les tempes, bat trop vite dans la poitrine. Les mains tremblent et quand il ose s’imaginer que tu peux accepter cela, que tout est pardonnable la gifle part. Trop vite, trop fort aussi et pourtant tu ne regrettes pas ton geste car jamais ô grand jamais Suho ne comprendra un centième de ta douleur. T’es même pas peiné de voir doucement sa joue rougir sous tes yeux, n’a aucune culpabilité lorsque ses yeux deviennent vitreux. T’es en colère, n’a qu’une seule envie c’est qu’il s’en aille. Mais bien évidemment il faut qu’il tente à tout prix de s’expliquer Suho, il ne peut pas s’en aller comme ça sans avoir au moins tenter de minimiser ce qu’il a fait. Le truc c’est que le simple son de sa voix te devient insoutenable – insupportable – tout ce mélange dans ton crane et t’as juste plus rien envie d’entendre du tout alors tu hurles Aran, lui répond toujours plus méchamment :

- MAIS FERME LA ? TU SAIS QUOI ? QUE T’ES UNE MERDE ? BRAVO MAINTENANT SORT DE CHEZ MOI.

Et là, s’engage une conversation de sourd. Tu l’entends répéter encore et encore les mêmes choses sauf qu’il ne semble pas vouloir entendre que toi, t’as plus envie de rien. Plus envie de le voir, plus envie de penser à ce qu’il s’est permis de faire à des milliers de kilomètre de toi. Tu ne veux pas qu’il se rattrape, qu’il t’explique quoique ce soit. C’est déjà terminé pour toi. Le hic, c’est que c’est de plus en plus difficile pour toi de parler, tu sens que ta gorge est nouée, que la respiration se fait difficile. T’as pas envie de paraitre si faible devant lui alors tu laisses tes yeux se figer un instant vers le plafond, souffle un long coup avant de dire en espérant que cette fois-ci il comprendra :

- Je m’en fou… J’ai pas envie d’entendre un connard comme toi donner la moindre explication ça n’a plus aucune importance maintenant.

Car c’est fini, tout est terminé. Mais là encore pour lui ça ne semble pas évident il reprend de plus belle, recommence avec ses excuses et forcément tu craques, lui envoie sa veste dessus pour lui faire comprendre qu’il doit s’en aller tandis que lui, te demande ce qu’il peut faire pour se faire pardonner. Tu restes ainsi figé, le regarde d’un air ahuri celui qui il y a encore dix petite minutes était ton petit-ami. Tu l’écoutes silencieusement te dire qu’il vaudrait mieux tout oublier, penser à tout ce que vous devez rattraper. Il te brise à chaque mot un peu plus le cœur et quand enfin il se tait t’éclates en sanglot, incapable de retenir une seconde de plus les émotions qui te traverse, la douleur qui te lacère le cœur et pourtant il te faut encore un peu de force, un tout petit peu pour qu’il le comprenne.

- Tu me vois vraiment comme ta serpillère … ? Tu viens de me dire que tu m’as trompé et tu crois que j’ai envie de passer du temps avec toi … ? Que j’en ai quelque chose à faire de la saint valentin et de tes cadeaux alors que t’as pas su te retenir deux semaines supplémentaires… ?

Tu le regardes dans les yeux, certainement pour la dernière fois pour le reste de ta vie et ajoute avant même qu’il se permette de reprendre la parole :

- Je veux que tu partes Suho… C’est tout ce que je veux, c’est terminé…

Que tu lâches tout en sanglotant. Et pourtant, ça ne semble pas le faire bouger alors t’attrapes son blouson qui a fini par tomber au sol plus tôt, le lui colle au torse et lui montre la direction de la sortie.

- Part, j’en peux plus, va-t’en, c’est fini entre nous …

Mais là encore un combat de tout haleine prend place, tes yeux sont tellements brouillé de larme que tu ne le vois même plus de façon nette.

- SORS OU JE FAIS UNE DINGUERIE SUHO, BOUGE !!!

