⊱ histoire

Tu ne sais pas quand cela à commencer, tu as mis du temps à le comprendre… et peut être que tu aurais préféré ignorant toute ta vie.

Tu es né dans une famille modeste, mais parfois, tu avais l’impression d’être le plus pauvre des enfants ! D’ailleurs, à quoi bon faire des enfants, quand on ne s’en occupe pas ? Ton père est policier, dès ton plus jeune âge, tu l’as vu déguerpir au moindre coup de téléphone… à croire que les gens avaient bien plus besoin de lui, que toi. D’ailleurs, il a même raté ta naissance, alors tu savais que dès le début, les choses commençaient mal pour ce que tu appelles « ta famille ». Et ta mère ? Elle fait le ménage chez les gens riches, comment peut-on supporter de nettoyer des maisons qui font dix fois la taille du minuscule appartement, dans lequel vous vivez ? Tu aurais préféré qu’elle nettoie des bureaux, au moins, elle n’aurait pas à côtoyer ses femmes vénales qui n’en branlent pas une de la journée. C’est dans cet univers que tu as grandi. Toi et ta sœur qui est apparue comme le Saint-Esprit, cinq ans après toi. Tu te dis que c’était sûrement une erreur, que ton père était sûrement bourré ce soir-là… bref, tu ne veux pas les détails, mais tu as fait ton maximum pour que cette petite grandisse avec un minimum d’amour, ce dont tu as cruellement manqué.

On ne va pas se mentir, tu n’étais pas l’esprit le plus brillant de ta classe. C’était même le contraire, personne ne te voyait faire de longues études et pour cause, tu ne cessais d’entendre les autres dire « il finira dans la fonction publique, comme son père ! » Au début, tu t’en fichais, cela te passait au-dessus ! Tout ce qui comptait pour toi, c’était d’amuser la galerie, faire rire ceux qui t’entouraient… et puis, cela te donnait une bonne réputation auprès des filles et tu avais plein d’amis. Mais les années passèrent et peu à peu, cette histoire d’études commençait à te travailler. Une fois au lycée, tu as décidé que non, tu ne serais pas policier comme ton père, puisque tu n’as jamais voulu l’être. Tu as commencé à étudier, essayant de rattraper ton retard, chose difficile, mais avec l’aide de certaines personnes, tu as réussi ! Il fallait que tu obtiennes ton Suneung avec un bon score si tu voulais entrer à l’université.

Et même si tu avais la tête plongée dans les bouquins, cela ne t’a pas empêché de te faire des amis, des vrais, ceux sur qui tu pouvais compter. Xieren et Yejin, tes deux meilleurs amis qui te faisaient oublier le bordel que c’était chez toi ! Tu ne saurais dire lequel de ces deux-là, tu aimais le plus… car oui, si un soir, par folie, tu avais accepté la demande de Yejin… tu ne savais pas vraiment où était ton cœur. Tu refusais de croire que tu pouvais aimer les garçons et que sortir avec ta meilleure amie le prouverait ! Quel idiot ! Tu joues les parfaits petits amis avec elle, comme le bon coréen qui se respecte… mais au final, tu n’as que seize ans et tu n’y connais rien. Tu t’inspires seulement des romans et des séries que tu regardes. Pourtant rien n’y fait, tu vois bien que ce n’est pas de l’amour passionnel comme tu en rêves. Mais tu restes avec elle, parce que tu ne veux pas la blesser. Idiot, encore.  

Les années passent et tu plonges de plus en plus dans cette passion pour la littérature, il faut dire que tu as un bon professeur qui te donne envie de poursuivre dans cette voie. Il t’offre ton premier livre, de la littérature anglaise… tu tombes amoureux de cette histoire, tu aimerais vivre ce genre de passion, ce qui n’est pas le cas, tu restes toujours enfermé dans cette relation avec Yejin et tu le sais, plus tu attendras, plus cela sera douloureux… elle qui parfois te parle de mariage, d’enfants… tu ne sais jamais quoi répondre.

