la nervosité a fait s'accélérer son pulsant à l'idée de se retrouver de nouveau face à skylar. une part de lui veut entendre ses explications, même si l'autre lui crie de se tenir loin de lui. qu'il ne va que lui servir un plateau de mensonges. c'est l'évocation de son père qui l'a fait se décider enfin. suite aux sms échangés avec le chinois, jihae s'est informé au sujet de son père pour apprendre son état à l'hôpital. maintenant qu'il y pensait, il était vrai que cela faisait deux ou trois jours qu'il n'avait pas vu ni entendu son paternel au sein de la maison familiale. il était si habitué aux coups qu'il n'avait même pas remarqué ces jours de repos. il était donc partagé entre la joie et l'anxiété, car il redoutait les conséquences de ce gestes sur sa personne.

toutefois, connaissant skylar, il ne pense pas que sa victime ait pu voir son visage. donc impossible pour lui de faire le lien entre jihae et son passage à tabac. néanmoins, il subsistait une certaine insécurité en lui. de la peur, aussi. rencontrer volontairement son ex qui lui a fait tant de mal lui faisait peur. il redoutait cette confrontation, même si le plus vieux lui a affirmé qu'il n'aurait même pas à parler. la seule chose qu'il espère, c'est de ne pas faiblir devant lui. il le sait, qu'une part de lui aime encore cet homme. sauf que celle qui le déteste est encore bien plus grande. elle surpasse tout autre sentiment qu'il peut éprouver à son égard.

alors jihae se rend à cet appartement maudit. il n'y a pas remis les pieds depuis la fin de son histoire avec le chinois. et il aurait nettement préféré que ça reste le cas. face à la porte d'entrée, il se demande si skylar est déjà arrivé et qu'il attend à l'intérieur. il n'a pas la clé et lève donc le poing pour cogner contre le battant. cependant, il arrête son geste en plein vol, se faisant la réflexion que c'est sans doute inapproprié. enfin... il s'imagine plutôt ce que lui dira l'autre et il pince les lèvres. il n'entend plus que son coeur se débattre furieusement et il inspire profondément avant de poser la main sur la poignée et la tourner. la porte s'ouvre et la panique grimpe en flèche. car ça veut dire que l'aîné est déjà là, à l'attendre. il entre donc après un instant d'hésitation, mais reste tout de même dans l'entrée. revoir cet endroit fait remonter une foule de souvenirs dans son esprit qu'il aurait voulu garder enfoui. il n'arrive pas à s'avancer.

Tu t'es peut-être un peu emballé en lui proposant de se voir ce soir, mais tu le connais :: ( Jihae ) :: c'est ce soir ou jamais. Alors peu importe que t'ais d'autres choses à faire, quelques heures de silence radio ne changeront rien à ta vie. Quoiqu'il se passe cette nuit, tu n'as rien à perdre mais plutôt tout à y gagner ; la chance même infime de réparer une de tes plus belles conneries. Quand bien même rien n'excuse ton geste, tu veux essayer de l'expliquer - mettre des mots sur des sentiments que tu as toujours gardé muets.

Au pied de l'immeuble, ça fait bizarre d'avoir l'impression de rentrer. Dans cet appatement :: ( le votre ) :: où tu n'as pas remis le nez depuis des mois, si ce n'est pour relever le courrier. À l'interieur, rien n'a changé, ou presque. Tout semble figé, des draps recouvrent les meubles dont tu ne t'es pas débarassé : Un sofa abandonné dans le salon face à un meuble dépourvu de sa télé. La cuisine est intacte, bien qu'il n'y ait plus que deux chaises autour de la table ; des chambres il ne reste rien - rien d'autre qu'un matelas poussireux posé à même le sol dans l'une d'elles ; la tienne.

