⊱ histoire

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— wrapped around my finger like a ring  —

08 mai 2009

T’es jolie Aran aujourd’hui dans ta petite robe blanche, les cheveux noirs domptés en deux nattes serrés. Tu parais sage, comme une image. C’est le comportement qu’on te demande d’avoir lors des journées portes ouvertes du foyer, c’est la méthode qui t’offre le plus de chance d’être confié à une famille et quitter l’internat – une nouvelle fois. Car t’es déjà partie deux fois gamine, une fois lorsque t’étais bébé et une seconde fois à l’âge de quatre ans. Deux fois confiés à des gens sans paroles ni consciences, des gens qui à l’issue de quelques années se sont lassés de toi, n'avait plus de temps pour toi. Car tu n’es plus le petit bébé qui gazouille et sourit à tout va, plus la petite fille de quatre ans qui s'émerveille quand on lui offre une paire de chausson de danse pour compenser une ambiance pourrie à la maison. T’as le regard triste parfois Aran, parait souvent être dans ton propre monde à rêvasser d’une vie que tu n’auras jamais.

Tu penses souvent à cette mère,
Ce père que tu ne connaitras jamais.
Tes parents, les vrais.
Pourquoi on t’a abandonné ?
Tu ne méritais pas qu’on s’occupe de toi ?  

Tristesse, incompréhension qui se lit sur ce visage de petite fille d’une dizaine d’années. Et aujourd’hui, malgré le fait que tu sois jolie comme un cœur, que t’ai tentée de paraitre la plus agréable possible - comme te l'ont demandé les travailleurs sociaux pour attendrir les futurs parents, ce n’est pas toi qui sera partis avec l'un de ces couples. Ce soir encore, tu passeras la nuit et les suivantes ici à l’orphelinat. Et au fond, t’es contente Aran, contente de ne pas être soumise à un choix qui ne t’appartiens pas. Soumise malgré toi à t’attacher à des gens qui un jour ou l’autre, t’abandonneront de nouveau quoique tu fasses.

T’as confiance en personne et certainement pas aux adultes, quoi qu'ils promettent et fassent tu finis toujours déçu, t'as compris la leçon Aran.

˚ ༘✶ ⋆｡˚ ⁀➷

22 mars 2014

- et si moi, j'en ai pas envie de ce départ ?

regard effronté, sourcil arqué. Les bras croisées sous la poitrine comme si cette simple position allait montrer ô combien t'es saoulée par ce que tu viens d'entendre. Tu toises la cheffe de service qui vient de t'annoncer que tu seras prochainement placé das une famille qui semble en tout point parfaite et prête à t'accueillir, parait que c'est des gens bien, des gens qui ont eu l'habitude d'accueillir des adolescentes comme toi tout le long de leur vie. que la dernière vient de partir et que c'est une aubaine pour toi qu'une place se libère. mais toi tu ne veux pas l'entendre, toi ça fait des années qu'on t'a pas recueilli et t'étais bien contente que les choses se passent ainsi. plus que quelques années et t'étais libre, lâché dans la nature avec tes propres moyens sans plus jamais avoir à compter sur personne. mais ça ne semble pas être le plan. Non, tout tombe à l'eau à cause de ces gens. et tu soupires, car tu le sais que t'auras beau faire la tête, beau montrer ton mécontentement rien ne changera et tu partiras. mais tu te sens obligé de le faire un minimum quand même, te sens obliger de claquer la porte après avoir entendu tout ça, une fois qu'on t'a donné la permission de retourner dans ta chambre.

tu partiras à daegu, que tu le veuilles ou non.
parait que c'est pour ton bien. mais toi, t'y crois pas.
t'es sûr qu'ils veulent juste se débarrasser de toi.

˚ ༘✶ ⋆｡˚ ⁀➷

18 juin 2018

Et les yeux s’agrandissent, ne savent plus vers où se diriger dans cette immense pièce toute vitrée dont le parquet semble usé par le temps et la détermination de ceux qui ont pu auparavant l’utiliser. Il t’avait promis un endroit qui te plairait et toi, tu l’as suivi sans croire un seul instant qu’il trouverait quelque chose qui puisse réellement te transcender. Car tu t’en fous un peu de tout Aran, t’es pas très impressionnable comme nana. Mais tu lui as tout de même laissé sa chance – après certes, quelques non répétitifs ainsi qu’une détermination de fer de sa part. Tu t’es lassé de lui répondre que t’avais mieux à faire et maintenant que tu vois les lieux de tes propres yeux, tu regrettes de ne pas l’avoir écouté avant, Suho.

