BRIGHTSIDE.


·  　. * ✵  * 　✷   ·


SOLEIL.

la jeune fille descendait les grands escaliers d'un pas lent, luxueuse, embaumant les lieux de sa présence trop divine, subtilement fière de ce qu'elle allait accomplir avec la plus précieuse des personnes trônant dans sa vie. la brunette avait sciemment menti au reste de sa famille, feignant une longue balade plutôt qu'avoir à révéler la vérité sur la petite escapade qu'elle et son acolyte avaient prévu de faire, subtile habilité à faire croire au monde alentour ce qu'elle voulait ou éprouvait. —   bao, on peut y aller. pas de dragon à l'horizon, ça va être une bonne journée. elle se pavanait de joie à l'idée de ne pas avoir affaire à la mère de son benjamin, femme qui l'énervait déjà suffisamment tous les jours. quotidien infernal quand elle était forcée de passer ses journées avec elle et son père, trouvant sa belle-mère plus insupportable qu'appréciable. oh et qu'hara plaignait le garçon à qui cette dernière avait donné naissance, à constamment le tourmenter et pousser des vagues de pression sur les épaules du gamin innocent. il ne disait rien, laissait pratiquement faire, hâtant davantage la haine que l'artiste éprouvait à l'égard de la nouvelle femme de son géniteur. aujourd'hui était presque un symbole, une preuve extraordinaire que minzhe pouvait contrecarrer les idéaux trop formatés de son ignoble mère – vipère -, et ce, quand il le voulait bien. ils s'étaient mis d'accord, ils n'en parleraient pas en famille, et garderaient le secret de leur plan à jamais. hara avait tout d'abord rebuté sur l'idée, mais elle s'était rapidement rendue compte que la victoire était à portée de main cette fois-ci, et qu'ils n'auraient pas pu faire mieux, pour le moment.

elle passait son bras autour de ses épaules, humeur affectueuse – uniquement avec son petit frère -, il la dépassait déjà et pourtant, elle s'obstinait toujours à ne pas accepter le fait qu'il soit dorénavant plus grand qu'elle. frustration qu'elle peinait à dissimuler, jalousie frôlant les airs ; oui, il allait devoir lui expliquer pourquoi sa sœur avait l'impression qu'il poussait de plusieurs centimètres à chaque fois qu'ils se voyaient – pratiquement toutes les semaines -. —  on va prendre ma voiture, le salon est assez loin.

installés dans sa vieille ford vintage, ils avaient laissé les trottoirs des riches quartiers résidentiels de gangnam et voguaient à présent sur le bitume des rues cosmopolites, plus habitées, au milieu du tintamarre des voitures et bouchons quotidiens. —  t'as réfléchi à ce qu'on pourrait faire ? je voudrais pas que ça soit trop voyant et que ça reste discret.  marquer indélébilement sa peau de porcelaine était une décision qu'elle n'avait pas prise à la légère, et se faire tatouer en commun... était une acte qu'elle n'aurait jamais fait avec quelqu'un d'autre que minzhe. —  quelque chose de minimaliste ça serait bien. un symbole peut-être... ou des chiffres... 

BRIGHTSIDE.


