tw : homophobie, violences conjugales, parent abusif
I. DON'T DON - SUPER JUNIOR (2007)
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môme planté devant la télé, le regard rivé sur l’écran à un souffle de ton nez – fasciné par les mouvements précis des idols. tu t’acharnes à les reproduire, avec toute la maladresse que te confèrent tes
cinq ans, et un large sourire ne tarde pas à trahir le plaisir que tu prends à
danser. découvrir comment ton corps peut se plier au rythme de la musique ; l’accompagner comme un instrument à part entière.
« arrête cette télé de merde, suho. je veux plus jamais te voir faire ça, c’est compris ? la danse c’est pour les pd. »l’instant de grâce est interrompu par la voix forte de ton père – et l’enfant tourne timidement la tête dans sa direction, sans pour autant obéir. car suho, tu ne comprends pas ce que signifient les insultes formulées par ton géniteur ; saisis encore moins pourquoi il refuse que tu
t’amuses. alors tu le dévisages avec de grands yeux ronds, la musique pour emplir l’espace entre vous.
« qu’est-ce qui est pas clair dans ce que je dis ? je parle pas coréen, ou quoi ? éteins cette putain de télé, me fais pas me répéter. »il hausse le ton, mais tu ne bouges toujours pas. à regarder ton père se rapprocher, son pas lourd sur le plancher. sa présence plus
imposante à chaque instant, te surplombant –
et toi, tu ne fais que te ratatiner un peu plus. ose pourtant demander :
« pourquoi ? »car tu ne comprends pas, et ne pas saisir pourquoi tu devrais faire quelque chose t’empêche de t’y plier. t’as juste besoin de
comprendre, suho, mais ta réflexion sonne comme insolence aux oreilles de ton père, et déjà sa main se lève au-dessus de toi.
se fait plus menaçante, à mesure qu’elle approche.
tu fermes les yeux, fort,
si fort, pour ne plus rien entendre ni voir ni ressentir,
mais l’impact ne vient pas.résonne pourtant dans la pièce, te poussant à rouvrir les yeux.
et tu découvres ta mère, au sol, son corps comme bouclier – afin de te protéger. sa joue pour absorber le coup qui t’était destiné – à ne même plus ciller,
même plus pleurer. recroquevillé derrière elle, tu espères que si tu te fais assez petit, il saura t’oublier ; le cœur battant, assourdissant ; et des larmes roulent sur tes jours lorsque tu croises le regard de ton grand frère, yeon, qui observe la scène, dans l’ombre de la porte du salon. et dans vos yeux brûle cette même question désespérée :
quand est-ce qu’on sera libéré de cet enfer ?ta mère t’a inscrit à un cours de danse pour enfants, quelque temps plus tard.
tu ne dois surtout pas en parler à papa, qu’elle t’a dit,
tu comprends, mon ange ? si tu veux continuer, il ne doit jamais le savoir. ce sera notre petit secret. tu as senti la douceur de ses doigts sur ton front lorsqu’elle a passé une main dans tes cheveux fins, en insistant :
d’accord ? on fait ça, suho ? et lorsque tu as hoché la tête, un sourire si grand avant de la serrer de toutes tes forces dans tes bras d’enfant, tu l’as entendu murmurer contre ton oreille :
c’est bien, mon bon garçon intelligent…. * ˚ ⋆
II. LOST CHILD - IU (2008)
1:45 ━━━●────── 3:42
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tes petits pieds nus foulent silencieusement le sol du couloir lorsque tu te glisses jusqu’à la chambre de ton grand frère, entrouvre doucement la porte pour y passer la tête.
