OOTD || Chasser de sa tête les trois quart de sa vie.
Ne plus y penser.
Passer une bonne soirée.
Trois bonnes phrases, ou plutôt trois consignes remplies de bonne volonté, qu’elle s’était bien répétée comme une élève qui apprend sa leçon.
Elle en avait besoin. Vraiment besoin. Et si on pourrait lui reprocher d’invoquer trop souvent l’excuse du “besoin d’air” à sa conscience pas franchement existante, elle se défendrait néanmoins en soulignant le besoin vital de vivre cette soirée, profiter, penser à rien.
Asphyxiée, c’était comme ça qu’elle trouverait la mort, c’était une certitude.
Parce qu’un jour elle manquerait tellement d’air au sens figuré que ses poumons oublieraient de s’en remplir au sens propre.
Ses parents l’avaient envoyé chez les bonnes soeurs, deux fois, ils pouvaient bien défendre le concept que toute vie était précieuse et la laisser faire la sienne non ?
Evidemment que non.
Mais puisque ce n’était pas des études d’avocate qu’elle devrait bientôt laisser tomber, il était bien inutile de penser au plaidoyer.
Souvenons-nous, l’arrivée de Rhee Sua était là pour le rappeler :
ce soir, il est interdit de penserPas plus au visage qui manquait qu’à celui de godiche qu’elle devrait afficher pour le reste de sa vie.
Alors elle avait chassé pensées maussades et tout mauvais air qui pourraient se lire sur son visage pour saluer son amie façon couvent «
Et pourtant, avec toi les murs d’un couvent seraient beaucoup plus beaux. » Là-dessus, on pouvait bien croire la future ex étudiante.
Si Sua avait été dans les murs de son pensionnat à mourir d’ennuis, elle aurait sans aucun doute eu une partenaire de crime et quelqu’un pour l’aider à combler les jours d’heures bien moins grises.
Penser au pensionnat renvoyer toutefois à l’un des sujets interdits, raison pour laquelle elle n’avait pas continué la plaisanterie plus de quelques secondes, préférant renvoyer un sourire plus grand que dans une pub de dentifrice à sa camarade de soirée «
A deux, trois en dessous du mien sans doute. » concours de qui était la plus ravie que la charmante demoiselle en face d’elle pourrait bien lui laisser gagner, tout comme elle la laisserait l’inviter au restaurant.
Plus tard ce débat là. Il se gagnait en fourberie. Alors elle s’était laissée entraîner vers ce fameux lieu que ses pensées faisaient rimer avec “promesse de légèreté", une légèreté qu’elle avait souhaité tout en conneries tandis qu’elle pénétrait sur leur terre promise…
«
Parlant de profiter, je préfère te prévenir que je risque de terminer la soirée bourrée. » annonce officielle un peu étrange à faire oui. Mais fallait bien qu’elle s’entraîne à être une future épouse blasée après tout «
Dans la version où je veux me réveiller demain et avoir presque tout oublié. Sans doute au moins mon nom, ma couleur préférée et le nom de mon chien si j’en avais un. » oui, là c’est sûr, si Sua n’avait pas compris qu’elle comptait commander de l’alcool sur cette carte qu’elle avait tiré vers elle une fois assise à une table, elle avait désormais tous les éléments en mains pour le deviner «
En gros, demain, quand j’ouvrirai les yeux, je m’appellerai Tatiana, 34 ans, ancienne catcheuse professionnelle devenue éleveuse de tarentules. » vraiment précis cet “en gros” là. Si avec ça Sua n’avait pas compris le thème…
Par contre… les tarentules, pourquoi ?
«
Maintenant que t’es consciente de la honte que je risque d’apporter dans ta vie, quoi de neuf dans la tienne ? » aucunes tarentules, espérons-le. Mais il était bien normal qu’avec son projet d’en adopter, ce soit à Sua de commencer le bal des dernières nouvelles. Parce que ça, par contre, elle voulait avoir les idées assez claires pour s’en souvenir.
Bourrée, petite soeur dans une lointaine galaxie, et fiancée potiche peut-être. Mais mauvaise amie, elle préférait passer son tour !