·  　. * ✵  * 　✷   ·


entre l'hésitation et la tentation de faire quelque chose qui te trottait en tête depuis des années, tu avais enfin cédé à l'idée d'avoir un tatouage. franchir le pas et aller à l'encontre de ce que ta mère te disait de faire, c'était quelque chose que tu évitais. rien que penser à sa réaction potentielle te rendait nerveux, mais tu avais accepté la demande de ta soeur il y a quelques jours et tu ne comptais pas changer d'idée, malgré les répercussions auxquelles tu allais éventuellement devoir faire face. et dire que tu étais terrifié serait un euphémisme. depuis qu'elle t'avait mentionné vouloir faire un tatouage assorti, c'était presque tout ce que tu avais en tête. les doutes se faisaient entendre plus les heures passaient, mais de ton expression neutre, personne ne pourrait soupçonner que tu étais en plein dilemme, d'un acte qui n'était point réversible. la permanence d'un tatouage, ce n'était pas rien. tu avais beau avoir souhaité de l'encre sur ta peau depuis tes dix sept ans, tu n'aurais jamais pensé que ça se réaliserait un jour. pour toi, minzhe, ce n'était qu'un rêve ridicule, une impossibilité. et maintenant, tu descendais les marches de la maison familiale aux côtés de ta soeur, qui venait de prétexter une promenade pour ne pas avoir de questions indiscrètes et tu te disais... c'était maintenant que ça arrivait. tu n'étais pas complètement présent au moment même, tu avais plutôt les yeux rivés sur ton portable, dans l'attente d'une notification qui n'allait jamais arrivé. hm ? oui, je te suis. que tu avais soufflé en fermant l'écran, un brin déçu de ne toujours pas avoir eu les réponses tant attendu. réprimant un soupir, tu jetais un coup d'oeil derrière toi avant d'hocher la tête à ses paroles. d'ici quelques heures, tu allais avoir un tatouage. d'ici quelques heures, tu aurais fait un autre pas en la direction de la liberté que tu voulais avoir, dans le plus grand des secrets. et alors que hara démarrait sa voiture, évidemment parce que tu n'avais pas ton permis et ne comptait le prendre avant... un moment, tes prunelles observaient le paysage changeant. pas vraiment, pas concrètement... mais tu as pensé où est-ce que tu voulais le tatouage ? c'était rare, toi qui passait ton temps à dessiner, on aurait pu croire que tu aurais pris le temps de poser quelques esquisses, après tout, tu le faisais déjà, mais... pas cette fois ci. j'aime l'idée d'un symbole. on peut le jumeler avec des chiffres en dessous, rien de bien gros... tu réfléchissais, te demandant s'il y avait quelque chose qui te frappait, un symbolisme qui vous réunissait. il y avait l'art, une passion commune que vous partagiez, mais était-ce assez ? je.. veux pas faire quelque chose que je vais regretter, que t'avais soufflé après quelques secondes de silence. j'veux dire, le symbole, l'art... um pas le tatouage. tu y avais pensé sans arriver à trouver quelque chose qui serait satisfaisant. tu étais passé d'une idée à l'autre, à essayer d'incorporer un souvenir unique, mais à chaque fois, tu doutais. maintenant que le temps était arrivé, tu étais hésitant sur ce qui était bien. peut-être une palette, tout simplement. ou vos dates d'anniversaire ? ou est-ce que quelque chose pensé au hasard serait mieux ? tu n'étais qu'indécision, minzhe.

BRIGHTSIDE.