« je peux dormir avec toi, yeon ? »un hochement de tête, et il se décale sur son matelas pour te laisser une place – tu refermes la porte dans ton dos, soulagé. rassuré par sa présence à tes côtés, persuadé qu’il saura
te protéger des cauchemars qui hantent tes nuits.
de six ans ton aîné, yeon est ton demi-frère, en réalité. son père est parti lorsqu’il a appris que votre mère était enceinte de lui, mais avoir des pères différents ne vous a jamais divisé – préférant
vous unir face au chef de famille. tu dormiras avec lui presque toutes les nuits durant ton enfance, effrayé par l’idée que ton père vienne te chercher au beau milieu de la nuit.
il t’a toujours laissé traîner dans ses pattes, remettant ses amis à leur place lorsqu’ils râlaient car ils ne voulaient pas qu’un gamin reste avec eux. il s’est toujours occupé de toi, te trimballant à l’arrière de sa moto d’un bout à l’autre de la ville dès qu’il a eu son permis ; t’offrant cette bulle d’air
nécessaire loin de l’atmosphère oppressante de votre maison. t’emmenant jouer dans les parcs, et errer dans les quartiers de daegu – te répétant, lorsque tu tremblais un peu trop ou que tu rechignais à rentrer, qu’un jour
il lui ferait payer. que tu devais juste être patient, et lui faire confiance. rester fort, au moins encore un peu.
et tu as perdu le compte du nombre de fois où tu as songé que c’est
lui qui aurait mérité ton prénom.
⋆ ˚ * .
III. HAPPY BIRTHDAY TO ME - EPIK HIGH (2009)
0:36 ━━●─────── 3:43
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les yeux rivés sur le calendrier de la cuisine, tu fixes la date d’aujourd’hui. personne ne s’est préoccupé de rayer les trois derniers jours, mais tu le sais, aujourd’hui on est le 19 juin 2009.
le jour de ton anniversaire. un soupir t’échappe, alourdi par la peur – car si tu sais que ta mère n’a
jamais manqué un seul de tes anniversaires, hier soir papa s’est énervé, et les cris ont tonné.
les coups sont tombés.
et ce matin, maman ne s’est pas levée pour te réveiller.
yeon t’a dit de ne pas t’inquiéter, que c’était juste l’un de ces jours où elle est un peu triste et fatiguée mais que ça irait, alors tu t’es efforcé de l’écouter. te raccrochant de toutes tes forces à cette figure rassurante. mais tu te doutes bien que cette année, personne n’aura pensé à ton anniversaire, et l’égoïsme de ton cœur d’enfant t’autorise encore à être attristé par cette idée.
c’est l’âme pesante que tu te diriges vers ta chambre ; ton père est sorti, mais tu sais déjà qu’il ne tardera pas à rentrer pour un peu plus gâcher la journée. et l’estomac se noue à cette seule idée, à redouter les foudres paternelles et les cris maternels. mais lorsque tu pousses la porte de ta chambre, tu aperçois deux silhouettes assises par terre : ta mère et ton frère. un petit gâteau de la boulangerie du coin de la rue est posé sur une assiette, sept bougies piquées dans la crème, la lueur vacillante des flammes ricochant sur les murs – et à peine as-tu croisé leurs regards qu’ils se mettent à entonner
saeng il chuka hamnida. le soulagement gagne tes traits alors que tu t’approches du gâteau, gonflant déjà les joues pour éteindre les bougies qui coulent sur la crème – mais ta mère pose un doigt sur le bout de ton nez, et t’intime dans un souffle :
« fais un vœu avant de les souffler, suho. »tes yeux glissent malgré toi sur les hématomes familiers qui s’échappent de la bordure de son pull, sur ses yeux gonflés et ses traits fatigués. sur le visage constamment soucieux de ton frère, et la rage qui semble vrombir en lui à chaque instant. tu n’as pas à réfléchir un seul instant avant de fermer les yeux pour penser de toutes tes forces :
que papa ne soit plus là.et les joues gonflées, tu mets tout ton souffle à éteindre les bougies.
« j’ai souhaité… »mais tu n’as pas le temps d’achever ta phrase que tu sens le doigt de ta mère se poser sur tes lèvres, impérieux.