Que tu dis en te mettant à le pousser une fois qu’il s’est mis debout, à taper contre son torse pour qu’il se bouge. Tu veux le voir sortir d’ici, veut qu’il soit hors de ta vue avant que tu finisses par te jeter par la fenêtre pour enfin le fuir.

creepin'

-- ft  aran

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Elle est méconnaissable, Aran – et pourtant, ces accès de colère ne sont en réalité pas si étonnants lorsqu’on la connaît ; pourtant, cette colère est tellement justifiée. Il sait qu’il mérite ces paroles, Suho, aussi mauvaises soient-elles, mais cela ne les rend pas plus faciles à encaisser. Cela ne lui fait pas moins mal de l’entendre le traiter de merde ; de comprendre, lentement mais sûrement, qu’elle ne veut plus de lui ici. Elle ne veut plus de lui dans sa vie. Et ça, c’est juste impossible à entendre pour celui qui n’a toujours voulu qu’elle ; aurait tout fait pour la garder à ses côtés. Alors c’est ce qu’il s’efforce de faire lorsqu’il plaide sa cause tant qu’il peut, déploie des trésors d’efforts pour seulement espérer s’attirer son pardon. Il fait tout son possible, Suho, mais il faut croire que cela ne suffit pas, car elle lui répond dans un soupir qu’elle ne veut plus entendre ses explications.

- Mais Aran, j’suis sûr qu’on peut rattraper ça…

Il l’aimerait, Suho, de tout son cœur, à tel point qu’il parvient à s’en convaincre lui-même – si seulement Aran avait cette même conviction, cette même envie de tout réparer. Mais elle a toutes les raisons de ne pas l’avoir, et lorsqu’il reprend la parole, ce sera sa veste qu’il reçoit en pleine figure qui le poussera à se taire. Trêve de bien courte durée, car déjà il reprend, lui sort la carte de tout ce qu’ils devaient rattraper au moment où ils se retrouveraient – et après cela, il ne sait pas trop ce qu’il pourra bien dire de plus pour tenter de la convaincre. De toute manière, Aran éclate en sanglots sous ses yeux, laissant les mots mourir au creux de ses lèvres. Et il se sent mal, Suho, si mal de la voir dans cet état sans rien pouvoir faire pour la consoler – si mal d’être la cause de cet état. Il aimerait s’avancer vers elle ; la prendre dans ses bras, lui caresser doucement le dos en lui répétant une fois de plus combien il regrette ce qu’il a fait, mais il craint d’encore s’en prendre une, alors il reste sagement à sa place, mortifié. Le cœur morcelé. Et cela n’arrange rien lorsqu’elle suppose qu’il la voit comme sa serpillère, le poussant à froncer les sourcils d’un air confus. Mais il n’a pas le temps de la détromper qu’elle ajoute qu’elle veut qu’il parte ; que c’est terminé, et à ces mots il déglutit difficilement, à ces mots il sent son cœur achever de se briser, et avec lui tous les espoirs auxquels il se raccrochait jusqu’à présent. Il la dévisage sans comprendre, abruti par la nouvelle ; lui demande dans un souffle :

- Comment ça… qu’est-ce qui est terminé… ?

Je pourrais revenir demain, ou dans une semaine, même deux ? Peu importe le temps qu’il te faut du moment que j’peux revenir te voir pour réparer ce que j’ai cassé. S’te plaît Aran, me dis pas que c’est ce que je crois. Malheureusement, lorsqu’elle vient coller sa veste contre son torse – et ce sera certainement le plus proche qu’ils seront avant longtemps –, c’est pour lui confirmer textuellement, comme au demeuré qu’il est quand il refuse à ce point de comprendre la vérité criante, que c’est terminé entre eux. Et ce soir, ses yeux n’auront certainement jamais été à ce point à un rien de déborder que lorsqu’il la voit sangloter pour lui annoncer que tout est fini.

- Non, Aran, je…

Tu peux pas me faire ça. Mais soudain, la voix de Aran résonne dans l’appartement pour lui hurler de quitter les lieux, soudain elle se défoule contre son corps, le poussant et le frappant de sa maigre force. Et pourtant, cela suffira à le faire reculer. Car Suho a peur, Suho redoute ce dont elle serait capable, dans cet état qu’il ne connaissait pas – alors il referme une main fébrile sur sa veste, recule vers la porte, sans parvenir à la lâcher de ses yeux troubles, remet mal ses chaussures avant d’atterrir dans le couloir de l’immeuble. Sans plus dire un mot, car ils sont vains, de toute façon. Sans même penser à remettre son masque, ou sa doudoune lorsqu’il regagne le froid nocturne, quelques étages plus bas. Y a juste des larmes brûlantes qui roulent sur ses joues déjà glacées, incapable de réaliser qu’il s’est vraiment passé ce qu’il s’est passé.

Ils avaient raison, Hyujin et tous les autres.
Il aurait mieux fait de ne pas lui dire la vérité.