elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait là areum, déboussolée, perdue. il y a désormais quelques semaines l'ingénue avait entendu parler des inscriptions pour cet événement particulier, - les affiches ayant été placardées un peu partout dans l'immense campus -, elle avait écrit son nom sur la liste sans grande envie et surtout, avec une appréhension qui lui mangeait son peu de confiance en elle. la demoiselle n'avait jamais passé la saint-valentin avec quelqu'un, continuellement seule au monde, se contentant de passer son quatorze février dans la boutique, à fabriquer des bouquets qu'on offrait aux autres, sans en recevoir à son tour. elle ne savait pas areum, qu'elle méritait probablement, elle aussi, de jolies roses, ou un beau poème.

l'idée de passer la journée avec une personne qu'elle ne connaissait pas la rendait anxieuse, presque terrifiée et elle sentait déjà le stress envahir tout son être, à mesure qu'elle avançait vers le lieu du rendez-vous. est-ce qu'elle arriverait à ouvrir sa bouche et à réussir à saluer la personne censée la rejoindre ? rien n'était sûr, areum et sa timidité maladive. prenant une grande inspiration, assurance partie en fumée, elle serrait ses mains entre elles, si fort que ses phalanges devenaient blanches, tout en se laissant guider par les deux anges qui l'avaient accueillie quelques secondes plus tôt. si l'angoisse était déjà présente, la coréenne se rassurait comme elle pouvait, se disant qu'elle allait enfin visiter le zoo, chose qu'elle n'avait jamais faite en arrivant dans la capitale. alors elle attendait (im)patiemment areum, ne touchant pas – pour le moment – aux deux cocktails rosâtres qui trônaient sur la table haute près de laquelle on l'avait installée, petit carton entre ses doigts. s.m., je t'attends. souffla-t-elle, presque inaudible.

tu t'es décidé d'y participer sur un coup de tête, le coeur s'éclatant contre ta cage thoracique, maintenant que le jour de l'événement sonne. la nervosité au bout des doigts, l'incertitude crée en toi des scénarios improbables. et si on te trouve énervant ? et si tu tombes sur quelqu'un que tu connais ? ça tourne et se retourne dans ton esprit tandis que tu te balances sur tes pieds, le regard fixé sur l'entrée où se tient deux anges, attendant très probablement ta venue. tu n'es pas prêt, masa. tu n'es jamais prêt. il ne suffit que de revenir quelques heures plus tôt, lorsque tu t'es levé. un miracle que tu aies fermé les yeux, que tu aies eu droit à quelques heures de sommeil. tu as dû passé une bonne heure à te décider du style vestimentaire à porter, de ton vouloir à éblouir, sans toutefois hurler je ne connais rien du fashion parce que tu as eu peur que la personne se trouvant devant toi soit un expert. évidemment, tu as trouvé que de mettre quelque chose à thème pouvait être de trop, donc tu as retiré tout ce qui a pu être rouge ou rose de tes choix. ( t'espérais, du moins. tu n'as eu le temps de noter les couleurs de chacun de tes vêtements, à ton plus grand dam. ) s'en suit le choix, être formel ? casuel ? entre les deux ? et si ton partenaire est le total contraire, tu fais quoi ? tu n'as pris l'endroit en compte qu'au dernier moment, le zoo, cet endroit dont tu as toujours eu envie de visiter sans jamais y aller. ( et tu te contentes d'un style casuel, au final. ) ton coeur est lourd, n'empêche que tu es fébrile à l'idée de rencontrer cette personne avec qui on t'a match. gamin qui ne peut s'empêcher d'aimer à la moindre des choses, t'espère un peu trop pour ton propre bien, masa. une singulière rose violette en main – tu as pensé à offrir un bouquet, mais tu as as cru mieux qu'on ait pas à traîner une douzaine de roses durant l'event – , tu t'avances vers les deux anges qui te guide jusqu'à l'inconnue. à quelques pas de cette personne, tu inspires avant de la rejoindre, prenant ton courage à deux mains pour lui tendre la fleur. bonjour… k.a ? que tu souffles, un sourire se dessinant sur ton visage. tu as pourtant l'habitude de te glisser dans des groupes d'inconnus sans problème, mais aujourd'hui, c'est différent. je t'ai amené une rose… j'espère que ce n'est pas trop cliché. ( j'espère que tu aimes ) que tu as failli dire. je m'appelle masa, 'fin c'est masayoshi mais tout le monde m'appelle masa… ( ou woosung. tu oublies woosung. ) enchanté. que tu dis avant de finalement laisser la pauvre inconnue te répondre. c'est plus que clair que ta nervosité est à un niveau extrême, mais tu essaie, masa.

ses jambes sautillaient dans le vide au rythme des secondes qui passaient, areum trop anxieuse pour bouger de sa chaise, areum trop timide pour aller demander aux disciples de la personne responsable de l'événement si elle devait faire quelque chose en particulier, en attendant le binôme qui se présenterait face à elle. alors la boule au ventre, un soupçon effrayée, mais avec un... étrange, presque agréable stress, elle regardait aux alentours, cherchant désespérément du regard si on pouvait déjà apercevoir les animaux du zoo. mais areum ne voyait rien. alors, pour faire passer le temps plus rapidement, elle regardait le carton décoré avec soin, celui qu'elle tenait sur le bout des doigts, inspectant avec soin les lettres de l'individu qui l'accompagnerait toute la journée. elle avait eu peur areum, de s’embarrasser devant l'inconnu, toujours davantage (gêne, qui lui collait constamment à la peau), ou de le connaître. mais lorsqu'elle avait lu les initiales en ouvrant la petite enveloppe parfumée qui avait été glissée dans sa boîte aux lettres, elle avait poussé un bref soupir de soulagement, heureuse que les lettres ne l'interpellent pas.

le bonjour adressé à sa propre personne, qui ne lui était pas familier, la sortît instantanément de ses pensées. son match de la journée était arrivé. rose tendue devant elle, jolie fleur violette qui surplombait momentanément son champ de vision, et les yeux écarquillés de la demoiselle, qui ne savait comment réagir devant la tendre gentillesse du garçon qui lui faisait face. areum définitivement peu habituée à recevoir des petites attentions. et l'ingénue se sentait terriblement bête, parce qu'elle n'avait pas pensé à prendre quelque chose pour son partenaire... paroles qui ne voulaient pas sortir, gorge nouée, et corps pétrifié – pensée candide, peut-être même un peu idiote, mais areum se demandait si la rose était vraiment pour elle -, elle le laissait parler et se contentait de fixer bêtement la fleur, sentant déjà ses joues virer au cramoisi. masa... que la demoiselle susurrait tout bas, finissant par accepter de tenir le cadeau que le garçon lui offrait. moi c'est areum. abaissant le haut de son buste pour le saluer poliment, elle daigna un instant poser ses iris sur son compagnon de journée. et non c'est très bien. j'adore les roses... merci. elle ne parvenait pas à dissimuler son embarras, se sentant ridicule. tu es déjà venu ici ?