·  　. * ✵  * 　✷   ·


la décision était lourde de sens, hara qui avait toujours magnifié son apparence, à tel point qu'elle n'avait jamais osé penser à souiller sa peau immaculée, lisse de la moindre imperfection. les tatouages, elle ne les avait jamais aimés. ni sur ses proches, ni sur les autres. sur personne, à vrai dire. trop vulgaires, mais surtout indélébiles. quand on se lançait, c'était pour la vie . et pourtant, hara s'était trouvée à les apprécier, un peu plus chaque jour. c'était une forme d'art comme une autre, et ça la touchait davantage qu'elle ne le pensait, elle, hara, adoratrice du dessin et de la peinture. – hara était prête à le faire, défigurer sa peau pour créer quelque chose d'exceptionnel, seulement avec l'être qui habitait son esprit - elle voulait lui faire plaisir, à son petit frère, son tout, lui qui devait supporter au quotidien les interdits de sa mère sorcière, trop sévère, draconienne dans tous ses gestes et toutes ses attentions. minzhe était constamment enclavé par les chaînes initiées par sa génitrice, et aujourd'hui, sa grande sœur espérait de tout son cœur, de tout son être lui faire plaisir, lui donner enfin une occasion de se sortir de son quotidien morose, enraciné par des idéaux qui n'étaient pas les siens. il avait besoin de faire ses propres choix, vivre l'existence qu'il voulait et hara était prête à tout pour le voir s'épanouir, quitte à prendre les répercussions de son audace en pleine figure. — oui, à un endroit peu visible. l'idéal ça serait dans le dos, le ventre, le torse ou l'épaule, mais il faut que ça nous aille à tous les deux bao. je veux pas prendre de décision à ta place. elle aurait voulu lui proposer l'inverse, défier davantage l'autorité de la mère de minzhe et fièrement exposer l’œuvre qu'ils s’apprêtaient à réaliser. mais hara avait promis. hara avait promis à minzhe qu'ils garderaient le secret aussi longtemps que possible. elle voulait le préserver de tout danger, de toute contrainte, c'était son vœu le plus cher. alors elle se contenterait de ce qu'elle avait juré. — on peut l'envisager, oui. c'est pas une mauvaise idée, faudrait que ça reste harmonieux ! un instant, hara détournait les yeux de sa route pour les plonger sur minzhe, qu'elle sentait indéniablement perplexe. sa soeur avait besoin de le rassurer. et c'est ce qu'elle comptait entreprendre. alors elle s'arrêta sur le bas-côté de la route, vivement, et fît signe à son compagnon de voyage de sortir du véhicule. — on a un peu d'avance, alors on va faire les choses comme il faut, d'accord ? sourire sincère adressé au benjamin, hara alla chercher son sac sur la banquette arrière de sa voiture et en sortit un carnet de croquis, ainsi que des crayons à papier, dont l'un qu'elle tendit gentiment à son petit frère. posée contre le capot de la voiture, elle le regardait, les yeux brillants. — on est pas préparés, et je ne veux pas non plus qu'on se morde les doigts dès l'instant où on sortira du tatoueur. ils allaient faire ce qu'ils savaient le mieux : dessiner, ensemble, et convenir de quelque chose dont ils seraient fiers. — on est deux, j'avais pensé à deux minuscules oiseaux ! parce qu'ils représentent la liberté et les rêves. elle esquissait lentement, traits de crayon minimalistes, tandis que son œil veillait sur minzhe. — ou une date. 2014. la première fois qu'on s'est vus. ils en avaient fait du chemin, jusqu'à maintenant.  

BRIGHTSIDE.


