⊱ 枯れた桜には花がありません。

Son épidermes dénudées brûlaient sur le latte glacé du débarras de son appartement, les pupilles perdus au-delà de la fenêtre, observant les lumières artificielles qui dessinaient les courbes anguleuses de la ville. Si vaste ville où il n'est que poussière. Il se sent petit, lui du haut de ses trois pommes, serrant la boule difforme qui devait autrefois représenter un animal quelconque. Il écoute le chant du ciel, celui qui gronde, qui hurle, qui déchire. Il est accompagné des tintements de l'eau qui explosent sur les surfaces irrégulière façonnaient par l'homme. Une belle mélodie, qui lui faisait presque dandiner la tête en rythme, si seulement l'orchestre naturelle n'était pas entrecoupé de son dissonant, qui lui creuse l'estomac, qui humidifie ses petites joues potelés. Les zébrures dans le ciel dessinaient les ombres inquiétante dans sa cachette éphémère. Sur un tas délaissé, où le passé s'empilait, apparaissait la silhouette d'un garçon, assis calmement en narguant l'enfant apeuré, garçon que lui seul pouvait voir depuis quelques temps, il était incapable de savoir qui il était. Mais d'un regard suppliant, il implorait cet être invisible de lui venir en aide, alors que la planche vieilli céder peu à peu sous les coups de son poursuivant. Mais le sourire moqueur du brun lui fit comprendre qu'il ne trouverait pas d'échappatoire auprès de celui-ci. La poitrine se serrait déjà, à l'étouffer, il suffoquait, étranglé par la peur et les sanglots.

Tu as échoué.

Le rire de l'invisible remplit la pièce d'un chant macabre, alors que derrière lui la porte cède, laissant un passage béant au mâle colérique. Ses jambes l'avaient lâcher, cédant sous son propre poids, abandonné à la peur à l'orage qui éclata dans la pièce. Rébellion écrasé au fond du placard, la son de sa voix se mélangeait aux plaintes des cieux, n'attirant ni la clémence de son bourreau, ni l'aide de son compagnon imaginaire où celle de la femme malade qu'il savait agonisante dans la pièce voisine. Le cœur au bord des lèvres, il cessait de respirer pour encaisser, jusqu'à la fin de ces longues minutes interminables.

Cassé. Il n’est plus qu’un jouet cassé, rangé au fond de la remise, qu’on ne montre que pour l’image. Frêle garçon au regard vide, résigné à sa vie. Pas triste. Juste sa vie. Entre école et correction. Seul, sans amis. Seul ce garçon au rire grinçant qui ne semble pas grandir. Il traîne des pieds, dans ses vieilles baskets blanches, plus si blanches. Il passe les années, il obtient ses diplômes, le corps vide, sans ambition, ni rêve. Il ne voit pas le temps passé, juste les journées qui se ressemblent tous, sans oser penser à fuir. Le seul changement est que la rivière c'est tari et le tonnerre c'est tue, ne montrant plus les douleurs devenues quotidienne. Assis devant un manuelle aux mots indistinct, dont il ne comprend pas l'utilité tant sa vie lui semble futile. Fatigué, il n'entend pas les mots, il ne distingue plus les êtres.

Arrête de rêvasser, ça ne te fera pas grandir.

Il y a eu ce pont, si haut, haut au-dessus de l’eau. Il ne sait pas nager. Mais est-ce vraiment le souci ? Assis sur la rambarde, à faire un shifumi avec le fantôme qui le hante. Sauter ou ne pas sauter ? C’était le choix impossible qu’il se posait, lui froussard de première. Le vent lui avait apporté une douce odeur de cerisier, et avec une silhouette féminine, venue s’accouder près de lui, en silence, sans un mot, sans un regard. Il avait retenu un soupir d’agacement, dérangé jusqu’à la fin. Ne pouvait-il pas juste fuir pour toujours ? Était-elle pour lui de toute façon ? Les minutes défilaient, disparaissaient, s'effritaient inlassablement.  Il avait longuement observé les cheveux cerisier de celle-ci suivre les courants capricieux, elle semblait tout aussi éphémère qu'une fragile petite fleur. Elle était belle, avec sa peau de porcelaine et ses yeux noisettes, comme si un écureuil y avait stocké ses réserves pour l'hiver. Rien n'avait de sens dans cette silhouette plongé entre l'hiver et le printemps, entre l'éternelle et l'éphémère.

Pourquoi ce serait à toi de fuir ?

L’adolescent passa la porte d’entrée, muet face aux exigences de son paternel si longtemps bourreau. Il ignora l’homme au rire suffisant, monta dans sa chambre, pour réunir quelques affaires, alors que l’appartement semblait à l’aube d’un nouvel orage. Les cris résonnaient dans l’appartement. Se mêlant maintenant ceux de l’enfant enchaîné depuis longtemps. Il n’était pas fort, le petit Mae ri, loin d’être sportif, loin de savoir se battre. Fuyant encore tout en insultant son pauvre père qui n’a que les coups pour fuir la frustration d’un monde qui ne lui convient pas. Son sac n'était pas bien fait, les habits débordant de part et d'autre du bagage de fortune, de ce qu'il peut prendre dans sa fuite, son paternel sur les talons. Mais ce soir, entre le grincement et les grondement, l'ultime éclair frappa dans cet appartement déjà témoin de bien des malheurs. Le garçon en ressort orphelin, mais libre. L'air semblait enfin remplir ses poumons si longtemps suffoquant, et le soleil chassa l'orage le temps d'un instant.

Majeur et vacciné, libre après de long mois de batailles et d'acharnement, il arrive à Séoul, avec de maigres économies des petits boulots des derniers mois, il commence une nouvelle vie, s’étant endurcie. Loin d’être resté l’enfant victime, il s’est mis au sport de combat dans ces temps libres, il aborde la vie différemment. Calculateur et manipulateur, il joue de ses atouts pour arriver à ses fins, se construisant une vie où il en serait son propre chef, quitte à s'effacer lui-même, à écraser les autres, pour ne plus être le jouet cassé d'un autre.