« chut, mon ange… si tu le dis à voix haute, il ne se réalisera pas. »tu hoches sagement la tête, tâchant d’imprimer l’information pour t’en souvenir, l’an prochain. à t’asseoir avec eux sur le sol de la chambre, gratter la cire fondue sur le glaçage, goûter le gâteau à pleines mains – de la crème sur les doigts lorsque vous portez les bouchées à vos lèvres, tels trois heureux affamés. et ton sourire s’agrandit encore lorsque ta mère te tend deux cadeaux – le papier rapidement déchiré pour dévoiler une peluche de chat, de la part de tes parents – à cet âge-là, tu la crois encore lorsqu’elle te raconte que ton père l’a aidé à choisir ton cadeau –, et un woody de toy story de la part de yeon, qui te glisse avec un petit rictus :
« t’arrives pas à surprendre tes autres jouets quand ils font leur vie, alors j’espère que celui-là, t’arriveras à le griller un peu plus facilement. »et un sourire jusqu’aux oreilles, tu serres fort ta famille dans tes bras.
car quoi qu’il arrive, jamais
ils n’oublient ton anniversaire.. * ˚ ⋆
IV. TONIGHT - BIG BANG (2011)
3:04 ━━━━━━●─── 3:43
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le claquement de la porte d’entrée n’annonçait rien de bon, et lorsqu’un instant plus tard la voix de ton géniteur a scandé ton prénom, elle était un peu trop forte ; un peu trop floue.
il a trop bu.ton premier réflexe est de fuir, et tu te précipites silencieusement vers le placard de ta chambre, referme la porte aussi discrètement que possible. recroquevillé sous les vêtements qui t’effleurent les cheveux, à écouter son pas lourd passer de pièce en pièce – se rapprocher, jusqu’à n’être plus qu’à quelques mètres. et ton prénom qu’il répète. tu l’entends retourner ton matelas, s’approcher du bureau pour regarder en-dessous – son pas plus proche que jamais. tu fermes les yeux, la tête plongée entre tes genoux lorsque la porte du placard s’ouvre avec fracas ; sens ses doigts se refermer sur ton bras d’enfant pour te traîner au milieu de la chambre.
« explique-moi pourquoi un de mes amis m’a dit avoir vu mon fils se dandiner sur une scène devant tout le monde ? qu’est-ce que je t’avais dit, suho ? il me semblait pourtant t’avoir dit d’arrêter avec tes activités de gonzesse ? qu’est-ce qui est pas clair, hein ? et regarde ton père, quand il te parle. »les doigts féroces se referment sur ton menton pour forcer ton regard fuyant dans le sien – alors tes yeux rougis de larmes qui ne coulent plus se braquent droit dans les siens, les sourcils froncés et les lèvres tremblantes.
« en plus de me donner une tarlouze pour fils, faut aussi que ce soit un lâche ? qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça, bordel ? »« et moi j’me demande ce qu’on a fait pour mériter un père comme toi. »les mots sont sortis, et resserrant sa prise sur ta mâchoire, il te somme de répéter. tu auras juste assez de bon sens pour ne pas le faire, mais le coup partira quand même. à vouloir te faire regretter ces mots ; t’apprendre à ravaler ton
insolence. ses phalanges s’écrasent contre ta pommette et, sonné, tu entends les pas pressés de ta mère se rapprocher. un cri franchir ses lèvres en t’apercevant à terre, le visage rougi, et ton père se fige pour se tourner vers elle.
« ah. toi. j’suis sûr que c’était ton idée, hein, de faire danser ton fils comme une tapette ? qu’est-ce que je vais faire de vous, putain, y en a pas un pour rattraper l’autre. »et une scène que tu ne connais que trop bien se joue sous tes yeux – son poing déformant le doux visage de ta mère, à la pousser contre le mur, la rouer de coups. tu lui hurles d’arrêter, suho, les yeux noyés de ces larmes qui refusent de couler, t’accroches à son bras pour mieux être repoussé à l’autre bout de la pièce.
impuissant. à te demander pourquoi yeon n’est pas là ce soir.
tu n’entends pas la porte d’entrée claquer – à vrai dire, personne ne l’aura entendue dans la pièce emplie par le bruit sourd de ses coups. c’est seulement lorsque sa voix résonne que vous levez les yeux vers yeon.