Un sac de courses entre les mains, tu visites les pièces une à une, nostalgique. Pas fier de ce que t'es devenu, tu baisses la tête et retrouves la cuisine où t'essaies de trouver de quoi faire chauffer une boisson digne de ton invité. Il s'écoule bien une demi heure durant laquelle t'essais d'élaborer un discours, de remettre en ligne tes pensées et tous ce dont tu voudrais t'excuser. La porte s'ouvre enfin, est-ce l'anxiété ? :: ( ou la culpabilité ? ) :: figé devant le café que tu viens de faire couler, tu te dis qu'un joint t'aurait bien aidé...

Mais il est trop tard pour reculer, trop tard pour regretter. Alors ton grand corps maladroit s'extrait de la seule pièce éclairée. Il est là, dans le couloir qui fait office d'entrée ; et parce qu'il semble encore hésité entre resté et détallé, tu n'oses aucune parole, aucun geste qui pourrait lui faire rebrousser chemin. Un regard :: ( un seul ) :: sans animosité, plus doux qu'il n'y paraît. Doucement, tu disparais de nouveau dans la cuisine, sans un bruit - la tête qui grésille de ne plus savoir quoi dire, tu t'installes sur une chaise ; attends patiemment qu'il veuille bien te rejoindre.

il se demande ce qu'il fait là. il n'aurait pas dû venir ; lui accorder ce qu'il voulait. une discussion? et si ça dégénérait? la peur lui noue l'estomac avec une telle force qu'il n'arrive pas à faire un pas de plus dans cet appartement qui lui remémore beaucoup trop de souvenirs. souvenirs teintés par la vérité. tous ces moments heureux aux côtés de cet homme, ils n'ont plus la même saveur, aujourd'hui. pas en sachant qu'il lui a été infidèle depuis le tout début. il s'est bien fait avoir, jihae et il regrette être tombé follement amoureux de skylar. parce que le pire dans tout ça, c'est qu'il avait réellement le potentiel d'être un bon petit-ami. la preuve étant que jusqu'à ce que tout éclate, il le rendait heureux.

pourtant, en cet instant, il n'inspirait plus que la crainte chez le cadet. encore plus lorsque ses prunelles le voient au bout de ce couloir qui lui semble interminable. le chinois ne dit rien et disparaît de nouveau dans la seule pièce d'où provient de la lumière. probablement que s'il avait dit quoi que ce soit, jihae aurait fui. tout simplement. ça lui donne un peu de courage, ce silence. malgré qu'il soit lourd. ses palpitations cardiaques s'affolent et il sait que son corps tremble doucement sous la peur de ce moment. néanmoins, il s'efforce de reprendre contenance et il réussit enfin à poser un pied devant.

lentement, silencieusement, il rejoint l'autre homme à la cuisine. il ne sait pas où se mettre, parce qu'il ne se sent pas à sa place. l'odeur du café ravit ses narines et le poussent à s'aventurer jusqu'à l'une des chaises entourant la petite table. avec hésitation, cependant. aucun mot ne sort de sa bouche, alors qu'il prend place. ses prunelles sont fixées sur le dos large de son ex. une silhouette qu'il aimait tellement observer, autrefois. ça lui semble si lointain, maintenant. skylar qui a été la source de tant de bonheur. skylar qui l'a détruit. skylar qui a transformé tous les beaux moments passés avec lui en souvenirs doucereux. skylar qu'il aurait voulu aimer toute sa vie.

Le temps s’est-il allongé ? Ou bien, est-ce l’inconfort de cette chaise qui te pousse à te lever ? Dans le couloir, Jihae ne semble pas décidé... Incapable de tenir en place, t’éteins la bouilloire avant qu’elle ne siffle. Dans un mug un café et dans la tasse qui l’accompagne, faire couler un thé. Des souvenirs d’une vie à deux refont surface, quelques plaisirs, et des mensonges aussi. Les paupières closent, le front calé contre un placard, tu mords ta lèvre :: ( p’tin qu’est-ce que j’vais lui dire... ) :: fautif jusqu’au cou, lorsque dans ton dos, un bruit.