·  　. * ✵  * 　✷   ·

l’idée de couvrir ta peau d’encre, permanence d’une passion qui te suivait depuis ton jeune âge, ce n’était pas venu de rien. admiratif du talent et de la maitrise qu’une personne se devait d’avoir pour utiliser le corps humain comme canvas, voilà maintenant quelques années que tu voulais te lancer à la cause à ton tour, sans en avoir le courage. hésitation et peur t’ont arrêté au devant de ce même salon de tatouage, auquel tu n’avais osé d’y entrer que dans le but d’offrir tes propres esquisses, transformé en un oeuvre d’art sur la peau d’autrui. et à chaque occurence, tu regrettais un peu plus le manque de nouveauté dans ta vie lorsque tu posais le pied à l’extérieur de l’établissement. comme si à chaque croquis que tu offrais à un ami, une partie de toi y restait. amertume lourde, d’un gamin qui se sentait captif d’une vie dont il ne voulait pas, tu haussais des épaules, le mensonge prêt à être prononcer. il n’y a pas de problème, que tu disais toujours. je ne veux pas de tatouages. ou alors, j’ai peur des aiguilles, ce qui était vrai, mais pas assez pour t’empêcher de faire ce que tu avais en tête depuis… presque toujours. dire que tu n’avais pas pris le temps d’imaginer, de créer des esquisses pouvant faire d’office de tatouages sur toi serait mentir. tu avais des carnets débordants d’idées, de ton imagination que trop débordante et désireuse de faire de ton envie une réalité. tu avais l’enthousiasme d’un gamin le jour de sa fête, lorsqu’il en venait à ce point, minzhe, mais aucun n’avait été imaginé, dessiné, dans l’optique où ta soeur te proposait de le faire. oui, un endroit peu visible, que tu soufflais en hochant la tête. on décidera lorsqu'on aura le design, où ça irait mieux. un secret bien caché, peu voyant, c’était la meilleure décision à prendre. autrement, l’anxiété allait t’envahir à chaque seconde que tu passais en compagnie de ta mère contrôlante. tout de même, une partie de toi regrettait la notion du placement discret. difficile de le voir, ce tatouage, s’il n’était pas à portée de ton regard. indécision qui t’inquiétait, est-ce que les remords allaient t’inonder à la seconde où tu allais mettre le pied à l’intérieur du salon ? tu agrippais ton poignet, enfonçant légèrement tes ongles, l’épiderme marqué faiblement. il n’était pas temps de laisser les hésitations prendre le dessus, minzhe. d'accord. souffle parsemé d'incertitude, mais optimiste de trouver quelque chose qui vous ira, maintenant que tu étais là, à ce moment présent. la raison du manque d'opinion, c'était l'impossibilité de t’installer pour y penser durant la semaine sans que tu ne sois accablé par les reproches que tu imaginais de la part de la sorcière. absurdité, qu’on pourrait te dire, parce qu’elle n’était pas là, mais elle était dans ta tête, paroles dénigrant les moindres gestes que tu faisais qu’elle n’approuvait pas. tu envisageais tout scénario, d’où ton empêchement d’y penser jusqu’à maintenant. au moins, tu n’avais pas eu le temps de te laisser occuper par les points négatifs, jusqu’au point où tu n’allais pas faire d’apparence devant hara. tu devais savoir qu’elle aurait été déçue. à ce point, c’était de choisir qui tu voulais décevoir. entre ta mère et ta soeur, l’impact était différent. crayon posé au creux de ta main, tu hochais de la tête à ses paroles. son jugement était rationnel, de s'arrêter, de réfléchir. éclat d'intérêt qui brillait de tes yeux relevés à la mention d'oiseaux, ainsi que de ce que ça représentait. deux oiseaux, un tatouage minimaliste au style fin, que tu murmurais, suivant son élan, esquisse s'animant devant vos yeux. je pense que je préfères les oiseaux, j'aime la signification que ça représente. pas que l'année où vous vous étiez rapprochés ne valait rien, la première idée tenait beaucoup d'espérance, possiblement même que ça représentait le courage que tu devais avoir pour braver ce qu'on t'avait toujours interdit de faire. et toi, tu préfères quoi ? regard qui se détournait sur la route, rien qu'un instant, la main retournant sur ton poignet, d'une manie qui ne semblait vouloir t'échapper. tu crois que c'est... les mots chutaient, jusqu'à ce que tu te sois complètement arrêté, avant de secouer la tête. non, laisse faire. silence qui reprenait son court, alors que tu avais délibéré, laissant tomber ce que tu voulais dire.

BRIGHTSIDE.