« putain, mais tu veux la tuer ou quoi ? t’as intérêt à retirer tes mains d’elle tout de suite, sale merde. »et tu observes, interdit, ton frère de quinze ans se jeter sur ton père. ses bras nerveux d’adolescent musclés par la boxe, et toute la haine contenue d’années de souffrance qui s’abattent ce soir sur
le monstre. il semble inarrêtable, yeon, une machine de guerre lancée à pleine vitesse. il semble vouloir
le tuer, la haine dans les yeux et les muscles bandés. et c’est toi qui finiras par le calmer, le suppliant d’arrêter, car tu ne veux pas que ton père meurt sous ses coups. même si le voir au sol est quelque part jouissif, aussi tordu cela soit-il.
yeon appellera le samu, ce soir-là, pour que l’on vienne chercher votre mère à moitié partie. yeon téléphonera à votre grand-mère, pour lui demander de vous héberger le temps de trouver un nouveau logement. et grâce à yeon, votre mère ne retournera
jamais avec ton père. grâce à yeon, votre mère est toujours parmi vous aujourd'hui.
grâce à yeon, votre famille n’aura pas été
totalement brisée.
⋆ ˚ * .
V. THE TRUTH UNTOLD - BTS (2018)
2:23 ━━━━●───── 4:02
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elle s’appelait
aran. de grands yeux et des traits délicats – et ce mystère propre aux gens trop silencieux. elle t’a immédiatement tapé dans l’œil et, adolescent peu farouche que tu es, tu n’as pas tardé à aller lui parler, sans te douter que tu te heurterais aux regards sévères d’une
princesse de glace. tu ignores si c’est parce qu’elle a un an de plus ou que toi, ou si elle ne te trouve simplement pas drôle, mais tes tentatives pour la faire rire tombent toujours à plat – et si tu aurais pu en rester là et lui foutre la paix, les quelques sourires que tu parviens parfois à lui arracher t’encouragent à
persévérer.
car aran est si belle lorsqu’elle sourit.
et tu te rends compte qu’elle l’est encore plus
quand elle rigole,
surtout quand ça vient de
toi.
et vous avez trop en commun pour accepter d’en rester là – l’amour de la danse, l’objectif d’intégrer une agence puis, comme tu l’apprendras plus tard, des attaches familiales
fragiles. deux gosses un peu trop
perdus dans la vie, finalement. tu sais pourtant pas trop t’y prendre avec elle, suho – les règles de la séduction te sont encore inconnues, et tes tentatives plus maladroites qu’autre chose. mais sans que tu comprennes toi-même comment,
ça fonctionne, et tu parviens à faire tomber les barrières de celle qui se prêtait des airs inaccessible.
elle te prévient de ne pas t’attacher, car elle finira par partir ; et tu lui réponds qu’elle peut en faire de même, car la réciproque est tout aussi vraie. l’un comme l’autre cherchez à intégrer une agence ; enchaînez les auditions, chaque fois qu’elles se présentent. alors vous quitterez la ville à la première occasion, c’est certain – sauf qu’au fil des mois, tu passes de moins en moins de castings, jusqu’à carrément arrêter, par crainte d’être pris et de devoir abandonner daegu,
et surtout aran.
car malgré ses mises en garde,
tu l’aimes de plus en plus, cette gamine ronchonne. au gré des soirées au parc, assis sur les balançoires ou allongés dans l’herbe, à compter les étoiles entre deux secrets dévoilés. au fil des après-midi passés à répéter vos chorégraphies, tes gestes précis lorsque tu lui montres l’exemple, tes mains légères sur sa peau quand tu ajustes ses postures – et à tes yeux, ce sont vos corps l’un contre l’autre qui forment la plus belle des danses.
passé maître en l’art de bafouer les règles que l’on te pose, tu finis par te décider à lui parler de ce que tu ressens. car cela fait presqu’un an que vous vous fréquentez ; que vous agissez comme un couple, à vous accompagner partout, passer des après-midi à ne rien faire si ce n'est apprécier la présence de l’autre, vous abandonner à son corps un peu trop tendrement pour de simples amis. mais vous n’êtes pas en couple. et aran, elle te fait ressentir des choses que t’as jamais ressenti auparavant – qui te feraient presque peur, bien que loin d’être désagréables.
alors tu lui as demandé de te retrouver, cet après-midi, pour parler de quelque chose ; tu l’attends, une boule d’appréhension dans l’estomac, t’approches du miroir pour replacer les mèches qui tombent sur ton front, regarder une dernière fois la tenue que t’as choisi.