Les doigts serrent les tasses, phalanges blanchies, tu crains pour ta vie. Une chaise crisse, il doit être assis, pourtant tu n’oses pas encore lui faire face. Presque aussitôt, tu t’es redressé et ton regard a changé. Tu caches ton inquiétude derrière un visage impassible, alors que tes fesses se pose sur l’assise à un bon mètre de lui. La tête basse, tu fais glisser son thé jusqu’à ton invité. Ô t’ignores comment le geste sera interprété, mais t’espères qu’il n’y verra aucune manœuvre mal intentionnée. Ne sachant par où commencer, les bras croisés sur le bois, à travers le tissu, tu grattes nerveusement la cicatrice sur ton avant-bras.

« J-Hum. » te râcler la gorge, les mots sont coincés, ça fait longtemps que tu n’as pas parlé : « J’suis content que tu sois là. » doucement, les mirettes scrutent le moindre signe de déplaisir sur ses traits. Un semblant de courage trouvé en une gorgée de boisson caféinée, un sourire se risque sur tes lèvres : « Pendant un moment, j’ai vraiment cru que t’allais pas venir... » La conversation s’amincie, comme ton rictus qui finit par complètement disparaître. Parce que tu ne sais pas comment aborder le sujet, de but en blanc lâcher : « J’suis désolé. » baisser les yeux et ne rien ajouter.

il redoute réellement ce que va lui dire le chinois. jihae n'est là que parce qu'il a insisté, parce que franchement, il ne voit pas ce qu'il pourrait lui dire sur ce qu'il s'est passé. excepté se trouver des excuses pour les actes qu'il a commis et lui mentir. c'est ce qu'il a toujours fait, après tout, non? des mensonges par pelletées, à ne plus savoir quoi en faire. il le sait, aujourd'hui, mais à l'époque, il croyait ses paroles. parce qu'il est le seul qui ne l'a pas rejeté quand tout le monde l'a fait. il est le seul à l'avoir aimé quand plus personne ne voulait l'aimer. mais ces souvenirs sont bien amers, maintenant. il doute même que skylar l'aie même aimé, un jour.

l'aîné prend finalement place devant lui avant de pousser une tasse vers lui. l'odeur du thé parvient finalement à ses narines, par-dessus celle de la caféine. le silence continue de planer et jihae hésite à se saisir de la tasse. toutefois, il a peur de bouger, comme si ça allait briser quelque chose. son coeur bat tellement fort dans sa poitrine qu'il a du mal à s'entendre penser. skylar fini par ouvrir la bouche, puis à se racler la gorge, ce qui le fait légèrement sursauter. le garçon ne dit rien devant sa première phrase. car le sentiment n'est pas partagé. la deuxième phrase le fait bouger sur sa chaise, parce qu'il a en effet failli ne pas se présenter. le problème dans toute cette histoire, c'est que le chinois le connaît trop bien.

sans un regard pour son ex petit-ami, jihae pose ses mains de parts et d'autres de la tasse mise à sa disposition. le liquide chaud qu'elle contient lui réchauffe agréablement les paumes. il la porte à sa bouche et souffle sur l'eau chaude avant d'en prendre une petite gorgée. ça fait du bien. ça l'aide à rassembler son courage. il doit se montrer comme à travers ses sms. c'est juste qu'en personne, c'est plus difficile, le gamin est trop empathique et incertain pour avoir l'assurance nécessaire de le rembarrer comme lorsqu'il le fait par messages. skylar finit par lâcher des excuses et jihae ne sait pas trop comment réagir. alors un moment de silence presque interminable s'installe avant qu'il ne se décide à parler à son tour. "t'es désolé de quoi, au juste?" ça va, sa voix ne tremble presque pas et il n'a pas bégayé. toutefois, il se garde de le regarder en face. il a peur que s'il le fait, il perdra toute contenance.