TRIGGER WARNING ::

VIOLENCE ; SUICIDE ; DROGUE ; ACCIDENT DE LA ROUTE
RÉFÉRENCE À UNE SEXTAPE ( SANS CONSENTEMENT )
+ peut-être d'autres...

THNKS FR TH MMRS.

PLAYLIST ; MOODBOARD

T'sais, je crois qu'il est important de se rappeler que derrière chaque gros enculé, il y a un mec que la vie a bousillé. Ouais, j'sais, ça sonne cliché. Pourtant c'est vrai, regardes moi par exemple :: j'ai eu une enfance heureuse, des parents qui m'aimaient, un foyer et même des potes avec qui m'amuser. Mais t'sais, quand t'es petit, t'es innocent. T'imagines pas que la vie est une chienne ; que cette salope t'attend à chaque tournant pour te rappeler qui commande vraiment. Elle te tacle à chacun de tes choix ; et ça meuf, ça change des gamins comme toi – comme moi.

J'avais douze ans à l'époque, papa venait d'être licencié, je comprenais rien. Je me suis jamais demandé d'où venait son blé, on aurait dû être fauché :: le salaire de maman couvrait à peine le loyer. Mais t'sais, les parents, ils sont douées pour cacher ces choses là à leurs gosses. Ils pensent les préserver, sont prêt à tout pour sauver les apparences. C'est ce qu'il a cru faire, mon père, lorsqu'il s'est endetté. Le malheureux a vite déchanter quand ses généreux créanciers, désireux de récupérer leur argent, sont venus toquer à notre porte tous les quatre matins. Entre temps, j'ai grandi, j'ai appris ce que ça voulait dire :: emprunter. Et je peux te dire que ces gars, qui menaçaient papa, n'avaient clairement pas la tête de l'emploi.

Un jour il a craqué ; nous a laissé. Il s'en est allé, mon père, c'est moi qui l'ait décroché de la corde où il se balançait. Je me rappelle que maman a crié jusqu'à n'en plus pouvoir parler, j'avais quinze quand c'est arrivé. Livré à moi-même, après les funérailles, la dette est revenue frappé à notre porte. Naïf, j'avais ouvert. Si c'était à refaire, je ferais le mort. Parce que, juré ! Cette offre, je voulais la refuser ; mais on leur devait toujours du fric et je découvrais les joies d'avoir la gueule dans la cuvette des wc. C'est peut-être pour ça qu'aujourd'hui, j'ai peur de me noyer. Puis comme ils faisaient peur à maman, que de tout ça je voulais la protéger ; j'ai gardé leur visite comme un secret.

﹙ . . . ﹚

Cette année là, tout s'est enchaîné :: j'ai commencé à dealer. Mais c'est tout un métier et j'étais encore au lycée – naturellement, je me suis fait chopper et la dette a augmenté. Maman l'a découvert, trop tard, j'écoutais déjà plus ce qu'elle disait. Bêtement, j'étais convaincu de faire ce qu'il faut pour assurer sa sécurité. Le héro de ma propre histoire, je me voyais comme Atlas, à porter le monde sur mes épaules. J'avais pas prévu qu'il m'écraserait... Pour le supporter, j'ai fait l'erreur de goûter au contenu des petits pochons que j'étais sensé écouler. L'cana, ça me détendait, à tel point qu'à dix-sept ans ; c'était rare les fois où j'étais pas défoncé.

Résultat des courses, la moitié de mes potes se sont tirés ; askip j'étais : « le type à ne pas fréquenter » ou « le gars qu'a vrillé » mais ça tu le sais. Heureusement, vous étiez là, toi et Yedam. Compagnons de conneries, vous êtes les seuls à être resté de votre plein gré. Avec vous, j'ai veillé tard, séché des cours et même commencé à boire. C'était la belle époque ! Jusqu'à ce soir là, on avait eu la brillante idée de voler une moto. Ah... Si seulement je n'avais pas fumé, juste cette fois... ça t'aurais peut-être sauvé. On se croyait invincible à crier dans la nuit comme des imbéciles, puis la bécane a dérapé. Je contrôlais plus rien, on allait si vite – de l'arrière, je t'ai vu décoller et ton atterrissage, tu l'as raté. La gueule criblée de cailloux, cette vision je ne l'oublierais jamais, tout comme ton corps inanimé. Parfois, ton regard vide revient me hanter.