·  　. * ✵  * 　✷   ·


son sourire triplait d'intensité sur son visage, traits joyeux qui dévoilaient ses pensées bienheureuses : elle était contente, exploit éphémère. subtilement de bonne humeur, goûtant au bonheur de faire à nouveau quelque chose avec son petit frère. dessiner à deux, symphonie d'esquisses qu'ils s'amusaient à croiser ensemble, depuis plusieurs années désormais, enfants de l'art, gamins créateurs. j'aime bien la date, mais je pense que je préfère aussi les oiseaux, c'est plus beau et plus évasif. et puis, ce qu'il y a de bien, c'est qu'on peut les dessiner comme on veut. une date c'est plus compliqué. qu'hara lançait doucement, alors qu'elle s'appliquait à dessiner des petits oiseaux de différentes tailles, de formes diverses, sur le carnet de croquis déniché à la volée.  minzhe. son prénom. elle s'évertuait toujours à l'appeler par le surnom qu'elle lui avait tendrement trouvé, baozi, ode au pays natal de son petit frère, et pourtant, dans les situations plus graves, le sérieux revenait empiéter sur les habitudes prises depuis longtemps. dis-moi ce qui ne va pas. elle laissait subtilement tomber son crayon et les ébauches qu'elle avait commencé à esquisser, trop préoccupée par l'état de son petit frère. il ne souriait pas, sa voix s'effaçait à mesure que les secondes passaient, et ce qu'elle avait toujours du mal à accepter : minzhe ne terminait pas ses phrases, laissant sa sœur dans le doute et l'incompréhension momentanée. elle le savait tourmenté, et ne pouvait rien faire pour lui, sentiment amer se formant au creux de son palpitant. elle détestait ne pas savoir quoi immiscer, pour que son frère aille mieux, haïssait être laissée de côté, particulièrement quand elle se doutait que la source des maux du garçon venait d'une personne en particulier. mère-vipère, génitrice empoisonnant à outrance l'esprit de son fils ingénu. je sais que t'as du mal à prendre une décision, c'est pour ça que je t'ai proposé qu'on fasse le tatouage à deux. pour que ça soit plus facile pour toi. un instant, elle plongea ses yeux sur la frimousse adorable de son frère, moue peinte sur son faciès angélique, et lui offrit un sourire sincère. elle se voulait rassurante, n'était pas douée avec les sentiments, comprendre les siens était une tâche déjà bien compliquée pour elle, alors ceux des autres... mais je ne veux pas que ça t'abîme ou que ça te torture l'esprit. ses propres mains posées sur les joues du plus jeune, les enveloppant d'une chaleur provisoire, et caressant ses pommettes d'un geste tendre. elle prenait son rôle de grande soeur au sérieux, et c'était bien le seul aspect dans sa vie de fratrie qu'elle aimait à un point inimaginable, qu'elle chérissait plus que tout au monde : prendre soin de son précieux minzhe, peu importe les circonstances. le faire passer avant ses propres besoins était une chose qu'elle avait appris à faire avec le temps, et cela ne marchait qu'avec lui. est-ce que tu es sûr et certain de vouloir le faire ? questionnement fatidique. elle en rêvait de ce tatouage, elle avait attendu si longtemps de pouvoir à nouveau partager quelque chose d'indélébile avec minzhe, et pourtant, s'il lui disait non... hara ne lui en voudrait pas. la brunette n'en aurait pas la force. elle était prête à tout abandonner pour rendre la vie plus simple à minzhe, y compris annuler le rendez-vous, si tel était son souhait. je crois en toi minzhe. ne la laisse pas te bouffer. fais ce que tu as toujours voulu.

BRIGHTSIDE.