Car c’est l’endroit rêvé, l’endroit parfait pour que tu puisses t’entrainer, t’améliorer.

Un studio de danse, rien que pour vous. T’as beau cherché à comprendre le pourquoi du comment, la raison pour laquelle il a un accès aussi libre dans un endroit pareil Suho ne te révèlera pas son secret. Même après que t’es utilisé tes charmes comme la méthode des yeux doux, le sourire trop grand et angélique. Car t’as l’impression qu’il t’aime bien le garçon, malgré ton air désintéressé et tes moues boudeuses que tu arbores bien trop souvent. Mais même là, rien y fait tu n’obtiendras rien. Il te demande juste d’en profiter, de t’amuser. Et ce jour-là, malgré que tu ne sois pas en tenue adéquate, que ta jupe et ton chemisier d’écolière soit plus emmerdant qu’autre choses tu te met à danser Aran, ne te prive pas de ce plaisir puisque tout l’espace semble être pour vous à ce moment-là. Tu t’amuses comme une gamine, découvre ô combien il est bien plus doué que toi dans la discipline dont vous parlez des heures depuis qu’il a décidé de se frayer un chemin dans ta vie.

C’est quand enfin, tu t’allonges à même le sol, la respiration haletante et le sourire jusqu’aux oreilles que tu te rends compte que ça fait déjà un petit moment que t’es à Daegu et pourtant c’est la première fois que tu passes une journée si joyeuse, à rire malgré les lacunes que t’as en danse, que t’exposes sans honte à ce garçon que tu connais pas vraiment encore. Et après quelques secondes à reprendre ta respiration, profiter du silence tu te permets de le rompre, lui dire des étoiles pleins les yeux :

- On pourra revenir … ? Quand t’as le temps et l’envie… Enfin si tu veux quoi…

Que tu lui dis d’une voix hésitante, les yeux rivés sur tes pieds que tu bouges et cognes l’un contre l’autre. Car tu ne voudrais pas le forcer Suho, ne voudrait pas gâcher de son précieux temps. T’es presque prête à rebrousser chemin, lui dire de laisser tomber lorsque sa voix résonne à son tour dans le studio, t’oblige à relever les yeux vers lui et remarquer qu’un sourire en coin se dessine sur ses lippes charnues. Il aime un peu trop que tu lui demandes cette faveur et ça le rend beau cette assurance. Il t’agacerait presque si il n’était pas à la fois si mignon.

- Quand tu veux, j’me ferais pas supplier moi.

Dernier mot sur lequel il insiste, te faisant rouler des yeux. Et tu te relèves Aran, passe les mains sur les faux plis de ta jupe et récupère ton sac d’école lâché dans un coin de la pièce, met un peu d’ordres dans tes cheveux et dit à celui qui t’observes au travers les grands miroirs.

- Cool, on se voit demain alors.

Et déjà tu quittes les lieux, sans l’attendre. Car tu ne voudrais surtout pas qu’il s’imagine qu’avec cette simple attention il a déjà tout obtenue de toi.

il est chiant, mais tu l'es surement encore plus que lui malheureusement.

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30 octobre 2019

Je sais pas pourquoi j’écris ça mais j’en ressens le besoin ce soir. Donc pour une fois (et vraiment l’unique fois) j’vais écouter les conseils de Madame Kim et lâcher tout ce que j’ai à dire dans cette lettre à « cœur ouvert » qui ne sortira jamais de ce journal acheté une fortune pour que j’l’utilise une seule fois car tu me connais, j’ai pas vraiment de rigueur. Ce genre de chose, c’est pas pour moi mais bref. J’imagine que tu me croirais pas, que tu rigolerais de moi si je te disais ça de vive voix mais j’me sens triste depuis que j’ai quitté Daegu. Depuis que je t’ai quitté toi en fait. Je sais, je sais… Je disais tout le temps que j’avais jamais d'attache pour les villes dans lesquelles j’allais, pour les gens que je rencontrais mais cette fois c’est différent bizarrement. J’ai beau être heureuse d’avoir été repérée, de me dire qu’un jour peut-être je réaliserais mon rêve y’a une partie de moi qui n’est pas 100% heureuse car j’ai l’impression d’être partie le cœur lourd.