Tout est ma faute, je le sais, et Yedam... Je penses que jamais il ne me pardonnera ; parce qu'il t'aimait à en crever. Le bouquet, c'est qu'au procès, je m'en suis sorti avec de simples travaux d'intérêts. N'était retenu contre moi, que le vol de véhicule ; le reste fut qualifié d'accident. Merci cet avocat véreux, surpayé, gracieusement offert par la street. Alors ouais, elle m'a aidé, mais elle m'a sorti de la merde pour mieux m'emprisonner. Y a pas de limite à son pouvoir, saboter des preuves n'est qu'une banalité :: quand ma note a flambé, j'ai compris que j'étais baisé. C'était l'histoire de trop pour ma mère, après ça, elle est partie refaire sa vie. Je lui en veux pas, je lui en voudrais jamais. Au contraire, j'espère qu'elle trouvera le bonheur, celui qu'elle mérite après que son homme se soit suicidé et que son fils ait mal tourné.

Bien qu'elle ait quitté le domicile, elle m'a laissé les clés. Elle continuait même de payer le loyer, pour que j'ai un endroit où crécher. Alors que tout semblait désespéré, qu'à dix-neuf ans, je traînais encore devant le lycée pour y vendre mes pochtars ; je suis tombé sur ce gamin un peu fragile qui disait s'appeler Jihae. C'est con, mais j'aimais bien l'observer, tu l'aurais vu... Il était grave mignon et toujours seul qui plus est. C'était facile de l'approcher, plus encore de le charmer, ça me plaisait. J'avais de nouveau l'impression d'avoir le contrôle sur quelque chose ; et je le jure ! Je mentais pas quand je disais que je l'aimais. C'était juste tellement plus simple de le manipuler, de déconner.

J'avais aucun mal à dire que c'était mon mec, aucun mal à lui ouvrir ma porte, l'héberger et vivre une pseudo vie de couple comme tout le monde le fait. À la première occasion, je prétextais tout et n'importe quoi pour découcher, rejoindre ses autres qui ne sont pas lui. 2019 aura été l'année où j'ai le plus merdé. Pourquoi ? Comme si aller voir ailleurs ne faisait déjà pas de moi un enculé, j'ai la merveilleuse idée de planquer mon tel sur une étagère. Je te fais pas un dessin, t'as compris, non ? Ouais, je nous ai filmé à son insu...

﹙ . . . ﹚

J'en suis pas fier, mais t'sais j'étais vraiment très con. Sur le cou, je voulais juste garder un souvenir de mon bonbon préféré – drôle de manière de lui montrer que je l'aimais, je sais. Bref, ça aurait pu rester secret, si j'avais pas été suffisamment stupide pour laisser mon téléphone déverrouillé. De tous les connards, il a fallut que ce soit mon employeur qui tombe dessus... Ô j'ai bien essayer de l'en empêcher, je me suis fait éclater ; j'ai bouffé du gravier. « T'sais combien tu me doit petite merde ?! » qu'il a ricané. Le lendemain, la vidéo était sur le net et mon ange, lui, s'était envolé. La fin de deux ans de pseudo normalité ; moralité, la vie est à chier !

D'ailleurs, ça me fait penser. Après l'accident, on aurait pu se dire que je me serais tenu éloigné d'un deux roues. Que dal, je m'en suis acheté une juste après que maman ait décampé ! Grâce à elle, je semais les flics et les ennuis aussi. L'adrénaline, c'est tellement plus efficace que l'cana. Je trouvais mon plaisir dans les courses de rue, et ça me faisait un peu de thune ( :: ouais, comme dans les films « rapide et furieux » ; cliché, je sais ). Mais mon goût pour la vitesse a tapé dans l'œil de mon patron. Askip, j'ai du talent ! Il s'est pas gêné pour l'exploiter, mais t'sais quoi, j'm'en plein pas. Le petit dealer est devenu chauffeur, ça a de la gueule sur le papier.

J'ai attendu mes vingt-deux ans pour quitter l'appartement. J'en pouvais plus, y avait trop de souvenirs que je voulais enterrer ; pourtant, j'ai gardé la clé – je paye toujours le loyer :: peut-être qu'un jour j'arriverais à m'en séparer. Hum ? Où je vis ? Tu vas rire ! Je me suis acheté un garage dans les tréfonds, t'façon j'existe plus aux yeux de la société. Personne viendra me chercher. J'y range des babioles, ma moto et quelques fois j'y dors – j'y fume pas mal, mais le plus souvent je fais que passer. Depuis que j'ai pris en responsabilité, je passes plus de temps à faire des allez-retours entre séoul et un point de rendez-vous. On m'a même refilé un gun, au cas où je tombe sur la concurrence ; regardes.

﹙ . . . ﹚

Tu dois me trouver bien pathétique, hein Soojin ?
Quoique, de là où tu es, si ça se trouve... tu jubiles !
Tu dois te dire que je n'ai que ce que je mérite.
C'est ce que j'aime imaginer, parce que je préfères que tu m'en veuilles ;
que tu me détestes et que tu reviennes me hanter, me terroriser.