L’université, tu arrives à entrer à la Séoul National University, tu es fier de ton parcours et tu entres en littérature dans l’objectif de devenir professeur, mais à côté du prend l’option « écriture créative », car tu rêves d’écrire un jour ton roman. Malheureusement, ce qui devait être, tes plus belles années commencèrent très mal… Ton meilleur ami se fait arrêter, ton père est là et évidemment, tu tentes de défendre ton ami ! Xieren est innocent, tu le connais ! Mais le verdict tombe et tu as beau crier que tout le monde se trompe, tout ce que tu reçois ce sont des menaces de la part de ton père, mais surtout ta première gifle. Tu étais sonné, tu ne comprenais pas pourquoi ton père avait agi ainsi, préférant croire le fils d’un autre que le sien. Tu as pleuré, tu as même voulu fuir de chez toi, mais au moment où tu as passé la porte, ta petite sœur est apparue. Les mots que tu as entendus ton glacé le sang « si tu quittes cette maison, tu ne la reverras plus. Ta sœur ira vivre chez ta tante à Busan. » C’était donc ça… du chantage, c’est tout ce qu’il avait trouvé pour te retenir ? Mina n’avait rien demandé, elle n’avait que seize, mais ton père savait que tu tenais à elle comme à la prunelle de tes yeux. Alors tu as accepté de te taire, de ne plus revoir Xieren, pour elle, pour la protéger une fois de plus, de ton horrible famille sans cœur. Les mois passèrent et plus rien n’allait dans ta vie, c’était le chaos et tu as fini par te séparer de Yejin… à quoi bon la retenir, tu la faisais souffrir de plus en plus, elle ne méritait pas ça ?

Quand Xieren est sorti de prison, tu as enfreint les règles et tu es allé le retrouver, avec Yejin vous avez fait semblant d’être toujours ensemble… pour ne pas l’accabler. Mais tout sonnait faux, tu étais tendu à cause de ta promesse, tu ne voulais pas te faire prendre… et puis, Yejin t’en voulait encore de l’avoir quitté. Tu n’avais qu’une envie, fuir. Et c’est ce que tu as fait, tel le lâche que tu es. Tu as disparu de leurs vies et tu as essayé de reprendre le contrôle de la tienne.

Deux mille vingt-deux, c’est la rentrée et tu obtiens un nouveau statut à l’université, tu deviens l’assistant du professeur de littérature. Grâce à ton maigre salaire, tu prends enfin un petit appartement, non loin de l’université et tu décides de prendre ta petite sœur avec toi. Elle a dix-neuf ans et tu sais ô combien tu étouffais de vivre chez tes parents à cet âge-là. Tu enchaînes les relations amoureuses plus désastreuses les unes que les autres, cherchant par tous les moyens à vivre une idylle romanesque – mais c’est un échec. Puis un jour, alors que tu bossais à la bibliothèque, tu as fait cette rencontre. Il était grand, beau, on aurait dit un personnage de webtoon, tu ne sais pas combien de temps, tu es resté à l’observer… jusqu’à ce qu’il te regarde droit dans les yeux et bim, ton cœur à exploser. Pourquoi lui ? Mais surtout pourquoi un garçon ? Tu as essayé de refouler tes sentiments, alors que c’est ce que tu cherchais à vivre depuis des années ! Tu as quitté la bibliothèque, une heure plus tard et tu ne t’attendais pas à ce qu’il soit là, à la sortie. Ce garçon qui semblait si sûr de lui, mais surtout qui assumait sa sexualité est venu vers toi et t’a proposé d’aller boire un verre. Tu as passé la meilleure soirée de ta vie, tu étais comme dans un rêve… mais le lendemain, tu as dû faire face à la réalité… Seras-tu capable d’assumer ton attirance pour un homme ?

« Le destin, c’est un hasard auquel on donne un sens. »