Et j’ai l’impression que c’est de ta faute.

J’aimerais te hurler dessus, te taper dessus en te demandant pourquoi t’es rentré dans ma vie ? Pourquoi t’as été si insistant ? Fallait vraiment que tu cherches à me faire rire par tous les moyens ? Que tu me fasses découvrir cette ville dont j’e n’avais rien à faire à la base ? mais même ça, j’peux pas le faire et maintenant je suis malheureuse par ta faute Suho. Genre littéralement, tous les soirs je pleure non pas car on m’a rabaissé comme une merde durant l’entrainement mais car ma vie à Daegu était plus simple à tes cotés. Plus drôle aussi. Même si ça, jamais je l’avouerais en face à face. Tu prendrais trop la grosse tête, tu te mettrais à bomber le torse et je te détesterais pour ça. Car t’adores être le centre de l’attention, t’aimes un peu trop briller et à coté de toi je fais un complexe d’infériorité. T’es excellent dans bien trop de chose pour que j’sois ton égale. Et je te jalouse, j’aimerais être un peu comme toi parfois. Une étoile brillante (oui je recommence avec mes métaphores avec les astres, je sais je suis saoulante…) et même de t’entendre souffler ça me manque, tout me manque en fait. Et ça me fait chier, je souffre et tu le sais même pas. Toi t’as du reprendre ton petit train-train quotidien, faire rire une nouvelle proie pendant que moi je rumine dans mon coin.

Je te déteste Suho et je te souhaite que du malheur.
(j’mens, je te souhaite tout le bonheur du monde car tu m’as bien trop apporté en quelques mois)

et je vais arrêter maintenant d'écrire avant de finir en pleure, de faire mes valises et m'échapper pour venir t'en coller une si tu m'as aussi vite remplacer. tu le sais que j'en serais capable.

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15 janvier 2020

Jambe qui tremblote, petite peau autour des ongles mise à rude épreuve. Car aujourd’hui sont annoncés les résultats. Aujourd’hui, tu vas savoir si t’es prise ou non dans le nouveau groupe que ton label tente de créer depuis deux ans maintenant. Et t’as bossé, t’as passé des nuits à t’entrainer, des journées entières à t’arracher les cordes vocales pour impressionner les producteurs depuis ton arrivé il y a cinq mois. T’as entendu des bribes, des rumeurs comme quoi il y avait des fortes chances que tu sois prise en tant que vocal lead et rien que d’y penser, t’as le cœur qui bat à tout rompre, tu tords tes doigts d’appréhension. Et si c’était vrai ?  Vous êtes toutes réunies dans l’auditorium et arrêtez toutes de discuter lorsqu’enfin le PDG arrive, se met devant son pupitre pour faire son discours, rappeler tous le chemin qui a mené à la formation de ce groupe. Il rappelle le nombre d’auditions qu’ils ont passés, le nombre de filles qui ont quittés les rangs et abandonné la compétition et fait monter la pression, petit à petit en rallongeant son discours comme si vous n’étiez pas déjà assez impatiente. L’atmosphère est lourde tout autour de vous, les souffles sont retenus jusqu’à que le premier prénom soit prononcé, que le visage de la première trainee choisie soit affichés sur l’écran derrière lui. Y’a un cri de joie qui se fait entendre plus bas, la fille concernée qui se lève et vient remercier de façon très courtoise et respectueuse sont ainé.

Plus que quatre places de libres, et puis trois bien trop rapidement, puis deux et l’espoir lui, s’amoindrit. Ne reste plus qu’une place, une seule putain de place parmi quarante-cinq filles présente dans la salle. Tu jettes des coups d’œil, analyse tes concurrentes en te disant que t’as été plus régulière, plus consciencieuse que d’autre et pourtant, ce n’est pas ton prénom qui est prononcé au micro, ni ta photo qui apparait à l’écran les secondes d'après. C’est celui d’une jeune fille arrivée il y a de ça moins de trois mois. Et t’es déçue Aran, t’as l’impression qu’on t’arrache un bout de toi, que t’as fierté est mise à mal à ce moment-là. Tu fixes la scène sans applaudir, sans sourire.