t’as bien fait de faire un effort, aujourd’hui. tu te retournes vivement en entendant la porte claquer dans ton dos, fait face à aran et son sourire trop grand – et au bout de quelques instants, tu oses lâcher :
« du coup je voulais te parler d’un truc… »
« moi aussi j’ai un truc à te dire ! j’ai été prise ! l’audition que j’ai passé y a quelque temps là, tu sais ? c’est bon ! ils vont me prendre comme trainee ! »tu hausses un peu les sourcils, suho – le souffle coupé. à court de mots. car tu saisis parfaitement l’implicite derrière l’heureuse nouvelle ; sait pertinemment que ce n’est maintenant qu’une question de temps avant qu’elle ne quitte daegu. alors tu te dis que t’as bien de la chance de lui avoir parlé de rien ; que si elle part, c’est que tes sentiments ne devaient pas être réciproques. que contrairement à ce dont tu t’étais persuadé,
elle a réussi à ne pas s’attacher.
et tu te rappelles que t’es censé lui sourire, te réjouir pour elle et la féliciter. souligner que tu lui assurais depuis le début que ça finirait par marcher ; qu’elle est trop bête de te rire au nez lorsque que tu dis que t’as toujours raison.
comme si de rien n’était.mais la vérité c’est que rien ne va ;
t’es un peu brisé,
le cœur est morcelé,
et dans cette salle de danse où vous avez passé tant de temps,
tu découvres une peine nouvelle.
tout est terminé.⋆ ˚ * .
VI. WISH YOU WERE HERE - SUPERM (2020)
1:05 ━━●─────── 3:12
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il n’aura pas fallu longtemps après le départ de aran pour que tu reprennes les auditions – le cœur gros, et le besoin de t’occuper l’esprit pour unique obsession. à t’épuiser plus que jamais face au miroir de cette salle désormais hantée par sa présence – à t’exercer jusqu’au beau milieu de la nuit, parfois frôler le malaise en oubliant de manger –, tes efforts finissent par payer, et une agence par te remarquer.
toi aussi, tu peux enfin faire tes premiers pas de trainee, sous le ton impétueux et les critiques féroces des entraîneurs.
toi aussi, tu dois quitter daegu, dire au revoir à ta mère et à ton frère pour rejoindre séoul.
la capitale ; cité des rêves, où tout semble possible.
pourtant, tu devras attendre près d’un an pour que ta situation semble enfin se débloquer – pour que le trainee acharné se voit offrir une chance de débuter. sous la forme d’un survivor ; et tu sais que
rien n'est encore gagné. il te faut encore séduire le public et convaincre les juges ; te dépasser, plus que jamais, dans l’espoir de remporter une place si chère au milieu de ces jeunes aussi talentueux que déterminés.
et c’est ce que tu fais, suho, un travail acharné afin de te démarquer, et tu prends sur toi pour taire les vagues de ta personnalité ; apparaître aussi
lisse que possible pour charmer les auditeurs. tous ces efforts s’avèrent être payants lorsque tu parviens à te qualifier pour la partie finale de l’émission ; remporte une place méritée dans ce groupe en devenir. si tu n’étais pas le plus jeune du survivor, tu es le plus jeune à être qualifié, et on te confie sans surprise le rôle de lead dancer, ainsi que de main rapper, du fait de ton faible talent en chant que ton année de trainee aura à peine su corriger.
ainsi, tu te retrouves à partager le quotidien de ce groupe de mecs, que tu connais pour vécu avec eux pendant les quelques semaines qu’aura duré le tournage de l’émission, mais avec qui le courant ne passe pas toujours très bien – les concernés diront que tu es trop chiant, gamin ou insouciant, mais si on te demande ton avis, c’est surtout
eux le problème. et parfois, tu te demandes ce que tu fais là, si loin de ta famille, de la ville qui t’a vu grandir – hantée par un peu trop de fantômes que tu aimerais oublier. parfois, tu te demandes si t’as pris la bonne décision, lorsque vivre les uns sur les autres devient un peu trop étouffant, que les récriminations de vos coachs s’avèrent un peu trop assommantes – mais chaque fois que tu foules le parquet de la salle d’entraînement, tu te rappelles pourquoi tu es là.
et juste comme ça, les doutes s’apaisent.
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