·  　. * ✵  * 　✷   ·

elle avait raison, diversifier les dates, de nombres et de lettres menait à une tâche ardue, bien que d'une façon, tu aurais bien aimé lui prouver le contraire. sortir ton côté espiègle ( que l'on ne voyait que trop rarement ) et démontrer que c'est réalisable. il y avait du choix, minzhe. les chiffres romains était un choix prisé, quoi qu'un peu trop à ton goût. il y avait une multitude de polices, mais ça semblait ennuyant. trop ennuyant pour un premier tatouage. elle avait raison et toi, tu n'avais envie d'une date sur ta peau. les oiseaux, c'était cliché, pourtant ça faisait du sens. d'une certaine manière, à tes yeux, il y avait beaucoup de signification qui entourait cet animal. le parfait symbole, pour toi et ta soeur, sans trop élaborer le design. on dirait que tu faisais ça sur un coup de tête, que tu sautais sur l'occasion d'avoir un tatouage sans y avoir penser, mais ce n'était pas le cas. des soirées durant, tu t'étais retourné d'un côté à l'autre, réfléchissant à un idée pour ce tatouage, mais l'anxiété d'être découvert dès l'encre posé sur ta peau t'avait empêché d'arriver à une idée que tu aimais. tu te devais de cesser d'y penser, minzhe. et tu n'avais pas discuté avec hara non plus, au cas où ta mère tomberait sur les messages. c'était si toi d'être effrayé des répercussions lorsqu'il en venait à la sorcière que tu t'empêchais toujours de faire ce que tu aimais. même lorsqu'elle n'était pas dans les alentours, elle semblait arriver à te contrôler et tu détestais ça. tu crois que c'est [...] non, laisse faire. paroles qui s'échappaient, parsemés des doutes que tu avais. promesse à toi-même que tu brisais, de ne pas laisser faire savoir les inquiétudes qui ne te quittait pas, tu haussais des épaules en te tournant, les prunelles fixées devant toi. je sais pas, que tu soufflais après quelques secondes. d'une certaine manière, ce que tu venais de souffler était vrai. tu ne savais pas pourquoi t'étais aussi… toi, minzhe. depuis le temps que tu voulais un tatouage, maintenant que tu y touchais du bout des doigts, la peur gâchait le moment. tu gâchais le moment. ou tu le croyais, du moins. parce que tu n'arrivais jamais à blâmer celle qui contrôlait ta vie, celle qui était en cause de tout. tu n'arrivais pas à le dire à voix haute, tu étais pris entre deux, hésitant à accuser ta propre mère de ses démons. c'était comprenable, tu avais grandi avec elle. elle était ta mère, tu avais une relation ( très ) compliqué ainsi qu'une personnalité effacé, après l'avoir écouté toute ta vie durant, c'était difficile de lui reprocher quoi que ce soit. tu avais l'impression qu'elle avait mené l'enfer sur terre pour t'élever et parfois, tu étais un peu trop respectueux pour aller à l'encontre de ce qu'elle te disait, te forçait même, à faire. c'est pas que je ne veux pas, que tu murmurais avant de lui retourner son sourire, gamin essayant de ne pas poser ses propres inquiétudes sur sa soeur. parce que tu savais, minzhe, qu'elle s'inquiétait pour toi et c'était exactement cette situation que tu voulais éviter. échec de cette mission, tu le savais dès le moment où elle posait ses mains sur tes joues, signe de réconfort que tu reconnaissais si bien de sa part, tu hochais de la tête à sa question, malgré tes gestes qui démontrait que tu t'enfuierais à n'importe quel moment. mh-mh. il n'était pas question de laisser tomber. pas maintenant. tu ne voulais pas décevoir hara, tu ne voulais pas ajouter une énième défaite causé par ta mère. ce n'était pas la première fois que tu t'arrêtais tout juste avant de faire quelque chose sous la proposition de ta soeur. ( tu n'arrivais tout simplement pas à passer à travers la vision de ta mère et sa réaction ) mais pour une fois, rien qu'une fois, tu allais ignorer cette terreur et y faire face plus tard. non, non. j'en suis certain. tu le disais plus assurément, minzhe. on s'en fout de ce que les autres pensent. tu ne mentionnais pas ta mère, restait vague dans tes propos. je pense que je sais où je veux le tatouage, que tu soufflais pour changer le sujet, tentative d'oublier ( d'ignorer ). il nous reste combien de temps avant le rendez-vous ? question entrecoupant ta phrase d'avant, tu ne lui laissais le temps d'y répondre avant de continuer. je pense que... je le veux sur le poignet. ou l'avant-bras. c'était loin d'être l'endroit le plus caché, de ton hésitation, tu prouvais à être un peu plus brave que tu l'étais réellement. peut-être était-ce temporaire, mais t'essayais, pour toi. pour reprendre un peu de contrôle dans ta vie.