Encore une fois t’es pas choisie.

Et même si une main vient tapoter ton épaule, tente de te consoler le temps que vous sortiez de l’auditorium, t’arrives pas à t’en remettre. T’es détruite de l’intérieure car t’y croyais cette fois. Mais parait que tu dois travailler plus fort, plus dur encore. Parait que t’es passé à un rien, que ça se jouait à un cheveu entre elle et toi. Et t’es obligé de forcer un sourire, obliger de faire comme si tout allait bien. Car c’est ce qu’on vous apprend ici, à cacher vos émotions, être resplendissante et prête à chanter, danser même lorsque votre monde s’effondre.

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20 juillet 2020

- Tu penses avoir les épaules pour ça Aran ?
- ça ne sera pas simple tu sais ? Bien moins que si t’étais dans un groupe.

Et pourtant, t’hoches de la tête vivement. Six nouveau mois d’acharnement, de dur labeur ont coulé depuis l’annonce du futur girls-group. Et depuis, t’as passé bien trop de nuits en salle de répétition à apprendre chaque mouvement de chaque nouvelle chorégraphie, chaque note au piano pour accompagner ta voix dans le but d’être définitivement la meilleure de ton groupe. Ces derniers temps, on t’as noté de plus en plus strictement, t’as eu l’impression un millier de fois de ne plus être à ta place, d’être au plus bas de ton potentiel. Mais tu comprends aujourd’hui finalement que c’était pour ton bien, que l’exigence dont tes professeurs ont fait preuve ces derniers mois et surtout dernière semaine était une marque d’encouragement, qu’il y avait de l’espoir pour toi. T’en avais entendu parler, brièvement, qu’un projet secret était dans les tuyaux, que ça ne devait pas tarder à tomber. Mais de là, à t’imaginer que c’était de créer une carrière soloist et qu’on te proposerait à toi d’être la nouvelle artiste te fait un drôle de choc.  Mais tu ne pleures pas Aran, t’as les yeux qui brille, les mains tremblotantes mais tu ne scilles pas pour autant. T’as trop peur que ton émotion te trahisse, qu’ils changent d’avis en te voyant pleurer comme une gamine de cinq ans. Alors tu ravales cette boule qui s’est installé au milieu de ta gorge et force un énorme sourire sur ton visage, remercie chacun de tes professeurs et surtout, celui qui rend ce rêve réaliste. T’avais beau avoir imaginé ce moment un millier de fois dans ta tête, t’aurais jamais cru que tu signerais ton nouveau contrat dans un legging, un t-shirt trop grand et les cheveux noués dans un chignon lamentable.

Mais finalement, tu t’en fiches de ne pas être présentable, tu t’en fiches que ta photo ne soit pas affiché en grand sur les écrans de l’auditorium comme ces filles il y a quelques mois. Le résultat est le même, tu vas signer un contrat. Donner quatre ans de ta vie sans trop savoir vers quoi tu vas, ce qu’ils ont en tête pour toi. Tu leur fais confiance Aran, t’es prête à tout accepter pour réaliser ce rêve. Alors quand on te demande de lire le contrat et de signer tu ne te fais pas prier. Hâtivement, t’attrape le stylo posé devant toi et paraphe chaque page comme si les feuilles allaient disparaitre sous tes doigts si tu ne le fais pas. jusqu’à la dernière page, la fameuse. Celle sur laquelle on te demande d’écrire en entier ton nom et prénom ainsi que la date. Tu t’arrêtes un instant, pince les lèvres d’excitation, d’émotion. Et si jusque-là, t’avais réussi à retenir tes larmes cette fois, tu ne peux pas t’empêcher de laisser couler une perle cristalline tout contre ta joue, de sourire comme un enfant en déposant ta signature sur cette dernière feuille marquant le début d’une nouvelle histoire pour toi.

Juxtaposé votre signature ici et la date du jour

최 아란
20/07/2020

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